Purification et expiation selon le psaume LI - article ; n°2 ; vol.169, pg 133-154
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1966 - Volume 169 - Numéro 2 - Pages 133-154
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Caquot
Purification et expiation selon le psaume LI
In: Revue de l'histoire des religions, tome 169 n°2, 1966. pp. 133-154.
Citer ce document / Cite this document :
Caquot André. Purification et expiation selon le psaume LI. In: Revue de l'histoire des religions, tome 169 n°2, 1966. pp. 133-
154.
doi : 10.3406/rhr.1966.8336
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1966_num_169_2_8336Purification et expiation
selon le psaume Ы1
Le but de cette note n'est pas de donner une explication
suivie du psaume LI, un des poèmes les plus populaires, les
plus médités et les plus étudiés de l'Ancien Testament.
Le livre récent d'Edward Dalglish, Psalm Fifly-One in the
Light of the Ancient Near Eastern Palternism2, n'est pas
seulement un inventaire des parallèles égyptiens et suméro-
babyloniens aux formules du plus célèbre des pénitentiels
hébraïques, c'est aussi une exégèse minutieuse et érudite
de son texte. On peut se reporter à cet ouvrage pour prendre
connaissance des opinions souvent divergentes auxquelles
ont donné lieu depuis une centaine d'années le poème en
son ensemble et certains de ses détails. On essaiera ici de
prendre position sur quelques-uns des points les plus import
ants, comme ceux de la date et de l'unité du psaume (pro
blème des versets 20-21) et d'en retirer quelques informations
intéressant l'histoire de la religion israélite, sans recourir
aux comparaisons extérieures si abondamment utilisées par
Dalglish. Nous ne considérerons pas en effet le psaume LI
comme le témoin d'un genre littéraire de « l'Orient ancien »,
ni l'expression d'un vague sentiment religieux de culpab
ilité personnelle, mais avant tout comme le relict lyrique
d'une situation historique précise.
1) La substance de cet article a fait l'objet d'une communication au
XIe Congrès de l'Association internationale d'Histoire des Heligrions, terni à
Claremont (Californie), en septembre 196Г>.
2) Leyde, 1962. 134 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
* * *
Le psaume LI se distingue des autres pénitentiels par la
formulation qu'il donne à la demande de pardon. A côté d'une
expression aussi banale que le premier mot : honnenï « aie
pitié de moi », on y relève un certain nombre d'impératifs
ou d'optatifs qui lui sont propres : le verbe kibbes « laver »
Mlle' « enlever le péché » (v. 4 et 9), tihar « purifier » (v. 4),
(v. 9). La formule la plus caractéristique est sans aucun doute
celle du v. 12 : « Crée moi un cœur pur, ô Dieu, et produis
en mon sein un esprit ferme. » L'emploi en une telle occur
rence du verbe bârâ' « créer » est exceptionnel, et le verbe
est si fort, chargé d'un sens si précis, qu'il faut voir dans le
v. 12 le point culminant de la prière du psalmiste. On sait
que bârâ' dénote, surtout depuis le Deutéro-Isaïe, l'œuvre
initiale de Dieu et qu'il ne s'applique que très rarement à
une intervention divine permanente, à une crealio continua1.
Le suppliant demande donc plus que le simple pardon,
plus aussi qu'un maintien dans l'être, il implore d'être recréé
comme un être nouveau, barà* a pour parallèle hiddeš que
« rénover » ne traduirait pas exactement, car il s'agit plutôt
d'une innovation, de la production d'une chose nouvelle
(comparer l'arabe 'ahdata « créer, produire »). Ce qui doit
être créé n'est rien de moins que la vie, car en raison de leur
jonction dans le v. 12, le « cœur » (leh) et « l'esprit » (ruâh)
ne peuvent être tenus pour des organes de la connaissance,
du sentiment ou de la volonté ayant chacun un rôle parti
culier à jouer. Nous sommes en présence d'un « mérisme »2
désignant la totalité de l'être, même si le « cœur pur » évoque
certains passages prophétiques sur lesquels on reviendra.
Les épithètes inhabituelles données au « cœur » et à « l'esprit »,
lâhôr et nàkdn, ont, à mon sens, une valeur proleptique :
« crée-moi un cœur (afin qu'il soit) pur », « ... un esprit (afin
1) Voir P. Humbert, Emploi et portée du verbe burn (créer) dans l'Ancien
Testament, Opuscules d'un hébraïsant, Neuchâtel, 1958, p. 146-165.
2) Sur cette figure, voir L. Alonso-Schôkel, Estudios de poélicn hebrpn,
Barcelone, 1963, p. 211 et s. ET EXPIATION SELON LE PSAUME LI 135 PURIFICATION
qu'il soit) ferme » ; « pur », pour que le péché, cause de la
dereliction présente, ne puisse plus l'atteindre ; « ferme »,
pour que la vie nouvelle dispensée par Dieu ne soit plus
jamais retirée. R. Press1 est donc en droit de voir en psaume LI,
12 une préparation de la doctrine; paulinienne de la xatv/j
-/r.iaic. Mais est-il question, comme il le pense, d'une réno
vation de la nature humaine ? Veut-on dire que l'homme en
tant qu'homme ne pourra entrer dans la Sion nouvelle que si
Dieu le transforme ? R. Press a peut-être surestimé la portée
eschatologique du psaume LI. Nous voudrions montrer,
par une exégèse moins théologique, que l'auteur ne voit pas
au-delà d'une restauration de Jérusalem et que, si eschatol
ogie il y a, celle-ci est nationale et non universelle.
Dégageons auparavant le sens de la connexion si caracté
ristique établie par le psaume entre la recréation et les rites
de l'eau. Si le v. 12 exprime la prière suprême du pénitent,
les demandes parallèles doivent concourir au même but.
Or ces sollicitent au premier chef l'intervention
de Dieu comme seul capable d'effacer le péché au moyen
d'une ablution ou d'une aspersion. Le v. 4 a : « lave-moi
abondamment de ma faute », et le v. 9 h : « puisses-tu me
laver que je devienne plus blanc que neige » utilisent h;
verbe kibbes, signifiant au propre « laver un vêtement »,
dont l'emploi métaphorique pour « laver la souillure d'une
faute » n'est attesté qu'à Jérérnie, II, 22 et IV, 14 (où le
sujet est l'homme, et non Dieu comme dans le psaume).
Le v. 9 a : « puisses-tu ôter mon péché avec l'hysope, que je
devienne pur » évoque une aspersion analogue à celle que les
lois sacerdotales prescrivent pour la purification du « lépreux »
(Lévitique, XIV) ou de l'homme qui a eu contact avec un
cadavre (Nombres, XIX). En parlant ainsi d'ablution et
d'aspersion, l'auteur du psaume LI paraît songer à une pra
tique religieuse usuelle en son temps, bien que la Bible l'atteste
l) Die eschatoloffische Ausrichtunir des П1. Psalms, The.<>b>rjisc.he Zeilschrifl,
11, l'J">5, p. '241-24'J. 136 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
peu, et seulement pour des procédures exceptionnelles. On a
vite fait de relever les exemples de recours à des rites aqua
tiques dans l'ancien Israël. Ajoutons aux deux cas cités le
bain de guérison (// Roi, V), l'ablution de sortie de deuil
(// Samuel, XIV, 2 et XIX, 23), l'élimination des impuretés
d'origine sexuelle (// Samuel, XI, 2 ; Deuléronome, XXIII,
11-12 ; Lévilique, XV et XXII, 6), la purification des lévites
(Nombres, VIII, 7, 21), l'investiture des prêtres (Exode,
XXIX, 1-9 ; Lévitique, VIII, 1-13), la toilette du grand
prêtre au Jour des Expiations (Lévilique, XVI, 24). Le
psaume LI permet de découvrir quelle signification on atta
chait à ce genre de pratiques. Si le suppliant sollicite simu
ltanément une recréation et la dispensation des eaux purifi
catrices, c'est qu'il voit dans l'ablution un rite de renaissance.
L'eau, puissance de vie, est censée conférer une vie nouvelle
à celui qui la reçoit. De même il est dit de Na'aman, purifié
de sa « lèpre » par le bain dans le Jourdain, que sa chair
redevient pareille à celle d'un petit enfant (// Rois, V, 14).
Plus tard, une sentence tannaïte célèbre reconnaît la même
valeur au bain des prosélytes : « un prosélyte qui est devenu
prosélyte est comme un enfant nouveau-né » (Talmud de Babyl
one, Yebamol 48 b). En esquissant une phénoménologie des
eaux purificatrices, I. rfcheftelowitz1 voulait montrer que l'eau
des ritu

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