Cours Leçon 4 2008 Juifs chrétiens et musulmans entre antagonismes et  réconciliations  2
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THEOLOGIE OECUMENIQUE ET THEOLOGIE DES RELIGIONS Brevet unique Leçon 4 : Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations (2) Cours conçu par Shafique Keshavjee, professeur ordinaire Assistant : Bruno Gérard COURS Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations Un regard synoptique, une perspective chrétienne 1. Les identités « en bref » 2. Entre antagonismes et réconciliations 3. Trois manières de croire et de vivre Dieu, l’humain et le monde 4. Forces et faiblesses respectives Transition avec la leçon précédente : Je vous invite à lire le texte de Léon Askénazi dans les Annexes consacré à la généalogie de Jésus chez Matthieu. Mais avant de lire cet article, relire bien sûr le texte même de Matthieu 1/1-16… avec la question préalable : quel fut le nom du père de Joseph, époux de Marie ? Note : Ce texte du NT est capital… dans le sens littéral aussi de celui qui vient en tête. Cette généalogie, à première vue aride, est selon moi superbe ! Observez la première lettre en grec du texte, le premier mot, le choix des femmes, réfléchissez au sens du 3x14 générations ; et comptez le nombre effectif de personnes citées… Forum : Quelles sont vos réflexions suite à la lecture du texte de Léon Askénazi « La généalogie « fils de Joseph » selon Matthieu 1/1-16 » et vos propres réflexions sur cette généalogie? © Faculté autonome de théologie protestante - Université de Genève - 2008 1 ...

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 THEOLOGIE OECUMENIQUE ET THEOLOGIE DES RELIGIONS Brevet unique Leçon 4 : Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations (2)  Cours conçu par Shafique Keshavjee, professeur ordinaire   Assistant : Bruno Gérard   COURS  Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations Un regard synoptique, une perspective chrétienne   1. Les identités « en bref »  2. Entre antagonismes et réconciliations   3. Trois manières de croire et de vivre Dieu, l’humain et le monde  4. Forces et faiblesses respectives    Transition avec la leçon précédente : Je vous invite à lire le texte de Léon Askénazi dans les Annexes consacré à la généalogie de Jésus chez Matthieu. Mais avant de lire cet article, relire bien sûr le texte même de Matthieu 1/1-16… avec la quest ion préalable : quel fut le nom du père de Joseph, époux de Marie ? Note : Ce texte du NT est capital … dans le sens littéral aussi de celui qui vient en tête. Cette généalogie, à première vue aride, est selon moi superbe ! Observez la première lettre en grec du texte, le premier mot, le choix des femmes, réfléchissez au sens du 3x14 générations ; et comptez le nombre effectif de personnes citées…   Forum : Quelles sont vos réflexions suite à la lecture du texte de Léon Askénazi « La généalogie « fils de Joseph » selon Matthieu 1/1-16 » et vos propres réflexions sur cette généalogie?   
© Faculté autonome de théologie protestante - Université de Genève - 2008
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3. Trois manières de croire et de vivre Dieu, l’humain et le monde  Juifs, chrétiens et musulmans ont trois manières proches et différenciées de croire en Dieu, de concevoir l’humain et de voir le monde. Pour saisir ces similitudes et ces distinctions, il importe de bien comprendre leurs rapports spécifiques aux textes de référence et leurs perceptions particulières de la Révélation.   3.1. Textes de référence et perceptions de la Révélation   Fiche ENBIRO Fiche ENBIRO  Fiche ENBIRO  Les juifs Les chrétiens  Les musulmans     Textes de référence Textes de référence Textes de référence La Torah a un caractère saint. La “tradition écrite” est La Bible chrétienne comprend la Bible juive (Ancien Le Coran, en arabe “la récitation”, est la Parole de Dieu constituée de la Torah et des autres livres bibliques (les Testament) ainsi que les Evangiles et les Ecrits des descendue sur Muhammad par l’intermédiaire de Prophètes et les Ecrits). Fixée dans la Michnah et Apôtres (Nouveau Testament).  l’archange Gabriel. Constitué de 114 sourates ou commentée dans le Talmud , la “tradition orale” est mise chapitres, le Coran est inimitable ; il inspire toute la vie en oeuvre dans des codes (le Choulhan Aroukh ), des  religieuse et sociale des musulmans.  commentaires (tel Rachi), des ouvrages théologiques et dans des courants mystiques (Kabbale) et piétistes  (Hassidisme).     Commentaires : Il est intéressant d’observer comment les trois personnes qui ont rédigé ces fiches présentent leurs textes. La fiche juive et la fiche musulmane évoquent l’origine divine de leurs Ecrits (La Torah a un caractère saint ; Le Coran est la Parole de Dieu , la médiation de l’archange Gabriel , le Coran est inimitable ) ; la fiche chrétienne par contre est simplement descriptive… 1                                                     1 Si d’autres chrétiens avaient été sollicités, ils auraient probablement évoqué l’inspiration des Ecritures (2 Timothée 4/16) ou encore que la Bible est -ou contient- la Parole de Dieu. C’est une des réalités du dialogue : souvent les chrétiens qui le pratiquent ont profondément intégré l’approche « neutre » venant de la science des religions et semblent  alors peu engagés dans leur foi.
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Textes fondateurs juifs  Textes fondateurs chrétiens  Textes fondateurs musulmans     La double Torah 2  (Torah écrite et Torah La Bible chrétienne 8 . Le Coran 11 . orale) 3   . La Torah écrite ( Torah  –« Loi »-Nevi’im  – Les textes conciliaires 9 . Les hadith . « Prophètes »-Ketouvim  « Ecrits » ou Tanakh 4 ) est largement commentée 5 , Les Confessions de foi et catéchismes 10 . Les tafsîr. notamment dans le Midrach 6 . La Torah orale est recueillie notamment dans Les commentaires des Pères de l’Eglise Le fiqh. le Talmud, lui-même composé de la Michnah jusqu’aux théologiens et philosophes 7 et de la Gemarah . contemporains. Le kalâm et la falsafa 12 . Commentaires ultérieurs.                                                   2 D’une racine yrh signifiant instruire ou indiquer (une direction). 3 La littérature juive est vaste (voir dans les Annexes la fiche intitulée « A Classification of Torah Literature »). 4 Cette structure en trois parties se retrouve notamment dans Luc 24/44 –« Loi de Moïse, les Prophèteset les Psaumes » (premier texte des Ecrits). 5 Il est un livre extrêmement précieux pour toute personne intéressée par la Bible hébraïque et la tradition juive, c’est The Jewish Study Bible , Oxford University Press, 2004. Cet ouvrage, équivalent juif et anglophone de la TOB (Traduction œcuménique de la Bible), contient une synthèse de commentaires sur toute la Bible hébraïque, et cela à partir d’une lecture moderne et critique des textes. Cet ouvrage et la TOB devraient constituer ensemble les bases bibliques de tout étudiant en théologie. 6  Le midrach, d’une racine hébraïque signifiant interroger, enquêter (cf. 2 Chroniques 13/22 ; 24/27) et par extension prêcher, est un commentaire rabbinique de la Bible visant à expliciter des lois  en traitant des parties législatives de la Bible (midrach halakha , racine=marcher) ou à édifier moralement par des récits  en traitant les parties narratives de la Bible (midrach aggadah , racine=récit). Pour une bonne introduction, cf. de David Banon, Le Midrach , Paris PUF, 1995. Pour une première découverte de textes midrachiques, cf. de José Costa, La Bible racontée par le Midrash , Paris, Bayard, 2004. Cinquante textes bibliques sont commentés à partir du midrach. Passionnant et déroutant ! 7  Talmud vient d’une racine lmd  signifiant étude. Vaste corpus existant en deux versions, l’une rédigée en Israël –et appelée Talmud de Jérusalem- et l’autre rédigée à Babylone et appelée Talmud de Babylone (plus volumineux). Ce corpus rassemble des traditions mises par écrit entre 200 av. J.-C. et 500 après J.-C. Constitué de la Michnah  –racine chanah signifaint répéter- qui est une codification vers 200 après J.-C. de la Loi orale, reçue par Moïse au Mont Sinaï et transmise aux Anciens, puis aux Prophètes et aux membres de la Grande Synagogue (du temps d’Esdras) (cf. Pirqé Avot 1/1) et de la Gemarah , commentaires des rabbins ultérieurs sur la Michnah, le Talmud est fort complexe. En français, la traduction –et mise en perspective créatrice !- la plus imposante est celle du rabbin Adin Steinsaltz (Editions Jean Claude Lattès, 1994). 8 Comme la Bible est largement étudiée dans d’autres cours, je ne citerai aucun ouvrage de référence ici. 9 Il serait erroné de croire que du côté chrétien, tout serait clos avec la Bible. Les textes des Conciles ont joué un rôle « cadreur » fort important. Cf. sous la direction de G. Alberigo, Les Conciles œcuméniques , 1. L’Histoire, 2. Les Décrets (De Nicée à Latran V), Paris, Cerf, 1994. 10 Les Confessions de foi et catéchismes offrent aussi un cadre interprétatif et évolutif dans lequel le message de la Bible est sans cesse repensé et réactualisé. Pour la tradition protestante, cf. André Birmelé et Marc Lienhard, La foi des Eglises luthériennes. Confessions et catéchismes , Cerf/Labor et Fides, 2003 ; Oliver Fatio (dir.), Confessions et catéchismes de la foi réformée , Labor et Fides, 2005 ; Henry Mottu (éd.), Confessions de foi réformées contemporaines , Labor et Fides, 2000.
