Rites de passage et d intégration des captifs dans l ancien royaume du Yatenga. Essai d approche comparative - article ; n°2 ; vol.15, pg 375-398
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Rites de passage et d'intégration des captifs dans l'ancien royaume du Yatenga. Essai d'approche comparative - article ; n°2 ; vol.15, pg 375-398

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1989 - Volume 15 - Numéro 2 - Pages 375-398
L'esclavage fut une réalité historique différemment vécue selon les lieux et les époques. Cette différence dans la pratique esclavagiste s'expliquait par la diversité des structures sociales. Cependant ceci n'exclut pas des similitudes qui n'avaient d'ailleurs pas toujours les mêmes significations. C'est ce que nous avons voulu montrer par les rites de passage qui étaient pratiqués pour l'esclave en Grèce et pour le captif au royaume moaga du Yatenga. S' agissant de leur similitude, il y avait dans les deux cas le rite de rupture ; rupture de l'esclave ou du captif avec sa société d'origine. La diversité qui les opposait se percevait au niveau du degré d'intégration de ces deux catégories d'étrangers dans la famille de leur maître. Les captifs chez les Moose bénéficiaient d'une intégration plus profonde dans la société moaga. Comment s'expliquait cette diversité ? C'est par le sens que les uns et les autres donnaient aux rapports sociaux ; la compréhension-même de la dépendance et la réalité des structures de la production économique.
Slavery was a historical reality that differed according to places and times. This divergence in the practice of slavery could be explained by the diversity of social structures. However this does not exclude similarities which anyway did not always have the same meanings. That's what we have tried so show through the passage rites practised for slaves in Greece and for captives in the moaga Kingdom of Yatenga. As for the similarity, there was in both cases a rite of rupture : it represented a breaking away of the slave or captive with his original society. The difference between them could be noticed at the level of the degree of integration of these two categories of strangers in the family of their respective master. With the Moose people, the captive benefited from a deeper integration in Moaga society. How could this difference be explained ? The explanation is to be found in the meaning each society gave to social relations and to the reality of, and dependence upon the structures of economic production.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Maurice Bazemo
Rites de passage et d'intégration des captifs dans l'ancien
royaume du Yatenga. Essai d'approche comparative
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 15 N°2, 1989. pp. 375-398.
Citer ce document / Cite this document :
Bazemo Maurice. Rites de passage et d'intégration des captifs dans l'ancien royaume du Yatenga. Essai d'approche
comparative. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 15 N°2, 1989. pp. 375-398.
doi : 10.3406/dha.1989.1863
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1989_num_15_2_1863Résumé
L'esclavage fut une réalité historique différemment vécue selon les lieux et les époques. Cette
différence dans la pratique esclavagiste s'expliquait par la diversité des structures sociales. Cependant
ceci n'exclut pas des similitudes qui n'avaient d'ailleurs pas toujours les mêmes significations. C'est ce
que nous avons voulu montrer par les rites de passage qui étaient pratiqués pour l'esclave en Grèce et
pour le captif au royaume "moaga" du Yatenga. S' agissant de leur similitude, il y avait dans les deux
cas le rite de rupture ; rupture de l'esclave ou du captif avec sa société d'origine. La diversité qui les
opposait se percevait au niveau du degré d'intégration de ces deux catégories d'étrangers dans la
famille de leur maître. Les captifs chez les "Moose" bénéficiaient d'une intégration plus profonde dans la
société "moaga". Comment s'expliquait cette diversité ? C'est par le sens que les uns et les autres
donnaient aux rapports sociaux ; la compréhension-même de la dépendance et la réalité des structures
de la production économique.
Abstract
Slavery was a historical reality that differed according to places and times. This divergence in the
practice of slavery could be explained by the diversity of social structures. However this does not
exclude similarities which anyway did not always have the same meanings. That's what we have tried
so show through the passage rites practised for slaves in Greece and for captives in the "moaga"
Kingdom of Yatenga. As for the similarity, there was in both cases a rite of rupture : it represented a
breaking away of the slave or captive with his original society. The difference between them could be
noticed at the level of the degree of integration of these two categories of strangers in the family of their
respective master. With the "Moose" people, the captive benefited from a deeper integration in "Moaga"
society. How could this difference be explained ? The explanation is to be found in the meaning each
society gave to social relations and to the reality of, and dependence upon the structures of economic
production.DHA 15,2 1989 375-398
RITES DE PASSAGE ET D'INTEGRATION DES
CAPTIFS DANS L'ANCIEN ROYAUME DU
YATENGA : ESSAI D'APPROHE COMPARATIVE
Maurice Bazemo
Université de Ouagadougou
Le poids de l'Antiquité grecque et romaine est, on le sait, immense
dans l'approche des sociétés qui ont connu l'esclavage et les diverses
formes de dépendance.
L'identification de l'esclave à un corps, soma, à un instrument de
travail, a été théorisée et clairement exprimée par Aristote :
«... puisque la propriété est une partie intégrante de la famille et
l'art d'acquérir la une de l'administration domest
ique ; d'autre part, de même que chaque branche d'activité doit
avoir ses instruments appropriés et que, parmi les instruments, les uns
sont inanimés, les autres animés, de même l'esclave est un objet de
propriété animé... » 1. Les liens avec la guerre, la domination, la
conquête étaient évidemment essentiels.
Pour les périodes plus récentes, où la traite a fait de l'esclavage
un rapport social massif dans le Nouveau Monde du XVIe au XIXe s.,
la force de travail gratuite a été celle des Noirs d'Afrique, reconnus
plus résistants que les Indiens. Or, cette traite, justifiée par
l'héritage de l'idéologie esclavagiste du monde classique, l'était
aussi - pour bien des entrepreneurs mus par l'appât du gain - par
l'argument que l'esclavage était pratiqué dans les sociétés africaines
1. ARISTOTE, Politique I, III-VI. 376 Maurice Bazemo
avant leur entreprise. Ainsi pour tel colon nantais du 18e s. : « Si les
Noirs étaient dignes d'être libres, s'ils étaient préparés à le devenir,
c'est dans leur contrée natale qu'ils devraient briser leurs fers, réfo
rmer leurs gouvernements barbares, abolir cet infâme trafic qu'ils font
eux-mêmes de leurs propres frères. C'est là que leurs amis devraient
aller réaliser des systèmes de bienfaiteurs et couper le mal à sa
source. . . » 2.
L'idéologie gréco-romaine selon laquelle tout étranger était infé
rieur n'a bien sûr pas été neutre dans l'entreprise des puissances occi
dentales, jouant un grand rôle l'élaboration de la vision que les
Blancs avaient des Noirs. Mais il faut aussi faire la part de la
méconnaissance des Blancs pour les réalités africaines et pour ce
qu'ils ont lu et désigné comme l'esclavage en Afrique avant la traite
vers les Amériques. Partant de cette lecture, à laquelle étaient par
venues les puissances occidentales modernes héritières de la civilisa
tion gréco-romaine, il peut être éclairant de montrer ce que recouvrait
cet esclavage en Afrique par rapport aux représentations issues de la
tradition classique pour l'esclavage grec.
Pour tenter de donner une base plus solide à notre propos, nous nous
appuierons sur les rapports sociaux existant dans les anciens
royaumes moose du Burkina Faso et plus précisément sur celui du
Yatenga.
Par l'analyse de la vision du captif chez les Moose du Yatenga,
nous avons cru possible de dégager les différences et similitudes qui
balisent l'écart avec l'esclave grec. Nous avons tenté cette approche
avec un éclairage anthropologique qui permet de situer le captif dans
la société moaga à partir des rites de passage, de leur portée et de
leurs effets. Cette tentative de relecture de certains phénomènes
historiques d'Afrique permettra de voir si et comment la place et le
traitement du captif chez les Moose peuvent être rapprochés ou non
de l'esclave antique, sachant qu'il est bien difficile de le réduire à
une unité. Il faudra donc s'interroger sur les positions de Savonnet-
Cité par P. PLUCHON, Nègres et Juifs au XVIIIe siècle. Le racisme au
siècle des Lumières, Paris 1984, p. 162. Dialogues d'Histoire Ancienne 377
Guyot pour qui : « Le statut du captif dans le Yatenga n'a rien à voir
avec la condition de l'esclave antique » 3.
Enfin ce premier travail est conçu comme une modeste contribution
à une histoire générale de l'esclavage et comme une invitation à
l'adresse des historiens africains et des africanistes pour l'élabo
ration d'une historiographie africaine de l'esclavage en Afrique.
Pour réaliser ce travail, nous avons procédé à l'élaboration d'un
questionnaire comportant plusieurs rubriques portant sur les condi
tions d'acquisition, les fonctions, les conditions d'existence des
captifs au Yatenga. A partir de la troisième rubrique, les conditions
d'existence, nous avons également élaboré un questionnaire relatif
aux conditions d'existence sociale avec lequel nous avons procédé aux
investigations sur le terrain dans le Yatenga. La valeur de la traduc
tion orale comme l'une des principales sources de l'histoire africaine
a été suffisamment démontrée pour que nous ne revenions pas sur ce
point ici. Pour ce travail, l'enquête orale a été réalisée au magnéto
phone avec le concours d'un étudiant du département d'Histoire, ori
ginaire du Yatenga et membre de la famille royale. Cette enquête a
été menée auprès d'informateurs d'origines sociales diverses. Les
réponses à la première série de questions ont suscité des interro
gations qui nous ont conduit une seconde fois auprès de nos informat
eurs. Ces informations ont été enrichies par de brefs entretiens qu'ont
bien voulu m'accorder des ressortissants du Yatenga résidant à Oua
gadougou.
Enfin les similitudes notables entre certaines traditions de la
société moaga de Ouagadougou et celles des Moose du Yat

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents