Régimes narratifs et récits de voyage au Japon (1890-1930). Le voyage comme «leçon des choses» et de la modernisation - article ; n°1 ; vol.35, pg 83-106
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Régimes narratifs et récits de voyage au Japon (1890-1930). Le voyage comme «leçon des choses» et de la modernisation - article ; n°1 ; vol.35, pg 83-106

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Genèses - Année 1999 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 83-106
■ Hidetaka Ishida: Régimes narratifs et récits de voyage au Japon (1890-1930) Si le voyage fut, avec la traduction, un facteur majeur de la modernisation du Japon, il fallut la mise en place d'un nouveau régime de discours pour que les relations de voyages deviennent langa- gièrement une expérience narrative moderne. L'invention de la littérature moderne était au cœur de ce processus de formation de l'espace de représentation national, qui s'affirma en rupture avec l'univers classique des Lettres chinoises. Les écrivains japonais firent de . relations de voyages autant de «laboratoires » de la modernité, en intégrant . dans l'univers de sens de la nation moderne des étapes historiques de ses expériences de l'étranger.
Narrative Systems and Travelogues in Japan (1890*1930) While travelling was a major factor, alons with translation, in modernisms Japan, a new system of discourse had to be set up so that the accounts of travellers could become, from the standpoint of language, a modern narrative experience. The invention of modern literature was at the core of this process of forming an area of national representation, which asserted itself as a break from the classical world of Chinese letters. Japanese writers turned their travelogues into testing grounds'- of modernity, by integrating the historical phases of experiences abroad into the modern nation's world of meaning.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hidetaka Ishida
Régimes narratifs et récits de voyage au Japon (1890-1930). Le
voyage comme «leçon des choses» et de la modernisation
In: Genèses, 35, 1999. pp. 83-106.
Résumé
■ Hidetaka Ishida: Régimes narratifs et récits de voyage au Japon (1890-1930) Si le voyage fut, avec la traduction, un facteur
majeur de la modernisation du Japon, il fallut la mise en place d'un nouveau régime de discours pour que les relations de
voyages deviennent langa- gièrement une expérience narrative moderne. L'invention de la littérature moderne était au cœur de
ce processus de formation de l'espace de représentation national, qui s'affirma en rupture avec l'univers classique des Lettres
chinoises. Les écrivains japonais firent de . relations de voyages autant de «laboratoires » de la modernité, en intégrant . dans
l'univers de sens de la nation moderne des étapes historiques de ses expériences de l'étranger.
Abstract
Narrative Systems and Travelogues in Japan (1890*1930) While travelling was a major factor, alons with translation, in
modernisms Japan, a new system of discourse had to be set up so that the accounts of travellers could become, from the
standpoint of language, a modern narrative experience. The invention of modern literature was at the core of this process of
forming an area of national representation, which asserted itself as a break from the classical world of Chinese letters. Japanese
writers turned their travelogues into "testing grounds'- of modernity, by integrating the historical phases of experiences abroad
into the modern nation's world of meaning.
Citer ce document / Cite this document :
Ishida Hidetaka. Régimes narratifs et récits de voyage au Japon (1890-1930). Le voyage comme «leçon des choses» et de la
modernisation. In: Genèses, 35, 1999. pp. 83-106.
doi : 10.3406/genes.1999.1568
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/genes_1155-3219_1999_num_35_1_1568DOSSIER
Cîenèses 35, juin içyy, pp. S
REGIMES NARRATIFS
ET RECITS DE
VOYAGE AU JAPON
(1890-1930)
LE VOYAGE COMME
< LEÇON DES CHOSES)
DE LA MODERNISATION
Le voyage - comme la traduction - fut l'une des
pièces maîtresses de la modernisation du Japon.
Ce fut l'apparition de la flotte américaine du com Hidetaka Ishida
modore Perry au large des côtes nippones, au milieu du
xvnie siècle, qui contraignit le shôgunat à se rendre à
l'évidence de la nécessité de consentir à l'ouverture du
pays. Une fois sauté ce verrou de la politique impériale,
qui s'était traduit par une fermeture quasi absolue du
pays qui dura près de deux siècles, les Japonais commenc
èrent très rapidement à multiplier les voyages vers
l'étranger: alors qu'en 1853, date de l'arrivée de Perry, la
dernière ambassade partie du Pays du Soleil levant datait
de 1613, dans les années qui suivent - entre 1860 et 1867,
soit dernières du règne des Tokugawa - on ne
dénombre pas moins de six envois d'ambassades et de
délégations qui passèrent les océans en direction de
l'Occident - Europe et États-Unis. Cette activation sou
daine de la diplomatie du shôgunat était certes motivée
par la nécessité de négocier des traités, notamment ceux
concernant les conditions de l'ouverture de ports japonais
aux navires et au commerce des puissances, de passer
commande d'armements, de recruter les ingénieurs ou de
faire reconnaître, aux yeux des dites puissances, la légit
imité d'un pouvoir qui se trouvait de plus en plus contesté
par la montée de mouvements rebelles qui se réclamaient
83 :
.
