Rodrigue de Villandrando (premier article). - article ; n°1 ; vol.6, pg 119-168
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1845 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 119-168
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1845
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jules Quicherat
Rodrigue de Villandrando (premier article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 119-168.
Citer ce document / Cite this document :
Quicherat Jules. Rodrigue de Villandrando (premier article). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 119-168.
doi : 10.3406/bec.1845.451827
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1845_num_6_1_451827RODRIGUE
DE VILLANDRANDO
(Premier article.)
Si l'homme qui porta ce nom magnifique revenait d'entre les
morts , il ne pourrait pas dire de lui les paroles que Brantôme a
mises dans la bouche d'un de ses compatriotes : « A quoi bon dis-
« courir de ma valeur et de mes hauts faits, quand l'univers entier
« en est instruit (1)? » 11 s'en faut que l'univers sache les hauts
faits de Rodrigue de Villandrando , et s'occupe beaucoup de sa
valeur. En Espagne , où des honneurs extraordinaires lui furent
rendus de son vivant , où il fut mis au nombre des plus grands
personnages par les littérateurs ses contemporains , où son sang
et sa fortune , se mêlant à ceux des Sarmiento, firent la splendeur
de cette maison illustre , en Espagne, dis-je , c'est à peine s'il
reste dans les mémoires les mieux ornées une idée confuse de son
existence. La France , qui fut le théâtre principal de ses exploits,
s'est montrée encore plus oublieuse. Il faut remonter à deux cents
ans d'ici pour y trouver le dernier écho de sa renommée , et
Dieu sait quel est cet écho. C'est le Père Bonaventure de Saint-
Amable qui nous Га transmis dans ses Annales du Limousin, là
où après avoir parlé du passage de Rodrigue de Villandrando à
Limoges, en 1436, il ajoute en propres termes: «Cet homme
es toit si méchant et cruel que son nom est tourné en proverbe
dans la Gascogne ; et , pour signifier un homme brutal et cruel,
on l'appelle méchant Rodrigue. » D'où l'on peut inférer déjà
que la vie de notre héros , tout parfait chevalier qu'il s'efforça
(t) No hay necesidad de conter mi valor e virtudes que todo el nnindo las sabo,
(Rodomontades espagnoles.) 120
fie paraître , ne fut celle ni d'un Tristan ni d'un Lancelot. Mais
il avait à qui ressembler parmi les illustres de son temps; et,
sans aller chercher plus loin que ses confrères Jes capitaines de
Charles VII , les meilleurs , comme Saintrailles et La Hire , au
raient été bien embarrassés de produire la perfection requise
pour s'asseoir à la Table Ronde.
Je ne connais rien de particulier écrit en français sur Rodrigue
de Villandrando , si ce n'est un article de dix lignes que lui a
consacré Moreri , et un autre d'égale dimension , inséré dans
l'Histoire généalogique de la maison de France (1). Quant à ceux
de nos historiens qui l'ont nommé en passant, dans le règne de
Charles Vif, ils s'en sont très-mal acquittés; car ils l'appellentou
Villandras, ou Villandres , ou Villandraut , ou Villandrada ; et
quoiqu'en général ils aient su et dit de quel pays il était, cependant
ils n'ont pas pris la peine d'aller voir aux histoires de ce pays-là
s'il y était question de lui ; de sorte qu'une notice écrite à sa
louange par Hernando del Pulgar (2) , le Plutarque espagnol du
quinzième siècle , est demeurée jusqu'ici comme non avenue pour
nous autres Français qu'elle intéressait le plus. Comme j'ai re
cueilli sur ce personnage, soit par moi-même, soit par l'obl
igeance de mes amis , un grand nombre de renseignements di
sséminés dans nos chroniques ou dans nos archives, il m'a
semblé que la réunion de ces notes , fondue avec le témoignage
des auteurs espagnols , pourrait fournir une biographie qui , à
défaut d'autre mérite , aura du moins celui de la nouveauté.
Rodrigue de Villandrando (il signait Villa- Andrando (3), forme
primitive et non contracte du nom d'un village situé autrefois
dans la province de Burgos) commença par être un fort pauvre
gentilhomme, mais noble autant que personne en Castille , car il
descendait des seigneurs de Biscaye , qui n'auraient pas donné
leur ancienneté pour celle du roi Pelage. Voici ce qu'on rapporte
de sa lignée. Vers 1200 vivait un cadet cle Biscaye , appelé don
Alonzo Lopez et apanage de Villandrando , lequel eut deux
fils. Don André , le plus jeune de ces fils, ayant petite part au
patrimoine, passa en France à la suite de madame Blanche de
Castille , s'arrêta en Guienne, et là fit si bien qu'il acquit
(1) Tome 1, p. 304.
