Russel et les étudiants de la Bible (1870-1916). - article ; n°2 ; vol.187, pg 181-199
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Russel et les étudiants de la Bible (1870-1916). - article ; n°2 ; vol.187, pg 181-199

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1975 - Volume 187 - Numéro 2 - Pages 181-199
Quatre des nombreuses sectes américaines se réclament plus ou moins de Charles T. Russel, fondateur du mouvement des « Etudiants de la Bible ». Ces « Eglises », connues sous les noms de « Témoins de Jéhovah », Mouvement missionnaire intérieur laïque, Amis de l'homme ne se sont différenciées qu'à la suite d'une grave crise interne qui a secoué le mouvement en 1914-1920. Jusque-là, il n'existait qu'une secte russelliste dominée par la personnalité de son fondateur. C'est cette préhistoire d'un courant religieux, qui s'inscrit lui-même dans le cadre plus général qu'est l'adventisme, que nous envisageons d'étudier dans ces quelques pages.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 76
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Blandre
Russel et les étudiants de la Bible (1870-1916).
In: Revue de l'histoire des religions, tome 187 n°2, 1975. pp. 181-199.
Résumé
Quatre des nombreuses sectes américaines se réclament plus ou moins de Charles T. Russel, fondateur du mouvement des «
Etudiants de la Bible ». Ces « Eglises », connues sous les noms de « Témoins de Jéhovah », "Mouvement missionnaire intérieur
laïque, Amis de l'homme" ne se sont différenciées qu'à la suite d'une grave crise interne qui a secoué le mouvement en 1914-
1920. Jusque-là, il n'existait qu'une secte russelliste dominée par la personnalité de son fondateur. C'est cette préhistoire d'un
courant religieux, qui s'inscrit lui-même dans le cadre plus général qu'est l'adventisme, que nous envisageons d'étudier dans ces
quelques pages.
Citer ce document / Cite this document :
Blandre Bernard. Russel et les étudiants de la Bible (1870-1916). In: Revue de l'histoire des religions, tome 187 n°2, 1975. pp.
181-199.
doi : 10.3406/rhr.1975.6045
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1975_num_187_2_6045Russel et les étudiants de la Bible
(1870-1916)
courant général la qu'à noms en intérieur ces « ou Etudiants personnalité 1914-1920. Jusque-là, Quatre moins quelques la de suite qu'est religieux, « laïque, de des Témoins d'une pages. de Charles l'adventisme, il nombreuses de la n'existait Amis grave qui son Bible de T. s'inscrit fondateur. de Jéhovah crise Russel, ». qu'une sectes que l'homme1 Ces interne nous lui-même américaines « fondateur », secte Eglises C'est envisageons Mouvement qui ne russelliste a celte se secoué dans », du sont se connues préhistoire mouvement réclament d'étudier le missionnaire dominée différenciées cadre sous dans d'un plus par des les
I. — Le mouvement adventiste
Les profonds bouleversements techniques, culturels, scien
tifiques, économiques, sociaux et politiques ont eu de fortes
répercussions sur la vie quotidienne du xixe siècle, et il était
inévitable que l'inquiétude qui en découla provoquât de
graves crises religieuses individuelles.
Nulle part, sans doute, l'agitation religieuse ne fut plus
vive qu'aux Etats-Unis, foyers dès l'origine de leur histoire
du non-conformisme ; il suffît de lire l'autobiographie du
prophète Joseph Smith, fondateur de l'Eglise mormone, pour
se rendre compte des effets du pullulement des sectes sur
certaines mentalités. Comme souvent, certains ne trouvèrent
1) Deux groupes religieux portent le nom d'Amis de Г homme. Ils se sont
séparés à la mort de Louis Alexandre Freytag qui avait quitté les Témoins de
Jéhovah pour créer son propre mouvement.
REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 2/75 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 182
d'autre solution à leurs problèmes que l'attente du royaume
de Dieu, et l'on se mit à scruter la Bible pour savoir quand
reviendrait le Messie. Certains des textes saints, en particulier
le livre de Daniel, encourageaient cette recherche parce qu'ils
contenaient des indications chronologiques à propos d'év
énements mystérieux à venir. A partir de celles-ci, divers
personnages annoncèrent la parousie du Seigneur pour une
date très prochaine1.
C'est dans ce contexte qu'il faut placer l'initiative de
l'agriculteur William Miller2. En 1833, il annonça que la
fin du monde aurait lieu en 1843 ; non découragé par son
échec, il fixa une nouvelle date pour l'événement attendu : il
aurait lieu le 21 mars 1844.
A la suite du second échec, Miller cessa de fixer la date à
laquelle commenceraient les temps eschatologiques, mais il
laissa l'un de ses disciples, Snow, parler du 22 octobre 1844.
