Le clergé italien en France au XVIe siècle - article ; n°41 ; vol.8, pg 417-429
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1922 - Volume 8 - Numéro 41 - Pages 417-429
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Jules Mathorez
Le clergé italien en France au XVIe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 8. N°41, 1922. pp. 417-429.
Citer ce document / Cite this document :
Mathorez Jules. Le clergé italien en France au XVIe siècle. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 8. N°41, 1922. pp.
417-429.
doi : 10.3406/rhef.1922.2249
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1922_num_8_41_2249LE CLERGÉ ITALIEN EN FRANCE
AU SEIZIÈME SIÈCLE
Pour protester contre l'intrusion des étrangers qui,
dans l'Eglise de France, occupaient trop d'opulents bé
néfices, les clercs du royaume avaient signé la Pragmat
ique de Bourges en 1438. Espéraient-ils ainsi consti
tuer une Eglise nationale ? S'ils eurent cette illusion,
elle dura peu : car malgré la Pragmatique et jusqu'au
Concordat de 1516, rois de France et papes s'entendi
rent à l'occasion pour doter leurs familiers de charges
ecclésiastiques. On le constate dès le milieu du xY3 siè
cle ; sous les règnes de Louis XII et de ses successeurs
cette intrusion des Italiens s'affirme de plus eoi plus. A
un moment donné, au xvi° siècle, ils détinrent jusqu'au
tiers des bénéfices du royaume.
Maintes raisons contribuèrent à cette pénétration du
clergé italien en France. Pour les desseins de leur poli
tique, Charles VIII et Louis XII furent obligés de se
créer des amitiés parmi les péninsulaires, ils leur dis
tribuèrent sièges épiscopaux, abbayes ou autres bénéfic
es. François Ier, par sympathie et admiration pour les
Italiens, combla ses amis d'outre-monts. Catherine de
Médecis protégea ses anciens /compatriotes. Sons les
règnes de ses fils, les Italiens parlent haut à la cour de
France ; comme banquiers, ils tiennent en mains les f
inances du pays, ils avancent au roi des sommes considé
rables et, pour gages et sécurités, prennent des revenus
ecclésiastiques, sinon directement, du moins en exigeant
la nomination de leur clientèle à des postes avantageux.
Au début du xve siècle, l'Eglise de France avait connu
le népotisme pontifical; à la fin du xve, elle connaîtra
celui de la haute finance. Les financiers demanderont
des abbayes pour Giovanni et Piero Salviati, les del
Bene tiendront des charges nombreuses, Giambattista
de Guadagni, abbé de Turpanay, en Touraine, sera au-
Revue d'Histoire db l'Eglise de France, 1922, t, vni. ' 27 .
.

REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 418
mônier du roi. Henri IV, lui-même, récompensera par
des évêchés les services rendus. Le dominicain Banchi,
de passage à Lyon en 1593, eut conntaissance du projet
que Barrière avait formé d'assassiner le roi. Ayant dé
noncé le complot, il reçut, comme prix de. ses révélations,
l'évêché d'Angoulême.
L'intrusion des péninsulaires, constatée dès le règne
de Charles VIII, eut une répercussion très réelle sur
la pénétration italienne dans le royaume ; évêques et
abbés étrangers jouèrent le rôle d'appelants. Par eux
furent attirés dans nos provinces mandataires, tréso
riers, artistes,, familiers, tous gens des milieux les plus
divers et des conditions les plus variées. Vers la fin du
xvi° siècle, le clergé français fera entendre de justes
doléances. « Ils sucent nostre sang comme sangsues et
ne tiennent aucun compte de résider, ains ©n leur cœur
se moquent de nous qui sommes si mal advises de ne le
cognoistre point, » dira l'archevêque de Vienne. Des
poètes aussi s'en mêleront. Parlant de la fortune de la
France, Jacques Grévin écrira :
<
• ; En nourrit sa gourmande prestrise.
■L'avare Italien....
. ' . et Ronsard :
....J'ai veu
" La pmstrise; en son bien
Souffrit" mille dommages,
L'avare Italien •
S'engraisser de truages1. . .
