Péché originel et péché « antécédent » - article ; n°2 ; vol.170, pg 117-126
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1966 - Volume 170 - Numéro 2 - Pages 117-126
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 42
Langue Français

Extrait

Ugo Bianchi
Péché originel et péché « antécédent »
In: Revue de l'histoire des religions, tome 170 n°2, 1966. pp. 117-126.
Citer ce document / Cite this document :
Bianchi Ugo. Péché originel et péché « antécédent ». In: Revue de l'histoire des religions, tome 170 n°2, 1966. pp. 117-126.
doi : 10.3406/rhr.1966.8410
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1966_num_170_2_8410originel et péché « antécédent Péché
L'n trait important de la pensée mystique grecque est de
faire de la naissance de l'homme et de son existence terrestre
un châtiment (тцхсорса, xoXaaiç) s'exerçant sur l'âme ensevelie
dans le corps et liée à lui.
Malgré des allusions sommaires à la culpabilité de vies
antérieures (ou même de la vie présente) ou à celle d'an
cêtres (rpóyovoí) (Cicéron, Hortensias, frag. 88 Bait. ; Kern,
Orphicor. Fragmenla, 81 ; Olympiodore, Kern 2322 ; Papyrus
de Gourob, Kern 31 )3, et bien que les victimes de l'infortune
due à une faute primordiale soient des individus, des familles4,
ou des communautés politiques (Platon, RépubL, II, 364 b-c-e,
et 366 a-b ; Phèdre, 244 d)b, la mention du châtiment de
l'homme dans (et par) cette vie n'est accompagnée d'aucune
précision, comme s'il n'était pas nécessaire ou permis d'en
dire davantage. D'ordinaire, une phraséologie générale et
vague accentue cette impression d'obscurité : Kw.yp à^oua-rçç
'\ivyjqc, čov <$7] svsxa Si&coaiv, « l'àme payant pour ce qu'elle
doit payer » (Platon, Craiyle, 400 c, à propos de la doctrine
orphique du corps-prison)6 ; « quelques » châtiments, ou mieux,
1) Veteres ill i sive va tes sive in sacris initiisque tradendis divinae mentis
interprètes, qui nos oh aliqua srelera suscepta in vita superiore pocnarum
luendarum causa nalos esse dixerunt... simili nos adfectos esse stipplicio, etc.
2) opyia т'гхтЕлгаоисп, Xúaiv 7:poyóvcov áOspúcTcov.
Л) <5ià T7]v tsasttjv £T£f*ov TTOLvàç r:xxé < pcov ? poç ? >, ce qui, peut-être, ne
concerne pas la faute d'ancêtres humains (ce papyrus est du ше siècle av. J.-C.h.).
4) Plat., Пер., II, Л6-1 b-c : ày^pTai xai izávrsic... Ouaiaiç тг xai ÈTroiSaïç,
zl~z il aSíxYjixá tou y^Tov£V ^'J'ûû y; rrpoyóvcov. ("Л. .'Î66 a-b : èv "AiSou 8ix-/;v r5ci>-
coat-j cov áv evOáSe áStXTjaíůixsv, Y) aÙToi ï] ttxlSsç T^aiScov. Phèdre, 214 d : vóacov...
xai ~óv(úv Tojv (xeyÎCTTwv, a Щ ~aXai<ôv èx [xr(v[,:jLáTcov rroOsv £V tioi tôjv ysvwv...
(cf. les [iyjviaaTX ОгТэс, en relation aver les Ipya àvocia chez l'Orphée de. Pau- IX,"
4 (Kern, testim. 93). sanias, ."Ю,
Ту) Пер., II, .464 e : ... iSicbraç àXXà xai гсОлец, 366 «-Aj : wç ai ;zsyi<r:ai
ttoXsiç Xéyouai xai... rpoç'/)Tai.
6) Cf. Phédori, 02 ň : è'v tlvi fpoupà Icasv, donné comme un èv à::opprjTOiÇ
o o REVUE DE L'HISTOIRE; DESî RELIGIONS 118
un châtiment « pour; quelque: chose » (Philolaus, frag/ 14;
Kern 81 ; « aliqua, scelera: » (Cicéron; /. . c.) ;. « nous sommes
tous soumis à un > châtiment », « l'âme i est châtiée, et notre
vie est un châtiment (ск\ -xoXáasi). pour quelque grande faute »
(Jamblique, Kern 8, citant, respectivement les maîtres de
l'initiation? et les « hommes d'autrefois » : ce qui, dans une
certaine mesure, revient au même)2.. Proclus, de son coté, en:
appelle à- Iloivrç. tiç-, — être personnifié, mais indéterminé- — •
qui- lie par les chaînes de la vie l'âme tombée malgré elle
dans les ilôts de la . génération3.
Sur une lamelle d'or de Thurii, l'âme confesse avoir, «payé
une rançon (TroLvá) pour des actions injustes ■■» (Kern. 32 e 4),