Le mouvement n'aurait peut être pas survécu à cette troi
sième erreur si une femme, Ellen G. White, n'avait pas
déclaré avoir reçu une révélation : quelque chose s'était bien
passé le 22 octobre 1844 : « Le passage du Christ dans la
deuxième partie du sanctuaire céleste »3, invisible aux
humains.
Par ailleurs, à ce moment, l'adventisme avait déjà onze
ans, donc un passé ; les disciples de Miller avaient quitté de
gré ou de force les églises dont ils étaient membres. Organisés
dans une secte nouvelle, l'Eglise adventiste du septième jour,
ils remirent en question les croyances communément admises,
1) Voir, par exemple, l'ouvrage anonyme intitulé Les Témoins de Jéhovah
dans les desseins divins, p. 14. Ce livre, édité à New York, en 1959, sous le titre
Jehovah's witnesses in the divine purpose, a été édité en français en 1971. Présenté
sous forme d'une série de discussions, destiné à la propagande, il repose sur une
solide documentation. C'est la source essentielle de cet article, qui n'utilise,
par ailleurs, que des livres imprimés.
2) II ne saurait être question ici que de donner un aperçu rapide de l'adven
tisme à partir d'ouvrages très généraux : Colinon, Le phénomène des sectes
au XXe siècle, Paris, 1959, p. 15-23 ; Welter, Histoire des sectes chrétiennes,
Paris, 1950 ; Dagon, Petites églises de France, t. I, Amnéville, 1966 ; Anonyme,
L'adventisme (brochure éditée par L'Eglise adventiste du septième jour, 1969).
3) Colinon, Le phénomène..., p. 17. RUSSEL ET LES ÉTUDIANTS DE LA BIBLE 183
et à la lumière de la Bible s'aperçurent que les doctrines
concernant l'immortalité de l'âme et l'enfer étaient erronées,
et que le jour du Seigneur était le sabbat, non le dimanche.
A la suite, cependant, de ses erreurs de prédictions, la
nouvelle Eglise apparaissait particulièrement vulnérable. Il
en résulta une série de schismes d'où naquirent autant de
sectes = L'Eglise chrétienne adveniiste (née en 1861), L'union
de la vie et de l'avènement (1864), L'Eglise de Dieu (1865),
Les adventistes de l'âge à venir (1888). Dans le même temps,
un certain N» H. Barbour créa une église dissidente, et Charles
Taze Russel reprit les idées essentielles de l'adventisme pour
fonder le mouvement des Etudiants de la Bible.
II. — Charles Taze Russel
et la naissance des étudiants
de la Bible (1870-1876)
Russel fut l'une de ces personnalités curieuses, sincèr
ement religieuses mais très gênées pour choisir leur voie dans la
confusion religieuse de son époque. Né en 1852 à Pittsburgh
(Pennsylvanie), il perdit sa mère à l'âge de 9 ans. Fils d'un
industriel, élevé dans la confession presbytérienne, il manifesta
de bonne heure son intérêt pour la Bible. Enfant, il écrivait
à la craie des versets des Ecritures sur les trottoirs1. C'était
un garçon instable. Il quitta l'Eglise presbytérienne pour le
congrégationalisme qu'il jugeait plus libéral. Dès l'âge de
15 ans, il fut associé à la direction de l'entreprise de son père ;
c'est un fait important de la vie de Russel, qui fut toujours
marqué par la mentalité de l'homme d'affaires.
En 1870 cependant, la paix religieuse lui restait étrangère.
Bien sûr, son passé l'avait déjà orienté. Protestant, il rejetait
le pape, les saints, Marie et les doctrines spécifiques de
l'Eglise catholique, et ne concevait pour fondement à sa foi
1) Anonyme, Qualifiés pour le ministère, édité par les Témoins de Jéhovah,
p. 314. 184 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
que la Bible ; presbytérien, il manifestait un état d'esprit
puritain ; son passage au congrégationalisme peut avoir causé
son dédain pour une stricte hiérarchie religieuse. Ce qui
intéressa Russel dans le domaine de l'organisation, c'était
moins l'église embryonnaire qu'il dut créer que sa société
de diffusion de la Bible, qu'il gérait comme un chef d'entre
prise — encore un héritage de sa jeunesse.
Mais — la mort de sa mère y fut-elle pour quelque
chose ? — le jeune Russel ne peut admettre les doctrines
concernant la prédestination, l'enfer et l'éternité des peines.
«A 17 ans, il était devenu franchement sceptique, et délaissa
la Bible et les croyances des églises й1.
C'est alors que, par c

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents