Royaume-Uni. Le laboratoire de la déréglementation - article ; n°1 ; vol.11, pg 85-106
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Description

Réseaux - Année 1993 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 85-106
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Geoff J. Mulgan
6. Royaume-Uni. Le laboratoire de la déréglementation
In: Réseaux, 1993, Hors Série 11 n°1. pp. 85-106.
Citer ce document / Cite this document :
Mulgan Geoff J. 6. Royaume-Uni. Le laboratoire de la déréglementation. In: Réseaux, 1993, Hors Série 11 n°1. pp. 85-106.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0984-5372_1993_hos_11_1_36056. ROYAUME-UNI
LE LABORATOIRE DE LA DEREGLEMENTATION
Geoff J.MULGAN
Comment penser la convergence ?
Parallèlement à celui des télécommunications et de l 'informat
ique, la fin des années 1 980 a vu s 'opérer le rapprochement des deux
mondes, auparavant bien distincts, des télécommunications et de
l'audiovisuel. On trouve, derrière cette évolution, nous le verrons,
un processus historique complexe, si bien que l'idée d'une
convergence soudaine et uniforme est quelque peu trompeuse.
Les enjeux qui se posent aujourd'hui dépassent en outre les
questions techniques - comme celle de savoir s'il faudrait faire
arriver un même fil dans chaque foyer pour la télévision et le
téléphone - mais concernent plutôt l'intervention des pouvoirs
publics. Devraient-ils favoriser la convergence par une politique
industrielle ? Accélérer, ou bien freiner, des processus qui sont
perçus comme étant de toute façon inévitables ? La Grande-Bretagne
ayant suivi une politique très originale en Europe est un exemple
particulièrement digne d'intérêt. Elle a été en effet le laboratoire,
pendant les années 1980, des politiques de libre concurrence. Son
succès dans le développement de produits et de services nouveaux
de télécommunication, et ses échecs dans les domaines du câble et
du satellite devraient fournir des leçons claires.
Une autre question, plus difficile, doit être posée. Il faut savoir
si nous assistons à un changement brutal de moyens de communic
ation, à partir de telle ou telle technique de transmission «large
bande», et qu'une politique publique peut déterminer, ou bien si ce
processus est en fait continu, progressif, difficilement maîtrisable, et
alors en grande partie en dehors du contrôle de l'Etat. Ainsi, l'inter
action des comportements privés et des politiques publiques pourrait
très bien faire naître, tout comme elle pourrait y mettre fin, une
convergence des deux sphères en question : les télédiffuseurs
pourraient, par exemple, à l'avenir tout aussi bien préférer les
satellites aux fibres optiques et les opérateurs de télécommunications
85 se trouver déçus de leurs incursions dans le monde du câble et de la
programmation. Chacune des deux industries pourrait choisir d'en
rester à une organisation et une culture spécifiques.
Il faut bien voir que les décisions qui seront prises dans les
toutes prochaines années, dans le domaine de la loi, des choix
industriels ou culturels, sont de nature à marquer l'évolution des
structures pour plusieurs dizaines d'années. Les investissements à
venir dans les systèmes de communication vont certainement comme
dans le passé installer des comportements et des combinaisons
d'intérêts qui, par inertie, dureront. L'histoire, a écrit Raymond
Williams à propos de la télévision, «montre très clairement que les
institutions et les politiques sociales établies pendant une phase de
formation et d 'innovation - souvent ad hoc et au coup par coup dans
un domaine d'activité confus et apparemment marginal - ont une
extraordinaire longévité, ne serait-ce que parce qu'elles accumulent
des techniques, une expérience, un capital, ou même quelque chose
comme des droits coutumiers». Le même commentaire pourrait
aujourd'hui s 'appliquer aux secteurs des communications par satellite,
de la radiotéléphonie ou de la télévision par câble.
