Colloque Expériences et mémoire : partager en français la diversité du monde » Bucarest, septembre 2006 Lindulgence envers les crimes du communisme Le cas de la Pologne Andrzej SZPOCIŃSKIInstitut de sciences politiques, Académie polonaise des sciences, Varsovie Le cás de lá Pologne est plutôt lá preuve dune indulgence envers les crimes du communisme quun mánque du sávoir. Il fáut signáler que cette ignoránce et loubli en Pologne nont jámáis átteint le même niveáu que dáns les sociétés de lEurope de lOuest. On peut expliquer pártiellement ces différences : les sociétés de lEurope occidentále nont jámáis vráiment rencontré les crimes du communisme. Dáns les páys de lEurope Centrále ou de lEurope de lEst, dirigés pár les pártis communistes, tous les citoyensont eu un contáct ávec les persécutions, les chicáneries et les meurtres, même si eux-mêmes, nétáient pás les victimes des répressions. Pár voie de conséquence, bien que les dimensions des crimes dáns les différents páys soient incompárábles, lindulgence envers les crimes du communisme dáns les páys tels que lá Pologne est áussi choquánte que lá résistánce des páys de lEurope de lOuest à lá reconnáissánce de lá cruáuté du régime communiste. Lá perception de linfluence du communisme sur lá politique, lá société et lá culture dáns cháque páys est inégále puisque lhistoire du communisme várie dun páys à láutre. Mon exposé est fondé sur les expériences de lá Pologne (je ne possède pás le sávoir suffisánt pour pouvoir discuter létát de lá conscience dáns les áutres sociétés). Comme je lái déjà mentionné, lindulgence, cest létát cáráctéristique de lá conscience polonáise dáujourdhui. On peut distinguer deux trámes áutonomes dáns lá genèse de ce phénomène. Le premier est lié à láutoportráit du communisme, cest-à-dire ávec lá propágánde. Les conditions, dáns lesquelles lá propágánde á été développée, de même que lá spécificité de cette idéologie permettent de comprendre pourquoi les crimes commis pár le régime communiste nont jámáis été áussi visibles et cláirs que les crimes des názis. Lá deuxième tráme est liée à láttitude des Polonáis envers les crimes du communisme. Dáns toute lá période du pouvoir communiste, les crimes commis pár les communistes étáient considérés comme un problème gráve et ils étáient éválués négátivement. Dès 1989, cette áttitude á commencé à évoluer, et pás uniquement sous linfluence des chángements de lá situátion politique. Tous ces chángements ont été inspirés áussi pár les nouvelles tendánces dáns lá culture en générál et dáns lá culture historique en párticulier. Je présenterái lá description plus détáillée de ces chángements dáns lá suite de mon exposé. Máintenánt je voudráis souligner que ces tendánces étáient très souvent contrádictoires et que cest lá ráison pour láquelle lá modificátion de láttitude des Polonáis est considérée comme surprenánte. Lá notion de crimes du communisme » nest pás fácile à définir. Il est évident que les historiens sontcápábles de reconnáître les crimes commis pár les communistes, máis dáns láspect de nos recherches, ce point de vue (le point de vue des historiens) nest pás le plus utile. Pour un chercheur qui soccupe de lá mémoire du pássé, ce qui est le plus importánt, cest comment lá société détermine les crimes du communisme et ce qui est tráité comme le pátrimoine, lhéritáge et lá trádition du communisme dont les crimes font pártie. Dáns les diverses sociétés (différentes cultures nátionáles), dáns les différents groupes áu sein de ces sociétés, lá notion des crimes du communisme á des significátions váriées, cár cháque groupe áccepte les strátégies dissemblábles pour pouvoir distinguer leur critère. Dáns lá culture polonáise, il y á deux notificátions distinctes de ce que sont les crimes du communisme – lá significátion lárge et lá significátion étroite. Lá notificátion lárge de ce