Remarques épistémologiques sur la sémiotique des lieux - article ; n°1 ; vol.27, pg 13-27
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Remarques épistémologiques sur la sémiotique des lieux - article ; n°1 ; vol.27, pg 13-27

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Description

Communications - Année 1977 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 13-27
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Josep Muntanola Thornberg
Remarques épistémologiques sur la sémiotique des lieux
In: Communications, 27, 1977. pp. 13-27.
Citer ce document / Cite this document :
Muntanola Thornberg Josep. Remarques épistémologiques sur la sémiotique des lieux. In: Communications, 27, 1977. pp. 13-
27.
doi : 10.3406/comm.1977.1407
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1977_num_27_1_1407Muntahola Thornberg Josep
Remarques épistémologiques
sur la sémiotique des lieux
1. Introduction: Psycho genèse, sociogenèse et topogenèse.
L'apport de Jean Piaget a bouleversé l'épistémologie des sciences humaines
et a ouvert de nouveaux champs d'étude à la connaissance en général. Il suffit,
par exemple, de lire attentivement la magnifique étude intitulée « L'explication
sociologique » (Piaget, 1951) pour entrevoir que nous sommes encore dans la
préhistoire des connaissances au sujet des rapports entre les infrastructures et
les superstructures, les idéologies et les sciences, etc., et ainsi pour nous donner
l'inquiétante impression de vivre dans une société qui ignore ses problèmes les
plus significatifs.
Le statut de l'objet technique — et de l'objet en général — est un des champs
que Piaget ouvre à la connaissance, puisque le rôle et la signification de l'objet
se dévoilent à travers une reformulation de la réalité psycho-sociologique. A cet
égard, parler du statut de l'objet implique qu'on parle de l'environnement
comme objet, et, ce qui nous intéresse ici plus particulièrement, des lieux comme
objets. Or, dans l'exposé qui suit, je vais considérer l'architecture et l'urbanisme
comme producteurs ou modificateurs des lieux, et la topogenèse comme l'étude
génétique et épistémologique des lieux.
Piaget commence « L'explication sociologique » en répondant à des critiques
de sa propre position épistémologique. Ainsi il accepte les différences soulignées
par la phénoménologie entre V explication causale et la compréhension des lia
isons implicatrices, mais il rejette la substitution phénoménologique de l'expé
rience vécue à la structuration du réel qui aboutit, d'après lui, à tout mettre sur le
même plan et à tout comprendre sans plus rien expliquer, en renonçant à la mis
sion essentielle de la science qui est tout à la fois de comprendre et d'expliquer.
L'analyse de l'objet en général et des lieux en particulier a souvent souffert de
la même équivoque stérile ; par exemple, nous pouvons rappeler ici les études sur
l'objet architectural qui essayent de l'expliquer seulement à partir du lieu existant
ou vivant ou à travers l'expérience du corps-habitant x. Par ailleurs, Piaget tente
de répondre aux critiques présentées du côté dialectique, selon lesquelles il
devrait approfondir les convergences évidentes entre le constructivisme géné
tique dont il s'inspire et les courants dialectiques. . L'auteur répond par deux
1. B. Hillier et A. Leaman ont fait plusieurs fois la même objection épistémologique
aux courants actuels de la psychologie de l'architecture (voir bibliographie à la fin de
l'article).
13 Muntanola Thornberg Josep
arguments consécutifs, tous les deux fondamentaux pour l'analyse des lieux.
En premier lieu, il souligne que l'aboutissement de toute explication causale à
des formes de causalité qui cessent d'être linéaires, ou de sens unique, mais ten
dent vers des interactions et des interdépendances dont les cercles et les spirales
sont impossibles à dominer sans faire intervenir des systèmes d'autorégulation
et d'équilibrations, est un fait essentiel pour orienter la recherche dans une
direction dialectique à sens nouveau, en insistant bien davantage sur le caractère
d'autorégulation et moins sur la vieille notion d'équilibre simplement convergent.
