Turenne et la réunion des chrétiens - article ; n°169 ; vol.62, pg 309-328
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1976 - Volume 62 - Numéro 169 - Pages 309-328
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Congar
Turenne et la réunion des chrétiens
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°169, 1976. pp. 309-328.
Citer ce document / Cite this document :
Congar Yves. Turenne et la réunion des chrétiens. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°169, 1976. pp. 309-
328.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1976_num_62_169_1581.
ET LA RÉUNION DES CHRÉTIENS TURENNE
L — Projets et entreprises de réunion.
« Chaque jour voyait, à cette époque, éclore des projets de réunion » 2.
Il y en avait eu déjà sous François II, sous Charles IX (Poissy, 1561),
sous Henri IV. Ceux que nous allons rencontrer prennent plus ou moins
la suite de celui de Richelieu, secondé par le P. Joseph et le P. Dulau-
rens, anciennement ministre à Nîmes et devenu oratorien*. Il fallait
multiplier les conférences avec les ministres les plus enclins à l'irénisme
en réduisant les sujets de discussion à des termes simples et précis.
Après une préparation convenable, une assemblée serait convoquée,
qui conclurait dans le sens de la conciliation. La perspective de faveurs
et de pensions aiderait à décider les mieux disposés. Dumoulin fit
échouer ce plan à Sedan *. Théophile Brachet de La Milletière, que
Dumoulin avait pris comme second pour une conférence avec de Raconis,
évêque de Lavaur, ayant fait procession de foi catholique en 1626,
proposait son t Moyen de la paix chrétienne » à Richelieu (1634) et
multipliait les ouvrages visant à « l'extinction du schisme » (titre de
1. Ouvrages cités sous le simple nom de leur auteur :
S. d'Huart, Lettres de Turenne extraites des Archives Rohan-Bouillon. Paris,
S.E.V.P.E.N., 1971.
J. Pannier, Turenne d'après sa correspondance. Évolution de ses idée» religieuses.
Paris, 1907 (extrait de la Revue Chrétienne).
C.-G. Picavet, Les dernières années de Turenne (1660-1675), Paris, 1914.
Général Wevgand, Turenne. (Coll. « Les grands cœurs »), Paris, 1929 ; rééd. 1940.
Élie Benoît, Histoire de l'Édit de Nantes. 5 vol. in-4°, Delft, 1693 et 1695.
A. Rébelliau, Bossiiet, historien du protestantisme... Paris, 1891.
Eug. et Ém. Haag, La France protestante. 10 vol. Reprint Genève, 1966.
M. Tabaraud, Histoire critique des projets formés depuis trois cents ans pour la
réunion des Communions chrétiennes. Paris, 1808 ; nous citons la 2e édit., 1824.
O. Douen, La révocation de l'Édit de Nantes à Paris d'après des documents inédits.
3 vol. Paris, 1894.
B.S.H.P.F. = Bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme Français.
2. Tabaraud, p. 216.
3. Sur les activités de controverse et le projet de Richelieu, cf. Tabaraud,
p. 197 sv. — De Richelieu lui-même, Traité qui contient la méthode la plus facile
et la plus assurée pour convertir ceux qui se sont séparés de V Église. Paris, 1646 (date
du Privilège), et 1651. De son conseiller en cette affaire, Dulaurens, Le Triomphe
de l'Église romaine contre ceux de la R.P.R., par six démonstrations qui font voir
clairement comment U est impossible de se sauver dans leur communion (1667 : Taba
raud, p. 204-205).
4. Tabaraud, p. 200 ; Prégnon, Histoire du pays et de la ville de Sedan... 1856,
t. III, p. 304 ; L. Rimbault, Pierre du Moulin (1568-1658). Un pasteur classique
de l'âge classique... Paris, 1966.
20 310 YVES CONGAR
1650) 6. L'évêque de Belley, Camus, publiait en 1640 son Avoisinement
des protestants vers V Église romaine.
C'est dans ce climat général que se situent les efforts de Fabert
pour réunir les protestants du Sedanais : un effort qui était près d'about
ir quand Fabert mourut, le 17 mai 1662 8. Nous n'avons pas de lettre
de Turenne datant de cette époque. Il a certainement séjourné à Sedan,
il a dû y rencontrer Fabert et l'un ou l'autre des ministres favorables
à un rapprochement, Le Vasseur, né et mort à Sedan (1620-1672),
certainement Louis Le Blanc de Beaulieu, la même année que
Turenne (27 février 1675), que nous retrouverons plus loin. Le Blanc
de Beaulieu pensait que beaucoup d'oppositions pouvaient céder à des
explications dépassionnées, faites sur la base des doctrines officielle»
ment professées. Il a, dit Saurin que citent les frères Haag, « extrêmerétréci les espaces qui nous séparent de l'Église romaine » 7.
E. Griselle a montré que, contrairement à ce que pensait Rébel-
liau (p. 13), il n'y a pas eu de ralentissement dans les conférences de
controverse entre 1620 et 1660 8. Il existait sur Paris une « Liste des
Prédicateurs » annonçant les prédications d'Avent et de Carême.
Très souvent, on y prêchait les controverses : un genre littéraire bien
défini. Souvent les ministres protestants étaient invités à y discuter.
Voici quelques échantillons de ces annonces :
1651. A la chapelle de Bourbon... Et les dimanches l'on continuera les
Controverses pour faire voir à nos Frères errans la vérité Catholique.
Carême 1651. Au Collège de Bourgogne... Monsieur Roland, cy devant
Ministre de la R.P.R. et à présent Prestre et Prédicateur de la Foy ancienne,
Catholique et Apostolique, preschera en Anglais les Dimanches et Festes,
à deux heures. Où il fera voir les mauvais artifices des Ministres, par lesquels
ils entretiennent nos Frères errans dans la haine de l'Église Catholique et
du vray chemin de salut.
1666. Monsieur Charles, à Sainte Opportune donnera une exacte et solide
réfutation de l'Abrégé des Controverses du sieur Ministre Drelincourt •.
5. Tabaraud, p. 375-377 ; B.S.H.P.F., 1904, p. 367.
6. Cf. J. Bourelly, Le Maréchal de Fabert (1599-1662). Étude historique d'après
ses lettres et des pièces inédites tirées de la Bibliothèque et des Archives nationales,
des Archives des Affaires étrangères, du Dépôt de la Guerre, etc. Paris, 2 vol., 1880
et 1881 : t. II, p. 262 sv., 329-417. Nous écririons autrement aujourd'hui telle page
de notre article t Le maréchal Fabert (1599-1662) et le retour des calvinistes à
l'Unité », in L'Unité de l'Église, mai-juin 1934, p. 257-265. Sur Fabert et Le Blanc
de Beaulieu, cf. aussi E. Benoît, III/l, p. 522 sv., dont la façon de parler manifeste
un esprit partisan. Estime de Turenne pour Fabert : cf. la lettre du P. Adam citée
dans Bourelly, II, p. 266.
7. Cf. Haag, VI, 452-454.
8. E. Griselle, Le ton de la prédication avant Bourdaloue. Paris, 1906. Griselle,
qui note que l'histoire de la Controverse est encore à faire, y apporte une remar
quable contribution, surtout en donnant, p. 199-287, la documentation de la Liste
des prédicateurs touchant la controverse. Les citations suivantes sont empruntées
aux pages 207 (et 108, n. 1), 107, n. 1, 216. Pour le côté réformé, cf. Douen, t. I,
p. 374-457.
9. Drelincourt était né à Sedan le 10 juillet 1595 et y avait fait ses études de
théologie ; il est mort à Paris le 3 novembre 1669. Turenne a choisi son troisième
fils, Charles, comme médecin particulier. . TURENNE ET LA RÉUNION DES CHRÉTIENS 311
1667. Le Père Seignes, jésuite, et M. de Saint-Michel, prestre fera voir
que tous ceux de la R.P.R. mourant hors de la Communion de l'Église
Romaine seront tous éternellement damnez."
Nous avons choisi ces annonces, parmi tant d'autres, parce qu'elles
sont des témoignages d'un vocabulaire qui nous intéresse. En effet* .
ayant lu dans Prégnon et dans Bouteiller 10, ce texte d'une lettre de ■
Fabert au Père Adam, « Je prie le Seigneur que le châtiment tombe sur
ma personne, plutôt que sur ces frères séparés, dont je demande le
salut avec ardeur », je crus tenir un des premiers usages, peut-être le
premier usage de cette expression qui a été, jusqu'à ces derniers temps, ..
celle d'une conscience irénique et même déjà œcuménique. Le Père
Norbert avait la même expression, transcrivant une lettre de Fabert
au Père Adam, du 12 juin 1660, qu'il tirait de la Vie de Fabert publiée
auparavant par le Père Barre (2 vol., 1752) u. Déconvenue ! Le P. Barre,
qui avait l'original sous les yeux, cite ainsi la lettre, qui est du 18 juil
let 1660 (t. II, p. 187) : « Les religionnaires... m'ont dit des choses qui
m'ont touché et qui me font de plus en plus co

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