«Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des historiens de la religion des Grecs et des Romains / « Rites » and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices Shared by Hi torians of the Religion of the Greeks and the Romans - article ; n°1 ; vol.85, pg 23-43
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«Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des historiens de la religion des Grecs et des Romains / « Rites » and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices Shared by Hi torians of the Religion of the Greeks and the Romans - article ; n°1 ; vol.85, pg 23-43

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Archives des sciences sociales des religions - Année 1994 - Volume 85 - Numéro 1 - Pages 23-43
The lack of interest that most historians of the Greek and Roman religions accord to rites can be traced to two theories. The majority of historians, having referred to L. Deubner, G. Wissowa and M. P. Nilsson, take into account the primitivist theories developed by Taylor and the Cambridge School, who situated the ritual system in a primitive, predeist epoch. Other historians, like G. Rohde, reproduce consciously or not romantic theories of the origin of religions. K. O. Müller, for example, has defined it thus: ritualism would be the result of the rupture of the original immediate relation to the divinity. Exempted in these two cases from questioning the meanings of the rites in their daily context, the erudite speculate - not without ambiguities - on the original rites, otherwise contenting themselves with studying the rites attested as the fossils of that period. New tendencies appeared after the war (Dumézil, Vernant, Burkert) and have developed since, but in most cases the rite attracts interest because it serves as a basis for further questioning.
Le manque d'intérêt que la plupart des historiens des religions grecque et romaine accordent aux rites remonte à deux théories. La majorité des historiens se réfère, à la suite de L. Deubner, G. Wissowa et M.P. Nilsson, aux théories primitivistes développées par Tylor et l'Ecole de Cambridge, qui situaient le système rituel à une époque primitive, prédéiste. D'autres historiens, comme G. Rohde, reproduisent consciemment ou non les théories romantiques sur l'origine des religions, telle que K. O. Müller l'a par exemple définie : le ritualisme serait le résultat de la rupture du rapport originel immédiat à la divinité. Dispensés dans les deux cas de s'interroger sur le sens des rites dans leur contexte quotidien, les savants spéculent, non sans ambiguïtés, sur les rites originels, ou bien se contentent d'étudier les rites attestés comme des fossiles de cette période. Des tendances nouvelles sont apparues après la guerre (Dumézil, Vernant, Burkert) et se sont développées depuis, mais dans la plupart des cas le rite bénéficie d'un intérêt parce qu'il sert de moyen pour poser d'autres questions.
El poco interés manifestado por el estudio de los ritos de la mayor parte de los historiadores griegos y romanos se explica por dos perspectivas teóricas. Por una parte, la mayoría de los historiadores se refieren, siguiendo a L. Deubner, G. Wissiwq y M.P. Nilsson, a las teorías primitivistas desarrolladas por Tylos y la Escuela de Cambridge que sitúan el sistema ritual en una época primitica y predeista. Por otra parte, historiadores como G. Rohde reproducen consciente o inconscientemente las teorías románicas sobre el origen de las religiones tal como K.O. Müller las ha definido : el ritualismo sería el resultado de la ruptura de la relación original e inmediata a la divinidad. Estas posi-ciones hicieron que los investigadores no sintiesen la necesidad de interrogarse sobre el sentido de los ritos en su contexto cotidiano, lo que llevó a numerosos investigadores a especular, no sin ambigüedad, sobre los ritos de origen o a contentarse de estudiar los ritos establecidos como «fósiles » de dicho período. Nuevas corrientes se han manifestado después de la guerra (Dumézil, Vernant, Burket) y se han desarrollado posteriormente, pero en la mayor parte de los casos el rito ha sido pensado como intermediario para plantear otros interrogantes.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Durand
John Scheid
«Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des
historiens de la religion des Grecs et des Romains / « Rites »
and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices
Shared by Hi torians of the Religion of the Greeks and the
Romans
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 85, 1994. pp. 23-43.
Citer ce document / Cite this document :
Durand Jean-Louis, Scheid John. «Rites» et «religion». Remarques sur certains préjugés des historiens de la religion des Grecs
et des Romains / « Rites » and « Religion ». Remarks Around Some of the Préjudices Shared by Hi torians of the Religion of the
Greeks and the Romans. In: Archives des sciences sociales des religions. N. 85, 1994. pp. 23-43.
doi : 10.3406/assr.1994.1424
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1994_num_85_1_1424Résumé
Le manque d'intérêt que la plupart des historiens des religions grecque et romaine accordent aux rites
remonte à deux théories. La majorité des se réfère, à la suite de L. Deubner, G. Wissowa et
M.P. Nilsson, aux théories primitivistes développées par Tylor et l'Ecole de Cambridge, qui situaient le
système rituel à une époque primitive, prédéiste. D'autres historiens, comme G. Rohde, reproduisent
consciemment ou non les théories romantiques sur l'origine des religions, telle que K. O. Müller l'a par
exemple définie : le ritualisme serait le résultat de la rupture du rapport originel immédiat à la divinité.
Dispensés dans les deux cas de s'interroger sur le sens des rites dans leur contexte quotidien, les
savants spéculent, non sans ambiguïtés, sur les rites originels, ou bien se contentent d'étudier les rites
attestés comme des fossiles de cette période. Des tendances nouvelles sont apparues après la guerre
(Dumézil, Vernant, Burkert) et se sont développées depuis, mais dans la plupart des cas le rite
bénéficie d'un intérêt parce qu'il sert de moyen pour poser d'autres questions.
Resumen
El poco interés manifestado por el estudio de los ritos de la mayor parte de los historiadores griegos y
romanos se explica por dos perspectivas teóricas. Por una parte, la mayoría de los historiadores se
refieren, siguiendo a L. Deubner, G. Wissiwq y M.P. Nilsson, a las teorías primitivistas desarrolladas por
Tylos y la Escuela de Cambridge que sitúan el sistema ritual en una época primitica y predeista. Por
otra parte, historiadores como G. Rohde reproducen consciente o inconscientemente las teorías
románicas sobre el origen de las religiones tal como K.O. Müller las ha definido : el ritualismo sería el
resultado de la ruptura de la relación original e inmediata a la divinidad. Estas posi-ciones hicieron que
los investigadores no sintiesen la necesidad de interrogarse sobre el sentido de los ritos en su contexto
cotidiano, lo que llevó a numerosos investigadores a especular, no sin ambigüedad, sobre los ritos de
origen o a contentarse de estudiar los ritos establecidos como «fósiles » de dicho período. Nuevas
corrientes se han manifestado después de la guerra (Dumézil, Vernant, Burket) y se han desarrollado
posteriormente, pero en la mayor parte de los casos el rito ha sido pensado como intermediario para
plantear otros interrogantes.
Abstract
The lack of interest that most historians of the Greek and Roman religions accord to rites can be traced
to two theories. The majority of historians, having referred to L. Deubner, G. Wissowa and M. P.
Nilsson, take into account the primitivist theories developed by Taylor and the Cambridge School, who
situated the ritual system in a primitive, predeist epoch. Other historians, like G. Rohde, reproduce
consciously or not romantic theories of the origin of religions. K. O. Müller, for example, has defined it
thus: ritualism would be the result of the rupture of the original immediate relation to the divinity.
