Remarques sur la dimension générique et sur la dimension dénominative des proverbes - article ; n°139 ; vol.34, pg 69-80
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Description

Langages - Année 2000 - Volume 34 - Numéro 139 - Pages 69-80
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Laurent Perrin
Remarques sur la dimension générique et sur la dimension
dénominative des proverbes
In: Langages, 34e année, n°139, 2000. pp. 69-80.
Abstract
Laurent Perrin (Universite de Geneve) : Some Remarks on the Generic and Denominative Status of Proverbs
Based on Kleiber's (1989) hypothesis, according to which proverbs are denominations referring to generic situations, this article
supports the idea that proverbs have in fact a double dimension, in that they are both generic and idiomatic, that is, denominative
sentences; proverbs simultaneously affirm general truths and, through their idiomatic or sententious form, denominate a generic
situation that is relative to a multitude of identical preliminary affirmations. Such a conception of proverbs leads us to the question
of the
lexicalization of rhetorical acts, especially metaphors.
Citer ce document / Cite this document :
Perrin Laurent. Remarques sur la dimension générique et sur la dimension dénominative des proverbes. In: Langages, 34e
année, n°139, 2000. pp. 69-80.
doi : 10.3406/lgge.2000.2381
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2000_num_34_139_2381Laurent Perrin
Université de Genève
REMARQUES SUR LA DIMENSION GENERIQUE
ET SUR LA DIMENSION DÉNOMINATIVE
DES PROVERBES
à de une proverbe, Toute prolifération approche en langue de des termes naturelle, proverbes comme recoupe se heurte « dicton toute à », une « maxime double série de », difficulté. notions « adage apparentées, D'une », « précepte part, associées la », notion « sen
tence », « devise » « aphorisme », etc., « dont on sent confusément, comme l'écrit
Anscombre, qu'ils ne sont pas synonymes, sans pouvoir cependant étayer cette intuition »
(1994, 95). D'autre part, on bute également sur l'apparente hétérogénéité des diverses pro
priétés définitoires susceptibles d'être évoquées pour rendre compte de ces notions ou pour
les opposer entre elles. Comment articuler les aspects formulaires, le caractère d'expression
figée, parfois même de lexie, imputé aux diverses formes sentencieuses, doublé fréquem
ment d'une dimension métaphorique dans le cas des proverbes, avec la portée générale ou
même universelle de la vérité que ces derniers sont réputés décrire ? Comment concilier,
dans le cadre d'une définition un tant soit peu unifiée, leur valeur de citation et leur force
déontique ou tout au moins prescriptive, gnomique, leur vocation à exprimer une sagesse
populaire ancestrale, leur portée relative aux conduites humaines, etc. ? L'entreprise n'est
pas aisée. D'un point de vue linguistique, l'analyse la plus convaincante est peut-être celle
de Kleiber (1989), qui réussit à expliquer la plupart des traits usuellement imputés aux pro
verbes à partir d'une simple hypothèse sémantique, stipulant qu'il s'agit de dénominations
d'un état de chose générique. C'est en tous cas sur la base de cette analyse, ainsi que de cer
taines observations dues à Anscombre (1994 ; 1995), que je vais amorcer cette étude, avant
d'y formuler quelques observations plus personnelles, en particulier sur la notion de déno
mination proverbiale.
L'hypothèse de Kleiber tient en deux propositions ordonnées stipulant : 1/ que les pro
verbes sont des dénominations, et 2/ qu'ils dénomment un état de chose générique. Pour
des raisons qui s'éclairciront par la suite - dues au fait que la dénomination proverbiale ne
porte qu'indirectement, à mon sens, sur l'état de chose générique auquel l'énoncé réfère -,
nous allons aborder ces deux propositions dans l'ordre inverse de celui adopté par Kleiber.
Avant d'entrer en matière sur la dénomination liée à l'idiomaticité des phrases proverb
iales, je commencerai donc par rappeler brièvement ce qui fait de tout proverbe une
phrase générique. Une telle propriété, constitutive de la définition des proverbes, est selon
moi parfaitement indépendante de leur valeur de dénomination.
