Fontaines sacrées et nécropoles antiques, deux sites fréquents d églises paroissiales rurales dans les sept anciens diocèses de l Oise - article ; n°168 ; vol.62, pg 235-251
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Fontaines sacrées et nécropoles antiques, deux sites fréquents d'églises paroissiales rurales dans les sept anciens diocèses de l'Oise - article ; n°168 ; vol.62, pg 235-251

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1976 - Volume 62 - Numéro 168 - Pages 235-251
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Roblin
Fontaines sacrées et nécropoles antiques, deux sites fréquents
d'églises paroissiales rurales dans les sept anciens diocèses de
l'Oise
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°168, 1976. pp. 235-251.
Citer ce document / Cite this document :
Roblin Michel. Fontaines sacrées et nécropoles antiques, deux sites fréquents d'églises paroissiales rurales dans les sept
anciens diocèses de l'Oise. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°168, 1976. pp. 235-251.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1976_num_62_168_1576FONTAINES SACRÉES ET NÉCROPOLES ANTIQUES,
DEUX SITES FRÉQUENTS
D'ÉGLISES PAROISSIALES RURALES
DANS LES SEPT ANCIENS DIOCÈSES DE L'OISE
II est déjà délicat de retracer les conditions de l'établissement du
christianisme dans les villes épiscopales, et la profusion des légendes
masque imparfaitement la pauvreté des sources historiques et archéo
logiques précises. Cette marque bien davantage le terroir des
diocèses où les églises paroissiales, comme les agglomérations qu'elles
desservaient, n'apparaissent qu'incidemment, au hasard des textes
conservés, tandis que l'archéologie et la patrocinie ne permettent le
plus souvent que des hypothèses vraisemblables. La topographie rel
igieuse, l'étude du site géographique des églises paroissiales, nous donne
l'occasion, par une association avec les autres disciplines précitées,
d'évoquer le substrat préchrétien et de préciser ainsi les modalités de
l'implantation ecclésiastique au cours des siècles romains et méroving
iens. L'enquête a pour cadre le département de l'Oise, créé, comme
le diocèse actuel de Beauvais, en 1791, par la réunion de plusieurs
circonscriptions des derniers siècles de l'Ancien Régime, sans tenir
compte des frontières diocésaines antérieures, héritières bien souvent
des primitifs diocèses du ive siècle, calqués sur les civitates romaines.
Nos exemples seront donc empruntés selon les cas à sept terroirs épis-
copaux, ceux de Rouen, Amiens, Meaux, Soissons, Noyon pour de
faibles secteurs, de Beauvais et de Senlis pour leur intégralité pra
tique, et cette diversité permet souvent de mieux définir les problèmes
encore imprécis 1.
1. Trois provinces se partageaient les sept diocèses : Reims (Beauvais, Senlis,
Amiens, Noyon, Soissons), Rouen et Sens (Meaux). Les plus anciens pouillés ne
sont pas antérieurs au xive siècle, le tableau qu'ils nous donnent est pratiquement
identique à celui du xvme siècle. Au cours du xne siècle, diverses confirmations
épiscopales et pontificales concernant les privilèges et les biens de grande abbayes
de la région mentionnent parfois quelques églises paroissiales. Pour la période
antérieure, le vide est rarement comblé, les agglomérations rurales, vici, oppida,
villae, sont seulement mentionnées, sans allusion à la présence d'une église en leur
sein. 236 MICHEL ROBLIN
La fontaine sacrée.
Au début du ive siècle, le paganisme gallo-romain se présentait
sous deux formes au prosélytisme chrétien : la religion officielle, avec
ses temples et ses piles dont les substructions sont parfois mises au
jour sur le site même de l'église, les cultes populaires aux forces natur
elles et spécialement aux arbres, aux pierres et aux sources bénéf
iques. Les rares récits hagiographiques des ive et ve siècles nous
montrent bien l'égale importance accordée par les évêques à la destruc
tion de cette hydre à deux têtes, mais il va de soi que la disparition
d'un culte fontainier était bien plus difficile à obtenir que celle d'un
culte officiel ou consacré à un mégalithe. La destruction du monument
cultuel privait ses fidèles de la concrétisation indispensable, et on
peut penser que les évèques ne tinrent pas à édifier systématiquement
l'église sur le site du temple, pour bien marquer l'opposition entre
paganisme et christianisme. La suppression d'une source posait des
problèmes bien plus complexes. Si une fontaine d'un faible débit pou
vait être bouchée et transformée en prairie humide, un plus
considérable exigeait le maintien de la source, simplement désacral
isée. Dans ce cas, comment empêcher le maintien du culte, basé en
général sur des vertus salutaires réelles ou supposées ? La solution
la plus simple était évidemment la christianisation de la fontaine, sa
consécration à l'un des saints les plus fréquemment honorés à l'époque.
Une difficulté se présente cependant, du fait du grand nombre des
fontaines christianisées dans le département, et en général consacrées
au patron de l'église paroissiale. La consécration peut donc être très
postérieure à la christianisation, mais la fréquence des titres de saint
Martin et de saint Pierre nous suggère à la fois l'origine préchrétienne
de la vénération et l'ancienneté de la consécration. Le rapport est bien
plus direct lorsque l'église a été édifiée sur la source ou dans son voi
sinage immédiat, que la titulature peut être archaïque et que la loca
lité est désignée par un hydronyme celtique ou latin. Plusieurs caté
gories doivent néanmoins être distinguées.
L'église est construite sur la source.
Le village de Pierrefonds a emprunté son nom à sa fontaine, Petrae
Fons, Pierre Font, la fontaine Saint-Sulpice, dans la crypte de l'église
homonyme 2. Ses eaux passaient pour guérir du paludisme ; elles sont
2. L'église apparaît en 1085 au moment où l'abbaye de Marmoutiers s'en voit
attribuer la collation par l'évêque de Soissons : altare Sancti Sulpitii de Petrefonte
(Gallia christiana, X, col. 100) ; le village et le château sont attestés peu avant.
Pierrefonds ne semble pas une allusion au caractère des eaux, qui sont sans doute
minérales et même sulfureuses aux alentours, mais non pétrifiantes. Ils s'agit soit
d'un bassin en pierre, soit d'une pierre vénérée ou spectaculaire dans les abords
immédiats. SACRÉES ET NÉCROPOLES ANTIQUES 237 FONTAINES 238 MICHEL ROBLIN
minérales comme celles des autres fontaines de la paroisse captées
par un établissement thermal. Si l'église ou la chapelle qui l'a précédée
ne peut avoir été fondée avant la fin du vne siècle, l'évêque Sulpice
étant mort en 644, on peut formuler l'hypothèse de l'importance médic
ale et cultuelle de la fontaine à une époque bien antérieure, une
dévotion à demi-païenne, tolérée par l'Église, puis finalement annexée
par elle, assez forte pour attirer le chef-lieu de la paroisse au milieu
d'un habitat dispersé.
La paroisse de Saint-Samson 3, sur les bords du Thérain, porte le
nom de son église, signe probable de l'isolement primitif de l'édifice.
Le culte de cet évêque de Dol, mort à la fin du vie siècle, n'a sans
doute pas atteint le Beauvaisis avant les invasions normandes, c'est
la raison pour laquelle la source, dans la crypte, dont les eaux passaient
pour guérir les maladies de peau, est placée sous l'invocation de sainte
Radegonde.
Le village de Saintines possède plusieurs fontaines christianisées,
respectivement consacrées à saint Denis, saint Martin, sainte Gene
viève et saint Jean-Baptiste. La fontaine Saint-Jean sourd sur le bas
côté nord de l'édifice, dont le pavement baigne souvent dans plusieurs
centimètres d'eau ; son eau passait pour guérir de l'épilepsie et était
au xvne siècle le prétexte d'un pèlerinage, interdit en 1648 à la suite
des scènes orgiaques auxquelles il donnait lieu. Le culte du Baptiste
aurait été la conséquence d'un apport de reliques, à l'époque des Croi
sades, bien que le titre des baptistères ait pu depuis toujours inciter,
à Saintines comme ailleurs, à confondre l'immersion et le baptême.
En effet la vénération des fontaines semble bien à l'origine du nom
du village, Sanctinae, les Saintes, les sources sacrées, et l'édification
de l'église sur la source la plus efficace n'est

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