Les fonds de fabriques paroissiales : une source d histoire religieuse méconnue - article ; n°180 ; vol.68, pg 99-111
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Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1982 - Volume 68 - Numéro 180 - Pages 99-111
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Philippe Goujard
Les fonds de fabriques paroissiales : une source d'histoire
religieuse méconnue
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 68. N°180, 1982. pp. 99-111.
Citer ce document / Cite this document :
Goujard Philippe. Les fonds de fabriques paroissiales : une source d'histoire religieuse méconnue. In: Revue d'histoire de
l'Église de France. Tome 68. N°180, 1982. pp. 99-111.
doi : 10.3406/rhef.1982.1693
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1982_num_68_180_1693ET ENQUÊTES DOCUMENTS
LES FONDS DE FABRIQUES PAROISSIALES :
UNE SOURCE D'HISTOIRE RELIGIEUSE MÉCONNUE
En reprenant, à quelques modifications près, le titre d'un article publié
en 1938 par Gustave Constant 1, je voudrais attirer de nouveau l'attention
sur une source trop souvent laissée dans l'ombre et surtout suggérer quelques
points de méthode 2. Source méconnue, assurément, mais plus des historiens
que des érudits des xixe et xxe siècles. Vers 1850, dans son livre, Les Églises
de V arrondissement du Havre*, l'abbé Cochet en signalait déjà la richesse
à l'attention de ses contemporains. A sa suite, certains érudits normands
l'utilisèrent dans des monographies paroissiales, publiées ou inédites. Mais
dans leur majorité, les historiens ont délaissé cette source. Et, si on prend
deux ouvrages de synthèse, celui de Gabriel Le Bras, V Église et le village *
et celui de René Taveneaux, Le catholicisme dans la France moderne 8, cha
cun ne consacre pas plus de trois pages aux fabriques paroissiales. Ce constat
ne s'explique pas par une quelconque inattention des historiens de métier.
Il signifie seulement que le renouvellement de l'histoire religieuse est venu
du midi. Or si, dans les régions méridionales, certaines sources, abondantes,
attendaient leur exploitation, les fonds de fabriques étaient peu nombreux
et surtout de médiocre intérêt, preuve et effet de leur faible rôle dans la vie
paroissiale •. .
Il semble qu'un phénomène radicalement différent caractérisait la France
du nord. Et l'observation formulée plus haut, appelle, du fait de sa brutalité
même, quelques nuances. Il faut notamment rappeler l'utilisation faite par
1. G. Constant, « Une source négligée de l'histoire ecclésiastique locale : les registres
anciens de marguilliers. Étude d'un de ces registres du xvie siècle, dans Revue d'Histoire
ecclésiastique, t. XXXIV, 1938, p. 504-541 ; « Une source trop négligée de l'histoire
paroissiale : les registres de marguilliers », dans R.H.É.F., t. XXIV, 1938, p. 170-
183.
2. Ces suggestions découlent d'une exploitation systématique des fonds de
fabriques rurales de Haute-Normandie. Elles peuvent être complétées par l'exploi
tation des fabriques d'autres régions.
3. Cochet, Les églises de l'arrondissement du Havre, Ingouville, 1845, p. xlix-
liv.
4. G. Le Bras, L'église et le village, Paris, 1976.
5. R. Taveneaux, Le catholicisme dans la France classique, Paris, 1980, 2 vol.
T. 1, p. 47-48.
6. M. Venard, L'Église d'Avignon au XVIe siècle, Lille, 1980, t. 1, p. 93. Le
terme de fabrique est inconnu dans les textes qu'il utilise.
R.H.É.F., t. LXVIII, 1982. ; DOCUMENTS ET ENQUETES 100
Jeanne Ferté des registres de comptes et de délibérations des fabriques du
diocèse de Paris 7. Car mes remarques ne doivent pas conduire à penser que
rien n'a été écrit sur la question. Il faut en particulier signaler l'étude syst
ématique des fabriques de Basse- Bretagne entreprise par les chercheurs
de l'Université de Brest. Mais il faut immédiatement noter que les études
ont souvent plus porté sur le fonctionnement des fabriques que sur le détail
de leurs activités, fonctionnement décrit dans ses aspects juridiques plutôt
que dans sa réalité quotidienne.
