Les obituaires français. Perspectives nouvelles - article ; n°172 ; vol.64, pg 69-81
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1978 - Volume 64 - Numéro 172 - Pages 69-81
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Loup Lemaitre
Les obituaires français. Perspectives nouvelles
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 64. N°172, 1978. pp. 69-81.
Citer ce document / Cite this document :
Lemaitre Jean-Loup. Les obituaires français. Perspectives nouvelles. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 64.
N°172, 1978. pp. 69-81.
doi : 10.3406/rhef.1978.1615
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1978_num_64_172_1615TRAVAUX ET ENQUÊTES
LES OBITUAIRES FRANÇAIS;
PERSPECTIVES NOUVELLES
Depuis l'aube du xvne siècle, les érudits se sont intéressés aux nécrologes
et aux obituaires. Si le premier utilisateur semble avoir été Jacques Severt
dans sa Chronologia historica successionis hierarchicae illustriss. archiantisti-
tum Lugdunensis archiepiscopatus, publiée à Lyon en 1607, l'un des plus
illustres utilisateurs fut incontestablement André Duchesne, dans ses « his
toires généalogiques » des maisons de Chastillon (1621), Montmorency et
Laval (1625), des ducs de Bourgogne (1628), des comtes d'Albon, de Valen-
tinois et de Diois (1628), des maisons de Guines, Ardres, Coucy, Dreux,
Bar-le-Duc, Luxembourg et Limbourg, Broyés et Chasteauvillain (1631),
Béthune (1639)... Il fut suivi par nombre d'autres historiographes, jusqu'à
Baluze lui-même, à qui l'usage des fragments de l'obituaire de Saint-Julien
de Brioude, que lui avait remis Jean-Pierre de Bar, fut fatal, causant sa
disgrâce et son exil en 1710. Outre les généalogistes, des historiens comme
Guillaume Catel, Jean Besly, Claude Robert, les frères de Sainte-Marthe,
le père Labbe, le père Du Monstier, les Mauristes enfin, et parmi eux dom
Jean Mabillon et son socius dom Claude Estiennot, dom Félibien,
Toussaints Du Plessis, dom Bouillart... utilisèrent abondamment ces textes.
L'usage qu'ils firent de ces froides listes de morts restait des plus limités.
Ils y cherchèrent, les uns, les noms des nobles dont il fallait justifier l'anti
quité de la race, les autres, ceux d'évêques ou d'abbés destinés à compléter
les listes publiées dans leurs savants ouvrages, et rien d'autre. C'était la
marque du temps. Ce qui est plus grave est que cette attitude dura jusqu'à
l'aube du xxe siècle. Un érudit aussi remarquable qu'Auguste Molinier,
dont le mémoire sur Les obituaires français au Moyen-âge 1 infléchit en France
le sort réservé aux nécrologes et aux obituaires, ne voyait encore en eux
que des documents permettant de « donner des dates précises ou à peu près
précises pour le décès des grands personnages laïques et ecclésiastiques du
Moyen-âge 2 ».
Depuis quelques années, sous la pression des nouveaux objets de la recherche
historique, les historiens ont saisi les multiples ressources offertes par ces
textes et ont dépassé le cadre de la stricte chronologie. Quelques pionniers
1. Auguste Molinier, Les obituaires français au Moyen-âge, Paris, 1890, in-8°,
iv-354 p.
2. Ibid., p. 47. 70 TRAVAUX ET ENQUETES
avaient soupçonné l'utilité des documents nécrologiques dans des domaines
autres que la chronologie épiscopale et abbatiale ou la généalogie seigneuriale.