Exempted in these two cases from questioning the meanings of the rites in their daily context, the
erudite speculate - not without ambiguities - on the original rites, otherwise contenting themselves with
studying the rites attested as the fossils of that period. New tendencies appeared after the war (Dumézil,
Vernant, Burkert) and have developed since, but in most cases the rite attracts interest because it
serves as a basis for further questioning.Arch de Sc soc des Rel. 1994 85 janvier-mars) 23-43
Jean-Louis DURAND John SCHEID
RITES ET RELIGION
REMARQUES SUR CERTAINS PR JUG
DES HISTORIENS DE LA DES GRECS
ET DES ROMAINS
tres Les littérature rituels éléments sacrée sont une importants organisation religion au même théologie sacerdotale titre mythologie que les au
Dumézil Rituels indo-européens Rome
Paris 1954
Lorsque Theodor Mommsen qualifiait une des descriptions cultuelles les
plus précises de la religion romaine de curieuse confusion plutôt que
conjonction de choses sacrées et de banquets il exprimait pas seule
ment un anticléricalisme peine déguisé mais également un jugement de va
leur traditionnel sur la religion romaine Dédiée la lettre de la prescription
rituelle observance austère du rite cette religion est pas sans rappeler
après Theodor Mommsen Ludwig Preller Jean Réville ou Franz Cu-
mont 2) le culte mosaïque le pharisianisme et le talmud Cette comparaison
pouvait certes se fonder sur le témoignage de Tertullien 3) mais elle dé
pendait surtout une représentation générale visant les religions ritualistes
Celle-ci dépasse ailleurs le domaine proprement romain et participe égale
ment la construction de la figure de la religion grecque souvent limitée
malgré le témoignage contraire des sources la mythologie littéraire et la
spéculation philosophique Les historiens de la religion romaine et italique
opéraient ailleurs la même sélection dans les faits pour concentrer attention
sur les cultes dits orientaux censés véhiculer une nouvelle religiosité et sur
la philosophie
Le rite qui constituait essence des systèmes religieux du monde gréco-
romain est ainsi objet une méconnaissance et un mépris profonds Seuls
prévalent aux yeux de opinion commune les éléments conciliables avec la
culture chrétienne le mythe les mystères les cultes dits orientaux et la spé
culation philosophique Nous essaierons de montrer que ces représenta
tions qui se retrouvent dans les études majeures sur les religions grecque et
romaine sont déterminées par ethnologie naissante autant que par des thèmes
23 ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
remontant époque romantique et comme ceux-ci par le mouvement général
de mépris du rite qui traverse la culture européenne depuis le xvie siècle
Nous montrerons enfin comment un déplacement de la perspective relancé
dans des directions diverses mais partir une réévaluation générale du rite
les recherches sur la vie religieuse des Grecs et des Romains
Ritus un terme révélateur
La traduction du terme ritus pose souvent des problèmes notamment
cause de imprécision des dictionnaires Le dictionnaire de Gaffiot utilisé
dans les lycées fran ais traduit ritus par rite cérémonie religieuse
en gen. usage coutume Le sens premier est fondé sur quatre textes Var-
ron De la langue latine 88 Ciceron Lois 20-21 et De la nature des
dieux 51 Or on consulte les passages invoqués ce est pas du
tout ce sens du terme ritus que on trouve Le passage de Varron part un
vers du poète tragique Pacuvius dans lequel il est question un personnage
qui vole Alcyonis ritu la manière Alcyonè encyclopédiste précise
que expression signifie conformément la manière habituelle institutùm
un oiseau et compare cette formule instruction donnée par un harus
pice que chacun sacrifie selon sa coutume et aux services religieux cé
lébrés pas le collège sacerdotal des decemvirs selon la coutume grecque et
non selon le rite romain Graeco ritu non Romano Son commentaire se
conclut par le rappel que adverbe rite signifie valable correct comme
dans expression rite per ecus sacris les cérémonies sacra ayant été cor
rectement célébrées Le passage de Varron prouve clairement que la notion
de cérémonie religieuse est-à-dire de rite au sens moderne est pas conte
nue dans ritus mais dans sacra ou des termes semblables caerimoniae re
ligiones) et que ritus signifie manière traditionnelle de faire coutume Ce
sens de ritus est ailleurs conservé dans certains emplois du fran ais moderne
par exemple dans messe selon le rite grec
Les trois passages de Ciceron auxquels on peut encore ajouter Lois
19 paraissent premi

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