En second lieu, Piaget constate, une fois de plus, que la connaissance ne part jamais
ni de l'objet ni du sujet, mais de leur indissociable interaction pour y avancer
dans la double direction d'une extériorisation objectivante et d'une intériorisa
tion reflexive. Or, ces remarques me semblent très importantes pour situer l'ana
lyse des lieux dans une position épistémologique acceptable, car les études sur
les lieux ont souvent négligé leur caractère de « localisation » — d'autorégulation
— pourtant fondamental 1. .
Après ces remarques préliminaires, Piaget analyse les sillons épistémologiques
essentiels de l'explication sociologique; nous les suivrons un à un en montrant,
en même temps, le dévoilement progressif du statut d'une topogenèse dans le
cadre de la connaissance humaine en général.
Le premier sillon épistémologique répond à la question suivante : quels sont
les rapports génétiques et épistémologiques entre la psychogenèse et la socio genèse?
La réponse à cette question est résumée dans le diagramme 1. L'auteur établit
trois aspects distincts mais indissociables de toute : la structure
de la conduite, qui en constitue l'aspect cognitif (opérations ou préopérations),
son énergétique ou économie, qui en constitue l'aspect affectif (valeurs), et les
systèmes d'indices ou de symboles servant de signifiants à ces structures opérat
oires ou à ces valeurs. De même la sociogenèse est structurée en trois types
d'interactions inter-individuelles ou, plus précisément, en trois aspects, toujours
présents à des degrés divers, des interactions inter-individuelles possibles :
d'abord les règles ou normes collectives d'action, après les valeurs collectives qui
impliquent un élément d'échange inter-individuel et, enfin, les signifiants pro
pres aux interactions collectives qui sont constitués par les signes conventionnels,
en opposition avec les purs symboles accessibles à l'individu indépendamment
de la vie sociale 2.
Pour comprendre maintenant le rôle de la topogenèse dans ce parallélisme
structurel et génétique complexe, nous pouvons utiliser une comparaison subtile
de Piaget : « ... Il faudrait presque comparer les relations de la psychologie et de la
sociologie à celles du nombre et de l'espace, V intervention d'un rapport de voisinage
suffisant à rendre spatial tout ensemble ou toute relation algébrique et analytique. »
A cet effet nous pouvons considérer cette description comme une explication
de la nature de la topogenèse; elle sera ainsi située entre la psychogenèse et la
sociogenèse et exprimera leurs rapports structurels3.
1. L'étude d'Ann Lee (1975) est un espoir dans ce sens. Voir aussi J. Munta^ola
(1976 b).
2. Piaget considère le symbole comme plutôt psychogénétique et le signe plutôt
sociogénétique. Voir Piaget (1959).
3. L'affirmation ambitieuse de R. Thom que toute ontologie ou sémantique passent
nécessairement par une étude de l'espace est pertinente ici. Voir Thom (1974).
14 Remarques épistémologiques.
Diagramme i : Les trois niveaux
du premier sillon épistémologique
Structure cognitive Normes de conduite
(opérations) (lois et morale)
Psychogenèse Valeurs affectives Valeurs d'échange Sociogenèse
(idéologies)
Symboles Signes
Le second sillon épistémologique répond à la question : quels sont les rapports
génétiques et épistémologiques entre la base physique et biophysique de la psychoge»
nèse et la base physique et infrastructurelle de la sociogenèse? Piaget dit que les
trois termes successifs : biologie, psychologie, sociologie, ne forment pas une série
discontinue, mais qu'il faut plutôt envisager un passage simultané de la biologie
à la psychologie et à la sociologie réunies parce qu'il n'y a pas trois natures :
l'homme physique, l'homme mental et l'homme social, mais d'une part l'org
anisme et d'autre part l'ensemble des conduites humaines dont chacune comporte,
dès la naissance et à divers degrés, un aspect mental et un aspect social. Le biolo
gique invariant (en tant qu'héréditaire) se prolonge simultanément en mental et
en social et c'est l'interdépendance de ces deux facteurs qui seule peut expliquer
les accélérations ou les retards du développement selon les divers milieux col

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