L'Evolution des cimetières - article ; n°1 ; vol.39, pg 61-77

Daniel Ligou

Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1975 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 61-77
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Philosophie et théologie

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• Publié par: Archives-des-sciences-sociales-des-religions
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 44
• Langue: Français
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Extrait

Daniel Ligou
L'Evolution des cimetières
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 39, 1975. pp. 61-77.
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Ligou Daniel. L'Evolution des cimetières . In: Archives des sciences sociales des religions. N. 39, 1975. pp. 61-77.
doi : 10.3406/assr.1975.2767
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Daniel LIGOU
VOLUTION DES CIMETI RES
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Ernest CHAMPEAUX Les Cimetières et les Marchés du vieux Dijon Dijon Nourry
1906
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mort les pompes funèbres le décès envisagé un point de vue juridique qui
était pas si étranger on le pense aux gens autrefois les services extérieur
convoi et intérieur dans les édifices religieux) la sépulture elle-même et peut-
être surtout le monument funéraire ce témoignage souvent banal mais parfois
émouvant et quelquefois pittoresque de la mentalité
Trois thèmes retiendront essentiellement notre attention la géographie
du cimetière son universalisation sa laïcisation ou comme disent les légis
lateurs contemporains sa neutralisation Mais ces éléments provoquant iné
vitables chevauchements nous adopterons un plan chronologique en utilisant
les deux coupures de 1750 date large) est-à-dire du moment où apparaît une
vision plus moderne du problème et du 22 prairial an XII date du décret qui
régit encore pour essentiel la législation contemporaine et sur laquelle nous
serons bref
EN 1750 LE CIMETI RE CHR TIEN
Le cimetière chrétien est héritier de deux traditions la tradition antique
la conception israélite Les mondes paléochrétien puis médiéval ont hérité de un
et de autre encore que les canonistes aussi bien que les juristes séculiers insistent
guère que sur le premier point
Du monde antique le monde hérité tout abord du principe
fixé par le droit romain depuis la loi des XII Tables est-à-dire interdiction
inhumer ou de brûler les cadavres intérieur de la cité ce que les textes juri
diques confirment Dioclétien Il hérite ensuite une partie de la con
ception antique qui transforme le lieu où repose un mort en lieu ayant un caractère
sacré Le Digeste VIII précise que le lieu où est enterré un mort devient
un lieu religieux est inaliénable et ne peut sortir de la famille Les premiers chré
tiens se sont conformés la règle Hominem mortuum in urbe ne sepelito neve
wito et Rome les fidèles comme le prouve existence des catacombes
furent enterrés en dehors du poemerium
De héritage israélite le christianisme retenu obligation de enterrement
et interdiction une date récente de incinération Deuteronome XXI
22 Encore hui incinération est proscrite par les Juifs pieux Pour les
Juifs de Ancien Testament on peut penser il agissait avant tout de se dis
tinguer des peuples païens alentour qui pour la plupart étaient des incinérants
Dans le monde romain et hellénistique les deux modes paraissent avoir cohabité
Pour les chrétiens des premiers siècles ajoute une croyance aiguë en la
proche résurrection fruit évident de la prédication paulinienne très vite affirmée
dès le symbole des Apôtres Je crois la résurrection de la chair conception
profondément différente de la platonicienne immortalité de âme Il est admis
que est cette croyance en un corps qui ressuscitera glorieux qui condamné
incinération pour Eglise catholique en 1964 2)
La fin des temps antiques et le début du Moyen Age sont marqués par une
évolution capitale et totalement originale enterrement ad sonetos qui entraîne
deux conséquences urbanisation du cimetière par jonction des notions église
et de cimetière parfaitement étrangère au monde antique ou au
monde hébraïque) et enterrement des privilégiés dans église elle-même Toutes
choses parfaitement contraires au droit romain
Le développement du culte des martyrs puis des saints qui entraîne inhuma
tion des défunts autour des memoria martyrium apparaît au ive siècle Il
avait là tout abord un souci de protection des corps surtout au moment des
invasions barbares les dits Barbares ayant pas égard des morts le respect
Dictionnaire de Théologie catholique Paris Lctouzey et Ane 1923-1972 article Cime
tières
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que même aux pires époques de persécution les Romains ou romanisés avaient
égard des tombes Calcul intéressé mais aussi témoignage une piété fervente
Les Pères de glise saint Ambroise saint Augustin saint Grégoire sont favo
rables inhumation auprès des corps des martyrs
Avec la paix constantinienne se pose le problème de enterrement dans des
églises qui de plus en plus prennent place dans la trame urbaine Mais aussi
vastes elles fussent et elles ne étaient guère avant épanouissement de art
roman ne pouvaient contenir tous les morts enterrement dans église est
un privilège enterrement au cimetière le sort du commun des mortels Mais et
est le point essentiel le cimetière est lié église
Les différents auteurs ont noté le parallélisme des deux mots coemeterium
et atrium pour désigner le lieu inhumation des morts Les pays latins et slaves
ont adopté le terme de coemeterium du grec ïé qui vient de ïé
dormir est-à-dire le lieu ou dorment les chrétiens en attendant la résurrection
emploi de atrium qui donné aitre dans le dialecte normand et atre
dans le dialecte picard est surtout attesté dans le Nord et le Nord-Ouest de la
France Tournai mais est pas absolument inconnu ailleurs on le men
tionne dans le Décret de Gratien comme synonyme de cimetière noter que
le terme de paradisus parvis jamais été utilisé dans cette acception
inverse des mots area Afrique) hortus et polyandrum qui disparurent
rapidement
Les langues germaniques avec le Kirchof allemand le churchyard anglais
le Kirkegaard danois le Kerkhof néerlandais et le Kyrkog rd suédois
termes qui signifient littéralement cour de église expriment une manière
encore plus nette la réalité de cette liaison entre église et le cimetière 3)
Le cimetière admis autour de glise est donc intérieur même de la cité
Les plus récents travaux archéologiques nous témoignent de deux formes succes
sives le amoncellements de tombes qui paraît