Forbin Janson, évêque de Marseille et l élection de Jean Sobieski, roi de Pologne - article ; n°3 ; vol.1, pg 257-270
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Forbin Janson, évêque de Marseille et l'élection de Jean Sobieski, roi de Pologne - article ; n°3 ; vol.1, pg 257-270

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1910 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 257-270
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Marie-Jean-Célestin Douais
Forbin Janson, évêque de Marseille et l'élection de Jean
Sobieski, roi de Pologne
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 1. N°3, 1910. pp. 257-270.
Citer ce document / Cite this document :
Douais Marie-Jean-Célestin. Forbin Janson, évêque de Marseille et l'élection de Jean Sobieski, roi de Pologne. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 1. N°3, 1910. pp. 257-270.
doi : 10.3406/rhef.1910.1921
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1910_num_1_3_19210
c
ANALEGTA GALLICANA
REVUE
D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE
DE FRANGE
FOPiBIN JANSON, EVEQUE DE MARSEILLE
ET L'ÉLECTION
DE JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE
Chacun sait que les rois de Pologne furent électifs h On
n'a pas à juger ici si l'élection de ses rois apporta à la Pologne
avantage ou préjudice. Il suffit de constater le fait au début de
cette étude. C'est en vertu du principe électif, qu'après -la
retraite de Ladislas, en 1661), Michel Koributh Wisnioviecki
avait été élu pour lui succéder cette même année 1669. Sa mort
rapide, survenue la veille même de la victoire remportée sur les
Turcs à Choczim, par Jean Sobieski, grand maréchal, surprit fort
les deux maisons rivales de France et d'Autriche, peu préparées
à l'élection du successeur et ayant chacune un égal intérêt à la
conduire pour garder la haute main sur les alfaires de Pologne :
l'Autriche, à cause de la Hongrie demandant l'autonomie et
que la Pologne pouvait soutenir; la France aux prises en 1674
avec les Impériaux dans la Franche-Comté.
Je me propose de raconter ici comment Forbin-Janson, alors
évêque de Marseille, plus tard évêque de Beauvais, cardinal et
connu alors sous Je nom de cardinal de Janson, réussit à faire
élire Jean Sobieski contre la maison d'Autriche.
2. M. de Forbiii-Janaoa a laissé une note autographe sur l'éloction du roi de
Pologne. Nous la donnons. Elle sera la première de nos piôies annexes.
ANALECTA, T. I. 17 258 REVUE D'HISTOIRE DE l'ÉGLISE DE FRANCE
I
Forbin-Janson a joué un rôle important sur la scène diploma
tique pendant le dernier quart du xvne siècle. Son action n'a
jamais encore été décrite. C'est ainsi qu'il est assez peu connu,
malgré le grand éloge que Saint-Simon nous a laissé de lui *.
J'ai eu la joie de le présenter au public lettré. En 1673, le roi
Louis XIV le chargea de la mission délicate de remettre la
paix dans le ménage, fort troublé, du Grand-Duc de Toscane.
S'il ne réussit pas, la Grande Duchesse restant irréductible, du
moins il montra des talents, une aptitude vraie aux affaires,
un juste discernement des hommes et des choses. Il plut beau
coup. J'ai raconté ce début 2. Depuis, la Bibliothèque nationale
s'est enrichie de douze volumes ou registres mss. contenant une
grande partie de sa correspondance diplomatique, active et pas
sive (Fr. Nouv. Acq. 21097 sq.). Les pièces relatives à l'élec
tion de Jean Sobieski remplissent les mss. 21098 et 21103 de ce
fonds. Dans le récit que je vais en donner le fil et l'aiguille sont
seuls du mien :je n'ai eu qu'à suivre ces pièces, pour dire, du
point de vue français, comment l'élection de Jean Sobieski se
fit malgré les vents contraires, et grâce à l'ambassadeur du roi,
qui fut Toussaint de Forbin-Janson, évêque de Marseille.
Le 3 mars 1674, l'envoi d'un ambassadeur à Varsovie pour
l'affaire de l'élection n'était pas encore décidé. Mais on y pensait
beaucoup à Versailles. C'est ce que M. de Forbin-Janson apprit
ce jour-là même à Paris, où il était venu pour les affaires de la pro
vince3, par une lettre d'Àrnauld de Pomponne, secrétaire du roi,
son ami, et même son parent. Le lendemain,, cette ambassade
extraordinaire se trouva résolue, « l'élection du roi [de Pologne],
estant dans les conjonctures présentes une des plus importantes
affaires de l'Europe et où [Louis XIV] avoit le plus d'intérest. »
Sa Majesté, en choisissant M. de Marseille, déclara qu'elle avait
besoin d'un» homme sur la sagesse et l'habileté de qui elle se put
1. Mémoires, t. x, Ert. Aersnel, 857.
2. La Mission de M. de Forbin-Janson auprès du grand-duc et de la grande-
duchesse de Toscane. Mars-mai 1673, Paris, Picard, 1904.