Ainsi Grassoreille publiait en 1888 un article sur Le Trésor de Souvigny et
les réparations de V église d'après Vobituaire de Geoffroy Cholet 8. Louis Guibert
utilisait timidement, en 1895, la copie laissée par Legros du nécrologe de la
frairie de la Courtine à Limoges, dans son mémoire sur Les anciennes confré
ries de la basilique de Saint-Martial*. Puis, en 1926, Fernand Sauve ébau
chait une étude prosopographique des principales familles du pays d'Apt
d'après l'obituaire de la cathédrale, dans Y Introduction à son édition de ce
manuscrit5. Les documents nécrologiques fournissent en effet une matière
remarquable pour les études prosopographiques, la seule perçue par les
vieux maîtres. Dès 1939, P. David en avait saisi toute la portée et publiait
un article novateur : La Pologne dans l'obituaire de Saint- Gilles en Langued
oc au XIIe siècle •, mais il faut surtout attendre ces dernières années pour
voir leur exploitation systématique dans ce domaine, menée de main de
maître par William Mendel Newman avec Les seigneurs de Nesle en Picardie 7
et Le personnel de la cathédrale d'Amiens 8, par Agostino Paravicini Bagliani,
Cardinali di Curia e « familiae * cardinalizie dal 1227 al 1257 •. On ne saurait
enfin passer sous silence les travaux entrepris à l'Institut historique all
emand de Paris, sous la direction du Professeur Karl Ferdinand Werner,
consacrés à la prosopographie du haut moyen-âge, et ceux du Professeur
Joachim Wollasch, visant à reconstituer le personnel de Cluny d'après les
nécrologes, et ce, en utilisant les ressources offertes par l'ordinateur pour
leur exploitation. Dans un domaine proche de la prosopographie, Bernard
Gagnebin étudiait, en 1960, Français et Savoyards dans trois obituaires
conservés à la bibliothèque de Genève™. Une catégorie particulière d'érudits
a découvert ces dernières années un intérêt pour les nécrologes : les anthro-
ponymistes. On retiendra surtout les travaux de Jean Adigard des Gautries,
et en premier son article sur Les noms de personnes d'origine Scandinave dans
les obituaires de Jumièges ll, de Marie-Thérèse Morlet, Étude d'anthropony-
mie occitane : les noms de personnes dans l'obituaire de Moissac u, de Roger
Berger, qui a consacré un chapitre de sa thèse à l'exploitation anthropo-
3. Dans Bulletin de la société d'émulation du Bourbonnais, t. XVIII, 1888, p. 113-
116.
4. Dans de la Société archéologique et historique du Limousin, t. XLVIII,
1895, p. 295-303. .
5. Fernand Sauve, Obituaire de l'église cathédrale d'Apt, Monaco-Paris, 1926
{Collection de textes pour servir l'histoire de Provence publiée sous les auspices de
S.A. S. le Prince Louis II de Monaco).
6. Dans Revue des études slaves, t. XIX, 1939, p. 217-226.
7. William Mendel Newman, Les seigneurs de Nesle en Picardie, XIIe-XIIIe siècles,
Leurs chartes et leur histoire, Paris, 1971, (Bibliothèque de la société d'histoire du
droit des pays flamands, picards et wallons).
8. W. M. Newman, Le personnel de la cathédrale d'Amiens, (1066-1306), Paris,
1972.
9. Agostino Paravicini Bagliani, Cardinali di Curia e « familiae » cardinalizie
dal 1227 al 1254, Padoue, 1972 (Italia Sacra, vol. 18-19).
10. Dans Bulletin philologique et historique, 1960, p. 451-460.
11.Jumièges, Congrès scientifique du XIIIe centenaire, t. I, Rouen, 1955,
p. 57-67.
12. Dans Revue internationale d'onomastique, t. IX, 1957, p. 169-189 ; t. X,
1958, p. 31-51, 193-207, 249-284 ; t. XI, 1959, p. 56-67. TRAVAUX ET ENQUETES 71
nymique des 10.676 inscriptions du nécrologe de la confrérie des jongleurs
et des bourgeois d'Arras 1S.
Ces travaux exigent des éditions intégrales et soignées de ces nécrologes
anciens, sinon le recours aux manuscrits s'impose. On ne peut, hélas ! dans
la plupart des cas, utiliser les éditions anciennes, et pas même celles publiées
dans le Recueil des historiens de la France... car l'essentiel de ces nécrologes,
de simples noms, le plus souvent dépourvus de qualité, difficiles à identifier
avec certitude, n'est pas reproduit. Signe des temps, c'est à ces pauvres noms
que les historiens d'aujourd'hui attachent de l'importance ! L'histoire litté
raire elle-même a découvert l'utilité des obituaires. C'est que, parfois, un
bienfaiteur, homme de lettres, ou encombré d'un trésor improductif, léguait
à une communauté autre chose que des rentes foncières pour faire célébrer
son anniversaire : des livres. Walter Cahn et Jacqueline Humbert ont récem
ment tiré profit du bel obituaire de Geoffroy Cholet dans leur Contribution
à l'histoire de la bibliothèque du prieuré de Souvigny 14. Il faut se souvenir
que c'était souvent Yarmarius qui tenait à jour le nécrologe, l' obituaire, et
que de tels dons ne pouvaient le laisser indifférent. Roger Berger a montré
l'apport du nécrologe de la confrérie des jongleurs d'Arras pour la connais
sance de la littérature arrageoise, pour la reconstitution de sa chronologie 16.
Nombre d'autres domaines pourraient être mieux connus à. la lumière des
nécrologes et des obituaires, pour

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