w
DOSS IE R
L'Europe vue d'ailleurs de l'empereur (voir encadré 1). Mais les navires qui quit
tent le Japon n'en comptaient pas moins, parmi leurs pasHidetaka Ishida
Régimes narratifs et récits sagers, des personnalités qui allaient jouer des rôles détede voyage au Japon
rminants dans les événements qu'ilest convenu de
désigner comme la Restauration du Meiji, tel Katsu Kai-
shû, homme qui négocia le processus pacifique de la pas
sation de pouvoir et de l'intronisation de l'empereur
Meiji, tel encore Fukuzawa Yukichi; la plus grande figure
desLumières japonaises. Naviguer outre-mer pour
atteindre la «civilisation» fut auss/ une aspiration révolu
tionnaire, une tentative de briser la loi de fermeture du
pays, comme en témoigne la fameuse tentative manquée
Illustration non autorisée à la diffusion
de Yoshida Shôin (voir encadré 2). La Restauration et la
mise en place du Gouvernement du Meiji ne réduisirent;
pas, tant s'en faut, l'importance et la nécessité de voyages
outre-océaniques : l'ère de Meiji elle-même débute par un •
tour, du monde, celui qu'accomplit la quasi-totalité du
Gouvernement à partir de l'an 4 du Meiji (soit 1871),
dans le cadre de ce qu'il est convenu de désigner comme Fukuzawa Yukichi: Fukuo Jiden;
«l'ambassade Iwakura» avec pour effet d'interrompre Tokyo, éd. Iwanami, IÇ78:
bord* En 1613, le daimyô chrétien Date Masamune En 1860 le navire Kanrimaru transportant à
envoya son ambassadeur au ■ Mexique, en l'ambassade du shogun pour la ratification du
traité nippo-américain. traverse le Pacifique pour Espagne et à Rome pour développer le com
merce, mais cette approche resta sans consé atteindre San Francisco. Ce fut la première délé
quences, à cause de la politique de l'enfermement gation du Japon qui voyagea à l'étranger depuis
décidé par le shôgunat/ En 1635, le Gouverne deux siècles et demi.
ment du shogun interdit à tout Japonais de se Devant la crise du régime provoquée par les
rendre à l'étranger. Il écrase les révoltes des chré pressions des puissances étrangères s'exprimant
par la diplomatie des canons, le pays se divisa' tiens de 1637-1638; il refuse toute relation avec le
Portugal et l'Espagne en décidant de traiter seu entre les partisans de la politique du Kaikoku
lement avec les Hollandais protestants. Depuis (ouvrir le pays) et celle du Jôi (chasser les étran
cette époque, le Japon des Tokugawa adopte une : gers) dans les années 1850 et 1860. Les partisans
politique de fermeture du pays en limitant le du Jôi se réclamèrent de l'empereur, en contes
commerce extérieur au comptoir près du port de tant la légitimité du shôgunat qui négocia les trai
Nagasaki/ Les Pays-Bas restèrent le seul de tous - tés inégaux avec les étrangers. Ils trouvèrent
les États occidentaux à entretenir des relations leurs forces politiques d'opposition dans le camp
des fiefs du Sud du Japon: le Chôshû et le Sat- diplomatiques avec le Japon, jusqu'au milieu du
XIXe siècle, au moment où, en 1853, le commod suma qui réclamèrent le retour à la souveraineté
de l'empereur. Ce fut cette guerre civile qui. ore américain Matthew С. Perry de la flotte des
Indes de l'Est arrive au port d'Uraga et exige conduisit le pays aux événements de la Restaurat
l'ouverture du pays. Le Gouvernement du shô- ion du Meiji. Les partisans du retour de l'empe
gun signe un traité de paix et d'amitié en 1854 et reur en appelaient à la « restauration » du règne
un traité de commerce avec les Américains: à personnel de celui-ci: le shôgunat dont la forme:
du gouvernement apparut au xvne siècle étant partir de cette date, les traités, inégaux, analogues
avec les autres États occidentaux vont se multi impérial.' alors considérée comme dénaturation du règne 1867." plier avant la fin du règne des Tokugawa en .
84 :
;
,
.
toute gestion gouvernementale des affaires publiques
pendant presque deux ans (voir encadré 3). Parmi ses
membres figurent, outre Iwakura Tomomi, Premier
ministre de: l'empereur, Kido Takayoshi, conseiller de
Katsu Kaishû (1822-1899): ministre éclairé, l'étude) de 1872 à 1876 étaient les principaux
de la fin du règne des Tokugawa, il organise la livres d'initiation qui déterminèrent l'introduc
traversée du Pacifique en 1860 pour. la mission* tion de la civilisation occidentale au début de
de ratification du traité de commerce nippo- l'ère Meiji. Il fonda en 1874 le collège Keio
américain; réformateur du> shôgunat, il Gijyuku (l'actuelle Université Keio); il lança*
aussi le journal Jiji Shimpô en 1882. Il est consis'oppose, dans les

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