Dieu de la tribu ou seigneur du lieu ? Aspects de la divinité chez les Sémites de l Ouest - article ; n°4 ; vol.205, pg 415-424
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Dieu de la tribu ou seigneur du lieu ? Aspects de la divinité chez les Sémites de l'Ouest - article ; n°4 ; vol.205, pg 415-424

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Revue de l'histoire des religions - Année 1988 - Volume 205 - Numéro 4 - Pages 415-424
God of the tribe or Lord of the place. Aspects of the divinity among Western Semites

From some of the West-Semitic inscriptions dated to the First Millennium B. C. it can be inferred that the Semites held a double notion of the deity : God was believed to be the God of the Father, namely the eponymous ancestor of the tribe with which he was associated, and God would also be acknowledged the Lord of the land wherein the faithful lived. Neither notion, however, is exclusive.
Quelques textes épigraphiques ouest-sémitiques du Ier millénaire avant notre ère permettent de déceler chez les Sémites deux notions différentes de la divinité : ou bien dieu est adoré comme le dieu de la tribu, c'est-à-dire le dieu de la maison des pères dont le culte renferme ses adorateurs dans un enclos paroissial hors du temps, ou bien dieu est le seigneur du lieu et son pouvoir s'insérant dans l'histoire locale, devient le fondement du bien-être de ses habitants ; on ne doit pourtant pas en conclure à une évolution de la pensée du croyant conditionnée par un passage du nomadisme à la vie sédentaire. En fait, les deux notions interfèrent souvent et c'est l'image d'un rapport de confiance entre le dieu et son adorateur qui s'impose.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 61
Langue Français

Extrait

Javier Teixidor
Dieu de la tribu ou seigneur du lieu ? Aspects de la divinité chez
les Sémites de l'Ouest
In: Revue de l'histoire des religions, tome 205 n°4, 1988. pp. 415-424.
Abstract
God of the tribe or Lord of the place. Aspects of the divinity among Western Semites
From some of the West-Semitic inscriptions dated to the First Millennium B. C. it can be inferred that the Semites held a double
notion of the deity : God was believed to be the God of the Father, namely the eponymous ancestor of the tribe with which he
was associated, and God would also be acknowledged the Lord of the land wherein the faithful lived. Neither notion, however, is
exclusive.
Résumé
Quelques textes épigraphiques ouest-sémitiques du Ier millénaire avant notre ère permettent de déceler chez les Sémites deux
notions différentes de la divinité : ou bien dieu est adoré comme le dieu de la tribu, c'est-à-dire le dieu de la maison des pères
dont le culte renferme ses adorateurs dans un enclos paroissial hors du temps, ou bien dieu est le seigneur du lieu et son pouvoir
s'insérant dans l'histoire locale, devient le fondement du bien-être de ses habitants ; on ne doit pourtant pas en conclure à une
évolution de la pensée du croyant conditionnée par un passage du nomadisme à la vie sédentaire. En fait, les deux notions
interfèrent souvent et c'est l'image d'un rapport de confiance entre le dieu et son adorateur qui s'impose.
Citer ce document / Cite this document :
Teixidor Javier. Dieu de la tribu ou seigneur du lieu ? Aspects de la divinité chez les Sémites de l'Ouest. In: Revue de l'histoire
des religions, tome 205 n°4, 1988. pp. 415-424.
doi : 10.3406/rhr.1988.1884
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1988_num_205_4_1884JAVIER TEIXIDOR
Centre national de la Recherche scientifique
DIEU DE LA TRIBU OU SEIGNEUR DU LIEU?
Aspects de la divinité
chez les Sémites de l'Ouest
Quelques textes épigraphiques ouest-sémitiques du Ie1 mil
lénaire avant notre ère permettent de déceler chez les Sémites deux
notions différentes de la divinité : ou bien dieu est adoré comme
le dieu de la tribu, c' esl-à-dire le dieu de la maison des pères dont
le culte renferme ses adorateurs dans un enclos paroissial hors du
temps, ou bien dieu est le seigneur du lieu et son pouvoir s'insé-
rant dans l'histoire locale, devient le fondement du bien-être de
ses habitants ; on ne doit pourtant pas en conclure à une évolu
tion de la pensée du croyant conditionnée par un passage du
nomadisme à la vie sédentaire. En fait, les deux notions inter
fèrent souvent et c'est l'image d'un rapport de confiance entre le
dieu et son adorateur qui s'impose.
God of the tribe or Lord of the place.
Aspects of the divinity among Western Semites
From some of the West-Semitic inscriptions dated to the First
Millennium B. C. il can be inferred that the Semites held a double
notion of the deity : God was believed to be the God of the Father,
namely the eponymous ancestor of the tribe with which he was
associated, and God would also be acknowledged the Lord of the
land wherein the faithful lived. Neither notion, however, is
exclusive.
Revue de l'Histoire des licligions, ccv-4/1988, p. 115 à 424 Le programme du colloque nous a entraînés à travers les
diverses régions de la terre, dans le passé et dans le présent,
sans nous dire un mot sur le dieu des Juifs et des Chrétiens ;
on peut ainsi tirer la conclusion que le dieu judéo-chrétien ne
fait pas l'objet d'une communication parce qu'il n'est pas un
dieu mais le vrai dieu. Nous faisons toujours honneur au dieu
de notre civilisation en appelant païens les autres dieux et en
les reléguant dans le royaume de l'erreur. L'ancêtre de notre
dieu pourtanl , même s'il fut le dieu d'un groupe, dut composer
avec les dieux voisins ne serait-ce que pour les attaquer,
preuve tangible qu'il croyait à leur existence et, cerf es, de la
lecture de certains textes bibliques se dégage facilement l'idée
que l'ancêtre de notre dieu judéo-chrétien ne détonnait pas au
milieu des autres dieux sémites. Toutefois, ni lui ni les autres
ne feront ici l'objet d'une étude détaillée ; je veux simplement
attirer l'atfention sur certains aspects du dieu des Sémites
tel qu'il me semble apparaître dans les textes ouest-sémitiques
du Ier millénaire avant noire ère.
Le dieu de la tribu
Pour le Sémite de jadis vivant à l'ouest de l'Euphrate, dieu
était le dieu de ses ancêtres, plus précisément le dieu du fonda
teur de la Iribu. C'est le dieu tribal que les iextes bibliques et
d'autres textes sémitiques appellent le dieu des pères ; un
texte palmyrénien dit de plus : le dieu est « le dieu de la maison
des pères v.1 Cette conception de la divinité perd souvent de sa
valeur théologique à cause de l'érudition philologique dans
laquelle elle est immergée. Mais elle n'en reste pas moins un
fait saillant de 3 'ancienne histoire des Sémites. Le culte d'un
1. CVsl l'épiLhiHe do Shainash, le dieu d'une (U'S tribus pulmyrénionries,
cf. Corpus itiscriptionum semilicarum, II, n° 3978. Dieu de la tribu ou seigneur du lieu ? 417
dieu tribal renferme ses adorateurs dans un enclos paroissial
dans lequel la foi dans le dieu de la tribu comme dieu unique
devient une question de survivance : l'individu n'existe pas
sans sa tribu donc sans son dieu. Le monothéisme devient une
exigence vitale et non pas l'aboutissement d'un raisonnement
quelconque.
Cette réalité divine parmi les Sémites a un nom : El,
« dieu », qui est connu sous diverses formes, elim, elohim, ilah,
alah, alaha, dans toutes les langues de l 'ouest-sémitique :
ougaritique. phénicien, hébreu, araméen ou arabe de l'Arabie
du Nord ; il appartient certainement au plus ancien fond de ces
langues. Mais la queslion qui se pose immédiatement à propos
(Y El est celle-ci : s'agit-il d'un nom propre ou d'un nom com
mun ? On peut répondre avec Minucius Felix, l'apologète
chrétien de la fin du 11e siècle : « Ne cherche pas le nom de dieu.
Dieu est son nom. »2 Le terme El, « dieu » semble se rattacher
à la racine 'wl qui signifie « être en avant » ; en arabe 'awwal
signifie « premier, ancien, précédent » ; d'autre part, le terme
nabatéen 'al, « tribu », dérive de la même racine. On voit bien
que cette confluence de significations ne fait que souligner la
charge sociale que le mot El a pu avoir pour les membres de
la tribu.
Les tribus de nomades voyageaient toujours avec leurs
dieux et souvent une divinité tribale fixait sa demeure loin
de son lieu d'origine à côté des dieux locaux rencontrés le long
du chemin. Des inscriptions de Teima en Arabie, de Nabatène
ou de Palmyre offrent de bons exemples de ces déplacements
de culte causés par une migration forcée ou volontaire. Ce fut
peut-être lors de son déplacement qu'un dieu tribal, aux hori
zons élroits, devint un dieu créateur du ciel et de la terre voire
un dieu cosmique. Il ne faut pas croire, pourtant, que cette
notion d'un dieu cosmique ait été le résultat d'une spécula
tion développée à l'époque hellénistique. Le maître de la
foudre, un dieu cosmique, fut le dieu des Syriens et, sous le
2. Oclavius, pari. 18, nec Deo nnmen quaeran. Deus nomen est. Javier Teixidor 418
nom de Hadad, il fut parmi eux la divinité suprême depuis
une haute Antiquité.
Mais on peut se demander si. quand on attribue au dieu
tribal la fonction de créateur, comme c'est le cas pour Yahvé
dans le livre de la Genèse, ou on lui attribue la prérogative de
séparer le jour de la nuit, comme font, les Nabatéens avec
Dushara3, l'adorateur du dieu ne se place pas sur un autre
plan, un plan théologique où l'activité créatrice fait du dieu
de la tribu le dieu de tous, ce qui bien entendu diminue forc
ément l'aspect purement Iribal du dieu en question.
Le culte de Baal
A côté de ce culte du dieu tribal, les textes ouest-sémiti
ques nous font connaître le culte de Baal. Baal signifie « se
igneur » et à Ougarit, aux xive et xme siècles, il est le nom du
dieu principal, protagoniste d'une riche mythologie ; ailleurs,
Baal est un nom commun qui désigne le dieu d'un lieu précis.
A l'époque hellénistique, Baal ou Bel

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