Quelques aspects récents de la gnomonique tunisienne. - article ; n°1 ; vol.24, pg 207-221
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Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1977 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 207-221
II ne reste que peu de témoins de l'activité gnomonique arabe en Tunisie, dont on sait qu'elle fut particulièrement florissante au XIII9 siècle. Le cadran solaire de la célèbre mosquée de Sidi Okba à Kairouan, bien qu'il ne date que du XIX* siècle, rassemble des connaissances gnomoniques depuis longtemps classiques dans le monde musulman, concernant notamment l'heure de certaines prières musulmanes. Un astrolabe-quadrant de facture tunisienne reproduit les multiples indications d'ordre astronomique ou cultuel inscrites sur l'astrolabe, instrument classique particulièrement développé chez les musulmans.
Very little material evidence of, Tunisian Arab gnomonics has survived but it is known that such activities particularly flourished during the Xlllth century. The sun-dial of the famous Sidi Okba mosque at Kairwan, in spite of the fact that it only dates from the XlXth century, reflects the full body of gnomo- nic knowledge, long classical in the Muslim world, relating notably to the timing of certain Muslim prayers. An astrolabe-quadrant of Tunisian make reproduces the numerous astronomical and cultual indications inscribed on the astrolabe, a classical instrument which was particularly developed among the Muslims.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Louis Janin
Quelques aspects récents de la gnomonique tunisienne.
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°24, 1977. pp. 207-221.
Résumé
II ne reste que peu de témoins de l'activité gnomonique arabe en Tunisie, dont on sait qu'elle fut particulièrement florissante au
XIII9 siècle. Le cadran solaire de la célèbre mosquée de Sidi Okba à Kairouan, bien qu'il ne date que du XIX* siècle, rassemble
des connaissances gnomoniques depuis longtemps classiques dans le monde musulman, concernant notamment l'heure de
certaines prières musulmanes. Un astrolabe-quadrant de facture tunisienne reproduit les multiples indications d'ordre
astronomique ou cultuel inscrites sur l'astrolabe, instrument classique particulièrement développé chez les musulmans.
Abstract
Very little material evidence of, Tunisian Arab gnomonics has survived but it is known that such activities particularly flourished
during the Xlllth century. The sun-dial of the famous Sidi Okba mosque at Kairwan, in spite of the fact that it only dates from the
XlXth century, reflects the full body of gnomo- nic knowledge, long classical in the Muslim world, relating notably to the timing of
certain Muslim prayers. An astrolabe-quadrant of Tunisian make reproduces the numerous astronomical and cultual indications
inscribed on the astrolabe, a classical instrument which was particularly developed among the Muslims.
Citer ce document / Cite this document :
Janin Louis. Quelques aspects récents de la gnomonique tunisienne. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée,
N°24, 1977. pp. 207-221.
doi : 10.3406/remmm.1977.1426
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1977_num_24_1_1426QUELQUES ASPECTS RÉCENTS
DE LA GNOMONIQUE TUNISIENNE
PAR
L.JANIN*
Plusieurs civilisations se sont succédé en Tunisie au cours des siècles : après la puni
que la romaine, après la romaine l'arabe. Romains et Arabes se sont toujours penchés
sur le problème de l'heure qu'ils ont cherché â déterminer d'après la position du soleil.
Les grands maîtres en la matière ont été les Grecs. On trouve chez eux de nom
breux cadrans solaires; ils sont de natures diverses et recueillent sur des graduations
horaires l'ombre d'une tige éclairée par le soleil. Les Romains n'ont eu connais
sance de cette science — la gnomonique — que par leurs contacts avec les Grecs :
un des premiers cadrans de Rome a été rapporté de Sicile pendant les guerres pu
niques. C'est également aux Grecs qu'on fait remonter l'invention de l'astrolabe
qui, lui, utilise la hauteur du soleil.
Après la chute des empires romains d'Occident, puis d'Orient, les Arabes du
Moyen Orient ont été pendant des siècles les dépositaires des productions de l'esprit
grec dans tous les domaines (astronomie, gnomonique, littérature, médecine, philo
sophie, sciences naturelles...) et c'est par leur intermédiaire qu'une bonne part de
la civilisation grecque a été transmise à l'Occident européen. Les divers foyers de
l'Islam : Bagdad, Damas, le Caire, Kairouan, Tlemcen, Fez, Cordoue, ont été des
centres de rayonnement intellectuel et de progrès scientifique; une littérature arabe
abondante existe sur les cadrans et astrolabes.
Dans un pays comme la Tunisie, soumis à tant d'influences successives, on peut
se demander ce qui subsiste à l'heure actuelle des créations gnomoniques des siècles
passés. Peu de chose, hélas ! chaque nouveau conquérant détruisant allègrement ce
qu'avait édifié son prédécesseur. Néanmoins on possède dans le domaine des ca
drans et de l'astrolabe quelques éléments intéressants permettant de fixer le point
d'aboutissement de la gnomonique tunisienne. ,
En ce qui concerne les cadrans solaires (1), nous ne mentionnerons que pour
mémoire le cadran présentant en creux un large quart de sphère, au centre de la-
•12, rue de la Cerisaie, 92310 Sèvres, France.
