Dante alighieri divine comedie paradis

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Dante Alighieri LA DIVINE COMÉDIE TOME III : LE PARADIS (1307-1313) Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières CHANT I ...................................................................................4 CHANT II ................................................................................10 CHANT III............................................................................... 16 CHANT IV 21 CHANT V27 CHANT VI33 CHANT VII..............................................................................39 CHANT VIII ............................................................................45 CHANT IX............................................................................... 51 CHANT X ................................................................................57 CHANT XI63 CHANT XII .............................................................................69 CHANT XIII............................................................................75 CHANT XIV81 CHANT XV..............................................................................87 CHANT XVI93 CHANT XVII...........................................................................99 CHANT XVIII .......................................................................105 CHANT XIX111 CHANT XX.............................................................................117 – 2 – CHANT XXI .......................................................................... 123 CHANT XXII.........................................................................129 CHANT XXIII ....................................................................... 135 CHANT XXIV141 CHANT XXV 147 CHANT XXVI........................................................................ 153 CHANT XXVII ...................................................................... 159 CHANT XXVIII..................................................................... 165 CHANT XXIX.........................................................................171 CHANT XXX 177 CHANT XXXI........................................................................183 CHANT XXXII ......................................................................189 CHANT XXXIII..................................................................... 195 Notes de fin d’ouvrage ..........................................................201 À propos de cette édition électronique.................................242 – 3 – CHANT I La gloire de Celui qui met le monde en branle remplit tout l’univers, mais son éclat est tel 1qu’il resplendit plus fort ou moins, selon les lieu . Je montai jusqu’au ciel qui prend de sa splendeur la plus grande partie, et j’ai connu des choses qu’on ne peut ni sait dire en rentrant de là-haut, car en se rapprochant de l’objet de ses vœux l’intelligence y court et s’avance si loin qu’on ne saurait la suivre avec notre mémoire. Mais tout ce que j’ai vu pendant ce saint voyage, tout ce que j’ai pu mettre au trésor de l’esprit servira maintenant de matière à mon chant. Rends-moi, doux Apollon, pour ce dernier labeur un vase bien rempli de ta propre vertu, que je sois digne enfin de ton laurier aimé. J’ai pu me contenter jusqu’à présent d’un seul des sommets du Parnasse : il me faut maintenant 2monter sur tous les deux, pour ce dernier parcours . Pénètre dans mon sein, partage-moi ton souffle, comme au jour d’autrefois où ton chant eut le don 3de tirer Marsyas du fourreau de ses membres ! Ô divine vertu, livre-toi, que je puisse raconter pour le moins l’ombre du règne heureux, – 4 – tel que je l’emportai gravé dans ma mémoire ; 4tu me verras monter vers l’arbre bien-aimé et faire couronner mon front de son feuillage, le thème et ton concours m’en ayant rendu digne. Nous pouvons le cueillir si peu souvent, ô père, pour fêter d’un César, d’un poète la gloire (c’est là des passions l’opprobre et la rançon), que l’arbre pénéen et ses feuilles devraient inonder de plaisir le cœur du dieu de Delphes, 5chaque fois que nous point le soin de les gagner . La petite étincelle allume le grand feu ; et peut-être quelqu’un, d’une voix plus habile, 6va prier après moi, pour que Cyrrha réponde. L’astre du jour se lève aux regards des mortels sur plus d’un horizon ; mais il en est un seul 7auquel on voit trois croix sortant des quatre cercles , où son éclat reluit sous de meilleurs auspices, suivant un cours meilleur, qui dispose et modèle plus à sa volonté la matière du monde. C’est à peu près ce point qui, faisant là le jour, portait chez nous la nuit ; et dans cet hémisphère tout s’habillait de blanc, et de noir dans le nôtre, quand je vis qu’ayant fait un demi-tour à gauche Béatrice rivait son regard au soleil, bien plus intensément que ne le peut un aigle. Comme l’on voit jaillir d’un rayon de lumière un rayon réfléchi qui monte vers le haut, – 5 – semblable au pèlerin qui retourne chez lui, de même, mon maintien reproduisant le sien, tel que dans mon esprit il entrait par la vue, je fixai le soleil d’un regard plus qu’humain. Bien des choses, là-haut, qui ne sont pas permises à notre faculté, deviennent naturelles par la vertu du lieu conçu pour notre bien. J’en souffrais mal l’aspect, mais assez cependant pour voir étinceler les éclats qu’il jetait comme le fer ardent qu’on sort de la fournaise. On eût dit que le jour multipliait le jour, comme si tout à coup Celui qui peut tout faire avait mis sur le ciel deux soleils à la fois. Béatrice restait tout entière attachée par son regard intense aux sphères éternelles, et moi, l’en détachant, je le posais sur elle et en la contemplant je devins en moi-même tel que devint Glaucus, lorsqu’il eut goûté l’herbe 8qui le rendait égal aux autres dieux des mers . Traduire per verba cette métamorphose ne serait pas possible ; et l’exemple doit seul suffire à qui la grâce un jour l’enseignera. Amour, toi qui régis le ciel et qui m’as fait monter par ton effet, tu sais s’il me restait 9autre chose de moi, que le don de la fin . Lorsque la sphère enfin qui se meut le plus vite 10par le désir de toi , rappela mon regard – 6 – avec tous ses accords que tu conduis et règles, j’y vis incendier de si vastes surfaces par le feu du soleil, qu’il n’est pas de déluge ou de fleuve qui pût faire un lac aussi grand. Ces accents surprenants, cette immense splendeur m’enflammaient du désir de connaître leur cause, tel que jamais avant je n’en eus de plus vif ; et elle, qui voyait en moi comme moi-même, pour apaiser la soif de l’âme, ouvrit la bouche plus vite encor que moi pour le lui demander et elle commença : « Tu t’étourdis tout seul par des pensers trompeurs, qui t’empêchent de voir ce qui serait très clair, si tu t’en secouais. 11 ; Tu n’es pas sur la terre, ainsi que tu supposes mais l’éclair qui descend du lieu de sa demeure est moins prompt à le fuir, que toi tu n’y reviens. » Si je me vis alors libre du premier doute, par ces propos si brefs, dits avec un sourire, un autre embarrassait davantage l’esprit. « De mon étonnement, lui dis-je, je reviens. Me voici satisfait ; mais ma surprise est grande, 12de me voir traverser ces éléments légers . » Elle poussa d’abord un soupir de pitié, me regardant ensuite avec l’expression de la mère veillant sur son fils qui délire, puis elle me parla : « Tous les objets du monde ont un ordre commun : et cet ordre est la forme – 7 – qui fait de l’univers une image de Dieu. Les êtres de là-haut y retrouvent l’empreinte du pouvoir éternel, qui fait la fin suprême où tend la loi de tous, dont je viens de parler. Bien que tous les objets qui sont dans la nature dépendent de ces lois, la façon en diffère selon qu’ils sont plus loin ou plus près de leur source. Ils naviguent ainsi vers des ports différents sur l’océan de l’être, et chacun d’eux possède un instinct qui le guide et dont on lui fit don. 13C’est lui qui fait monter le feu jusqu’à la lune ; c’est lui, du cœur mortel le premier des moteurs ; c’est lui qui tient ensemble et compose la terre ; c’est lui qui, comme un arc, lance dans l’existence avec tous les objets privés d’intelligence tous les êtres doués d’intellect et d’amour. La Providence donc, qui gouverne le monde, porte par son éclat le repos éternel aux cieux au sein desquels roule le plus rapide ; et c’est là maintenant, comme à l’endroit prévu, que nous sommes lancés par la force de l’arc qui tire droit au but les flèches qu’il décoche. Il est vrai cependant que, comme bien souvent la forme reste sourde aux propos de l’artiste, qui ne peut pas plier la matière à ses fins, de même l’être peut s’écarter quelquefois du cours ainsi tracé, puisqu’il a le pouvoir, – 8 – tout en étant guidé, de s’incliner ailleurs (comme au lieu de monter, le feu tombe des nues), si l’on vient dévier l’impulsion première 14par quelque faux plaisir qui pousse vers le sol . Si tu comprends cela, le fait qu’ainsi tu montes n’est pas plus étonnant que le cours d’un ruisseau qui descend des sommets au creux d’une vallée. Le surprenant serait que, libre des entraves, tu puisses demeurer prisonnier de la terre, ou que l’on puisse voir une flamme immobile. » Ensuite elle tourna son regard vers les sphères. – 9 – CHANT II Ô vous, qui naviguez dans vos petites barques, désireux de m’entendre, et suivez à la trace la route de ma nef qui s’avance en chantant, retournez maintenant auprès de vos rivages ; ne vous hasardez pas au large, car peut-être, resterez-vous perdus, si vous vous écartez ! Personne n’a suivi la route que je prends ; Minerve tend ma voile et Apollon me guide, et ce sont les neuf sœurs qui me montrent les Ourses. Et vous, le petit chœur de ceux qui de bonne heure avez tendu le cou vers le pain angélique 15dont on vit ici
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