Sanctuaires d Hercule-Melqart. Contribution à l étude de l expansion phénicienne en Méditerranée. - article ; n°1 ; vol.44, pg 73-109
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Sanctuaires d'Hercule-Melqart. Contribution à l'étude de l'expansion phénicienne en Méditerranée. - article ; n°1 ; vol.44, pg 73-109

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Description

Syria - Année 1967 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 73-109
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

D. Van Berchem
Sanctuaires d'Hercule-Melqart. Contribution à l'étude de
l'expansion phénicienne en Méditerranée.
In: Syria. Tome 44 fascicule 1-2, 1967. pp. 73-109.
Citer ce document / Cite this document :
Van Berchem D. Sanctuaires d'Hercule-Melqart. Contribution à l'étude de l'expansion phénicienne en Méditerranée. In: Syria.
Tome 44 fascicule 1-2, 1967. pp. 73-109.
doi : 10.3406/syria.1967.5979
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1967_num_44_1_5979SANCTUAIRES D'HERCULE-MELQART
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'EXPANSION
PHÉNICIENNE EN MÉDITERRANÉE (*)
PAR
Denis van Berchem
II est peu de questions plus vivement débattues que celle de l'expansion
phénicienne en Méditerranée à l'époque archaïque. Pour les anciens, il
n'était pas douteux que les Phéniciens n'eussent joué un rôle actif aussi
bien dans la mer Egée que sur les côtes d'Espagne et d'Afrique du Nord;
ils avançaient même les dates entre lesquelles ils y auraient exercé une
véritable hégémonie ou « thalassocratie ». Eusèbe la situe, d'après Diodore,
vers la fin du ixe siècle et le début du vme avant notre ère, soit antérieu
rement à la phase la plus active de la colonisation grecque (2). Homère
connaît les « noirs vaisseaux » à bord desquels les Phéniciens se livraient
alternativement au commerce et au brigandage (3), et son témoignage est
recoupé par Hérodote et par Thucydide, qui savent que les Phéniciens
(x) Ce mémoire, dont le sujet nous occupe tude va également aux autorités de l'Univers
depuis près de dix ans, a été commencé à Athèn ité de Bâle, d'une part, et à celles de l'Institute
es, au cours de l'hiver 1961-1962, et achevé for Advanced Study, d'autre part, auxquelles
pendant notre séjour à l'Institute for Advanced nous devons les loisirs qui nous ont permis de
Study, à Princeton, en 1965-1966. Il a bénéf l'élaborer.
icié des observations de plusieurs collègues et (2) Euseb., Chron., I, éd. Schoene, Berlin,
amis, au premier rang desquels nous tenons à 1875, p. 226; cf. J. L. Myres, dans JHS, 26,
citer MM. A. Alfoeldi, à Princeton, W. Baum- 1906, p. 84 et 27, 1907, p. 123; J. K. Fotiie-
gartner, à Bâle, J. Pouilloux, à Lyon, F. ringham, ibid., 27, p. 75.
Salviat, à Aix-en-Provence, et très particu (3) //., XXIII, 744; Od., XIII, 272; XV, 415,
lièrement H. Seyrig, à Beyrouth. Notre etc. SYRIA [XLIV 74
hantaient les îles et les côtes, et vont jusqu'à nommer certains de leurs
établissements (1).
Leurs affirmations ont été longtemps tenues pour valables par les
savants modernes, qui, enchérissant sur les données de nos sources, ont
parfois tendu à représenter la Méditerranée à haute époque comme un lac
phénicien (2). Depuis moins de cent ans, toutefois, on a renversé la vapeur
et délogé les Phéniciens de presque toutes les positions qui leur étaient
attribuées, du moins sur le continent européen et sur les îles qui s'y ratta
chent. Ce revirement s'explique par l'importance grandissante attribuée
aux résultats des fouilles archéologiques; au témoignage des sources litté
raires, on oppose désormais celui des monuments retrouvés. Or les archéo
logues trouvent partout des vestiges de l'activité des Grecs; ils n'en trou
vent pas, du moins en quantité correspondante, de l'activité des Phéniciens.
Ils en sont venus à qualifier la thalassocratie phénicienne de mythe; à
Julius Beloch, qui, en 1894, expulsait les Phéniciens de la mer Egée (3),
fit écho, en 1958, Rhys Carpenter (4), qui leur contesta même la priorité sur
les Grecs en Méditerranée occidentale.
La question phénicienne pourrait servir de prétexte à un beau débat de
méthode. Il y aurait lieu de se demander, en particulier, dans quelle mesure
les données de l'archéologie autorisent à corriger les affirmations des auteurs
anciens. Car, s'il est évident que des résultats de fouilles sont susceptibles
d'établir des faits jusqu'alors insoupçonnés, il est beaucoup plus douteux
que l'absence de trouvailles puisse suffire, à elle seule, à infirmer le témoi
gnage des sources littéraires. Dans le match entre Grecs et Phéniciens, qui,
avant d'être l'objet des querelles des savants, fut incontestablement un
phénomène historique, deux circonstances doivent retenir l'attention :
1. A la différence des Grecs, dont les entreprises commerciales ont toujours
été assorties de visées colonisatrices, aboutissant à la création de cités
(x) Herod., I, 105 (Cythère); II, 44 et VI, 47 Victor Bérard institua la « topologie » qu'il
(Thasos) ; IV, 147 (Théra) ; Thuk., I, 8, 1 (Cycla- jugeait préférable à la méthode toponymique
des); VI, 2, 6 (Sicile), à quoi il convient d'ajou- des Bochart et des Movers : Les Phéniciens et
ter, pour les côtes d'Espagne, les données de l'Odyssée, 2e éd., Paris, 1927, p. 25 et suiv.
Strabon et de Diodore, empruntées à des (3) Dans RhM, 49, 1894, p. 111.
sources anciennes. (4) Dans AJA, 62, 1958, p. 35.
(2) Représentant attardé de cette école, SANCTUAIRES D'HERCULE-MELQART 75 1967]
purement grecques, les Phéniciens se sont contentés, en général, d'entre
tenir des comptoirs sur des sites habités par une population indigène;
2. Alors que les Grecs transportaient avec eux une céramique pratique
ment impérissable, et qui est devenue le matériel de prédilection des archéo
logues, les Phéniciens fabriquaient et colportaient des objets de luxe,
pièces d'orfèvrerie ou de verre, bijoux, étoffes, dont la nature ou le prix
ont favorisé la destruction (1). Ni leur poterie, qui demeura grossière, ni
leur architecture, où le bois semble avoir tenu une place importante (2),
n'ont laissé dans le sol de vestiges immédiatement reconnaissables.
Au reste, la découverte d'objets spécifiquement phéniciens ne ferait que
déplacer le centre du débat. La possibilité que des commerçants grecs se
soient interposés entre les centres de production et la zone de diffusion de
ces objets leur ôte, en effet, par avance, une valeur démonstrative. Ainsi
l'équipement matériel des comptoirs phéniciens risque-t-il fort de demeurer
insaisissable. Il n'en résulte pas qu'aucun témoin de leur présence ne
puisse être cité à l'appui d'une tradition contestée; et, dans les pages qui
suivent, nous voudrions attirer l'attention sur les traits phéniciens de
cultes pratiqués parfois jusqu'à l'ère chrétienne, sur des sites que cette
même tradition nous montre occupés, pour un temps plus ou moins long,
par les marchands de Tyr ou de Sidon.
Chacun sait que les Phéniciens se sentaient unis à leurs dieux par un
lien particulièrement étroit. Seigneur de leur ville, Baal ou Melqart n'exer
çait pas seulement son autorité sur la communauté groupée autour de son
temple. Il étendait sa protection à leurs entreprises maritimes, et s'instal
lait avec eux en terre étrangère. Des inscriptions d'époque hellénistique ou
romaine, trouvées au Pirée, à Délos et à Pouzzoles, nous montrent comment
ces colonies de marchands phéniciens introduisaient le dieu de leur cité
natale dans la ville où leurs affaires les amenaient à vivre <3). Aux époques
f1) M'jpî 'ayovTeç à0ûp[AaTa dit Homère (Od., (2) Plin., NH, XVI, 216; voir aussi les don-
XV, 416), évoquant ainsi la bimbeloterie, si nées relatives à la construction du temple de
longtemps répandue par les trafiquants euro- Jérusalem, I, R, 5.
péens parmi les populations arriérées des autres (3) Aphrodite Ourania de Citium, au Pirée,
continents. Les archéologues de l'avenir en en 233/2 : IG, II-III, 337 = Syll. 3, 280, cf.
retrouveront-ils de nombreux témoins, dans les IG, II-III, 4636; Héraklès de Tyr, à Délos,
fonds de cases des Noirs ou des Papous? vers 150 av. J.-C. : ID, 1519; Poseidon de 76 SYRIA [XLIV
plus reculées, la fondation d'un sanctuaire semble avoir été le premier souci
de ceux qui avaient pour mission d'ouvrir un nouveau comptoir (1). En ces
temps d'insécurité, où les ti

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