Les processions religieuses à Byzance - article ; n°1 ; vol.24, pg 69-88
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Description

Revue des études byzantines - Année 1966 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 69-88
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Raymond Janin
Les processions religieuses à Byzance
In: Revue des études byzantines, tome 24, 1966. pp. 69-88.
Citer ce document / Cite this document :
Janin Raymond. Les processions religieuses à Byzance. In: Revue des études byzantines, tome 24, 1966. pp. 69-88.
doi : 10.3406/rebyz.1966.1361
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1966_num_24_1_1361LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE
Tout comme les anciens Grecs, les Byzantins se montraient friands
de démonstrations publiques, particulièrement des défilés et des pro
cessions. Les cortèges impériaux, qui traversaient la ville pour l'intr
onisation d'un nouveau basileus, pour célébrer un triomphe sur les
ennemis, ou encore pour aller en pèlerinage à un sanctuaire un
jour de fête importante, offraient à la foule l'occasion de spectacles
qui lui plaisaient. Même dans ce dernier cas, on ne peut pas dire qu'il
s'agissait de processions purement religieuses. Soit à l'aller, soit au
retour, soit pendant les deux trajets, le cortège officiel s'arrêtait en des
points déterminés par lp protocole, et les diverses factions acclamaient
i empereur. Sans doute, eties employaient aiors des lorrnules qui s ins
piraient de la solennité du jour, mais le plus souvent ce que Ton enten
dait était des louanges et des souhaits de longue vie et de victoire.
Le programme était à peu près toujours le même, avec les mêmes fo
rmules pour chacune des factions et à chacune des stations. Non seul
ement les paroles ne variaient pas, mais le ton sur lequel on devait les
chanter était indiqué ne varietur. Il suffit de parcourir le Livre des
cérémonies pour se rendre compte qu'il en était bien ainsi au xe siècle.
Il ne s'agissait donc point de processions religieuses, mais de manif
estations du culte impérial que Byzance avait hérité de Rome. Disons
également que le programme des visites de la cour aux sanctuaires
ne cadrait pas nécessairement avec celui des processions ecclésiastiques
bien que ce fût le cas le plus ordinaire. C'est ainsi que le mardi de Pâques,
l'empereur et sa suite se rendaient à l'église des saints Serge et
Bacchus au quartier d'Hormisdas (1), tandis que le patriarche allait
avec la procession à l'église de la Théotocos des Blachernes, et que le
29 août, l'empereur fêtait au monastère du Prodrome de Stoudios la
Décollation de saint Jean-Baptiste dont le chef y était conservé,
tandis que la procession allait de Sainte-Sophie à l'église du saint dans
le quartier t? Sf??a???? (2).
(1) De cer., 1, 11 ; Bonn, I, 86-89.
(2) Ibid., II, 13; I, 562-563. 70 revue des études byzantines
Alors que les processions religieuses se faisaient à pied, la cour se
déplaçait ordinairement à cheval. Pour certains parcours, elle utilisait
aussi la voie de mer, par exemple pour se rendre au Cosmidion (1) et
à l'église Saint-Pantéléimon de ta ?a?s?? (2), deux quartiers situés
dans la Corne d'Or; au monastère de Stoudios (3) et à celui de la
Source (4) en longeant le rivage de la Propontide au sud de la ville.
Nous donnerons ici les détails sur les processions religieuses que
fournit le* Typicon de la Grande Église (5), c'est-à-dire de Sainte-Sophie,
qui décrit la situation vers le milieu du xe siècle. La tradition semble
alors bien établie. Des églises paroissiales organisaient aussi sans doute
des processions particulières pour permettre à leurs fidèles de parti
ciper aux cérémonies en divers sanctuaires le jour de la fête patronale,
mais le souvenir ne semble pas s'en être conservé dans les textes.
Disons d'abord quelques mots de processions qui n'entrent pas dans
le cadre du Typicon et qui eurent pour origine des initiatives particul
ières.
La plus ancienne que l'on connaisse remonte à la fin du ive siècle.
Dans les derniers mois de 398, l'impératrice Eudoxie, femme d'Arcad
ius, s'entendit avec saint Jean Chrysostome, archevêque de la capi
tale, pour donner un grand éclat au transfert de reliques de saints,
dont les noms sont restés inconnus, jusqu'à l'église Saint-Thomas
à Drypia, c'est-à-dire à 9 milles (environ 13 km) de Sainte-Sophie en
suivant la Mésè, puis la voie Egnatienne. La procession partit de la
basilique vers minuit et n'arriva à destination qu'au point du jour.
