Le scarabée dans l Égypte ancienne. Origine et signification du symbole - article ; n°1 ; vol.204, pg 3-46
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1987 - Volume 204 - Numéro 1 - Pages 3-46
On expose comment, d'après ses caractéristiques morphologiques et biologiques, le coléoptère Scarabaeus sacer a été associé par les anciens Egyptiens avec le soleil et la terre. On propose ensuite son identification à Osiris, dont il serait le modèle du fait de son développement ontogénique qui passe par un stade nymphal, immobile et ďaspect mort, ďoù sort l'adulte comme s'il ressuscitait. De même que le scarabée-(Osiris), les hommes aussi devaient passer par un stade mort, semblable à sa nymphe (momie), préparant à une résurrection solaire. C'est autour de cette idée de victoire sur la mort, de triomphe de l'Ordre, à laquelle ils attachèrent un intérêt passionné, que s'organise tout le système religieux des Egyptiens.
The scarab in ancient Egypt : Origin and meaning of the symbol
From its morphological and biological characteristics, it is shown how the beetle Scarabaeus sacer has been associated by the ancient Egyptians with the sun and the earth. Then, its identification with Osiris is proposed. The scarab would have been his model due to its ontogenetic development, passing through a nymphal instar, motionless and deadlike, which the adult comes from as it were ressuscitating. Like the scarab-(Osiris), men too had to suffer a stage of death, similar to its nymph (mummy), preparing for a solar resurrection. It is on this idea of victory on the death, of triumph of the Order, which they were passionately interested in, that the Egyptians organized their whole religious system.
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 186
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Yves Cambefort
Le scarabée dans l'Égypte ancienne. Origine et signification du
symbole
In: Revue de l'histoire des religions, tome 204 n°1, 1987. pp. 3-46.
Résumé
On expose comment, d'après ses caractéristiques morphologiques et biologiques, le coléoptère "Scarabaeus sacer" a été
associé par les anciens Egyptiens avec le soleil et la terre. On propose ensuite son identification à Osiris, dont il serait le modèle
du fait de son développement ontogénique qui passe par un stade nymphal, immobile et ďaspect mort, ďoù sort l'adulte comme
s'il ressuscitait. De même que le scarabée-(Osiris), les hommes aussi devaient passer par un stade mort, semblable à sa
nymphe (momie), préparant à une résurrection solaire. C'est autour de cette idée de victoire sur la mort, de triomphe de l'Ordre, à
laquelle ils attachèrent un intérêt passionné, que s'organise tout le système religieux des Egyptiens.
Abstract
The scarab in ancient Egypt : Origin and meaning of the symbol
From its morphological and biological characteristics, it is shown how the beetle "Scarabaeus sacer" has been associated by the
ancient Egyptians with the sun and the earth. Then, its identification with Osiris is proposed. The scarab would have been his
model due to its ontogenetic development, passing through a nymphal instar, motionless and deadlike, which the adult comes
from as it were ressuscitating. Like the scarab-(Osiris), men too had to suffer a stage of death, similar to its nymph (mummy),
preparing for a solar resurrection. It is on this idea of victory on the death, of triumph of the Order, which they were passionately
interested in, that the Egyptians organized their whole religious system.
Citer ce document / Cite this document :
Cambefort Yves. Le scarabée dans l'Égypte ancienne. Origine et signification du symbole. In: Revue de l'histoire des religions,
tome 204 n°1, 1987. pp. 3-46.
doi : 10.3406/rhr.1987.2203
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1987_num_204_1_2203YVES CAMBEFORT
Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris
LE SCARABÉE DANS L'EGYPTE ANCIENNE
Origine et signification du symbole
On expose comment, d'après ses caractéristiques morpholog
iques et biologiques, le coléoptère Scarabaeus sacer a été associé
par les anciens Egyptiens avec le soleil et la terre. On propose
ensuite son identification à Osiris, dont il serait le modèle du
fait de son développement oniogénique qui passe par un stade
nymphal, immobile et ď aspect mort, ďoii sort V adulte comme
s'il ressuscitait. De même que le scarabée-(Osiris), les hommes
aussi devaient passer par un stade mort, semblable à sa nymphe
(momie), préparant à une résurrection solaire. C'est autour
de cette idée de victoire sur la mort, de triomphe de l'Ordre, à
laquelle ils attachèrent un intérêt passionné, que s'organise tout
le système religieux des Egyptiens.
The scarab in ancient Egypt : Origin and meaning of the symbol
From its morphological and biological characteristics, it is
shown how the beetle Scarabaeus sacer has been associated by
the ancient Egyptians with the sun and the earth. Then, its
identification with Osiris is proposed. The scarab would have
been his model due to its onlogenelic development, passing through
a nymphal instar, motionless and deadlike, which the adult
comes from as it were ressuscitaling. Like the scarab-(Osiris),
men loo had to suffer a stage of death, similar to its nymph
(mummy), preparing for a solar resurrection. It is on this idea
of victory on the death, of triumph of the Order, which they were
passionately interested in, that the Egyptians organized their
whole religious system.
Revue de l'Histoire des Religions, cciv-1/1987, p. 3 à 46 Le scarabée sacré est un des symboles par excellence de
l'Egypte ancienne. Constamment représenté sur les sculp
tures des temples et sur les peintures des tombes et des
papyrus, nous le voyons aussi, reproduit à des milliers
d'exemplaires, accompagner la vie et la mort des anciens
Egyptiens.
Cet insecte présente des particularités morphologiques et
biologiques, qui, interprétées de façon symbolique, ont
contribué à la formation des croyances égyptiennes. Au
rebours de la façon de procéder des égyptologues, qui partent
des textes et des monuments, je voudrais ici faire l'inverse,
partir du support réel du symbole. De la sorte, un certain
nombre d'explications de celui-ci se présentent d'elles-mêmes.
Chemin faisant, il faut sans cesse avoir à l'esprit que, dans
la plupart des religions, deux faits antinomiques ne s'excluent
pas nécessairement. Ceci est très frappant chez les Egyptiens,
où les croyances des diverses époques et des divers lieux,
quoique contradictoires, étaient toutes « vraies » en même
temps. En outre, dans un système donné, un mythe ou un
symbole n'ont qu'un sens. Mais, comme le rappelle Lévi-
Strauss1, ils peuvent être pris à contresens, sens et contresens
subsistant côte à côte dans le système, chacun d'eux étant
également « vrai ».
Ce travail s'articulera suivant quatre points :
— le scarabée recherche les excréments ;
— il roule une boule et l'enfouit dans le sol ;
— sous terre, il passe par des métamorphoses ;
— il éclôt, vient au jour et recommence son cycle.
En conclusion, on cherchera à replacer le symbole dans
le cadre de la pensée égyptienne.
1. La potière jalouse, Paris, Pion, 1985, p. 249-250. La coincidentia opposi-
torum est un thème bien connu des mythologues : cf. p. ex. M. Eliade, Méphislo-
phélès et Vandrogijne, Paris, Gallimard, 1962. Le scarabée dans С Egypte ancienne 5
Le scarabée recherche les excréments
Ce qu'on a appelé « révolution néolithique » est le passage
d'un mode de vie aléatoire, fondé sur la chasse et la cueillette,
à un autre, plus prévisible, sur l'agriculture et l'élevage.
Lors des premiers temps de cette révolution, les agriculteurs,
fixés à leur terre par la nécessité du travail des champs,
devaient entrer bien souvent en conflit avec les pasteurs.
Les animaux de ceux-ci nomadisaient sur de vastes surfaces ;
ils pénétraient dans les zones cultivées et causaient des
dommages aux récoltes.
Mais, comme toutes les populations primitives, agri
culteurs et pasteurs rendaient hommage, en les divinisant,
aux forces qui les faisaient vivre : la terre et les cultures,
les animaux domestiques, et devaient se rencontrer dans une
adoration commune du soleil.
Par la suite, ils ont dû mettre leurs ressources en commun
en s'apercevant que, loin d'être antagonistes, elles étaient
complémentaires. En effet, le sol de la vallée du Nil est
certes enrichi tous les ans par la crue en éléments fertilisants,
acide phosphorique. et potasse notamment. Mais l'azote lui
fait presque totalement défaut. Or, sa présence est impérieu
sement requise par les cultures. On peut penser que, dans
l'Antiquité, la seule source d'azote était représentée par les
excréments, comme elle l'est encore aujourd'hui dans cer
taines sociétés traditionnelles africaines, où le paysan rému
nère le pasteur pour bénéficier de la bouse de ses animaux2.
En fait, on observe actuellement, dans ces sociétés, que
l'intensification de l'agriculture semble plus le fait des pas
teurs, anciennement nomades, que des agriculteurs propre
ment dits. Tout se passe comme si les pasteurs se révélaient
plus inventifs que les agriculteurs et finissaient par les
supplanter.
2. Ph. Bernardet, L'association agriculture-élevage en Côte-d' Ivoire sep
tentrionale, J. Agric. trad. Bot. appl., 31 (3-4), 1984, 188-210. 6 Yves Cambefori
On peut imaginer qu'un phénomène semblable a pu se
produire en Egypte, pays essentiellement agricole, où pour
tant de nombreux mythes, et parmi les plus importants, se
rattachent aux animaux domestiques. Tout ce qui touche
aux animaux est sacré, dans les sociétés de pasteurs, jusqu'à
l'herbe dont ils se nourrissent. Sacrée aussi, sans aucun
doute, est leur bouse, et ce caractère est encore accentué,
dans les sociétés mixtes de pasteurs-agriculteurs, par l'enr
ichissement du sol qu'elle réalise. Enfin, le bois devenant
rare dans la vallée du. Nil, le combustible le plus répandu a
dû être, très tôt, la bouse des bovins. Celle-ci, outre la
puis

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