Chos rgyal et lha chen. Dimensions religieuses de la figure royale au Zanskar / Chos Rgyal and lha Chen. On the Religious Aspects of the King's Figure in Zanskar - article ; n°1 ; vol.99, pg 105-128

Isabelle Riaboff.

Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1997 - Volume 99 - Numéro 1 - Pages 105-128
In the small kingdom of Zangla (Zanskar) the king's Buddhist virtues are glorified? With the passing centuries, they motivated some important donations from the king's palace to the monasteries. The Zanskari kings are related to Buddha himself: their clan was fathered by Gautama, an early ancestor of the Sakya. Besides, the king's pre-eminence over the villagers goes together with his primacy in the community lay rituals. At the time of the spring ceremonial ploughing, the king appears as the first among the lords of the land (sa bdag). The royal clan gods and the village tutelar gods bear the same identity: they recall the double nature of the sku bla in Ancient Tibet (7th-9th centuries). Various evidences testify to the permanence, in Zanskar, of the conception of kingship regarded as sacred in force in the days of the Tibetan monarchs.
Dans le petit royaume de Zangla (Zanskar), les vertus bouddhiques du roi sont exaltées. Au fil des siècles, elles ont motivé d'importantes donations du palais royal aux monastères. Les rois zanskari sont apparentés au Bouddha lui-même : leur clan fut engendré par Gautama, lointain ancêtre des Sakya. Par ailleurs, la prééminence du roi sur les villageois s'accompagne de sa primauté dans les rituels laïques communautaires. Lors du labour ceremoniel printanier, le roi apparaît comme le premier d'entre les maîtres de la terre (sa bdag). L'identité des dieux du clan royal et des divinités tutélaires du village évoque la nature double des sku bla du Tibet ancien (VIIe-IXe siècles). Au demeurant, divers indices témoignent de la permanence, au Zanskar, de la conception sacralisée de la royauté en vigueur au temps des souverains tibétains.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: Archives-des-sciences-sociales-des-religions
• Publié le: 01 janvier 1997
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Extrait

