L épiscopat français au premier concile du Vatican - article ; n°157 ; vol.56, pg 327-346
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1970 - Volume 56 - Numéro 157 - Pages 327-346
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Gadille
L'épiscopat français au premier concile du Vatican
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 56. N°157, 1970. pp. 327-346.
Citer ce document / Cite this document :
Gadille Jacques. L'épiscopat français au premier concile du Vatican. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 56.
N°157, 1970. pp. 327-346.
doi : 10.3406/rhef.1970.1845
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1970_num_56_157_1845L'ÉPISCOPAT FRANÇAIS
AU PREMIER CONCILE DU VATICAN*
De tous les groupes nationaux, la participation des pères de
nationalité française aux débats de Vatican I fut une des plus
actives. Elle se signale par le nombre élevé de leurs interventions
au cours des congrégations générales, 85 réparties sur toute
la durée du Concile, à peu près également dans la discussion
des décrets doctrinaux et disciplinaires et dans les débats sur
l'infaillibilité : la proportion plus grande des représentants de
la Minorité dans les discours s'explique sans doute par la nécess
ité où elle se trouvait, depuis qu'elle avait été « exclue » de la
préparation des débats au sein des quatre grandes « deputations »,
de recourir, pour se faire entendre, à l'ambon conciliaire et aux
relations extérieures au Concile.
Du rôle que l'Eglise de France devait jouer dans ces assises
générales de la catholicité, de sa dignité, nos évêques avaient
une conscience très vive, avec une pointe de susceptibilité que
Granderath n'a pas manqué de relever. Ainsi, le patriarche
Valerga, ayant osé, le 31 mai à la 62e Congrégation générale,
faire un parallèle entre le gallicanisme et l'hérésie du mono-
thélisme condamné au VIe Concile de Constantinople et assimilé
les préoccupations de Bossuet dans l'élaboration des quatre
articles de 1682 à celles d'un prélat de Cour (aulicus), — déclen
cha une belle tempête dans les rangs de l'épiseopat français et dans
les chancelleries. Nombreuses furent les protestations des pères
français à la tribune, et le cardinal Mathieu qui, par son ancienneté
et son influence, était considéré comme « le chef invisible de
cette Église » prit spécialement la parole, le 15 juin, pour la
défendre :
« Quelle est cette Église que le vénérable patriarche a ainsi accusée ?
C'est celle que notre sainte mère l'Église romaine tient pour sa fille
aînée et qui n'a jamais manqué de donner les plus grandes preuves
de sa dévotion filiale... »
* Exposé présenté à l'Assemblée générale de la Société d'Histoire ecclé
siastique de la France, le 23 mai 1970. 328 J. GADILLE
et il entreprit de montrer comment cette fidélité s'était illus
trée au moment des troubles de la Révolution et de l'Empire,
et dans l'œuvre de reconstruction dans le demi-siècle qui suivit.
La présente Assemblée ne devait-elle pas même de siéger en
toute sécurité à la protection des troupes et du drapeau fran
çais ? 1
L'historien doit reconnaître que bon nombre de prélats français
prirent place au rang des « vedettes » qui influencèrent le cours de
cette Assemblée œcuménique, à côté des cardinaux italiens Capalti
et Guidi, des évêques d'Europe continentale comme Rauscher,
Iléfélé, Strossmayer et Dechamps, d'outre-Manche comme
Manning. Le rôle que joua l'évêque de Poitiers dans les travaux
de la deputation de la Foi mériterait d'être mis en lumière.
L'audience internationale des évêques d'Orléans et de Paris
était réelle, de même que la notoriété au plan théologique de
Maret et de l'évêque de Grenoble Ginoulhiac, que Napoléon III
transféra, pendant le Concile, au siège de Lyon, pour manifester
son appui à la Minorité française 2.
Pour être plus discrète, l'action du cardinal de Bonnechose,
archevêque de Rouen, de Guibert, archevêque de Tours, de
Forcade (Nevers) et de Lavigerie (Alger) doit être aussi mentionn
ée.
