Les écoles de la cathédrale de Notre-Dame et le commencement de l université de Paris - article ; n°147 ; vol.50, pg 73-98
28 pages
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Les écoles de la cathédrale de Notre-Dame et le commencement de l'université de Paris - article ; n°147 ; vol.50, pg 73-98

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1964 - Volume 50 - Numéro 147 - Pages 73-98
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Chanoine Astrik Ladislas Gabriel
Les écoles de la cathédrale de Notre-Dame et le
commencement de l'université de Paris
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 50. N°147, 1964. pp. 73-98.
Citer ce document / Cite this document :
Gabriel Astrik Ladislas. Les écoles de la cathédrale de Notre-Dame et le commencement de l'université de Paris. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 50. N°147, 1964. pp. 73-98.
doi : 10.3406/rhef.1964.1730
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1964_num_50_147_1730LES ÉCOLES
DE LA CATHÉDRALE DE NOTRE-DAME
ET LE COMMENCEMENT
DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS
Le Chapitre de Notre-Dame et l'Université : question de priorité.
Au courant du xive siècle une dispute acharnée éclata entre
le Chapitre de l'église de Notre-Dame et la Faculté de Décret
de l'Université de Paris. L'illustre doyen de la Facultas Consul-
tissima s'écria en 1384 : « La Faculté de Paris est plus ancienne
que l'Église de Paris » *. Les chanoines de l'église de Notre-Dame
ne tardèrent pas à riposter : « Le chapitre de exis
tait avant la fondation de l'Université » 2. Trois siècles se sont
écoulés depuis la naissance des écoles capitulaires de Notre-
Dame et la dispute entre la Faculté de Décret et le Chapitre
de l'Église de Paris, une puissante et un
désireux de regagner le droit de donner des cours en droit canon
« au cloistre de l'ecglise » 8. En 1384 les Décrétistes donnaient
déjà leurs classes, comme leur doyen le disait, « en la rue de Clo
Brunei, et non point es escoles du cloistre de Paris, et onques
ni f u fait » *.
Le but de cette étude est de montrer que la vérité se trouve
un peu des deux côtés : Le Chapitre de Notre-Dame voulait
regagner la splendeur des écoles cathédrales du xne siècle ; le
doyen de la Faculté de Décret, le porte-parole du progrès, voul
ait rompre tous liens avec l'île de la Cité, berceau qui avait
donné naissance à l'illustre Université de Paris. Mais qui peut
revenir en arrière ? La position du Chapitre en 1384 était basée
1. Chartularium Universitatia Parisiensis, [en abrégé, Chart. Univ. Paris.]
édité par H. Df.nifle et E. Châtelain (Paris, 1894), t. III, p. 324, n° 1486.
2. « Et sont ceux de chapitre fondez avant que l'Université fust à Paris
et avant que la science de decrez fust » (ibid., p, 322).
3. Ibid., p. 320.
4.p. 321. 74 A. L. GABRIEL
sur de vieux arguments usés par le temps, d'après lesquels —
prétendait-on — le doyen du Chapitre ne pourrait donner sa
leçon au Clos Bruneau, à cause du service divin (ne servidum
dwinum impediatur) auquel les membres du Chapitre devaient
assister 5.
Les Décrétistes savaient bien que beaucoup de choses avaient
changé depuis trois siècles quand l'écolâtre ou le chancelier avait
dirigé les écoles du cloître ; par conséquent, ils n'hésitaient pas
à dire aux chanoines que le service divin ne constituait pas un
empêchement pour le doyen du Chapitre de donner ses cours
au Clos Bruneau, parce qu'au moment où le doyen donne ses
cours, ni les chanoines ni les chapelains ne peuvent aller à son
école, comme il n'y a personne parmi eux « qui ne aymast mieuls
iij sol en sa bourse que la lection du doyen » 6, allusion à la di
stribution prébendaire pour l'assistance au service divin.
Dans cet article je voudrais simplement donner l'explication
historique d'un argument du Chapitre de Notre-Dame présenté
pendant le procès : « Avant que les écoles de Droit fussent inven
tées il y avait des écoles au cloître de Paris où on a donné des
leçons dans les sciences qui existaient dans ce temps » 7.
Quel dommage que les chanoines de 1384 n'aient pas eu con
naissance de la lettre de Gui de Bazoches, clerc champenois,
sur les écoles de la cathédrale entre 1175 et 1190 : « Dans cet
Ile [de la Cité] royale, depuis les temps les plus anciens, la phi
losophie s'établit un siège pour elle-même » 8.
Paris, science hautaine, l'échelle de Jacob.