Les proverbes comme phrases génériques
Sans entrer dans le détail, rappelons que tous les énoncés qui expriment une généralité
intemporelle, plutôt qu'un événement particulier, ne sont pas fondés sur une phrase génér
ique. En opposant des phrases comme « Les castors construisent des barrages », « Max le
69 castor construit des barrages », et « Ces animaux construisent des barrages », qui portent
toutes sur une action recursive, temporellement indéterminée, Kleiber (1989, 241) observe
que seule la première peut être dite générique au sens strict, car son sujet est également
générique : il renvoie à l'ensemble des castors sans discrimination (plutôt qu'à un individu
particulier comme dans la seconde), et sans avoir recours à des éléments d'identification
relatifs à sa situation d'énonciation effective (comme le démonstratif dans le troisième
exemple, qui renvoie à un genre particulier d'animaux). À côté de leurs usages événe
mentiels, ces deux derniers exemples ne décrivent qu'une réalité habituelle, sans rapport
avec la description consensuelle et définitoire associée aux phrases génériques et notam
ment aux proverbes.
Il est incontestable que les proverbes sont fondés, comme l'affirme Kleiber, sur des
phrases génériques au sens strict. Ce fait est attesté par l'impossibilité de convertir une
phrase proverbiale comme « Qui va à la chasse perd sa place », « On ne peut avoir le beurre
et l'argent du beurre », en phrase événementielle comme « Pierre n'a pas eu le beurre et l'a
rgent du beurre », ou même habituelle comme « Quand Paul va à la chasse, il perd évidem
ment sa place », sans lui retirer du même coup sa nature de proverbe. Aucune phrase
proverbiale ne saurait être « détournée », comme disent Grésillon et Maingueneau (1984), de
son statut de phrase générique au sens strict, sans se trouver réduite à une simple phrase à
syntagme idiomatique comme « Paul veut bâtir des châteaux en Espagne » ou « Pierre a
cassé sa pipe ». Tout au plus admettrons-nous, lorsqu'une expression idiomatique est déri
vée d'un proverbe identifiable, que ce dernier peut avoir certaines conséquences, notam
ment argumentatives, sur l'interprétation de l'expression idiomatique. Mais on ne saurait
confondre une phrase proverbiale comme « П faut battre le fer tant qu'il est chaud », avec les
constructions événementielles ou habituelles qui peuvent en être dérivées (« Paul a battu le
fer... », « Le fer a toujours été battu... », etc.). Lorsqu'une phrase proverbiale est convertie en
phrase habituelle ou événementielle - que ce soit par diverses manipulations ou simplement
par une signification qui lui serait imposée de l'extérieur, en vertu de son contexte prag
matique - elle cesse immédiatement d'être proverbiale. Ce point est d'autant plus important
que les phrases proverbiales peuvent faire l'objet de toutes sortes de manipulations qui, si
elles ne touchent pas à leur nature générique, n'atteignent en rien leur valeur de proverbe.
Cette relative plasticité des phrases proverbiales, bornée uniquement par l'exigence d'une
signification générique et d'une forme idiomatique ou sentencieuse, autorise la création de
formes proverbiales tout à fait originales comme dans l'exemple suivant1 :
(1) Puis il-y-en-a beaucoup qui se plaignent du parc hein ? En ce sens que : ça amène d'autres
gens hein ? <humhum> Fait-que : autres gens des fois autre mentalité puis : autre éducation
c'est bien évident hein ? (11'84)
dont la forme sentencieuse est calquée sur l'idiomaticité d'un proverbe attesté et recensé
comme celui qui est impliqué dans l'exemple suivant :
(2) Mais aujourd'hui il faut faire un petit peu plus attention. La vie est plus difficile hein ?
Autre temps, autres mœurs c'est bien évident. (11 '84)
Beaucoup de traits usuellement accordés aux proverbes sont dus à leur nature géné
rique, et s'appliquent donc à l'ensemble des phrases génériques. Comme l'écrit Kleiber, les
phrases génériques et les proverbes « constituent des régular

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