L'historien se demandera surtout quel fut l'apport de l'Eglise
de France dans l'œuvre du Concile, comment les traditions
« gallicanes » s'y sont exprimées, — à la suite des études récentes
qui ont attiré l'attention sur « les traditions des Églises natio
nales » à Vatican I 3. L'apport de cette tradition se fait jour
à travers les intentions déclarées par les évêques avant l'ouverture
du Concile, à travers les discussions des groupes, qui préparèrent
et soulignèrent les interventions publiques, à travers les relations
officieuses ou privées, voire les journaux personnels de plusieurs
prélats, clercs et laïcs, que la recherche historique a livrés à la
1. 72e Congregation générale (15 juin 1870, Mansi, t. LII, col. 724). Cette
inteivention est à rapprocher de celles de l'archevêque de Paris à la 12e Con
grégation (19 janvier, Mansi, t. L, col. 400-405) et de l'évêque de Coutances
qui souligna le premier rang qu'occupait l'Eglise de France dans les sommes
versées au titre des missions (4 sur 5 millions annuels de la Sainte-Enfance)
et du denier de Saint-Pierre (22e Congrégation, 7 février, ibid., col. 652).
2. J. Gadillf, La pensée et Vaction politiques des évêques français..., t. I,
p. 23, n. 1.
3. Voir surtout J. Henïsesey, « National Traditions and the first Vatican
Council » dans Archivum Historiae Pontificiae, 1969, n° 7, p. 491-512. Du
même auteur, l'ouvrage The First Council of the Vatican : the American
experience (1963) et l'article « Papacy and Episcopacy in 18 th and 19 th
Century American Catholic Thought », dans Records of the American catholic
Historical Society of Philadelphia, 77 (1966), p. 175-189. — Voir aussi M. Mac-
carrone, II concilio Vaticano I e il « Giornale » di Mons. Arrigoni (Padoue,
1966). PREMIER CONCILE DU VATICAN 329
publicité, au cours de ces dernières années 4. Ainsi pourront
être mesurées l'action de ces évêques aux divers moment de
cette brève assemblée et leurs intentions profondes.
Quelle est la physionomie de cet épiscopat ? Second en impor
tance numérique après les Italiens, il compte jusqu'à 88 membres
présents, en y incluant les évêques non résidentiels comme Bail-
liès et Maret. Mais sur les 86 sièges de France ou des colonies,
six étaient ou sont devenus vacants ; une dizaine de prélats
furent complètement ou temporairement absents : l'archevêque
de Besançon s'absenta pour plusieurs semaines dès la fin de
décembre et avant Pâques, Lavigerie regagna Alger au mois
de mars et l'archevêque de Bordeaux arrivera à Rome seulement
à ce moment. Au vote final du 18 juillet, 70 pères français furent
décomptés : 45 placet et 25 abstentions déclarées.
La note dominante de ce groupe est sa division ; alors que sur
les quelque 770 pères, « l'opposition » regroupait 140 noms, soit
environ 18 % de l'ensemble, la « Minorité » représenta une pro
portion double au sein de la nation française ; la proportion
aurait même approché 40 %, comme l'a montré J. R. Palanque,
puisque certains prélats (Reims, Avignon, Viviers) se rallièrent
tardivement à la majorité pour des raisons pastorales 5 ; d'autres,
sans adhérer à la Minorité, comme les évêques d'Albi, de Cahors,
de Verdun, lui étaient sympathiques.
De ces divisions, les conflits autour de la liberté de l'ense
ignement, et plus encore les fluctuations des nominations épisco-
pales sous le Second Empire rendent compte. Mais au-delà des
influences accidentelles, ce sont les relations nouées au moment
de la formation cléricale, et cette formation même qui les expli
quent. Ainsi, Ginoulhiac, Ramadié et Maret avaient choisi une
commune résidence à Rome : anciens séminaristes de Montât
. Outre les actes officiels du concile, publiés dans les tomes XLIX à LUI
de Mansi (notamment les réponses données par plusieurs évêques français
en 1865 et 1867 sur les matières à traiter au futur concile, au tome XLIX

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