Le clergé du sud-est de la France au XVIIe siècle : ses déficiences et ses causes - article ; n°130 ; vol.37, pg 153-187
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Le clergé du sud-est de la France au XVIIe siècle : ses déficiences et ses causes - article ; n°130 ; vol.37, pg 153-187

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1951 - Volume 37 - Numéro 130 - Pages 153-187
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

H. Roure
Le clergé du sud-est de la France au XVIIe siècle : ses
déficiences et ses causes
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 37. N°130, 1951. pp. 153-187.
Citer ce document / Cite this document :
Roure H. Le clergé du sud-est de la France au XVIIe siècle : ses déficiences et ses causes. In: Revue d'histoire de l'Église de
France. Tome 37. N°130, 1951. pp. 153-187.
doi : 10.3406/rhef.1951.3115
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1951_num_37_130_3115LE CLERGE DU SUD-EST DE LA FRANCE
AU XVIIe SIÈCLE :
SES DÉFICIENCES ET LEURS CAUSES m
Le xvne siècle a été un grand siècle pour l'Église. On peut
signaler, à cette époque, quantité d'évêques de haute valeur.
Dans le sud-est de la France, les listes des chefs religieux
des divers diocèses et des diverses maisons religieuses sont
à cet égard révélatrices. Nombreux furent ceux qui donnèrent
l'exemple d'une vie personnelle irréprochable et qui s'appl
iquèrent avec zèle à restaurer la vie religieuse de leurs prê
tres ou de leurs moines.
Grand siècle religieux par le nombre de ses évêques de
valeur, cette époque fut aussi un grand siècle par la qualité
exceptionnelle des plus remarquables de ses chefs séculiers
ou réguliers. En particulier, il ne serait pas sans intérêt de
faire revivre quatre grandes figures provençales qui méritent
1. Cet article est le résumé des recherches que j'ai développées dans
mon diplôme de l'École des Hautes-Études, Section des Sciences reli
gieuses, et dans ma thèse de doctorat de théologie (Institut catholique
de Paris), où j'ai donné une abondante bibliographie sur le sujet
traité. Qu'il me suffise donc ici de signaler l'intérêt des archives de
l'abbaye bénédictine Saint-Victor de Marseille. Ces archives constituent
l'essentiel de la série H des Archives départementales des Bouches-du-
Rhône. Elles comprennent 1.130 articles, ce qui en fait l'un des fonds
les plus volumineux de France. En ce qui concerne le xvir3 siècle, l'i
nventaire détaillé dressé par Albanès m'a permis de repérer environ 400
documents intéressants. Le document de beaucoup le plus substantiel
est constitué par les registres H 674 et H 673, qui contiennent : le pre
mier, 39 procès-verbaux de visites canoniques de Dom Balthazar de
Cabanes, moine de Saint-Victor de Marseille, délégué à la réforme des
dépendances de l'abbaye marseillaise, et qui s'échelonnent du 2 oc
tobre 1684 au 13 juin 1689; le deuxième, 28 procès-verbaux de visites
postérieurs à 1600, dont 18 effectuées par Dom Balthazar entre le 27
juillet 1694' et le 27 novembre 1706. Tous ces se suivent
par ordre chronologique, mais les feuillets des registres ne sont pas
toujours numérotés; c'est pourquoi on désignera chaque procès-verbal
par sa date. La notation « Dom Balthazar, visite du 23-11-1684 à
l'abbaye de... » devra donc se lire : Arch, des Bouches-du-Rhône (que
nous noterons désormais « B.-du-Rh. »), H 673 ou H 674,
de la visite canonique effectuée à cette date par Dom Balthazar de
Cabanes. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 154
une attention toute spéciale, car leur zèle intelligent et eff
icace rénova profondément cette région du sud-est : Mgr
d'Authier de Sisgau, fondateur des Missionnaires de Pro
vence et qui fut plus encore un supérieur religieux qu'un
évêque; Mgr Godeau, à la fois évêque de Grasse et grand an
imateur d'Action catholique, grâce à la Compagnie du Saint-
Sacrement qu'il fonda à Aix et à Marseille2; Mgr Jean-Bapt
iste Gault, évêque de Marseille en 1643 et qui, en six mois
d'épiscopat, atteignit aux- plus hauts sommets de la sainteté
et du zèle pastoral; Dom Balthazar de Cabanes, qui se dévoua
avec zèle et intelligence à la réforme des multiples dépen