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Commentaires :  * La Bible hébraïque et la Bible chrétienne partagent pour l’essentiel les textes du premier Testament. Les différences concernent l’intégration chez les chrétiens des textes appelés deutéro-canoniques ou apocryphes (ensemble d’écrits postérieurs aux « grands » et « petits » prophètes et intégrés dans la traduction grecque de la Bible hébraïque –la Septante-, au 3 ème siècle avant J.-C. à Alexandrie), et le refus de les incorporer chez les juifs 13 . Il est intéressant de remarquer que les ordres des textes sont différents dans les deux Bibles. Dans l’hébraïque, le dernier texte est celui de 2 Chroniques ; dans la chrétienne –qui a suivi lordre de la LXX, en inversant toutefois lordre des Prophètes- le dernier est celui de Malachie 14 .   Comparer les deux « fins » des textes canoniques juif et chrétien : 2 Chroniques 36/22-23 et Malachie 3/22-24. Vous poser la question : Pourquoi ces choix ? Quelle théologie de l’histoire chacun de ces choix induit-il ?                                                                                                                                                                                                                                               11 Il existe différentes traductions du Coran en français. Je n’en mentionnerai que trois ici. D. Masson, Le Coran I et II , Gallimard, 1967 (très utile par la connaissance réelle   des sources juives, chrétiennes et musulmanes manifestées dans les notes) ; Mohammed Chiadmi, Le Noble Coran , Editions Tawhid, 2005 (utile pour ses commentaires reflétant une théologie musulmane traditionnelle) ; Cheikh Si Hamza Boubakeur, Le Coran , Fayard, 1985 (gros ouvrage de 1163 pages avec d’abondantes notes). Pour un ouvrage classique d’introduction, cf. Régis Blachère, Le Coran , PUF, 1977. Pour une approche historico-critique du Coran, cf. Christoph Luxenberg (pseudonyme) Die syro-aramaeische Lesart des Koran; Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Qur’ ā nsprache . Berlin, Germany: Das Arabische Buch, First Edition, 2000. Une recension en anglais de cet ouvrage en allemand se trouve dans Hugoye, Journal of Syriac Studies , vol. 6 no 1, janvier 2003 et peut être trouvé sur le site http://syrcom.cua.edu/Hugoye/Vol6No1/HV6N1PRPhenixHorn.html  (10/5/2006). Voici une des conclusions à laquelle arrive l’auteur : “ If Luxenberg’s analysis is even in broad outline correct, the content of the Qur’ ā n was substantially different at the time of Muhammad and c Uthm ā n’s redaction played a part in the misreading of key passages. Were these misreadings intentional or not? The misreadings in general alter the Qur’ ā n from a book that is more or less harmonious with the New Testament and Syriac Christian liturgy and literature to one that is distinct, of independent origin.” Si ces recherches s’avèrent sérieuses –je n’ai pas les compétences pour en juger- ce sera révolutionnaire!  12 Les hadîth sont les propos rapportés à Mohammed, et ne se trouvant pas dans le Coran. Il y a de nombreux recueils de hadîth, plus ou moins fiables. Celui de Bokhâri est considéré comme l’un des meilleurs. Cf. El-Bokhâri, Les traditions islamiques , 4 volumes, Paris, Maisonneuve, 1977. Un tafsîr, littéralement « explication » est un commentaire du Coran ; et ces commentaires ont bien sûr fleuri. Le fiqh est la science de la Loi, ou le droit musulman dont il existe quatre écoles sunnites principales (hanafite, malikite, shafi’ite, hanbalite) ; le kalâm, science de la parole , ou théologie et le falsafa, philosophie hellénisante, ont aussi fortement marqué l’évolution de la pensée islamique. Pour une bonne introduction sur tous ces sujets, cf. le classique de Louis Gardet, L’ISLAM. Religion et Communauté , Desclée de Brouwer, 1967. 13 C’est à Jamnia, entre 80 et 100 après J.-C. que les rabbins juifs ont fixé le canon de leur Bible. 14 La TOB par contre a choisi de reprendre l’ordre de la Bible hébraïque.
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 Pour la tradition juive Jacob Neusner, grand spécialiste de la littérature juive, a écrit des lignes passionnantes sur ce sujet. « Le judaïsme le plus important historiquement, qui est celui de la double Torah et s’est formé au cours des six premiers siècles de l’ère chrétienne, n’est pas une religion issue d’un livre, même de ce livre qu’est la Bible. Il se réfère à un canon, mais à un canon qui ne prend pas uniquement la forme d’un livre ni même d’une tradition orale. Il est une religion qui repose sur l’idée de Torah, c’est-à-dire de Révélation. Et cette révélation s’est précisément exprimée ou s’exprime sous trois formes : un livre, la Bible hébraïque (pour une large part, l’Ancien Testament du christianisme) ; une tradition orale mémorisée, puis mise par écrit dans la Mishnah, à partir de 200 après J.-C. environ, ainsi que dans d’autres documents ultérieurs ; enfin, surtout, le modèle d’un sage qui incarne ici et maintenant, le paradigme de Moïse, et qu’on appelle rabbin. Le judaïsme de la double Torah, qui n’est qu’un des nombreux judaïsmes connus dans l’histoire, est donc la religion non de la Bible, mais de la Torah s’exprimant par ces différents moyens, qui ne relèvent pas tous de l’écriture ni même de la parole. » 15   Selon Neusner, la Révélation juive s’exprime sous trois formes : une Ecriture (Bible hébraïque) ; une Parole (une tradition orale, Mishnah et commentaires) et une Personne (le rabbin, modèle d’un sage) 16 .    Commentaire : A temps et à contretemps, il est répété que judaïsme, christianisme et islam sont « trois religions du Livre ». Cette perspective est peut-être celle que les musulmans ont pour les juifs et les chrétiens (« les gens du Livre »), mais elle n’est pas celle que les juifs et les chrétiens ont d’eux-mêmes ! Selon Neusner, le judaïsme est une religion non d’un Livre, mais de la Torah s’exprimant sous trois formes différentes ; d’autres juifs ont décrit leur tradition comme étant celle, non d’un Livre, mais de l’interprétation d’un Livre ! Ce qui est fort différent. De même, pour les chrétiens, au cœur de leur foi, il n’y a pas un Livre, mais une Personne dont un Livre rend témoignage.  
                                                 15  Le grand atlas des religions , Encyclopaedia Universalis, 1988, p.226. 16 Il est intéressant de mettre en lien ces trois formes de la Révélation selon Neusner avec les trois formes de la Parole de Dieu chez Karl Barth : la révélation de Dieu en Jésus, dans l’Ecriture et dans la prédication de l’Eglise. (Pour une présentation de l’actualité de Barth, cf. l’ouvrage de Denis Müller, Karl Barth , Paris, Cerf, 2005). Cette théologie a fortement stimulé les Eglises protestantes du 20 ème siècle, notamment en revalorisant la prédication à partir de l’Ecriture et une conscience forte de la révélation du Dieu de Jésus-Christ. Une des faiblesses de la tradition réformée, selon moi, c’est d’une part d’avoir privilégié la parole du théologien  aux dépens de celle des laïcs  (les Eglises réformées sont trop discursives et cérébrales et pas assez participatives !) et d’autre part d’avoir privilégié la parole du théologien aux dépens des autres facettes de sa vie . Selon Neusner, c’est « le modèle du sage » qui compte, et pas seulement sa parole. Avis donc à toute personne souhaitant devenir un théologien nourri par les richesses de la tradition juive !
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 Textes fondateurs juifs Textes fondateurs chrétiens Textes fondateurs musulmans    Langue Langue Langue Hébreu (-araméen) (Araméen-) grec Arabe Durée de transmission  Durée de transmission  Durée de transmission  La double Torah a été rédigée sur une période de La Bible chrétienne a été rédigée sur une période Le Coran a été recueilli par Mohammed sur une 1800 ans (12 ème av.J.-C- à 6 ème apr. J.-C.). de 1200 ans pour le Premier Testament et 30-80 période de 23 ans.  ans pour le Nouveau Testament. Contexte de transmission Contexte de transmission Contexte de transmission La double Torah a été transmise durant un cycle Le Nouveau Testament témoigne d’une libération Le Coran commence par une situation où continu de dominations (esclavage en Egypte, exil spirituelle dans un contexte de domination Mohammed et les musulmans sont rejetés (par les à Babylone, domination sous les Perses, les Grecs, politique (le Romains) riches polythéistes à la Mecque) et se termine par les Romains, les chrétiens…) et de libérations  leur victoire spirituelle et politique (dans un (temps d’autonomie relativement courts sous les contexte de rivalités à Médine). Juges, David et Salomon, puis jusqu’en 586 ; périodes d’autonomie entre 536-332 ; entre 140 -63). Type de révélation Type de révélation Type de révélation Evénementiel et interprétatif. Evénementiel et interprétatif. Anamnésique et interprétatif. Historique et pluriel. Personnalisé et pluriel. Vertical et unitaire. Annonciateur. Accomplissement. Récapitulation.     Commentaires : * Langue . Aux origines des textes fondateurs de ces trois monothéismes, nous trouvons la même famille de langues sémitiques (hébreu, araméen, arabe). La diffusion du Nouveau Testament (Evangiles et épîtres) par contre s’est faite à partir de la langue « dominante » de l’époque, c’est-à-dire le grec. Les rapports aux textes sont donc différents. Juifs et musulmans n’ont cessé de valoriser la Révélation dans « leur » langue originelle. Les chrétiens n’ont pas hésité à privilégier les traductions (donc la diffusion et l’ « universalisation ») car de toute manière l’accès direct à la langue parlée par Jésus et ses disciples leur échappe. * Durée de transmission . 1800 ans, 1250 ans, 23 ans… Pour les juifs et les chrétiens, la Révélation se produit dans des événements et des personnes qui traversent le temps. Pour les musulmans, la vraie Révélation (les autres, c’est-à-dire la Bible et les Evangiles, étant altérées) se concentre en un Prophète et en une période de 23 ans. Trois rapports à l’histoire vont en découler.
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* Contexte de transmission . Les juifs ont vécu l’essentiel de leur histoire dans une situation de dominés. C’est dans leur oppression que la Révélation a retenti. Même si le message est avant tout « spirituel », les juifs ont connu des temps de liberté politique qui alimentent leur aspiration –messianique- profonde. Les premiers chrétiens n’ont connu qu’une liberté spirituelle dans un contexte d’oppression politique. Ils n’ont jamais accédé au pouvoir. Quand, par la suite, dès le 4 ème  siècle, ils accédèrent au Pouvoir, il leur fallut « inventer » à partir d’autres sources que le Nouveau Testament (Ancien Testament, lois romaines etc.) leur manière de régner. Les musulmans ont comme idéal un texte de révélation qui commence par une émigration (hégire ou fuite de Mohammed et de ses disciples de la Mecque) et se termine par une victoire religieuse et politique. Etre musulman, c’est aspirer à vivre comme Mohammed la Cité idéale dominée par les musulmans. Trois rapports au politique vont en découler.  * Type de révélation . Pour les juifs et les chrétiens, la Révélation se passe dans des événements historiques interprétés (actes de libération spirituelle et/ou sociopolitique). Les chrétiens soulignent que le sommet de la Révélation s’opère dans une Personne, celle de Jésus. Pour les musulmans, la Révélation est venue rappeler (ou faire mémoire de manière parfaite) le message d’unité de Dieu déjà donné à Abraham et aux autres prophètes. La Révélation selon eux ne traverse pas le temps « horizontalement » (et par de multiples témoins ayant chacun sa spécificité à comprendre et à contextualiser), mais « verticalement » en un Prophète. Pour les juifs, toute leur Révélation est tendue vers l’Annonce d’un Accomplissement à venir (règne messianique où il n’y aura plus d’injustices). Pour les chrétiens, leur Révélation est exprimée par lAccomplissement  en Jésus de l’Annonce faite au peuple juif. Pour les musulmans, leur Révélation est une Récapitulation par Mohammed du Message déjà annoncé notamment aux juifs et chrétiens. Trois manières de se comprendre et de comprendre les autres.  Il est intéressant de constater que les chrétiens ont continué de lire l’ « Ancien Testament » (qui, selon eux, annonce le Messie dont ils sont les témoins), même s’ils avaient le Nouveau Testament. Ils ne l’ont pas écarté (malgré la volonté d’un Marcion). Les musulmans, par contre, n’ont pas rajouté le Coran à l’Ancien et au Nouveau Testament, mais ont déclaré que les textes précédents avaient été falsifiés. Le Coran serait donc autosuffisant et plus authentique que les « révélations » précédentes 17 . Rappelons immédiatement que les chrétiens n’ont pas accueilli la Torah orale, qui a été mise par écrit après le Nouveau Testament (et souvent critique à leur égard, il faut le rappeler), ni le Coran (qui à bien des égards les réinterprétait d’une manière peu respectueuse). L’enjeu aujourd’hui, c’est de lire les textes fondateurs des autres, les resituant dans leurs contextes et en comprenant leurs spécificités. Quelles que soient, et quelles que seront, les options prises au sein des théologies juive et musulmane, je souhaite vivement qu’en théologie chrétienne, ce travail de découverte des textes des autres se fasse. Pour y découvrir les beautés. Pour en comprendre les divergences.                                                    17 Plusieurs fois j’ai entendu des musulmans me dire qu’ils comprenaient dès lors mieux les juifs et les chrétiens qu’ils ne se comprennent eux-mêmes ! Difficile de réellement dialoguer dans ces conditions.
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 Pause : Lire dans les Annexes les textes venant du Coran.  18 Vous poser la question : Qu’est-ce qui est beau, qu’est-ce qui est problématique dans ces textes. Pourquoi ?         3.2. Dieu 19   Juifs, chrétiens et musulmans partagent bien des conceptions communes de Dieu. Selon les trois traditions, Dieu est Créateur de l’univers et différent de sa création. Dieu se révèle et parle aux hommes, il ne les laisse pas dans l’ignorance. Dieu agit dans le monde, il est le Seigneur de l’histoire. Dieu aime les humains et il jugera leurs vies.  Commentaire : Il suffit de « se décentrer » un peu en découvrant les traditions religieuses de l’Inde ou de la Chine, pour constater le même « air de famille » qui traverse ces trois traditions sémitiques. Les trois ont aussi valorisé (survalorisé selon moi…) une im age masculine de Dieu (à l’image des sociétés patriarcales dans lesquelles elles se sont développées) et affirmé avec beaucoup de force (avec trop de force, selon moi…) la distinction de Dieu et du monde et son caractère « personnalisé » 20 .                                                      18 Nous sommes confrontés ici à une limite du cours à distance. Cette sélection aurait besoin d’être largement commentée. Chaque texte doit être replacé dans son contexte et être interprété. Je vous invite vivement à vous procurer un Coran (de préférence celui de D. Masson si vous ne voulez en acheter qu’un seul) et à en lire d’autres textes ! 19 Ces pages seront encore plus schématiques que les autres ! Elles ne font qu’indiquer certaines orientations. 20 Cette surévaluation et cette insistance « selon moi » mériteraient un cours en lui-même ! Ce n’est pas le lieu de développer ces idées. Je saisis pourtant cette occasion pour rappeler les limites d’un cours qui regarde synoptiquement juifs, chrétiens et musulmans, sans voir les autres. Une théologie chrétienne des religions ne peut se construire qu’avec une prise au sérieux de toutes les traditions particulières…
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DIEU dans la tradition juive DIEU dans la tradition chrétienne DIEU dans la tradition musulmane    Noms et attributs Noms et attributs Noms et attributs    YHWH/Elohim 21  Dieu comme Abba (Père/Papa) 22 Allah 24      Dieu est UN Dieu est TRI-UNITE Dieu est UN (Deutéronome 6/4) (Jean, chp.14-17) (Sourate 112/1)    1=1 1x1=1 Non 1 n’est pas égal à 1    Le Shema (« Ecoute ») : « Ecoute Israël, le Dieu est Père-Fils-Esprit Shahada (Confession de foi) : « Il n’y a pas (ou encore res divi ue Dieu ». Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est UN ». Conscience-Parole-Souffle ; d’aut nités q  Transcendance-Présence-Immanence) 23       Dieu fait alliance avec l’humanité, en particulier Dieu fait alliance avec l’humanité, en particulier pDaire ul e fpaeitu pallel ijaunifc eo basveerc lthum L a o n i i t(éL, éevnit ipqauret i1c9u)li. er par loffrande de la vie de Jésus  et le Corps qui p C a o r r  a la n  , eCnotemnmd uDniaeuut é etq luuii  aocbcéiute i(lCleo rlaen  5m/e7s)s. age du van sa s’attache à Lui (Ephésiens 1).    Bonté, sainteté, fidélité, justice de Dieu. Amour gratuit, com-passion et faiblesse de Dieu. Miséricorde, puissance et grandeur de Dieu.     Commentaires : * Le lieu révélationnel par excellence pour les juifs est la Torah , pour les chrétiens le Logos -ou la Sagesse- en Jésus , pour les musulmans le Coran . (Il est erroné de comparer uniquement Moïse, Jésus et Mohammed, ou encore la Torah, la Bible et le Coran. Sur les questions de priorité et de rapport à Dieu, il s’agit bien de comparer la Torah, Jésus et le Coran).                                                  21  Sur un historique du nom de YHWH, cf. de Gérard Gertoux, Un historique du nom divin , Paris, l’Harmattan, 1999. Après une longue recherche, Gertoux arrive à la conclusion que la lecture la plus probable du tétragramme devrait être YeHÔ-ah (p.185). 22 Rappelons que dans le premier Testament Dieu est aussi appelé parfois Père (Deut. 32/6 ; Esaïe 9/5…) ; le titre a été généralisé dans le Nouveau Testament. 23  De manière plus imagée, certains ont parlé de Océan-Fleuve-Eau ; Soleil-Rayons-Chaleur… Personnellement, je préfère parler de l’Espace –qui est Un, et non Trois- et qui pourtant a trois dimensions inséparables. Ou encore l’Au-delà de nous et de tous (le Père) ; l’Approchant de nous et de tous (le Fils) ; l’Au-dedans de nous et de tous (l’Esprit). 24 Allah, signifie Dieu en arabe. Les chrétiens arabes utilisent aussi cette appellation. © Faculté autonome de théologie protestante - Université de Genève - 2008 9
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Juifs et musulmans sont théologiquement proches par leurs affirmations communes de l’unité et de l’unicité radicales de Dieu. Les chrétiens affirment certes que Dieu est unique et un, mais ils complètent en disant qu’il est aussi unique dans sa manière d’être un ! Et que les catégories humaines appliquées à Dieu, même ceux les moins inadéquats de « UN » ou de « UNIQUE », sont problématiques. Cette réflexion théologique s’enracine dans leur compréhension particulière de Dieu telle qu’elle ressort de leur compréhension de Jésus. Révélateur de Dieu son Père et habité par l’Esprit Saint, Jésus est image du Dieu invisible (Colossiens 1/15 ; Jean 1/18) « le caractère de sa réalité » (Hébreux 1/3). Bref, il serait tout le portrait de son Père ! Et sur ce point juifs et musulmans sont en désaccord avec eux…  * Comme dit ailleurs 25 , les chrétiens ne croient pas en la formule « 1+1+1=1 » pour décrire la Trinité, mais plutôt, s’il fallait une formule, 1x1=1. Ces trois « 1 » n’ont pas la même « valeur ». Le premier 1 est celui qui existe en soi ; le deuxième 1 est une extériorisation du premier 1 ; le troisième 1 est une synthèse de l’Un et de l’Autre. Autre manière de dire Inconnaissable, Expression et Lien d’amour, ou encore Transcendance, Présence et Immanence 26 . Dans le dialogue avec des juifs et des musulmans, les chrétiens peuvent essayer de transmettre quelque chose de la richesse de cette expérience, tout en apprenant de leurs partenaires que cette différenciation dans l’expérience de Dieu ne doit jamais faire oublier son « unicité » et son « unité »…  * Beaucoup d’attributs de Dieu sont partagés par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Cela dit, les chrétiens ayant perçu qu’en Jésus, Dieu était présent de la crèche à la croix, donc aussi dans l’humilité et la faiblesse extrêmes, leur compréhension de son mystère s’en trouve profondément affectée. Dieu est le Plus Haut (pour reprendre une belle expression de Lévinas), certes, mais il est aussi le Plus Bas (le Fils) et le Plus Intime (l’Esprit Saint). A cause de la Croix, les chrétiens reconnaissent que Dieu a d’autres choix que les nôtres : il choisit ce qui est « fou » et « faible » pour confondre ce qui se croit « sage » et « fort » (cf. 1 Corinthiens chp.1). La « folie » et la « faiblesse » de Dieu, comme lieu d’expression de sa « sagesse » et de sa puissance » (1 Corinthiens 1/24-25) sont des catégories théologiques à proprement renversantes ! C’est à partir d’elles que le souci des fragiles, des exclus et des ignorés (hôpitaux, hospices, orphelinats, etc. pour tous) a pu se fonder en profondeur dans l’éthique chrétienne (même si cela n’a pas toujours été vécu !).  * Ce qui constitue la grande différence entre l’approche chrétienne de Dieu, et celles des juifs et des musulmans, demeure la conviction des premiers que, par la volonté de Dieu, Jésus a été crucifié pour l’humanité et que, par la puissance de Dieu, il a été ressuscité .
