Le « Commentaire des Psaumes » de Diodore de Tarse et l exégèse antique du Psaume 109/110 (fin) - article ; n°1 ; vol.177, pg 5-33
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Le « Commentaire des Psaumes » de Diodore de Tarse et l'exégèse antique du Psaume 109/110 (fin) - article ; n°1 ; vol.177, pg 5-33

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1970 - Volume 177 - Numéro 1 - Pages 5-33
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 93
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M.-J. Rondeau
Le « Commentaire des Psaumes » de Diodore de Tarse et
l'exégèse antique du Psaume 109/110 (fin)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 177 n°1, 1970. pp. 5-33.
Citer ce document / Cite this document :
Rondeau M.-J. Le « Commentaire des Psaumes » de Diodore de Tarse et l'exégèse antique du Psaume 109/110 (fin). In:
Revue de l'histoire des religions, tome 177 n°1, 1970. pp. 5-33.
doi : 10.3406/rhr.1970.9507
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1970_num_177_1_9507« Commentaire des Psaumes » Le
de Diodore de Tarse
et l'exégèse antique du Psaume 109/110
(fin)1
SITUATION THEOLOCxIQUE DU COMMENTAIRE DE DIODORE
SUR LE PSAUME 1<J9
De cette longue étude, il ressort que Psaume 109, 1 et о
était profondément impliqué dans les doctrines erronées des
arianisants et de Marcel. Il est donc compréhensible qu'au
moment de commenter ce psaume, un auteur écrivant dans
le troisième quart du ive siècle — si l'hypothèse de Mariés
est exacte — ait pu éprouver le besoin de prendre parti et
de procéder à des rectifications précises. De fait, on constate
que, face à l'éventail des opinions professées sur ce psaume
au ive siècle, c'est bien par rapport à des gens comme Eusèbe
et Astérius d'une part, Marcel de l'autre, que Diodore entend
se situer.
Diodore refuse de comprendre le Psaume 109 du « Dieu
Verbe avant même qu'il soit incarné », ce qui était effectiv
ement l'interprétation d'Eusèbe avant Nicér et, dans le cas
particulier du verset 3, d'Astérius première manière. Il voit
donc dans ce psaume non le Verbe préexistant, mais Notre-
Seigneur Jésus-( Christ en tant qu'il est le Premier-né, l'Incarné
à qui le Père accorde de partager son propre trône (v. 1 a),
qui a commencé à régner à Sion < le jour de sa résurrection >
1) Voir ИНН, juillet-septembre ПНИ), р. Г»-.Ч.Ч, et octobre-décembre l'J69,
p. 153-188. Un résumé de l'ensemble de cet nrticle est donné en tète de
l;i lre partie. fi IŒVT'E DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
(v. "2 a), qui se manifestera en puissance lors de la seconde
parousie (v. 3 a), qui s'est incarné dans le sein de la Vierge
(v. 3 с), qui a reçu, une fois incarné, le sacerdoce éternel
(v. 4 a), qui a mené une vie rigoureuse au terme de laquelle
il sera exalté (v. 7). L'opposition à la tendance d'Eusèbc et
d'Astérius est précise sur plusieurs points. Entendre « Premier-
né » du Verbe incarné (argument), c'est s'opposer à Eusèbe,
pour qui ce titre s'applique à la divinité du Fils de Dieu1,
non à sa chair, et figure, avec « Seigneur » et « prêtre » parmi
les nombreux titres qui désignent le Verbe en tant qu'il
préexiste à la chair2. Dire que le Seigneur, en tant qu'il est
.Monogène, c'est-à-dire en tant qu'on l'envisage sous l'angle
de sa divinité, est coéternel au Père (argument), c'est contre
dire directement une assertion d'Arius3 et d'Eunome4. Expli
quer que le Sauveur reçoit du Père la dignité royale (v. 1 a) en
tant qu'incarné, car en tant que Dieu il la possède par nature,
c'est s'inscrire en faux contre Eusèbe qui estime que ce don
fait au Dieu Verbe en tant que Verbe prouve la dépendance
de celui-ci par rapport au Père5. Présenter la comparaison
([n'établit Hébr. 1, 13 entre le destinataire du Psaume 109
et les anges, comme preuve que ce est le Sauveur
envisagé dans son humanité, non dans sa divinité puisque
cette dernière est incomparable, c'est encore prendre le
contre-pied d'Eusèbe, qui affirme que seul le Père est absolu
ment incomparable, tandis qu'il n'y a pas de blasphème à
comparer le Fils, au moins par prétention, à des créatures6.
Comprendre ex utero du sein de Marie et apercevoir dans le
verset 3 с une allusion à l'Incarnation, c'est s'opposer à la
première manière d'Eusèbe et d'Astérius7. Entendre la pro
messe du sacerdoce éternel (v. 4) comme adressée au Verbe
1) Ecrl. Theol., I, 20, 11, Klostermann, p. 02-93.