(1) Pour un rapide panorama historique de ces instruments, voir : Janin L., L'histoire du
cadran solaire, dans la Suisse horloger». La Chaux-de-Fonds, 1969, pp. 1235-39 et 1329-32,
avec illustrations. L.JAN IN 2 208
quelle se trouve la pointe d'un style. Attribué aux Chaldéens, ce cadran général
ement appelé «scaphe» (barque) est d'un fonctionnement très simple : la pointe de
l'ombre du style reproduit dans le creux du cadran le mouvement du soleil dans le
ciel depuis son lever jusqu'à son coucher; les lignes horaires gravées dans le scaphe
en une sorte d'éventail se réfèrent à la coutume universelle des heures dites «tempor
aires», divisant en 12 parties la durée du jour solaire, allant de la Tèreà la 11ème
heure (la 6ème heure du jour étant midi); les «heures» d'été sont alors plus longues
que les «heures» d'hiver; l'inscription des courbes des solstices et equinoxes permet
la lecture d'un calendrier approximatif. Rustique et creusé dans la pierre, ce cadran
a résisté à bien des événements. On en trouve quelques exemplaires dans les anti
quités romaines de Tunisie et il a été utilisé par les Arabes. Mais ceux-ci l'ont
bientôt délaissé pour des formes de cadrans plus scientifiques et plus précises.
Le cadran horizontal de la grande Mosquée de Sidi Okba, à Kairouan ® , est en
effet l'expression de connaissances bien plus évoluées. Gravé sur une dalle de mar
bre située dans la cour de la mosquée (fig. n° 1), ce cadran horizontal porte la date
de 1258 H (=1842 J.C.) et, en caractères naskhi, l'inscription «Fabriqué par l'humb
le, soumis à son Maître, le Compatissant, le Miséricordieux, son serviteur Ahmed
iibn Qâsim ibn Ammar AI-SûsT» (originaire de Sousse, en Tunisie).
Bien qu'il soit récent, il se réfère à une tradition scientifique très poussée et
contient tout ce qu'un gnomoniste musulman peut exiger d'un cadran solaire.
A ce propos, rappelons que les heures importantes de la journée sont pour les
musulmans celles des prières rituelles obligatoires. On sait qu'il en existe cinq :
le zohr, un peu après midi, l'asr, dans le courant de l'après-midi, le ma'greb après
le coucher du soleil et avant la fin du crépuscule, l'isa après la fin du crépuscule
et le subh à partir du début de l'aube et avant le lever du soleil. Bien que dépen
dant du soleil, les moments des prières ont été fixés avec un certain décalage sur
les positions principales de cet astre (lever-zénith-coucher), afin d'écarter tout
soupçon de culte solaire.
Parmi ces prières, celles du zohr et de V'asr peuvent être définies d'après la
longueur de l'ombre du style. Les muwaqqit (fonctionnaires chargés, dans les
(2) Signalé pour la première fois dans le Bulletin de Correspondance africaine, IV, juillet-
août 1882, par O. Houdas et René Basset; représenté par un excellent dessin (voir fig. n° 2)
extrait d'un ouvrage manuscrit très peu connu sur ladite mosquée par le Capitaine Commandant
Dominique Lucchini, du 1er régiment du génie, décembre 1882, (voir sur cet ouvrage la note
de G. Oeverdun dans Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, Aix en Provence,
n° 7, 1er sem. 1970, sous le titre «Une étude inédite (1882) sur la grande mosquée de Kai
rouan»). 3 GNOMONIQUE TUNISIENNE 209
mosquées, de faire annoncer les prières à leur heure exacte) étaient, aux grands
siècles de l'Islam, des astronomes éminents qui appliquaient toute leur science à
la détermination des heures de ces deux prières; selon les différentes écoles, des
divergences sont d'ailleurs apparues sur les règles à appliquer à cet effet.
Nous venons de parler du style d'un cadran. Il nous faut souligner que pour
tous les cadrans plats les Grecs, et à leur suite les Romains et les Arabes, ont tou
jours utilisé le style gnomon, tige-porte-ombre perpendiculaire à la surface (la table)
du cadran : donc verticale pour un cadran horizontal et horizontale pour un cadran
vertical, que ce dernier soit «méridional», c'est-â-dire faisant face exactement au
Sud, ou «déclinant» c'est-à-dire dont la table fait un angle avec la direction Est-Ouest.
Ultérieurement, à une époque qu'on ne sait pas déterminer exactement, mais qui
s'établirait au XlVème siècle, les gnomonistes en sont venus à

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