Isabelle Riaboff
Chos rgyal et lha chen. Dimensions religieuses de la figure
royale au Zanskar / Chos Rgyal and lha Chen. On the Religious
Aspects of the King's Figure in Zanskar
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 99, 1997. pp. 105-128.
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Riaboff Isabelle. Chos rgyal et lha chen. Dimensions religieuses de la figure royale au Zanskar / Chos Rgyal and lha Chen. On
the Religious Aspects of the King's Figure in Zanskar. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 99, 1997. pp. 105-
128.
doi : 10.3406/assr.1997.1135
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1997_num_99_1_1135Resumen
En el pequeño reino de Zangla (Zanskar), son exaltadas las virtudes búdicas del rey. A lo largo de los
siglos, este reconocimiento ha motivado donaciones importantes del palacio real a los monasterios. Los
reyes zanskari están emparentados con Buda : su grupo clánico fue engendrado por Gautama,
ancestro lejano de los Sakya. Por otra parte, la primacia del rey sobre los campesinos conlleva su
primacia en los rituales laicos comunitarios. Durante los trabajos rituales de primavera, el rey aparece
como el primero entre « los dueños de la tierra » (sabdag). La identidad de los dioses del clan real y de
las divinidades tutelares del pueblo evocan la naturaleza doble de los sku bla del Tibet antiguo (siglos
VII-IX). Por otra parte diversos indices testimonian de la presencia, en Zanskar, de la concepción «
sacralizada » del polder real, sacralización que estaba en vigor durante el tiempo de las soveranos
tibetanos.
Abstract
In the small kingdom of Zangla (Zanskar) the king's Buddhist virtues are glorified? With the passing
centuries, they motivated some important donations from the king's palace to the monasteries. The
Zanskari kings are related to Buddha himself: their clan was fathered by Gautama, an early ancestor of
the Sakya. Besides, the king's pre-eminence over the villagers goes together with his primacy in the
community lay rituals. At the time of the spring ceremonial ploughing, the king appears as the first
among the "lords of the land" (sa bdag). The royal clan gods and the village tutelar gods bear the same
identity: they recall the double nature of the sku bla in Ancient Tibet (7th-9th centuries). Various
evidences testify to the permanence, in Zanskar, of the conception of kingship regarded as sacred in
force in the days of the Tibetan monarchs.
Résumé
Dans le petit royaume de Zangla (Zanskar), les vertus bouddhiques du roi sont exaltées. Au fil des
siècles, elles ont motivé d'importantes donations du palais royal aux monastères. Les rois zanskari sont
apparentés au Bouddha lui-même : leur clan fut engendré par Gautama, lointain ancêtre des Sakya.
Par ailleurs, la prééminence du roi sur les villageois s'accompagne de sa primauté dans les rituels
laïques communautaires. Lors du labour ceremoniel printanier, le roi apparaît comme le premier d'entre
les "maîtres de la terre" (sa bdag). L'identité des dieux du clan royal et des divinités tutélaires du village
évoque la nature double des sku bla du Tibet ancien (VIIe-IXe siècles). Au demeurant, divers indices
témoignent de la permanence, au Zanskar, de la conception "sacralisée" de la royauté en vigueur au
temps des souverains tibétains.Arch de Sc soc des Rel. 1997 99 juillet-septembre 105-128
Isabelle RIABOFF
CHOS ROYAL ET LHA CHEN
DIMENSIONS RELIGIEUSES
DE LA FIGURE ROYALE AU ZANSKAR
Le Zanskar est un petit pays rural de Himalaya occidental enserré entre
la chaîne montagneuse dont il est éponyme au nord et arc himalayen au
sud Il est habité par plus de 8000 personnes dont les villages étagent entre
3500 et 4000 mètres altitude Sur le plan culturel le Zanskar tout comme
le Ladakh voisin est marqué de empreinte tibétaine Dès le VIIe siècle les
succès militaires remportés par les troupes du roi Mang srong mang btsan
avaient amené les Tibétains vers les confins occidentaux de.leur royaume en
pleine expansion Puis au Xe siècle les descendants de la monarchie tibétaine
défaite choisirent ces mêmes contrées pour réasseoir leur pouvoir politique
Au fil des siècles la vie religieuse zanskari organisa autour des instances
monastiques en constant essor Néanmoins les monastères en dépit une
puissance économique croissante ne arrogèrent jamais le pouvoir temporel
prérogative royale Jusque dans les années 1830 deux rois dont les capitales
étaient dùm et Zangla gouvernaient Le royaume de dùm était de loin
le plus vaste il couvrait ensemble du pays exception faite des quatre vil
lages de est Pishu Pidmo Tsazar et Zangla qui constituaient le royaume
de Zangla bZan mnga Og Au lendemain de annexion du Ladakh
et du Zanskar Etat du Jammu and Kashmir la suite des offensives menées
par les troupes dogra) le roi de dùm fut emmené en captivité Jammu
où il mourut de même que son fils Le roi de Zangla complaisant envers
les armées occupation put garder ses terres indemnes les autorités dogra
les reconnurent en tant que fief exempté de taxes jagîr Le fonctionnement
seigneurial du royaume de Zangla perdura au milieu du XXe siècle en
1950 trois ans après accession indépendance de Union Indienne le
morcellement des propriétés foncières imposé par la réforme agraire signa la
fin de la royauté
adresse mes plus vifs remerciements Messieurs Fernand Meyer et Gérard Toffin
pour leurs commentaires une première version de cet article
105 ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
Le symbolisme de la fonction royale en demeure pas moins vivace Je
me propose ici examiner les représentations religieuses attachées la per
sonne du roi rgyal po) sur la base observations ethnographiques assorties
de matériaux historiques Comment le souverain est-il per au travers du
prisme bouddhique Quelle place est la sienne envers les numina locaux et
les dieux territoriaux Pour abstraite et ambiguë elle soit aux yeux des
Zanskarpa la distinction entre bouddhisme et religion populaire permettra de
dégager deux ensembles allégoriques relatifs la figure royale
ID AL DU ROI VERTUEUX CHOS ROYAL SKT DHARMAR JA
Quoique les préoccupations temporelles propres la fonction royale ac
commodent mal de idéal contemplatif prôné par le bouddhisme le roi modèle
zanskari met le gouvernement des hommes au service de la Loi bouddhique
Plusieurs courts textes inédits dits ehab brjod 3) dont la plupart datent
de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe célèbrent les qualités boud
dhiques des rois zanskari Nous nous prosternons devant les rois et les
conseillers qui établissent dans la félicité les êtres sujets tibétains 4) peut-
on lire Khri dpal lde fameux roi de Zangla est décrit comme protégeant
ses sujets par les deux portes respectives du Dharma Loi bouddhique et du
monde phénoménal Son épouse bien elle porte le titre turc de Gatun
est en totale harmonie avec la religion sous tous les rapports 6) et leur
fils Nâm mkha dpal lde dont le règne fut également faste est qualifié de
grand chos rgyal qui siège en ce château de Zangla qui réunit les dix
vertus Le terme de chos rgyal skt dharmarajà) roi selon la Loi boud
dhique est également appliqué Khri dpal lde lui-même ainsi des
rois de dùm et Seng ge mam rgyal le plus illustre entre les rois du
Ladakh contemporain de Khri dpal lde)
Au Tibet les trois chos rgyal désignent par convention trois rois de
la dynastie de Yarlung Srong btsan sgam po Khri srong lde bisan et Ral pa
can Haarh souligné le fait que selon les découpages classiques le
règne de chacun de ces trois rois marque la fin une période dynastique 9)
Les données ethnographiques présentées dans cet article ont été recueillies lors de sé
jours prolongés au Zanskar Mes trois dernières missions en 1993 1994 et 1995-1996 quinze
mois au total) ont été financées grâce une allocation du ministère de Enseignement Supérieur
et de la Recherche
Les ehab brjod cités ici ont été photographiés par moi-même en 1994 et 1995 dans
les villages de Zangla et de Karcha Ces colophons sont des dédicaces ajoutées des volumes
du canon bouddhique calligraphiés pour le mérite un défunt
bod bangs ems can bd la mkhod khod mazad pa sprul rgyal bion mams
la phyag tshal lo
chos dang jig rten mam pa gnyis go nas bangs rnams sky ng zhing
mam kun chos dang mthun pa
dge beu sku mkhar zangs la dir
Les seigneurs du Yarlung vallée située au sud-est de Lhasa unifièrent le Tibet dont
ils devinrent les souverains du VIIe au IXe siècles)
Cf HAARH 1969 pp 85-86
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