2; fieri. I, 20, 25, p. 95.
.'!; Hpist. ad Alexandrům, Opitz, III, 1, p. 13 ; cité supra, 2e art., p. 188, n. 1.
4) Ap. Basile, Adv. Eunom., II, 17, PG 29, 605.
5) Eccl. Theol., I, 11, Klostermann, p. 69-70 ; cité supra, 2e art., p. 157.
(',) Comm. in Psalm., ř<8, PG 23, 10«3.
7i Eusèbe, DE, IV, 15, 16 ; PE, VII, 12 ; Ed. Proph., II, 38; cf. supra, 2e art.,
p. 159-160. Astérius, ap. Marcel, fraerm. 28 et 29, cités supra, 2e art., p. 161-162. LE « COMMENTAIRE DES PSAUMES » /
incarné, c'est encore dire le contraire d'Eusèbe1, pour qui
d'ailleurs « prêtre » est l'un des titres du Verbe préexistant2.
Diodore refuse tout autant de. comprendre Psaume 109
d'un « simple homme ». Si l'on n'a pas de preuve que cette
doctrine radicale ait été celle de Marcel, on ne peut nier
cependant que les formules qu'emploie ce dernier pour parler
du second Seigneur visé dans Psaume 109, 1 ne font peut-être
pas pleinement droit à sa divinité. Au reste, il est un point
sur lequel Diodore vise certainement Marcel : s'il explique
au verset 1 b que jusqu'à ce que n'indique pas que la session
du Fils à la droite du Père a un caractère temporaire, ce ne
peut être qu'en référence à des développements tels que ceux
qu'on a relevés dans le C. Marceli, le De Incarn. verbi et
c. arian. et VEpist. ad Antiochenns^. Mais ce n'est pas tout.
Dans l'argument, Diodore affirme l'identité du Monogène et
du Premier-né, alors que Marcel épilogue sur le caractère
contradictoire de ces deux vocables4. Au verset 3 c. Diodore
admet une première génération du Seigneur antérieure à la
création, alors que. pour Marcel, la catégorie de la génération
est réservée à l'Incarnation. Au verset 1 a, on peut penser,
à la lumière de l'argument, que non seulement Paul de
Samosate, mais Marcel ou Photin, sont implicitement visés
à travers les juifs lorsque. Diodore, évoquant la discussion
de Jésus et des pharisiens sur ce verset, note que Jésus en tira
argument pour établir qu'il n'était pas « un simple homme ».
et pour affirmer sa divinité. D'une façon générale, lorsque
Diodore rappelle avec insistance que le Sauveur historique,
charnel, à qui s'adresse ce psaume est non seulement homme,
mais aussi Dieu (argument, v. 1 a, v. 3 c), on peut penser
qu'il s'oppose à ceux qui le désignent par des formules mini
misantes ou ambiguës, comme Vhomme seigneurial, le corps
1) Elsèbe, DE, IV, 15; V, .'5.
2) Ecd. Thenl., I, 20, '25, Klostermann, p. 95.
3) С Marceli., fraerm. 117 (Re 104), Klostermann, p. 210-211. De I near п.
Verbi el r. Arian., 20, PG 26, 1020 B-1021 A. Episl. ad Antioch., fraem. 65 И 66,
SHAW, Phil. -hist. Kl., 1921, 6, p. 21-25, cités supra, 2" art., p. 166-171.
Г. F га arm. .'i, Klostermann, p. 1S6. О REVUE DE L HISTOIRE DES RELIGIONS
seigneurial né de Marie, l'homme sauveur, V homme considéré
selon qu'il est le Sauveur. Mieux, dans la mesure où Marcel,
henprosopisch en matière trinitaire, est dyoprosopisch en
christologie, comme Га justement remarqué M. Tetz, Diodore,
soucieux d'éviter que son opposition à l'exégèse arienne ne
le fasse basculer dans l'erreur opposée de Marcel, est amené à
souligner l'unité de la personne humano-divine du Sauveur.
Au verset 3 c, Diodore récuse à la fois ariens et marcel-
liens, puisqu'il tire une interprétation antithétique et complé
mentaire des expressions ante luciferům et ex utero, dont la
première renverrait à la divinité du Sauveur, la seconde à
sa chair. Une semblable distinction entre ante luciferům et
ex utero, comme concernant deux ordres différents de réa
lité, se trouvait déjà chez Justin1. Pour Justin toutefois,
Psaume 109, 3 indique que l'économie (la génération char
nelle) est venue se greffer sur la théologie (la préexistence du
Fils), alors qu'aux yeux de Diodore, il révèle les deux natures
qui entrent dans la personne du Sauveur : la divinité et la
chair. Le point de vue est devenu christologiq

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