Réseaux et rendements croissants d'adoption dans l'agriculture biologique en France - article ; n°1 ; vol.70, pg 49-71

Jean-Louis Pernin

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1994 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 49-71
This article aims to create a model from which development and transformation processes of a techno-economic network are identifiable. This model is build on the causal interrelations between the concepts of techno-economic network and increasing returns. Increasing returns' exploitation behaviors and the evolution of the scares resources, resulting from this same exploitation, are central in this model. Each step of this reflexion is illustrated by the organic agriculture example. We show its networks and its increasing returns. Finally, we explain the transformation processes of the organic agriculture networks.
Cet article se propose de forger un modèle permettant d'identifier des processus de transformation d'un réseau technico-économique. Ce modèle est composé des interrelations entre les concepts de réseau technico-économique et, rendements croissants d'adoption (RCA) via la prise en compte des comportements d'exploitation de ces RCA et de l'évolution des ressources rares liée à cette même exploitation. Chaque étape du raisonnement est illustrée par l'étude de l'agriculture biologique en France : ses réseaux, les RCA qui s'y manifestent, y sont décrits. Finalement, ce sont les transformations des réseaux de l'agriculture biologique en France qui sont expliquées.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1994
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Pernin
Réseaux et rendements croissants d'adoption dans l'agriculture
biologique en France
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 70. 4e trimestre 1994. pp. 49-71.
Abstract
This article aims to create a model from which development and transformation processes of a techno-economic network are
identifiable. This model is build on the causal interrelations between the concepts of techno-economic network and increasing
returns. Increasing returns' exploitation behaviors and the evolution of the scares resources, resulting from this same exploitation,
are central in this model. Each step of this reflexion is illustrated by the organic agriculture example. We show its networks and its
increasing returns. Finally, we explain the transformation processes of the organic networks.
Résumé
Cet article se propose de forger un modèle permettant d'identifier des processus de transformation d'un réseau technico-
économique. Ce modèle est composé des interrelations entre les concepts de réseau technico-économique et, rendements
croissants d'adoption (RCA) via la prise en compte des comportements d'exploitation de ces RCA et de l'évolution des
ressources rares liée à cette même exploitation. Chaque étape du raisonnement est illustrée par l'étude de l'agriculture
biologique en France : ses réseaux, les RCA qui s'y manifestent, y sont décrits. Finalement, ce sont les transformations des
réseaux de l'agriculture biologique en France qui sont expliquées.
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Pernin Jean-Louis. Réseaux et rendements croissants d'adoption dans l'agriculture biologique en France. In: Revue d'économie
industrielle. Vol. 70. 4e trimestre 1994. pp. 49-71.
doi : 10.3406/rei.1994.1547
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1994_num_70_1_1547Jean-Louis PERNIN
Maître de conférences à l'IUT de Tarbes
Université P. Sabatier - Toulouse III
RÉSEAUX ET RENDEMENTS
CROISSANTS D'ADOPTION
DANS L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE
EN FRANCE
procédurale dans Dans que de de sera appuierons vérification L'objet Rendements l'articulation ces un un un technico-économique préalable. dynamiques premier second sur de [Simon de la l'étude Croissants temps, temps, cette des compatibilité Il HA., s'agit, seront concepts communication des de nous 1976] réseaux la tout (RTE). d'Adoption abordées. définition grefferons de et des à de RTE la C'est dans hypothèses vision fois, La est [Callón du (RCA) l'agriculture par le mise des interne concept l'étude la hypothèses mise en véhiculées M., [Arthur place des des en de de 1991 biologique acteurs place RTE. RCA dynamiques de B., en ; par Pernin ce d'un termes Pour 1988a, économiques à modèle ces celui (AB) cela deux J.L., de 1988b, de d'un procédera, en rationalité nous RTE. concepts composé 1993) France. réseau [Fave- 1989] nous La et
reau 0., 1989]. C'est notamment dans le cadre des problématiques de l'économie
de la standardisation que des articulations entre les concepts de RTE et de RCA
seront dévoilées. Chacune des étapes du raisonnement sera étayée par une étude
sur l'agriculture biologique en France. Nous déboucherons, dans une troisième
partie, sur les processus par lesquels ce type d'activité agricole et agro-alimentaire
s'est transformée, du point de vue de son organisation, depuis les années 1960.
I. — LES RTE : CONCEPT ET APPLICATION DANS L'AGRICULTURE
BIOLOGIQUE
L'AB existe en France depuis le début des années 1960. C'est en 1980 que la
reconnaissance officielle de cette activité agricole et agro-alimentaire s'est réalisée
[C. De Silguy, 1991]. La réglementation française n'a en fait que reproduit les
règles organisationnelles qui définissaient déjà l'AB. Elle a cependant permis de
protéger l'appellation « produits issus de l'Agriculture Biologique » et a créé une
instance publique de régulation, la CNAB (commission nationale de l'AB), qui
est à l'AB ce que le CSA (conseil supérieur de l'audiovisuel) est à l'audiovisuel.
Selon la réglementation française, seuls les acteurs qui adhèrent à un cahier des
charges homologué par le ministère peuvent bénéficier de l'appellation AB. Ces
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 70, 4e trimestre 1994 49 cahiers des charges, ces standards, sont produits et gérés par des organismes ges
tionnaires. Ils doivent être conformes au cahier des charges cadre que la CNAB
a élaboré. C'est la CNAB qui se charge d'homologuer ces organismes gestionnair
es. Cette réglementation française a été modifiée, en 1991, suite à l'adoption d'un
règlement par la CEE. Nous reviendrons sur cet élément ainsi que sur ses
conséquences.
L'organisation en réseau de l'AB est, en partie, le reflet de la réglementation
française. Un RTE de l'agrobiologie est un ensemble d'acteurs autonomes (qui
peuvent quitter le réseau sans remettre en cause leur existence) qui adhèrent au
même standard. Un standard sera considéré comme une convention de qualité
[F.Eymard-Duvernay, 1989], c'est-à-dire comme des règles du jeu portant sur la
qualité des produits. Les relations économiques dans un RTE sont organisées par
de telles règles du jeu. Ces dernières forment une organisation, un espace de rela
tions relativement stables dans lequel les comportements des acteurs sont compat
ibles avec la finalité du RTE : produire et/ou commercialiser des produits de l'AB
en accord avec le standard. À ce dernier peut être associée une marque (Nature
et Progrès, par exemple). Ces réseaux sont des espaces disposant de dynamiques
propres puisque étant le lieu de formation et de transformation des règles du jeu.
De plus les relations internes au réseau sont fortes puisque les acteurs du RTE
doivent, pour respecter le standard, acheter et vendre à des acteurs du même RTE.
De la sorte, ces acteurs évoluent ensemble. Cette approche du concept de RTE
par des aspects empiriques sera poursuivie ultérieurement. Auparavant il nous appar
aît souhaitable de poser quelques éléments d'ordre théorique.
Nous définissons le concept de RTE comme un ensemble organisé de relations
durables entre plusieurs acteurs autonomes, disposant de dynamiques propres, en
vue de structurer un ou plusieurs environnements par la production et/ ou la comm
ercialisation d'un produit ou d'une gamme de produits. La caractéristique de
cette définition (1) est l'accent mis sur la production et/ou la commercialisation
de la forme technique d'un produit ou d'une gamme de produits. La forme tech
nique d'un produit est « l'intermédiaire » (2) qui permet au RTE de relationner
avec ses environnements. Si l'accent est mis sur la forme technique du produit
c'est parce que cette forme est le résultat des processus techniques spécifiques et,
(1) Cette définition est différente de celle que donne M. Callón [1991]. Selon cet auteur, un réseau
technico-économique est un ensemble coordonné d'acteurs hétérogènes : laboratoires publics, centres
de recherche technique, entreprises, organismes financiers, usagers et pouvoirs publics qui parti
cipent collectivement à la conception, l'élaboration, à la production et à la distribution, diffusion
de procédés de production, de biens et de services dont certains donnent lieu à une transaction
marchande » [Callón M., 1991, p. 196]. Dans les deux définitions un RTE est finalisé par la pro
duction et/ou la commercialisation de la forme technique d'un produit ou d'une gamme de
duits. Cependant la première définition met l'accent sur l'autonomie d'un RTE et sur la nature
des flux qui y circulent. La seconde définition se concentre sur l'hétérogénéité des acteurs qui
interviennent dans un RTE. Celle différence provient principalement des problématiques spécif
iques à chacune de ces définitions. M. Callón étudie les interactions (...) entre des acteurs diversi
fiés en vue d'expliquer « la création scientifique et technique, ainsi que la diffusion et la consoli
dation de ses résultats » [Callón M., 1991, p. 196], alors que nous nous proposons d'analyser
les dynamiques d'un RTE en développement, sans nous interroger sur les processus de sa créa
tion. Ainsi, les deux problématiques, et les deux définitions d'un RTE, peuvent être comprises
dans leurs complémentarités. Leur point commun réside