Eudoxie fit tout le trajet à pied sans vouloir prendre de repos, ce dont
le saint la félicita dans une première homélie. Il en prononça une seconde
devant Arcadius, qui était venu rejoindre son épouse. 11 décrit le
cortège longeant le bord de la mer et dont les flambeaux faisaient
comme un « fleuve de feu » sur les eaux (6). Cette procession est la
plus longue dont il soit fait mention, mais elle ne semble pas avoir
créé une tradition.
D'autres processions sont signalées dont il faut également parler.
Le patriarche Timothée Ier (511-515) en institua une qui, chaque
vendredi, se rendait de l'église de la Théotocos des Blachernes à celle
des Chalcoprateia; l'empereur Maurice (582-602) en établit le pro-
(1) Ibid., II, 13; Bonn, I, 559-560.
(2)II, 13; 560-561.
(3) Ibid., II, 13; Bonn, I, 562-563.
(4) Ibid., I, 18; I, 108-114.
(5) Édition J. Matéos, I et II, Rome, 1962, 1963.
6) PG, XLIII, 467-468. JANIN : LES PROCESSIONS RELIGIEUSES A BYZANCE 71 R.
gramme (7) qui n'a pas été conservé. En 843, une ordonnance de l'im
pératrice Theodora et du patriarche Méthode établit une procession
dans la ville chaque semaine, avec l'icône de la Vierge dite ?a??a
? '??µa?a et une commémoraison annuelle en son honneur le 8 sep
tembre (8). Le nom de '??µa?a porte à croire qu'elle fut apportée
de Rome lorsque les relations furent rétablies avec le pape à la suite
du triomphe du culte des images. Cette procession dut tomber assez
rapidement en désuétude, car on n'en trouve pas trace dans les textes
postérieurs, ni de la commémoraison du 8 septembre. Au xne siècle,
Jean I Comnène fonda une procession en l'honneur de l'icône de la
Théotocos ?d???t??a (Conductrice), pour laquelle il avait une
grande dévotion. Chaque vendredi soir, une procession formée des
moines du Pantocrator, de clercs de la Théotocos ?????sa (Miséri
cordieuse) et de fidèles, allait chercher l'image au Palais où elle
était conservée. Un cortège l'accompagnait avec des bannières et des
oriflammes et au milieu de chants à travers la ville jusqu'au monastère
du Pantocrator. Là elle était déposée devant l'hérôon, chapelle funé
raire des Comnènes dédiée à saint Michel. Toute la nuit se passait
en offices religieux, qui étaient clôturés au matin par la messe solen
nelle. Après quoi, il y avait distribution de pain, de vin et même
d'argent (9). Vers 1200, le pèlerin russe Antoine de Novgorod dit
que l'icône était conduite en procession du « Palais d'Or » jusqu'aux
Blachernes (10). Aux xive et xve siècles, elle était exposée tous les
mardis dans l'église de la Théotocos Hodéghétria. On la promenait
en ville au milieu d'un grand concours de peuple. Des porteurs attitrés
la maintenaient sans peine sur leurs épaules malgré son poids, et elle
produisait des merveilles au dire des témoins (11).
Nous ne parlerons désormais que des processions signalées dans le
Typicon de la Grande Église, à l'occasion de certaines fêtes. Une
soixantaine sont décrites plus au moins longuement, dont une douzaine
avec la participation certaine du patriarche. Presque toutes partaient
de Sainte-Sophie, suivant un cérémonial uniforme. A la fin de Vorthros,
le patriarche, quittant ses appartements situés au sud-ouest de la
basilique, gagnait le chur de celle-ci par les tribunes méridionales
(7) Théodore le lecteur, PG, LXXXVI, 200 AB; Théophane, I, 265-266.
(8) V. Grumel, Regestes des actes des patriarches, n° 424; fasc. 2, 50-51.
(9) A. Dmitriewskij, Typika, I, Kiev, 1895, 677-679.
(10) B. de Khitrowo, Itinéraires russes en Orient, Genève, 1889, 99.
(11) Ibid., 119-120, 229; A. Vasiliev, Pero Tafur, dans Byzanlion, VII, (1932, 106-107) 72 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
et descendait par un escalier en colimaçon derrière l'abside (12). Il
récitait le trisagion et les chantres entonnaient alors un tropaire de
la fête qui était répété pendant la m

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