dances de l'abbaye bénédictine Saint-Victor de Marseille3.
De même dans le bas-clergé séculier. En particulier, on
observe au xvne siècle la formation d'un certain nombre de
sociétés entre prêtres qui veulent s'aider mutuellement à pro
gresser dans leur zèle pastoral.
Quant aux religieux, on constate aussi qu'ils firent preuve
d'un vigoureux renouveau, grâce, en particulier, à la créa
tion d'Ordres pleins d'ardeur. Signalons par exemple la très
forte proportion de Pères Capucins qui payèrent de leur vie
leur dévouement au chevet des contagieux, ainsi que le r
emarquable essor missionnaire aussi bien hors de France qu'à
travers les campagnes du sud-est. D'ailleurs, les Ordres an
ciens eux-mêmes présentent d'énergiques efforts de réforme
et de restauration spirituelle : tels furent les Bénédictins
dépendant de l'abbaye Saint-Victor de Marseille, les Doctri
naires Réformés, l'Ordre de Malte ou de Saint-Jean de Jéru
salem, les Trinitaires et les Dominicains. Ce fut même du
sud-est que partit la réforme de l'ensemble des Dominicains
de la France toute entière.
Mais il y eut aussi, à cette époque, de nombreuses déficien
ces du clergé; et des nombreux documents que j'ai pu consult
er, il ressort que ces insuffisances du clergé tant régulier
que séculier, lorsqu'elles existent, peuvent se répartir en trois
catégories : affaiblissement de la vie spirituelle des commun
autés; négligences dans le chant choral et dans le soin des
âmes; déficiences humaines du clergé régulier et séculier.
Pour chacune de ces catégories, on indiquera les faits dans
leur matérialité, mais on s'attachera aussi à rechercher
2. Sur la valeur sacerdotale de Mgr Godeau, voir ce qu'en pense un
de ses contemporains, le R. P. Fornier, dans son Histoire générale des
Alpes maritimes ou cottiènes (sic)..., publiée par Guillaume (Paris, 1592).
3. On trouvera dans Provence historique, t. II (1952) une étude sur
Dom Balthazar de Cabanes, moine réformateur des dépendances de l'a
bbaye Saint-Victor de Marseille à la fin du XVII" siècle. LE CLERGÉ DU SUD-EST DE LA FRANCE 135
les documents eux-mêmes les causes de ces déficiences. On
constatera en effet que cela est essentiel pour ne pas être exa
gérément sévère à l'égard des clercs qui ne se montrèrent
pas à la hauteur de leur tâche.
I. — Affadissement de la vie spirituelle
DES COMMUNAUTÉS.
Les rares communautés de religieuses visitées par Dom
Balthazar se révèlent être des couvents fervents et bien ré
glés4. De même, chez les Bénédictines de Béziers, les postu
lantes sont soumises à deux années de probation : toutes les
religieuses vivent en commun, ont la lecture à table et disent
chaque jour l'office de la Sainte Vierge au chœur. De plus,
il y a une bibliothèque, et ces livres sont très lus par les rel
igieuses, ce qui les aide à parachever leur formation sipri-
tuelle. Une seule restriction est à faire, toute à leur honneur
d'ailleurs : pour ne pas délaisser pendant l'office choral les
enfants dont elles s'occupent, ces Bénédictines se relaient au
chœur au lieu de chanter en commun leur office5.
Par contre, en 1635, l'archevêque d'Arles est choqué par
la vie large et indépendante que mènent les Ursulines de
Salon, ainsi que par leur liberté d'allure : ces religieuses
sortent à leur guise et reçoivent sans aucune surveillance
quiconque se présente6. A Beaucaire, il semble que les Ursul
ines soient moins volages, quoiqu'il y ait encore bien des
manquements à signaler7.
Le cas des Bénédictines que le même archevêque trouve
installées à Nîmes en 1636 est plus délicat à juger. Elles
étaient initialement à Saint-Sauveur. Mais, vers 1610, les
guerres de religion les obligèrent à s'enfuir, et l'archevêque
d'Arles de cette époque les autorisa à se replier sur Nîmes.
Ruinées par leur départ de Saint-Sauveur, elles ne purent se
procurer qu'une toute petite maison. Si petite même que la
clôture était impossible à observer et qu'il n'y avait ni par
loir ni salle d'exercices. Dans de telles conditions, il éiait
inévitable que la vie spirituelle de ces religieuses fû

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