Politiques industrielles et de la concurrence : quelles priorités, quelles combinaisons ? - article ; n°1 ; vol.63, pg 207-221
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1993 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 207-221
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques De Bandt
Politiques industrielles et de la concurrence : quelles priorités,
quelles combinaisons ?
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 63. 1er trimestre 1993. pp. 207-221.
Citer ce document / Cite this document :
De Bandt Jacques. Politiques industrielles et de la concurrence : quelles priorités, quelles combinaisons ?. In: Revue
d'économie industrielle. Vol. 63. 1er trimestre 1993. pp. 207-221.
doi : 10.3406/rei.1993.1468
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1993_num_63_1_1468Jacques DE BANDT
POLITIQUES INDUSTRIELLES
ET DE LA CONCURRENCE :
QUELLES PRIORITÉS, COMBINAISONS ?
À TITRE D'INTRODUCTION
près un temps d'éclipsé, au cours des années 1980, les débats sur la politi
A que industrielle sont de nouveau d'actualité.
Sans doute la réalité des politiques industrielles n'avait-elle pas disparu et cer
tains économistes avaient-ils continué à croire aux vertus des politiques industrielles
et à en faire l'analyse. Mais le sujet n'était plus d'actualité. Là où la chose conti
nuait à être pratiquée, elle l'était plus discrètement, d'autant que — par exemple,
au niveau européen — les attaques contre les politiques industrielles se faisaient
de plus en plus précises et décidées.
D'aucuns — y compris parmi les spécialistes — ont annoncé la victoire défini
tive du marché et le déclin définitif de la politique industrielle. La mode étant au
marché, certains économistes considéraient que les politiques industrielles, deve
nues obsolètes, étaient reléguées aux oubliettes.
Il est vrai que, dans la seconde moitié des années 1980, nombreux sont ceux
qui ont cru que, grâce aux vertus redécouvertes du marché — l'exemple étant donné
par le Royaume-Uni à l'ère thatchérienne — on était enfin sorti de la crise.
Le « tout-marché » paraissait dès lors avoir démontré ses vertus.
Mais voilà que l'on reparle de la politique industrielle. Et l'effet Clinton jouant,
on devrait en parler encore bien davantage.
D'où une série de questions :
Y a-t-il bien eu une éclipse de la politique industrielle ? Si oui, y a-t-il eu éclipse
au niveau des discours ou également dans la réalité ? Si l'éclipsé a été réelle, com
ment l'expliquer ? Le nouvel intérêt pour la politique industrielle reflète-t-il des
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 63, Ie' trimestre 1993 207 transformations en ce qui concerne le contenu et les modalités des politiques indust
rielles ? S'il en est ainsi, que peut-on en déduire, du point de vue des relations
entre politique industrielle et politique de la concurrence ?
En fait, en dehors de cette réanimation du débat sur la politique industrielle,
la réalité que l'on peut observer est beaucoup plus complexe. Force est en effet
de tenir compte de l'ensemble des constats suivants, qui sont en partie
contradictoires :
i) la force de l'idéologie de marché triomphante : priorité est donnée, très géné
ralement, à la concurrence, réduisant, de manière drastique, la possibilité de poli
tiques industrielles. Il en est ainsi en particulier à l'intérieur de la CEE.
ii) La généralisation des processus de libéralisation des échanges dans le monde :
après l'ouverture des PVD dans le cadre des programmes d'ajustement, ce sont
aujourd'hui les pays de l'Est qui sont acculés à l'ouverture.
ni) Mais aussi, la fin apparente du processus de libéralisation des échanges, que
reflètent d'une part la multiplication des phénomènes de guerre commerciale et
d'autre part les remises en cause de plus en plus nettes du GATT, y compris des
suggestions visant à reprendre les projets d'« organisation » des échanges qui
l'avaient précédé.
iv) Les évidences aujourd'hui acquises en ce qui concerne le rôle décisif des poli
tiques industrielles dans la réussite foudroyante du Japon et des NPI.
v) La réalité des « politiques industrielles » au niveau local, dans de nombreus
es régions des pays développés.
vi) La nouvelle actualité des débats sur les politiques industrielles, en Europe
et plus encore, d'une certaine manière, aux États-Unis.
Comment rendre ces observations compatibles ?
La thèse de ce papier est assez simple. Elle concerne la perception que l'on a
des phénomènes ou évolutions en cours, et qui conduit souvent les décideurs à
se tromper de cibles, c'est-à-dire à adapter leurs actions à des exigences qui ne
sont pas les exigences les plus fondamentales du moment. Dans la période de tran
sition que nous traversons, les systèmes productifs sont soumis simultanément à
des contraintes et exigences de fonctionnement et d'adaptation très différentes,
voire contradictoires, et qui évoluent rapidement, telles que la réalité est faite de
phénomènes qui se superposent. La perception que l'on en a — qu'en ont en par
ticulier les politiques (mais aussi les économistes) — , est plus ou moins fortement
biaisée et surtout décalée dans le temps. Le résultat en est que, dans bien des cas,
les politiques sont « en retard d'une guerre » par rapport aux exigences du moment.
Ainsi en est-il dans le domaine des politiques industrielles et technologiques,
des politiques commerciales et de la concurrence. On s'est beaucoup trompé sur
le « policy mix » adéquat : dans un « Kondratieff de baisse », il faut aider les
entreprises à développer leurs ressources et compétences, plutôt que d'accentuer
encore les pressions concurrentielles, qui sont déjà suffisantes, sinon excessives.
208 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 63, 1er trimestre 1993 POLITIQUES CONCERNÉES LES
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut préciser de quoi il est question :
parmi toutes les politiques qui affectent, ou sont susceptibles d'affecter, le fonc
tionnement et les performances des entreprises (politiques en matière de travail,
de fiscalité, de change...), il n'est question ici que des politiques qui ont direct
ement pour objet d'affecter sélectivement ces conditions de fonctionnement et de
performances.
Dans son acception la plus large, les politiques industrielles incluent les polit
iques réglementaires et parmi celles-ci les de la concurrence, fixant les
règles du jeu dans les relations entre les acteurs. D'habitude cependant, elles sont
traitées séparément, ou au minimum nettement distinguées, et pour cause. La poli
tique industrielle dans le sens strict est — ou du moins devrait être — une politi
que d'offre, c'est-à-dire visant à agir sur les capacités et la compétitivité des entre
prises. Il en est évidemment de même en ce qui concerne les politiques technologi
ques visant à développer les niveaux de compétences productives.
Par contre, la politique de la concurrence, en cherchant à éviter des positions
dominantes, ou les abus qui peuvent en être faits, ou à sauvegarder en perma
nence l'intensité (suffisante) de la vise à empêcher la constitution
ou le maintien de rentes (sur le dos des consommateurs) et à assurer que la pres
sion exercée sur les entreprises soit toujours suffisamment forte pour qu'elles se
sentent incitées ou acculées à l'efficience. C'est essentiellement une politique de
la demande : il faut éviter que les entreprises s'approprient le marché et les rentes
du consommateur.
A priori, les politiques industrielles stricto sensu et les politiques de la concur
rence peuvent, de manière évidente, agir en sens opposé. Il en est évidemment ainsi
dans tous les cas où la politique industrielle a pour effet, sinon pour objectif, de
renforcer certaines entreprises et par là de renforcer des positions dominantes ou
de fausser la concurrence (1). Mais il en est aussi ainsi dans tous les cas où la poli
tique de la concurrence, conduisant à privilégier les pressions concurrentielles sur
les entreprises, va à l'encontre des efforts menés en vue de renforcer les niveaux
de compétence et de compétitivité.
Ces deux types de politique ne se situent pas dans la même sphère : l'une, la
politique industrielle, relève de la sphère de la production ; l'autre, la politique
de la concurrence, relève de la sphère de l'échange. Bien entendu, ces sphères sont
reliée

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