Le contexte de la convergence en Grande-Bretagne
Pour bien analyser le débat encours portant sur la convergence,
et en son cœur sur la stratégie d'équipement en réseau large bande,
il faut d'abord le relier aux décisions du gouvernement de libéraliser
les deux secteurs. Le relatif déclin économique de la Grande-
Bretagne, la crise profonde de certains secteurs-clés de l'Etat, ainsi
que la recherche de moyens de relancer la croissance économique
sont aussi des facteurs déterminants de la politique britannique.
Au tournant des années 90, cette politique, concernant l'évo
lution des infrastructures de communication large bande, est toujours
confuse. Dans une large mesure, la confusion est voulue, preuve du
désir du gouvernement de mener à bien ce qu'il considère comme un
inévitable processus de déréglementation. Laconclusion de rapports
officiels, tels que le rapport McDonald, à l'évidence le rapport le
plus important sur le développement à long terme des infrastructures,
préconisait une absence de politique, au sens d'un engagement, vers
des technologies particulières, ou en direction d'industries ou de
services déterminés.
86 L'absence de ligne de conduite générale provient aussi des
divergences, ouvertement affirmées, entre les stratégies des diffé
rents ministères (notamment le Ministère de l'intérieur1 et le Min
istère du commerce et de l'industrie2), qui ont contribué à la
prolifération d'initiatives avortées (le premier satellite de diffusion
directe, la proposition de lier Channel Four et la BBC2 au satellite
de diffusion directe, la réforme du financement de la BBC et de son
accès à la publicité sont parmi les nombreux exemples).
Pour comprendre ces contradictions, il faut prendre en compte
les particularités de chacune des deux industries et aussi les pressions
dont elles sont simultanément l'objet. L'importance accordée aux
phénomènes de concurrence par le gouvernement de la Grande-
Bretagne a fait que les politiques de «large bande» de la ont été remarquablement différentes de celles menées sur
le continent, où ce nouveau réseau est habituellement considéré
comme une extension légitime du monopole des PTT. Ont aussi été
déterminants le programme global de privatisation du gouvernement
(la privatisation de British Telecom ayant imposé la création de
I'Oftel), l'hostilité à un accroissement des dépenses publiques
(avec des conséquences sur le financement de la BBC) et l'effort de
renforcement de la position de la Grande-Bretagne en tant que pivot
des communications, particulièrement pour les sociétés multinat
ionales et dans le secteur des services financiers. Ces priorités ont
eu un double effet sur l'organisation de l'infrastructure : d'une part,
cela a encouragé British Telecom à s'engager dans de nombreuses
entreprises étrangères, notamment aux USA, et d'autre part, le
marché intérieur s'est relativement plus ouvert aux investissements
américains que ceux d'autres pays européens, tout particulièrement
en ce qui concerne le câble, domaine dans lequel les RBOCs3 semblent être les plus àmême de fournir des infrastructures
concurrentielles au niveau local. D'autres priorités ont engendré
d'autres contradictions. L'une des plus évidentes est celle qui existe
entre la volonté de hisser British Telecom comme l'étendard br
itannique en matière de nouvelles technologies, et un nécessaire
affaiblissement de sa position par l'introduction de la concurrence.
(1) Home Office.
(2) Department of Trade and Industry.
(3) Regional Bell Operating Companies.
87 Les technologies de la convergence
Une technologie a imposé le débat sur le «large bande» à
l'ordre du jour politique, la fibre optique, développée en Grande-
Bretagne dans les laboratoires de STC à Harlow, au milieu des
années 1960. Le développement des technologies optiques a été
rapide et leur coût approche désormais celui des fils de cuivre
traditionnels. L'importance des technologies optiques a été l'un des
facteurs décisifs dans les débats de stratégies dans ce domaine. Le
rapport le plus important sur ce sujet en Grande-Bretagne est le de l'ACOST4 (1 'Advisory Committee on Science and
Technology, une commission gouvernementale), publié en 1988, et
qui recommandait qu'une stratégie gouvernementale concertée
promeuve les technologies optiques, et pla

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