' Certains diocèses du Midi ont été l'apanage des Ita
liens pendant plus d'un siècle et l'on n'entend point
parler de ceux du Comtat-Venaissin qui étaient à peu
près complètement fermés aux Français. Du 3 juillet
1478 au 16 octobre 1586, un seul régnicole, Jean, cardi
nal de Lorraine, siégea à Agen ; les autres titulaires
de l'évêché furent des délia Rovere, Galeazzo, Leo-
1. Les Malheurs de la Francet p. 297 et 367. — J. Mathorez, Les
Italiens et f opinion française à la {in du xvi° siècle, dans Bull, du
Bibliophile, année 1913. CLERGÉ ITALIEN EN FRANCE AU XVIe SIECLE 419 LE
ïiardo et Antonio *. Ce dernier eut comme vicaire géné
ral Giovanni Valerio d'Ivrée en Piémont, qui adminis
tra le diocèse avant de devenir lui-même évêque de
Grasse. Vakirio, introduit dans l'évêché d'Agen par
Leonardo délia Rovere. n'abandonna pas ses fonctions
sous l'épiscopat de Matteo Bandello, l'auteur des Nouv
elles qui occupa le siège de 1550 à 1554 2. On se souvient
des conditions dans lesquelles Bandello, déjà titulaire
de la cure de Cabalsault, près Agen, fut nommé à l'évê
ché de cette ville.
Matteo Bandello était le protégé de Constance Ran- •
gone Fregoso ; or François Ior avait accueilli auprès de
lui Cesar Fregoso, vaillant capitaine, et avait promis
de donner à l'un des enfants de ce dernier :
* Un vescovado ricco e singolare.
Mais ses deux fils, Giarno et Ettore, étaient encore en
bas-âge au moment où le roi faisait cette promesse à
Fregoso. En attendant qu'elle pût être réalisée, il assi
gnait à Fregoso les revenus de certains dîmiers à pro
venir du diocèse d'Agen ; Constance Fregoso recueillait
ceux de la cure de Cancon, ,et Giano se voyait
attribuer les revenus de Sainte-Marie de Fonfroide.
Craignant que la promesse royale ne devînt caduque,
Constance Fregoso s'employa à Rome pour obtenir la
désignation comme évêque d'Agen de son fils Hector qui,
dès Î548, était nommé à cet évêché. Le 10 mai 1550, Jean
de Lorraine étant décédé, le siège d'Agen devint vacant
mais Hector n'ayant pas l'âge prescrit, il fallut recou
rir à un intérimaire. Constance songea aussitôt à Matteo
Bandello qui fut pourvu, avec la réserve que tant
qu'Hector Fregoso n'aurait pas atteint sa vingt-sep
tième année, Bandello lui abandonnerait la moitié des
fruits de la mense de l'évêché. Si l'on en croit un histo
rien récent de Bandello, cet évêque aurait exercé sa
1. Galéas délia Rovere, 1478-1487 ; Leonardo, 1487-1518 j Anto;^
nio, 1518-1538.
2. Fr. Pico, Matteo Bandelht évêque d'Agén, danB Rëvuê ât.
VAgenais, juillet-août 1920, p. 193. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 420
charge avec grande dignité; cependant, c'est dans les
premières années de son épiscopat qu'il s'occupa de l'im
pression de son recueil de 186 nouvelles qu'il publia à
Lucques de mars à juin 1554.
Hector Fregoso mourut en 1551 sans avoir atteint
l'âge episcopal. Bandello voyant avec tristesse se prolon
ger son intérimat, donna sa démission au début, de 1555
et l'abbé de Fonf roide, Giano Fregoso, âgé de vingt-quat
re ans, fut pourvu de l'évêché d'Agen qu'il occupa jus
qu'à l'an 1586. Etienne de Canolio, chanoine d'Agen et
appartenant à une famille piémontaise venu en France
avec les délia Rovere, prit possession du siège au nom
de Fregoso.
Toute nomination d'un Italien comme évêque en
France était ainsi soumise aux influences d'une grande
famille, provoquée par la cour de Rome ou destinée à r
émunérer des services rendus au roi. On ne saurait ou
vrir tous les dossiers relatifs à ces désignations, car ils
sont véritablement trop nombreux, tant il y eut d'Ita
liens pourvus d'évêchés français au long du xvi° siècle.
Le diocèse d'Apt x fut régi par Agricole de Panisse,
César Trivulce et Pierre de Forli 2. A Fréjus, Fanciotto
degli Orsini est évêque en 1525 ; marié avant d'entrer
dans les ordres, il avait eu des enfants. Leone, son petit-
fils, devint son coadjuteur. Par la suite, les

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