Le succès d'une institution consacrée à l'enseignement supé
rieur dépend d'abord de l'atmosphère de la cité qui accueille
avec bienveillance l'éclosion des écoles, un endroit qui possède
ce loci amoenitas, ce charme du lieu, comme disait Etienne de
Tournai 9 ; puis de la présence de maîtres illustres qui attirent
les étudiants du pays et de l'étranger par le seul éclat de leur
pensée (remolos allicit, invitât absentes) 10 ; enfin, d'une ambiance
5. Ibid., p. 324.
6. Ibid.
7. t Et priusquam dicta sciencia decretorum adinveniretur, erant scole
in dicto claustro Paris, in quibus de scienciis que tune erant legebatur... »
(ibid., p. 329, n° 1488).
8. « In hac insula regale sibi solium ab antiquo filosofia collocavit » (ibid.,
t. I, p. 56, n° 54).
9. J. Launoi, De scholis celebrioribus seu a Carolo Magno, seu post eundem
Carolum per Occidentem instaurais liber (Hamburg, 1717), p. 203.
10. Chart. Univ. Paris., t. I, p. 55, n° 54. ÉCOLES DE N.-D. ET COMMENCEMENT DE L'UNIVERSITÉ 75
de respect assurant la liberté de parole et la protection des éco
liers étrangers. Tel était Paris :
Paisible domaine
Amoureux verger
Repos sans danger
Justice certaine
Science hautaine
C'est Paris entier u.
Paris, entre 1175 et 1190, pour Gui de Bazoches, fut la source
de la doctrine salutaire, la forteresse éternelle de la lumière et
de l'immortalité où les sept arts libéraux établirent leur demeure 12.
Pour Philippe de Harvengt (f 1183), prélat des chanoines
Prémontrés de Bonne-Espérance, auteur de De V institution des
clercs, Paris est la Jérusalem où le nombre d'éminents profes
seurs est tel qu'on pourrait l'appeler la Cité des lettres 13. Paris
n'est plus la Babylone dépravée, elle est Cité des auteurs sacrés,
de David, de Salomon 14.
En 1164 Jean de Salisbury remarque l'abondance des vivres,
la gaîté de la population parisienne, le respect qui entoure le
clergé et la majesté de l'Église, et compare Paris à l'échelle de
Jacob dont le sommet touche le Ciel 15.
Peut-être est-ce Eustache Deschamps, en 1394, qui exprime
le mieux l'amour des étudiants étrangers pour Paris :
Tuit estrangier l'aiment et ameront
Car, pour déduit et pour estre jolis,
Jamais cite tele no trouveront :
Rien ne se puet comparer Paris u.
. 11. L. Sieber, t Description de Paris par Thomas Platter le Jeune de
Bâle (1599) », dans Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-
France, t. XXIII (1896), p. 175.
12. « Perhemnem lucis et immortalitatis possidens arcem... In has insula
perpetuam sibi maiisionem septem pepigere sorores, artes videlicet libérales...
Hic fons doctrine salutaris exuberat » (Chart. Univ. Paris., t. I, p. 56, n° 54).
Cf. S. d' 1rs a y, Histoire des universités françaises et étrangères des origines
à nos jours (Paris, 1933), t. I, p. 58.
13. « Sic et tu amore ductus scientie Parisius advenisti, et a muJtis expe-
titam optato compendio Jerusalem invenisti. ... ut in modum Cariath Sepher
merito dici possit, civitas litterarum » [Chart. Univ. Paris., t. I, p. 50, n° 51).
Cf. J. Le Goff, Les intellectuels au Moyen âge (Paris, 1957), p. 29 ; F. Petit,
IjU spiritualité des Prémontrés aux XIIe et XIIIe siècles (Études de Théolog
ie et d'histoire de la spiritualité, X, Paris, 1947), p. 129-166.
14. Ph. Delhaye, « L'organisation scolaire au xne siècle, » dans Traditio,
t. V (1947), p. 239.
15. < Ubi cum viderem victualium copiam, letitiam populi, reverentiam
cleri, et totius ecclesie majestatem et gloriam et varias occupationes phi-
losophantium, admirans velut illam scalam Jacob, cuius summitas celum
tangebat » (Chart. Univ. Paris., t. I, p. 17-18, n» 19).
16. Eustache Deschamps, Œuvres complètes, édit. par le marquis de Queux
de Saint-Hilaire, (Société des anciens textes français, vol. 28, Paris, 1878)
t. I, p. 302, n° 169. 76 A. L. GABRIEL
Ces étudiants convergeaient vers Paris non dans l'espoir de gain
matériel mais poussés par l'amour de la science 17.
Mais la gloire « de l'aime, inclyte et célèbre académ

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