Port-Royal et la gloire - article ; n°2 ; vol.20, pg 163-175
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Description

Histoire, économie et société - Année 2001 - Volume 20 - Numéro 2 - Pages 163-175
Abstract Even in Port-Royal, it is difficult to avoid craving for glory. Exposing groundless glory and fake humility, the people of Port-Royal advocated glory as the defence of truth, leadind them to clash with the king's.
Résumé La gloire est une passion à laquelle il est bien difficile d'échapper, fût-on à Port-Royal. Dénonçant la vaine gloire et plus encore la fausse humilité, les gens de Port-Royal élaborèrent une gloire liée à la défense de la vérité qui les conduisit à entrer en conflit avec celle du roi.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Olivier Chaline
Port-Royal et la gloire
In: Histoire, économie et société. 2001, 20e année, n°2. pp. 163-175.
Résumé La gloire est une passion à laquelle il est bien difficile d'échapper, fût-on à Port-Royal. Dénonçant la vaine gloire et plus
encore la fausse humilité, les gens de Port-Royal élaborèrent une gloire liée à la défense de la vérité qui les conduisit à entrer en
conflit avec celle du roi.
Abstract Even in Port-Royal, it is difficult to avoid craving for glory. Exposing groundless glory and fake humility, the people of
Port-Royal advocated glory as the defence of truth, leadind them to clash with the king's.
Citer ce document / Cite this document :
Chaline Olivier. Port-Royal et la gloire. In: Histoire, économie et société. 2001, 20e année, n°2. pp. 163-175.
doi : 10.3406/hes.2001.2217
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2001_num_20_2_2217PORT-ROYAL ET LA GLOIRE
par Olivier CHALINE
Résumé
La gloire est une passion à laquelle il est bien difficile d'échapper, fût-on à Port-Royal. Dé
nonçant la vaine gloire et plus encore la fausse humilité, les gens de Port-Royal élaborèrent une gloire
liée à la défense de la vérité qui les conduisit à entrer en conflit avec celle du roi.
Abstract
Even in Port-Royal, it is difficult to avoid craving for glory. Exposing groundless glory and fake
humility, the people of Port-Royal advocated glory as the defence of truth, leadind them to clash
with the king 's.
Port-Royal et la gloire, une telle alliance de termes a toutes les apparences d'un
oxymore. La vie menée dans Г «affreux vallon» semble bien éloignée d'une pensée si
mondaine. Pour la tradition janséniste du XVIIIe siècle, Port-Royal fut peuplé de cham
pions de la vérité divine et s'il y fut question de gloire, ce fut uniquement de celle de
Dieu et non pas de celle, vaine, des hommes '. Pourtant, la critique de la gloire, si
acerbe soit-elle, ne mène guère à son éviction. Souvent, elle lui cherche même de
meilleures fondations, en tâchant de substituer une définition légitime à une autre
jugée fallacieuse. Des auteurs liés au monastère de Port-Royal, tels que Saint-Cyran,
Arnauld d'Andilly, Antoine Arnauld, Nicole, Thomas du Fossé, Lancelot ou M. Hamon
pour n'en citer que quelques-uns sans évoquer Pascal, échapperaient-ils à une gloire
qui revient d'autant plus promptement qu'ils en ont vigoureusement proclamé la
vanité? Avec eux, la gloire est à envisager sous toutes ses modalités, divine et humain
e, céleste et terrestre.
Les catégories propres aux définitions alors les plus courantes de la gloire permett
ent d'éclairer les différents aspects de la question de la gloire humaine extrinsèque ou
intrinsèque. La première repose sur la définition cicéronienne «fáma cum laude», elle
1. On en trouve une illustration dans le Premier gémissement d'une âme vivement touchée de la des
truction du monastère de Port-Royal des Champs, s.l., 1714 : «Souvenez-vous, Seigneur, de vos anciennes
miséricordes. Souvenez-vous que c'est dans ce sacré désert que vous avez fait éclater la gloire de votre
grâce avec une magnificence, qui rapelloit dans l'esprit de ceux qui vous aiment, ces tems heureux qui
donnèrent naissance à votre Église. [...] De là partoient ces coups imprévus, si terribles à l'hérésie, qui
l'abbatoient même avant qu'elle pût apercevoir la main qui l'avoit frappée; car aucun de ces généreux
défenseurs de votre vérité, Seigneur, ne se glorifioit dans son propre bras; ils vous rendoient tous à vous
seul la gloire de leurs combats et de leurs victoires», p. 4-5. La question de la gloire à Port-Royal a été
abordée par René Taveneaux, «Port-Royal ou l'héroïsme de la sainteté», Jansénisme et Réforme catholique,
Nancy, 1992, p. 35-44.
HES 2001 (20e année, n° 2) 164 Histoire Économie et Société
est due à un jugement extérieur qui peut être l'accord des gens de bien, la reconnaissan
ce de la communauté mais aussi la décision du roi. À cette gloire qui tient au regard
ď autrui répond une autre, intrinsèque, liée au sentiment de soi, de sa valeur, à la cons
tance dans l'épreuve. Elle est indépendante du jugement des autres 2. Cette vision sto
ïcienne est renforcée par la définition paulinienne d'une gloire, témoignage de notre
propre conscience (П Cor., I, 12), tenue directement de Dieu et qu'on ne saurait
négliger pour l'étude de Port-Royal. S'il y a indiscutablement une sévère critique de la
gloire humaine, n'y a-t-il pas aussi l'affirmation d'une gloire propre à Port-Royal et à
ses partisans, suscitée par les conditions même de cette critique? Cette gloire qui tend à
devenir intrinsèque n'est-elle pas incompatible avec celle du monarque?
La critique de la gloire humaine est immédiatement repérable. Elle a sa place dans
YAugustinus et se trouve d'emblée liée à Pelage et à Terreur doctrinale. Jansenius, à la
suite d'Augustin, tient la «superbia» pour la mère de tous les hérétiques qui se glori
fient en eux-mêmes et non en Dieu. Les disciples de l'hérésiarque sont à leur tour
présentés comme vantards et arrogants 3. L'analyse de la gloire trouve sa place dans
une réflexion sur le péché originel. La concupiscence qui afflige toute l'humanité, est
l'une des peines qu'il occasionna. Par ce poids habituel qui pèse sur elle, l'âme est
entraînée à jouir des créatures ou des choses inférieures (c'est à dire, temporelles,
charnelles, séculières). Ses mouvements ne tendent plus vers Dieu qui est, pourtant,
l'unique et véritable bien de la créature raisonnable. Ils sont commandés par la
«libido» qui peut-être «sentiendi», «sciendi» ou «excellendi». Pire que celles de la
chair ou des yeux, la superbe est la plus dangereuse des concupiscences, la plus tyran-
nique et la plus funeste, parce que la plus spirituelle, la plus intime, celle qui occupe,
non les faubourgs de l'esprit mais la citadelle même 4. La dénonciation de la «libido
excellendi», de la «libido laudis» trouve un arsenal tout disponible dans la description
des vertus des Romains au livre V de la Cité de Dieu 5. La réflexion sur la gloire
prend sa place dans un ensemble plus vaste visant à dénoncer l'orgueil humain. Elle
n'est pas l'objet d'une étude en soi. L'amour de la gloire est un péché, car il n'est pas
tourné vers Dieu.
L'homme doit, au contraire, glorifier Dieu. Nicole, dans ses Instructions théologi
ques et morales sur le premier commandement du Décalogue, définit ainsi l'orgueil:
«c'est l'amour de l'excellence et par conséquent l'amour de l'indépendance, de la
2. Cette dualité se retrouve chez Descartes qui distingue, dans les Passions de l'âme, la gloire, «une espèce
de joie fondée sur l'amour qu'on a pour soi-même, et qui vient de l'opinion ou de l'espérance qu'on a d'être loué
par quelques autres» (III, 204), de la satisfaction intérieure de ceux qui suivent constamment la vertu (III, 190).
3. Jansenius, Augustinus seu doctrina sancti Augustini de humanae naturae sanitate, aegritudine, Medic
ína adversus Pelagianos et Massilienses, Paris, 1641, 1. 1, lib. VI, chap. XXI et XXII, p. 161-164.
4. Jansenius, op. cit., t. II, lib. II, chap. VIII, p. 137: «Haec est ilia spiritibus damnatis propria cupiditas,
quâ timeri et amari ab hominibus, in se, donisque Dei gloriari, dominari aliis, et sibi placere lubet: quae uno
verbo libido excellendi appellari potest. Haec oppugnatu et expugnatu difficillima est et ultima; quia visceri-
bus animi profundius impressa illo diabolico tělo: Eritis sicut Dii (Gen III). Cui malo qui consentit, in
superbiam vitae, ut Apostolus appellavit, incidit. Ex qua vel maxime fit, ut non ametur Deus, neque caste
timearur: Superbis enim resistit: humilibus autem dat gratiam. In quo génère est et illa libido laudis pericu-
losa, quae ad privatam, quandam excellentiam contrahere tentât aliéna et emendicata suffragia; et hoc ipso
sepe surgit violentius, quo a nobis ipsis arguitur et deprimitur: de ipso quippe vanae gloriae contemptu
subinde homo vanius gloriatur», p. 137. L'orgueil est aussi étudié dans la troisième partie du Discours de la <

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