et un; fragment célèbre de Pindare parle d'hommes quiï ont
« payé- une rançon, (^oivá) à- Persephone pour leur faute-
»4." Platon* parle de - même (Lois;. 854: b) ď « une ancienne -
(sorte d') impulsion, (olcrrpoç tiç) innée (e^çuo^evoç), prove
nant d'antiques forfaits que l'homme ne peut expier »5; Ce qui .
est à comparer avec Olympiodore (Kern, 232 cit:) où ilest
question, denouveau,ďolcrrpoc)6, et avec la fameuse « ancienne
nature titanique » [Lois, III, 701 с)7.
Des réflexions de ce type répondent à un lieu commun du t.
1) Stá Tivaç xtacopiaç. Le texte complet rappelle - celui ; de Cicéron (cité à
la note 1), en tant qu'il implique que cette vie est en fonction d'une punition :
(jLocpvjpéovToa Sa xal oi — aXaiol GsoXóyot тг xal jxavxiec, cbç 8iá Ttvaç Ti^cùptaç
á фиха Tw acopLocTi cuvé^euxTat xal хосбхтер Iv сажать тоитсо т£0ат:та1.
2) ... ет:1 TifjLcopía T:ávT£í;...,.StSóvat T^výux^v Ti^wpřav xal ^v r^ôic; ItzI
xoXáast [xsyáXcov tivwv áuapT^ixáTCov.
3) Hymne aux muses.: (rî) xpuspw? yzvè&kr^ èvl xú[i.aci . 7:î7ïTco>iuïav
oùx èôÉXouoav èfxyjv êrcl Srjpôv âXacôat Iloivr) xiç xpuóecrca (ííou Sccptoiat j
Cf. aussi la T.zpl tt;v y^vsciv ttXocvt] et la xaxÓT7]i; des teslimonia, Kern, 229 sq.
4) II est bien possible qu'il s'ayrisse ici de la douleur de la déesse, mais bien
aussi d'autres méfaits primordiaux. Le texte est cité par Platon, Ménon, 81 b.
Cf. U. Bianchi, dans Sludi e materiali di sloria délie religiuni, XXXIV, 2, 1963,
p. 209 sq.
5) oïtrrpoç... ti? ètZ9u6[JL£V0(; êx :. TiaXaiwv > xxl àxaôapTwv toïç àv9pcî)7TOiç:
jfá (en relation avec l'irresponsabilité criminelle d'un homme sacrilège).
6) opyia... èxTEXlaouai Xúciv 7rpoyóvcov áGejjiCarcov oùïSè (scil. \ Dionysos)
ï-a ts uóvcov '/jzkzr.&v xal - aTîsipovoç oïaxpou. Il semble évident ' que
ГоТатрос platonicien des Lois s'apparente : à ' la TiTavixv) фистц : dans le même
ouvrage au IIIe livre.
7) Plutarque, de esu curniurn, I 996 с : то yàp èv Yijjlïv aXoyov xal á
xal [iiaiov où Geîov àXXà Saiîxovixàv oi r:aXatol TtTâvaç wvófAacrav, xal tout' è'
^é xal Sîxtjv SlSovtoç._
f , ORIGINEL ET PÉCHÉ: « ANTÉCÉDENT » 119 PÉCHÉ
mysticisme grec. On les retrouve depuis les philosophes préso
cratiques (particulièrement Empédocle), l'orphisme archaïque
et le pythagorisme, jusqu'à Platon, le néo-platonisme -et le
gnosticisme dit. chrétien. C'est ainsi que, d'après le traité
naassène « Sur l'homme », cité par Hippolyte, Refui., V, 7,7,
l'homme terrestre est doté d'une âme pour que, par celle-ci,
cette créature du grand Anthropos céleste puisse souffrir et
être châtiée, xoaolgic, étant encore employé ici1.. Ori^ène parle,
lui aussi, de laxoXacnç des âmes préexistantes2. Néanmoins,
comme nous; le verrons, le- thème d'um péché antérieur à
l'existence présente n'existe pas- seulement dans la pensée
mystique grecque : ilapparaît aussi dans le cycle prométhéen;
Dès lors un problème se pose : quelles sont les véritables
racines idéologiques de cette conception telle qu'elle s'exprime
dans le mysticisme grec ? Notons; tout d'abord* que les
ancêtres (тг póyovot), parfois mis en cause, ne sont' pas > exacte
ment déterminés., Peut-être: même ne sont-ils pas des « ancê
tres » authentiquement humains. En tout cas,. les racines de
lav culpabilité plongent au-delà par. une- identification des
concepts d'existence en ce monde, de châtiment et (peut-on
ainsi ajouter) de faute. Il y a là, en-bref, quelque chose qui;
ressemble à la- « faute d'exister (ici-bas) », notions que l'on
retrouve еш d'autres milieux philosophiques et religieux.
Or, à notre avis, un trait aussi caractéristique — à savoir :
le châtiment de l'homme sans l'indispensable référence à une
faute humaine originelle et terre

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