Or on mesurera à l'énumération des tâches que devaient assumer les
fabriques paroissiales la richesse potentielle de la source. Les fabriques
paroissiales, dont l'origine remontait au ve siècle, époque ou l'Église décida
de réserver le quart des biens de la paroisse à l'entretien et à la réparation
des édifices, étaient administrées, dans le diocèse de Rouen, dès le xme siècle,
par des laïcs, sous le contrôle des évêques et du curé. Aux xvie et xvne siècles,
de nombreux règlements d'État précisèrent les règles de leur administra
tion 8. Quant aux statuts synodaux du diocèse de Rouen publiés par l'arch
evêque François de Harlay en 1618, ils renforcèrent le contrôle clérical. Ces
divers textes prévoyaient que la tâche des fabriques était de gérer le tem
porel de la paroisse, d'en collecter les multiples revenus et d'assurer les
dépenses d'entretien. Ces dernières recouvraient la construction et la répa
ration des édifices cultuels et leur décoration *. Enfin la fabrique devait
assumer certains frais de culte : pain et vin de messe, luminaire et, bien
souvent, gages des auxiliaires du curé, vicaire, clerc, bedeau.
Mais les fonds de fabrique ont subi des pertes. Pour un bon nombre de
paroisses subsistent tout au plus des épaves archivistiques 10, quelques quit
tances, des éléments de budget très discontinus. Il me suffira de dire que
seules 10 à 15 % des paroisses existant en Haute-Normandie pendant l'Ancien
Régime ont laissé des registres présentant des séries continues de 50 ans et
plus pour qu'on mesure l'ampleur des pertes. Or l'étude de certains phéno*
mènes nécessite, comme on le verra bientôt, un travail sur des séries longues et
continues, les fabriques ayant laissé des renseignements épars apportant
seulement des éléments d'information complémentaires.
Dans ces' conditions se pose la question de la représentativité des dossiers
qui subsistent. Dans une préface à un livre récemment publié, P. Goubert
7. J. Ferté, La vie religieuse dans les campagnes parisiennes (1622-1695), Paris,
1963.
8. Citons les arrêts de 1571, 1580 auxquels s'ajoutent les édita de 1619 et 1695.
Pour cette législation voir «Tousse, Traité du gouvernement temporel et spirituel des
paroisses, Paris, 1769.
9. L'entretien des bâtiments du chœur était à la charge des gros décimateurs.
10. Des précisions sont nécessaires sur les séries d'archives départementales où
l'on peut retrouver des fonds de fabriques : avant tout la série G, mais aussi la
série J (fonds de paroisses) qui rassemble les acquisitions les plus récentes. Des
dossiers sont parfois conservés dans les mairies ou les presbytères. Par ailleurs il
faut utiliser systématiquement les monographies paroissiales, publiées ou inédites.
Celles-ci ont pu mettre en œuvre des dossiers disparus aujourd'hui. En Haute-
Normandie les pertes sont inégales dans le temps. Si peu de fabriques ont laissé
des registres antérieurs au xvne siècle, les registres sont plus nombreux pour la
seconde moitié du xvme siècle. Au cours de sa visite pastorale (1713-1717) l'arch
evêque de Rouen Maur d'Aubigné avait demandé à voir les comptes : on peut donc
savoir pour cette époque si les comptes étaient tenus. Cela donne une idée de l'am
pleur des pertes. - DOCUMENTS ET ENQUETES 101
laisse percer son irritation devant les historiens qui « se contentent d'opérer
de vagues sondages sur des échantillons déclarés suggestifs par ceux qui
les choisissent »u. La critique est pertinente, inattaquable. Mais doit-on
pour autant laisser dormir une source parce qu'elle n'est pas absolument
complète ? Trois tests me permettent de mesurer la représentativité des
fabriques de Haute-Normandie qui ont laissé des traces continues. D'abord
leur répartition géographique est conforme à la répartition des paroisses.
Ensuite, pour ce qui concerne la structure des recettes et leur évolution,
deux coupes massives sont rendues possibles par les deux enquêtes sur le
revenu des fabriques effectuées l'une vers 1680 et l'autre en 1790. Dans les
deux cas, à peu près 80 % des paroisses répondirent. Le calcul des structures
de recettes, entendons le calcul de la part respective des différents types
de revenu, et de leur mouvement donne des résultats proches de ceux obtenus
à partir des registres comptables qui ont subsist

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