Le culte des sources rurales en Bourbonnais - Chapitre II - article ; n°2 ; vol.22, pg 109-120
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le culte des sources rurales en Bourbonnais - Chapitre II - article ; n°2 ; vol.22, pg 109-120

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue archéologique du Centre de la France - Année 1983 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 109-120
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 93
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Andrée Piboule
Maurice Piboule
Le culte des sources rurales en Bourbonnais - Chapitre II
In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 22, fascicule 2, 1983. pp. 109-120.
Citer ce document / Cite this document :
Piboule Andrée, Piboule Maurice. Le culte des sources rurales en Bourbonnais - Chapitre II. In: Revue archéologique du Centre
de la France. Tome 22, fascicule 2, 1983. pp. 109-120.
doi : 10.3406/racf.1983.2373
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0220-6617_1983_num_22_2_2373CHAPITRE II
LE CULTE DES SOURCES RURALES
EN BOURBONNAIS
par Andrée et Maurice PIBOULE
aussi des comptoirs commerciaux, taverDans une magistrale étude (1), notre
compatriote Emile Maie, a montré la perma nes, artisans, fabricants d'ex-voto...
nence du culte des sources dans le monde Le culte des eaux, si répandu dans toute la
paysan. La croyance aux divinités de l'eau Gaule, semble avoir été particulièrement
jaillissante, du lac tranquille, du cours d'eau important sur cette frange nord du Massif
impétueux, tout autant que celles des ro Central, contrefort de l'Auvergne volca
chers, des montagnes, du gouffre, de l'arbre nique, mais aussi pays d'eaux vives et rui
ou du vent..., plonge ses racines dans les sselantes, alors partagée entre plusieurs
mentalités préhistoriques. Les divinités ont grandes cités. EVAUX, DREVANT, NERIS,
été innombrables, et chaque groupe hu BOURBON-L'ARCHAMBAULT, BOURBON-
main avait les siennes. L'archéologie, ainsi LANCY, VICHY et tout son bassin..., autant
que les textes antiques ou médiévaux, ont de noms, autant de centres dont les vestiges
apporté leur contribution à la connaissance encore inexistants attestent la grandeur
de ces cultes et rites du passé... passée. Là, bien souvent, autour du sanc
tuaire des eaux, voire du théâtre- A la source des Roches à Chamalières (2),
amphithéâtre s'est développée une agglodes milliers d'ex-voto, exceptionnellement
mération à caractère permanent... bien conservés, ont permis de préciser les
conditions dans lesquelles les gallo- Mais il semble qu'à côté de ces sanc
romains remerciaient la divinité des eaux de tuaires importants, le monde rural de l'épo
ses bienfaits et de ses guérisons. Il en est de que n'ait pas manqué, d'intercéder auprès
même des ex-voto de bois, de pierre et de de bien d'autres fontaines réparties sur l'e
bronze du sanctuaire des sources de la nsemble du territoire bourbonnais. Ces
Seine (3). Il en a été ainsi de toutes les cultes et ces rites auprès des fontaines gué
sources thermales bienfaitrices, mais les risseuses se sont perpétués depuis tou
gages des malades n'ont pas toujours été jours, et si, dans la plupart des cas, ils se
aussi bien conservés que dans ces deux cas ; sont éteints avec le XIXème siècle, certaines
d'autre part, il est difficile de distinguer de ces sources sont encore honorées
offrandes et ex-voto. comme telles... même si on le cache.
Auprès de ces sources, ont été édifiés
temples ou établissements afin d'honorer le Nous allons, dans un premier temps, pré
dieu, expression du pouvoir guérisseur de senter quelques-unes de ces fontaines pour
l'eau, BORVO ou NERIUS..., pour accueillir lesquelles des découvertes d'objets ant
les malades, leur permettre de se soigner, et iques permettent de penser qu'elles eurent,
109 A.ETM.PIBOULE
très tôt, leurs dévots. Bien souvent d'ail
leurs, cette origine restera confuse, en ra
ison de l'absence de fouilles faites à leur
entour. Bien souvent aussi, la légende s'est
emparée des lieux, mais ne la négligeons
pas : elle est l'écho lointain, un fond de
réminiscence d'un passé, où l'imagination
paysanne s'est donnée libre cours... Dans
un second temps, nous tenterons d'établir
une statistique de ces sources sacrées bour
bonnaises et des maladies qu'elles sont
censées guérir.
Quelques sources sacrées bourbonnaises.