(2) Titre 7 de son livre intitulé Claros Varoncs de Caslïlla. ln-8". Akala de He-
nares, 1526.
(3) Voyez les lilies signés par lui , ci-après aux pièces justificatives. 121
une seigneurie près de Bazas , en an lieu qui, de son nom, s'ap
pela et s'appelle encore Villandraut (1). Un demi-siècle ne se
passa pas que le manoir de Villandraut, porté dans la maison de
Goth par la fille ou la petite-fille du même André (2), vit naître
le fameux Bertrand de Goth , qui fut pape sous le nom de Clé
ment V; si bien que les Villandrando, à cause de la parenté,
ne se faisaient pas faute de dire, en parlant de lui :« Notre
cousin le pape Clément. » Si étranges que paraissent ces all
égations déduites de la tradition espagnole, on ne pourra guère
se refuser à les mettre au nombre des faits incontestables, au moins
en ce qui concerne la généalogie de Bertrand de Goth, lorsqu'on
saura que son père, Béraud de Goth, a eu, de l'aveu des généalog
istes français (3), deux femmes, dont une seule, Ida de Blanche-
fort, avait pu être nommée jusqu'ici ; que Je même Béraud est le
premier de sa maison qui sesoit intitulé seigneur de Villandraut;
enfin que son premier né, Arnaud de Goth, qualifié frère ger
main par le pape Clément V, joignait à son nom de baptême celui
de Garcia, patronymique chez les Villandrando d'Espagne.
Ces derniers s'étaient perpétués par le frère aîné de don André,
don Al var Garcia. Depuis le grand roi Alphonse, ils firent assez
bonne figure en Castille, exerçant, de père en fils, les fonctions de
régidor à Yaliadolid. Lorsque les Français allèrent en Espagne
sous Je commandement de Du Guesclin , don Garcia Gutierrez de
Villandrando avait été débouté de cet office de régidor pour sou
attachement à la cause du roi Henri de Transtamarre ; mais il y
rentra par la force de nos armes. Les relations qu'il eut alors
avec les capitaines français lui firent connaître et aimer le f
ameux Pierre de Vilaines , tant vanté par Eroissart. Il se lia avec
ce gentilhomme, jusque-là qu'il épousa sa sœur : union brillante
lorsqu'elle eut lieu, parce que Pierre de Vilaines venait d'ob
tenir, pour prix de ses services , le titre de grand d'Espagne ,
avec le comté de Bibadeo en Galice. De ce mariage , don Garcia
(1) Informe del origen , antiguedad, calidad y sučcesion de la excelentissima casa
de Sarmiento de Villa may or, por D. Joseph Pellizer. In-4°, 1663. Voyez le fol. 95.
(2) C'est ainsi que je corrige le témoignage de Pellizer, qui dit que Bertrand de
Goth naquit d'un fils de Villandraut et d'une fille de Goth ; mais son assertion repose
sur des termes qui permettent de la retourner en sens contraire. Qu'il suffise ici de
donner, sans disserter, le résultat produit par un examen critiquedes faits et des textes.
(3) Voyez l'excellente notice de M. l'abbé de Lespine sur la maison de Gotli, insérée
dans le tome VI de l'Histoire des Pairs de France de M. de Courcelles. .
122
Gutierrez eut deux tils, Buy Garcia, qui fut régidor de Valla-
dolid après lui, et don Pedro , simple écuyer, qui mourut jeune
et déjà veuf, laissant la dot de feu Aldonça Diaz de Corral, sa
femme (1), fortement endommagée, et, pour surcroît de détresse,
deux fils au moins (2) , dont l'aîné, Bodrigue, est celui que concerne
cette notice. Ajoutons quelorsquedon Pedro trépassa (ce qui eut
lieu en i 400, Rodrigue pouvant avoir d'âge douze ou quinze
ans tout au plus) , la maison de Yillandrando avait perdu Га-
vantage de son alliance avec le comte de Bibadeo , parce que
l'aventureux Français s'était ennuyé de l'Espagne, avait vendu
son comté , et, du prix qu'il en avait tiré , était allé s'acheter un
royaume dans son pays natal , le royaume d'Yvetot (3). Or, s'il
•y eut accro

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