Recherches historiques et actuelles sur la ponctuation   ; n°1 ; vol.45, pg 8-15
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Langue française - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 8-15
8 pages

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Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 49
Langue Français

Extrait

Claude Gruaz
Recherches historiques et actuelles sur la ponctuation
In: Langue française. N°45, 1980. pp. 8-15.
Citer ce document / Cite this document :
Gruaz Claude. Recherches historiques et actuelles sur la ponctuation . In: Langue française. N°45, 1980. pp. 8-15.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1980_num_45_1_5258Claude Gruaz, CNRS.
RECHERCHES HISTORIQUES ET ACTUELLES
SUR LA PONCTUATION
Compte rendu de la table mai ronde 1 978, internationale CNRS Ivry. sur la ponctuation,
L'équipe CNRS-HESO (Histoire et structure de l'orthographe) et le GTM
(Groupement des textes modernes) ont organisé une table ronde internatio
nale sur la ponctuation, les 11 et 12 mai 1978, au Centre pluridisciplinaire
d'Ivry.
Se sont trouvés réunis des historiens de la littérature et du livre, des édi
teurs, des bibliographes et des linguistes. Aussi les échanges ont-ils permis
d'envisager de nombreuses directions de recherche dont les résumés qui
suivent donneront un aperçu.
Les interventions ont porté sur :
— la ponctuation avant et après l'imprimerie
— la des xvnie et xixe siècles
— la au xxe siècle
— les problèmes généraux.
Mme N. Catach, qui dirige l'équipe HESO, présente le colloque. Elle sou
ligne que la ponctuation est « un secteur-carrefour, que l'on pourrait appeler
orthotypographique, qui touche à la fois à la langue et à la typographie, à la
fois porteur de sens et de clarté visuelle, mais dont les éléments et les fonc
tions ne sont vraiment clairs pour aucun de nous ». Les problèmes naissent
de la nature extra-alphabétique, idéographique des signes de ponctuation.
Y a-t-il une unité de ponctuation (le ponctème de M. Pottier)? Dans quel(s)
système(s) les signes existent-ils, sachant qu'à chaque époque, un signe,
composé d'un signifiant et d'un signifié, se définit par rapport aux autres? La
ponctuation relève à la fois des domaines prosodique (jusqu'au xixe siècle,
tout le monde lisait en oralisant), syntaxique et énonciatif. Avec l'expansion
de la lecture visuelle, la plupart des signes acquièrent un pouvoir séparateur
et remplissent un rôle de « clarté visuelle ». Ceci explique par exemple le
doublement du point par la majuscule, des deux-points par les guillemets. La
ponctuation est liée à l'image de la langue qu'ont de celle-ci les écrivains de
diverses époques; telle ponctuation surprenante de nos jours s'expliquera
par une notion disparue : l'ancienne ponctuation a pour unité syntaxique
non la « phrase » telle que nous la comprenons, mais la « période » ou « unité
de pensée totale » (Beauzée), ce qui explique une certaine ponctuation
8 employée à l'intérieur du paragraphe. Le rapport de Fauteur à sa moyenne
ponctuation est également posé, rapport de personnalisation de la ponctuat
ion, rapport de reproduction de la ponctuation par l'éditeur, rapport de
conventions d'encodage (spécificité d'une de théâtre, épistolaire,
romanesque, scientifique). Une recherche sur la ponctuation devrait aider
l'éditeur d'édition critique « partagé entre trois impératifs au premier abord
inconciliables : 1° retrouver au plus près la genèse de l'œuvre (...); 2° établir
un texte aussi scrupuleusement autorisé qu'il est possible; 3° enfin, rendre ce
texte accessible au lecteur moderne ». La ponctuation, si elle restitue, tant
bien que mal, le ton de la voix humaine, vise à être « une technique de rem
placement total de la voix par l'œil ».
I. La ponctuation avant et après l'imprimerie
H. Naïs présente des éditions de la Conqueste de Constantinople de
Villehardouin dont la plus ancienne ne peut remonter plus haut que la fin
du хше siècle, (manuscrit B), les autres s'échelonnant jusqu'au xve. Le
manuscrit В se signale par la pauvreté du système de ponctuation employé,
limité pratiquement à des points simples, dont on ne sait dire s'il s'agit de
points supérieurs, médians ou inférieurs, toujours suivis d'une majuscule et
placés en fin de ligne (alors que les doubles points présents peuvent se trouver
n'importe où dans la ligne). La ponctuation n'a pas de caractère grammatic
al, elle vise plutôt à mettre en valeur les qualités esthétiques des pages et à
souligner les éléments intéressants du texte (les sous-titres étant absents), de
sorte qu'il est difficile de repérer les éléments initiaux de la phrase — ce qui
pose la question de savoir à quelle réalité correspond la notion de phrase en
ancien français.
La ponctuation des premiers humanistes français est présentée par
G. Ouy qui souligne d'entrée que peu de travaux ont porté sur la ponctuation
médiévale. Celle-ci était d'autant plus complexe que nombre d'auteurs
étaient trilingues puisqu'ils écrivaient soit en français, soit en latin « parlé »,
soit en latin néo-classique, selon les conditions. N. de Clamanges (1362(?)-
1437), J. Gerson (1362-1429) portent une particulière attention sur la copie,
sur une écriture simple et une ponctuation soignée. Les premiers humanistes
français renouèrent plus avec l'ancienne tradition, celle des Pères de l'Église,
qu'ils n'inventèrent de nouveaux signes. G. Ouy compare la théorie de la
ponctuation contenue dans la Doctrina punctandi de G. Barzizza (1370-
1431) et celle des humanistes français. Pour Barzizza le signe de ponctuat
ion a une double fonction : écarter l'équivoque et permettre au lecteur de
reprendre son souffle.
Les humanistes français, comme les Italiens de la même époque avaient
un usage de la ponctuation très variable d'un auteur à l'autre. G. Ouy sou
ligne les caractéristiques de P. d'Ailly (chez qui le mode de ponctuation
varie selon le « niveau » du manuscrit et le type d'écriture), J. Gerson,
N. de Clamanges, J. de Montreuil et С de Pizan. Une telle recherche est par
ticulièrement utile pour l'éditeur qui, sans elle, risquerait de tomber dans
des interprétations erronées lors de sa « traduction » en ponctuation contemp
oraine.
J. Vézin montre, à partir de quatre signes de ponctuation, que, dans
certains cas, les imprimeurs ont employé des signes de ponctuation apparus
pendant le haut Moyen Age et maintenus dans l'usage jusqu'au xvie siècle (cas du punctus circumflexus) et que, d'autre part, certains signes, dont le
premier emploi est parfois attribué aux imprimeurs, sont parus avant la
naissance de l'imprimerie (par exemple les parenthèses et le point d'excla
mation). Certains signes peuvent disparaître pendant une longue période
pour être réutilisés beaucoup plus tard : c'est le cas du signe formé de deux
virgules placées dans la marge de gauche du texte pour marquer les cita
tions; cette pratique, reprise par G. Tory en 1529 dans son Champ fleury,
remonte à l'époque carolingienne ou romane. C'est l'ancêtre de nos guillemets
modernes.
Les « Points » (Tableau résumé, repris de N. Catach. 1968)
ixe-xne siècles xvie siècle Grecs Latins Valeur l!sage des actuel Lefèvre Aides B.D. Do et d'Etaples
ponctuatpoints perio- en perio- dus ou haut * perio- distinc- (plena) dus punto ion teleia colon point [.] П N :l 1;] l;l -M [.1 (fini- coma dus ou tio (demi- tiva) stigmè pose) ponctuatforte
distinc- au colon côlum point (cons- ion milieu tio vir- 1:1 H 1-1 [•] (point 1.1 côlum comma 1:1 l.l -[:] messe media gule en bas) tans)
moyenne ponctuat
inci- sub- en bas Vir" upo- distinc- comma ** ion comma sum. virI.] l.l [?] comma [:.l -M 1,1 1,1
gule faible stigmè tio gule
* Periodus : point en haut renforcé, pour raison de lisibilité, d'une virgule au-dessous, de diverses formes.
** Comma : en bas renforcé d'une virgule au-dessus.
La première moitié du xvie siècle est, selon N. Catach, un tournant dans
l'histoire de la ponctuation; plus précisément, « c'est, semble-t-il, entre 1520
et 1540 que l'imprimerie française prend vraiment ses distances avec l'an
cienne ponctuation des manuscrits (toujours en cours) et se forge son propre
système, qui va devenir peu à peu le nôtre ». Avant l'imprimerie, du ier au
xve siècle, la ponctuation repose essentiellement sur trois classes de signes.
Voici, à titre d'exemple, l'évolution de ces classes de

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