                                                 25  Le roi, le sage et le bouffon , Seuil, 1998, p.134. 26 Ce qui me passionne avec ce mystère de Communion qu’est la Tri-unité, c’est qu’il articule à la fois que Dieu sera toujours au-delà de nous, donc inenfermable dans nos  catégories, qu’il s’est approché  de nous, donc il peut être connu et qu’il est au-dedans  de nous, donc expérimentable. J’admire aussi cette articulation sans confusion ni séparation de l’Un et de l’Autre. Or tout projet de couple, de groupe et de société vise toujours une forme de communion. Celle de la Trinité récuse aussi bien les relations fusionnelles que les séparations fissionnelles. L’un et l’autre (homme et femme, nous et vous…) sont d istincts et liés, appelés à se différencier toujours plus et à communier toujours plus.
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3.3. L’humain  Juifs, chrétiens et musulmans partagent que les humains sont tous égaux en dignité.  L’humain dans la tradition juive L’humain dans la tradition chrétienne L’humain dans la tradition musulmane    Hommes et femmes Hommes et femmes   Hommes et femmes      L’homme et la femme ont été crées en image de L’homme et la femme ont été crées en image de Dieu a créé hommes et femmes du premier couple Dieu (Genèse 1/26s). Dieu (Genèse 1/26s). (Coran 4/1).    La Communauté La Communauté La Communauté    Un peuple saint obéissant à la Torah. Le Corps du Christ fidèle à sa Tête. La Communauté (Umma) témoin de l’unité de « Tu es un peuple consacré au Seigneur ton Dieu ; «C’est en vous approchant de lui, pierre vivante, Dieu. c’est toi que le Seigneur ton Dieu a choisi pour rejetée par les hommes mais choisie et précieuse « Vous formez la meilleure Communauté suscitée devenir le peuple qui est sa part personnelle parmi devant Dieu que vous aussi, comme des pierres pour les hommes : vous ordonnez ce qui est tous les peuples qui sont sur la surface de la terre » vivantes, vous êtes édifiés en maison spirituelle convenable, vous interdisez ce qui est blâmable, (Deutéronome 7/6). pour constituer une sainte communauté sacerdotale vous croyez en Dieu. Si les gens du Livre (…). Mais vous, vous êtes la race élue, la croyaient, ce serait meilleur pour eux. Parmi eux se   communauté sacerdotale du roi, le peuple que trouvent des croyants, mais la plupart sont Dieu s’est acquis, pour que vous proclamiez les pervers » (Coran 3/110). hauts faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière (…). » (1 Pierre 2/4s, 9s).  
 Commentaires : La thématique des anthropologies juives, chrétiennes et musulmanes est extrêmement complexe 27 . Pour ne prendre que la seule question des relations entre l’homme et la femme, tout un cours ne suffirait pas ! Quant aux perceptions de la Communauté, chaque tradition a des textes qui justifient son élection et sa « supériorité »…                                                  27  Pour une première approche, cf. le collectif L’être humain au regard des religions , Bruxelles, Lumen Vitae, 1999, les chapitres consacrés au judaïsme, christianisme et islam. Sur le statut de la femme, cf. Pierre Gisel, Les monothéismes , Labor et Fides, 2006, pp.128-135.
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