3. Son habileté reconnue dans les affaires de Traverne, contribua beaucoup au
choix dont il fut l'objet. FORBIN JANSON, EVEQUE DE MARSEILLE 259
entièrement reposer, parce qu'il auroit souvent à agir de luy-
mesme.»Et, en effet, six cents lieues séparaient Varsovie de Vers
ailles. Il lui fallait aussi un homme d'une fidélité « à toute
épreuve et Lien connu», car de « grandes sommes d'argent » de
vaient lui être confiées «pour cette négociation» pleine de risques.
Le temps était court, car l'élection n'étant pas fixée à un jour
déterminé pouvait se faire incessamment, aussitôt la Diète
tombée d'accord sur un nom. Le départ de l'ambassadeur avait
donc un caractère d'urgence. M. de Forbin-Janson eût voulu
faire venir de Provence son « equipage ». Il lui fut répondu qu'il
devait partir tout de suite. Il ne resta que le temps indispensable
pour s'instruire de « toutes les affaires de la Pologne. » Aussitôt,
il écrivit à Hambourg et à Dantzig pour « acheter des chevaux
et des carrosses » et à Varsovie, pour commander les « provi
sions nécessaires » le temps de la Diète. Le roi d'Angleterre mit
à la disposition du roi pour son ambassadeur son yacht, qui devait
faire escale à Calais. Le 31 mars, tout « l'équipage » partit, à
savoir les «gentilshommes dans unblovet1, et tous les officiers à
cheval avec trois charrettes chargées. » Quant à lui, il eut
plusieurs audiences du roi d'une heure chacune, le lendemain
1er avril; il vit longuement M. de Pomponne et le cardinal de
Bonzy2. Il partit le 2 avril, coucha à Écouen, le 3 il arriva à
Amiens, le 4 à Abbeville, où il trouva ses « gens » ; le G, il
coucha à Montreuil, et le 7 à Calais ; une bonne escorte l'avait
guidé et protégé, contre les surprises des garnisons impériales.
A Montreuil, il avait reçu les dernières lettres de la Cour, « une
lettre de change du roi de grand prix, et d'autres pour M. le Grand
Mareschal, Mme la Grande Mareschale et M. de Morstein grand
chancelier de Pologne. » (Je rappelle que le Grand Maréchal
n'était autre que Jean Sobieski.) Il s'embarqua le dimanche
8 avril à une heure après midi. Le soir un vent violent du nord-est
obligea le capitaine du yacht à relâcher à Chatan. Le 13, le vent
étant absolument favorable, on se trouva « à la hauteur de la
Zellande et ensuite à la veue du Texel», le 14 à laccveue de l'em-
boucheure de l'Elbe»; Le 18, on arriva à Hambourg, où le résident
du roi fit fête à notre ambassadeur. Mais les vents contraires
avaient fait perdre un temps vraiment précieux — l'expression
1. Sorte de voiture ou char-â-ban.
2. Le cardinal de Bonzy connaissait la Pologne, ayant été l'ambassadeur du
roi auprès de la Diète lors de la dernière élection. 260 REVUE D HISTOIRE DE L EGLISE DE FRANCE
n'est pas banale — car il y avait danger que l'élection soit faite
avant l'arrivée de M. de Forbin-Janson. Cependant, il prit en
core le temps nécessaire pour acheter « deux carrosses et deux
attelages de sept chevaux chacun. » Le tout partit pour Dantzig.
Pour lui, il se donna la curiosité de visiter Hambourg « très
grande ville et très marchande » et même de la décrire. Il en
partit le 18 avril, jouissant des rives de l'Elbe, peuplées et fraîches.
Les jours suivants, il admira Wittemberg où il coucha, Blance où
il dîna le lendemain et Schwerein, dont le château lui plut ; il quitta
le Mecklembourg, et entra dans la Poméranie. A Stettin, capitale
de la Poméranie suédoise, il fut salué à l'arrivée et au départ
de dix coups de canon. Le 29 avril, il coucha à Neustadt,
qui était «la première ville de la Prusse royale appartenant à la
Pologne, » et

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