Les effectifs des congrégations féminines au XIXe siècle. De l enquête statistique à l histoire quantitative - article ; n°164 ; vol.60, pg 39-64
27 pages
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Les effectifs des congrégations féminines au XIXe siècle. De l'enquête statistique à l'histoire quantitative - article ; n°164 ; vol.60, pg 39-64

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1974 - Volume 60 - Numéro 164 - Pages 39-64
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Claude Langlois
Les effectifs des congrégations féminines au XIXe siècle. De
l'enquête statistique à l'histoire quantitative
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 60. N°164, 1974. pp. 39-64.
Citer ce document / Cite this document :
Langlois Claude. Les effectifs des congrégations féminines au XIXe siècle. De l'enquête statistique à l'histoire quantitative. In:
Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 60. N°164, 1974. pp. 39-64.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1974_num_60_164_1520LES EFFECTIFS DES CONGRÉGATIONS FÉMININES
AU XIXe SIÈCLE.
DE L'ENQUÊTE STATISTIQUE À L'HISTOIRE QUANTITATIVE.
ont « Puisque une éloquence j'en suis qu'aucune aux statistiques, (Mgr. parole Baunard) les n'égale chiffres \ »,
Cette étude est née d'une irritation, d'un étonnement, d'une inter
rogation. Expliquer ces raisons interférentes peut aider à comprendre
le but ici recherché.
Irritation de n'avoir pu trouver aisément réponse à une question
simple : comment chiffrer avec précision cet essor des congrégations
féminines que tous s'accordent — témoins et historiens — à consi
dérer comme un fait indéniable du xixe siècle, mais sans jamais four
nir de données exactes et vérifiées.
L'étonnement a sa source ailleurs. Gabriel Le Bras voyait, en 1942,
« la statistique religieuse réduite jusqu'en ces derniers temps à des
recensements de clercs, d'églises et d'oeuvres » 2. Il ouvrait la voie
royale d'un comptage des fidèles. Depuis, quantification en histoire
religieuse s'est mis à rimer avec taux de pratique 3. Et pendant ce temps,
d'innombrables séries statistiques continuent de rester inexploitées,
en particulier celles du personnel des cultes. Les hommes ■ — prêtres
ou frères — commencent à être connus. Mais les femmes ? Des études
sérielles pour différents diocèses 4 rendent indispensables des estima
tions au niveau national.
1. Un siècle de l'Église de France, Paris, 1913, p. 149. Mgr Baunard parle ici
des congrégations religieuses féminines.
2. Introduction à l'histoire de la pratique religieuse en France, Paris, 1942, t. I,
P- 17"
3. A de notables exceptions près : ainsi l'étude pionnière de F. Charpin sur les
délais de baptême, et surtout la remarquable thèse de M. Vovelle à partir des te
staments provençaux.
4. Marius Faugeras, « Les vocations religieuses de femmes dans le diocèse de
Nantes au xixe siècle (1802-1914) » in Enquêtes et documents, t. I, 1971, p. 239-281
(publication du Centre de Becherches sur l'Histoire de la France Atlantique de
l'Université de Nantes). Claude Langlois et Paul Wagret, Structures religieuses
et célibat féminin au XIXe siècle, Lyon, Centre d'histoire du Catholicisme, 1972,
198 p. CONGREGATIONS FEMININES
STATISTIQUE DES AUTORISATIONS
Illustration non autorisée à la diffusion
■■I .l.i ■lllll. .!■ 1874 nu an xt iato un I 1871 - 1887 [1848- 1852 -1870 1815-1830 an xi -1814 I
I 11° HT République I Monarchie de Empire Empire I Restauration DESSIN.- C.JALL AMiON ! Juillet I CONGRÉGATIONS FÉMININES 41 LES
D'où l'urgence des interrogations auxquelles on essayera d'apporter
ici une réponse : combien y eut-il de religieuses en France ? A quel
rythme les effectifs des congrégations se sont-ils accrus ? Une crois
sance accélérée ne traduit-elle pas, à sa manière, une féminisation du
catholicisme, déjà révélée par la pratique religieuse ?
Un des fronts pionniers de l'actuelle recherche historique concerne
l'étude des marginaux de tous ordres. L'histoire religieuse a longtemps
été celle des clercs ; elle a eu la légitime ambition de devenir celles
des masses, des laïques. Deux perspectives qui excluaient les religieuses.
Comment les sortir de cet injuste délaissement ?
I. — Les embûches de la statistique.
Tout pourtant a l'apparence de la simplicité. En régime concordat
aire, le ministère des Cultes s'intéresse avec ponctualité aux commun
autés religieuses, lorsque Y autorisation leur est accordée, en fonction
des législations. Au moins par deux fois, les bureaux des Cultes ont
essayé de faire le compte des autorisations accordées, en 1860 et sur
tout en 1897. Le « livre bleu » de 1897, ou Statistique des congrégations
autorisées 5, copieux et... définitif, permet de récapituler un siècle de
politique concordataire en la matière (cf. graphique n° 1).
Jusqu'en 1830, les autorisations sont massivement accordées dans
les années qui suivent immédiatement les mesures favorables de la
fin de l'Empire (1810-11) et de la fin de la Restauration (après la loi
de 1825). En 1830, la moitié des 3 400 autorisations du xixe siècle
ont été accordées. Après un temps d'arrêt, la Monarchie de Juillet
applique avec modération la législation de 1825. La Seconde Répub
lique en fait autant. Le nombre des autorisations tend à croître. Le
décret-loi de janvier 1852 renforce nettement la tendance. 1858 marque
le point culminant des largesses impériales en la matière. Mais après
1860, les autorisations se font rares (7 % pour le reste du siècle). Passé
1871, elles sont presque nulles (2,6 % pour la IIIe République), si bien
qu'en tenant compte des communautés fusionnées ou disparues, et des
5. A.N. FI 9 6244, « Observations sur les états statistiques dressés le 31 janvier
1860 et relatifs aux congrégations religieuses ». Voir aussi F19 6308. — Pour la
Statistique de 1897, Paris, imprimerie nationale, in-4°, 947 p. (BN Ld 463). L'ou
vrage comprend deux parties : 1) Indications détaillées sur la législation concordat
aire. 2) Classement des établissements par département, après enquête contra
dictoire sur leur situation auprès des autorités diocésaines et départementales,
avec indication du « nombre approximatif » des membres de chaque établissement.
Ce « livre bleu » comme l'appelle un document postérieur de la division des Cultes,
a été largement utilisé dans des publications du début du xxe siècle, particulièr
ement lorsqu'il s'est agi de justifier la politique anti-congréganiste. Voir, par exemple,
Maurice Leguey, rédacteur au ministère des Cultes, Les congrégations autorisées,
Paris, Lib. Ducrocq, (1903), 227 p. 42 C. LANGLOIS
modifications de frontière de 1871, en 1897, 2 953 communautés auto
risées regroupent 58 836 religieuses 6.
Illusoire précision, fallacieuse même.
D'abord parce que, sauf en 1897, les statistiques des Cultes ne s'inté
ressent qu'aux communautés, jamais, ou fort rarement, à leur per
sonnel. Ensuite, les autorisations accordées ■ — au moins jusqu'en
1830 — permettent beaucoup plus de suivre l'application des légis
lations favorables que le rythme des créations effectives ; de plus,
passé 1860, l'arrêt des autorisations rend inutile cette source. De toute
façon, les communautés non autorisées n'existent pas pour le minis
tère des Cultes, mais cette fiction juridique ne favorise guère une
approche statistique de la totalité du personnel 7.
Il faut prendre une autre piste. Ces religieuses, après tout, sont
françaises à part entière. Elles ont leur place dans les recensements
quinquennaux. Traquons-les donc dans la monumentale Statistique de
la France. Le volume publié en 1855 fournit, avec les résultats du dénom
brement de 1851, des indications rétrospectives sur ceux de 1841
et 1846. Alors apparaissent, pour la première fois, comme catégorie
spécifique, les religieuses 8. Elles voisinent, à vrai dire, dans les popul
ations « dénombrées en bloc », avec les militaires, les bagnards, les
aliénés et les séminaristes. Le dénombrement de 1841 ne distingue
pas encore les sexes et ne fournit de chiffres que pour 24 départements.
En 1846, la situation s'améliore ; les femmes sont comptées à part.
Et surtout il ne manque plus que huit départements sans résultats 9 ;
quatre seulement en 1851 10.
Avec le dénombrement de 1856, les religieuses obtiennent une pro
motion sociale significative, puisqu'elles se trouvent figurer mainte-
6. Consulat-Empire (an XI-1814) 1025
Restauration (1815-1830) 649
Monarchie de Juillet (1831-f&

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