Le Parnasse contemporain, 1866 Louis-Xavier de Ricard
EXIL Exil (Louis-Xavier de Ricard)
Fatigué des méchants et des sots : — soucieux Des lâchetés d'un monde immoral et factice, Je fuis vers l'horizon d'où viendra la Justice, Et je hais les vivants quand je songe aux aïeux.
Une femme, aux baisers chastes et sérieux, A trempé ma fierté dans son amour complice ; Et je lui dis : — « Quand tu craindras que je faiblisse, » Mets la main sur mon cœur et regarde mes yeux.
» Va : devant les vainqueurs et ceux qui leur font fête, » Je n'humilierai point l'orgueil de la Défaite ; » J'aime en toi la splendeur de ce que nous aimons.
» Du moins, dans les mauvais hasards des aventures, » J'ai su placer nos Dieux plus haut que les injures » Et mon cœur est un temple isolé sur les monts ! »