BEAUNE D'ALLIER :
La fontaine St-Agnan passait pour guérir
les maladies d'yeux. Le 17 Novembre, jour
de la fête du saint, on se rendait en proces
sion à cette fontaine pérenne. D'après la tra
dition, elle aurait été découverte par le saint,
lors de son passage dans la contrée. Il l'au
rait fait jaillir en lançant son marteau. Pro
cessions et pratiques semblent avoir été
abandonnées il y a un siècle.
Dès l'Antiquité, Beaune (Belna) a dû
connaître un culte des Eaux. Une statue en
terre blanche de 60 cm de haut, découverte
en ce lieu (4), représente une divinité des
Eaux (dessin VII). La déesse est revêtue de la
stola relevée d'une main, tandis que l'autre
bras s'appuie sur un vase d'où l'eau
s'échappe avec abondance. Un enfant est
debout à ses pieds, et un autre, assis sur son
épaule, tresse sa chevelure. Il est probable Groupe sculpté d'une divinité des eaux
trouvée à Beaune d'Allier (Musée départemental que sur le piédestal, il y avait un troisième
de Moulins). Dessin de Tudot (XIXe siècle). enfant. Ce groupe, qui se trouve, au Musée
de Moulins, atteste l'existence à Beaune
d'un culte antique de l'eau et de la fécondité.
D'autres trouvailles d'époque gallo-
Les jeunes filles qui souhaitaient un mari, romaine ont été effectuées sur ce site.
trempaient leur pied droit huit fois dans la
dernière cuve pour être exaucées. La fon
COLOMBIER : taine procurait aussi le mariage à celui ou
celle qui buvait son eau sans plier les geL'intarissable font St-Patrocle est à fonc
tions multiples, et possède en premier lieu noux et y jetait une pièce de monnaie. Cer
tains affirment que sept verres de cette eau des propriétés guérisseuses : elle «coupe»
la fièvre, rafraîchit le teint et guérit les mala devaient être bus, pour obtenir le résultat
recherché. dies de la peau... ainsi que les animaux souf
frants. Certaines de ces fonctions ne seront La procession à la fontaine avait lieu le
peut-être pas sans rapport avec la présence, 9 Octobre, jour de la fête de St-Patrocle,
à Colombier, d'une ancienne léproserie. mais en novembre, quelques pèlerins ve-
110 CULTE DES SOURCES RURALES EN BOURBONNAIS LE
naient encore boire son eau. Ce pèlerinage a HÉRISSON :
été abandonné vers 1970. La fontaine est La fontaine Saint Principin sourd sur les constituée d'un puits en forme de bouteille bords de l'Aumance, dont le nom primitif est qui se déverse dans trois vasques successi l'Œil (jusqu'au XVIIIe siècle), face à la cité ves en forme de rectangle, de cercle et de antique de Cordes, aujourd'hui Châteloy. demi-cercle, en granit du pays. Après avoir On s'y lave les yeux et la tradition lui attrété démolie pour faire un lavoir, elle a été ibue de nombreuses guérisons des maux de remise en état récemment. la vue. Les fidèles prient à la fontaine.
D'après la tradition, elle aurait jailli lors de D'après la légende, la fontaine jaillit à l'en
la chute du marteau qu'avait lancé St-Pa droit où le saint aurait été décollé. Celui-ci
trocle, du monastère qu'il avait fondé au prit sa tête dans ses mains, «l'embrassa»,
Vlème siècle. Il faut voir dans ce rite classique passa l'Œil à un gué où les gouttes de son
une origine mérovingienne (Hammerwulf). sang se transformèrent en grosses pierres
Effectivement, à toute proximité, a été dé (gué de Saint Principin), remonta la colline,
couverte une nécropole mérovingienne, à gagna l'église de Châteloy où il guérit
l'ancienne chapelle St-Genest (6). Plusieurs l'aveugle Macaire.
sites gallo-romains de surface sont aussi à Cette légende d'un saint céphalophore est signaler, et, dans le bourg, autrefois coupé en rapport avec un important site antique : par la limite du Bourbonnais et de l'A Châteloy est construit à l'extrémité d'un uvergne, existaient un prieuré et une église vaste oppidum d'origine protohistorique, importante. de près de cent hectares, occupé également
à l'époque gallo-romaine et au Moyen-Age
(7)... Des voies reliaient cette cité à Bourges,
Châteaumeillant, Néris, Bourbon, Chan-
;';^'v<
'£:'':-S?S^/>#^';.^^^:.r- *r-> -Sui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents