Savoir de poète ou savoir de botaniste ? Les fruits dans la poésie italienne du XVe siècle - article ; n°16 ; vol.8, pg 131-146
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Description

Médiévales - Année 1989 - Volume 8 - Numéro 16 - Pages 131-146
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Prof. Allen J. Grieco
Savoir de poète ou savoir de botaniste ? Les fruits dans la
poésie italienne du XVe siècle
In: Médiévales, N°16-17, 1989. pp. 131-146.
Citer ce document / Cite this document :
Grieco Allen J. Savoir de poète ou savoir de botaniste ? Les fruits dans la poésie italienne du XVe siècle. In: Médiévales, N°16-
17, 1989. pp. 131-146.
doi : 10.3406/medi.1989.1143
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1989_num_8_16_1143Allen J. GRIECO
SAVOIR DE POÈTE OU SAVOIR DE BOTANISTE ?
LES FRUITS DANS LA POÉSIE ITALIENNE DU XV SIÈCLE
Trentasex fructi sum che d'albor nasse
Quai fuor, quai dentro, e quai tutti se passe.
Trente-six fruits naissent sur des arbres
De certains on mange le dehors,
de le dedans
et d'autres tous les deux.
Anonyme, fin XTV* siècle
Les poètes italiens de la fin du XIVe et du XVe siècles s'intéres
saient d'une façon particulière aux fruits. Le nombre de poésies, de
sonnets, et de tensons qu'ils leur ont dédiés montre bien l'importance
attribuée à une denrée alimentaire qui était avant tout un signe de
richesse et de puissance. Ces poésies, dont la valeur littéraire est tout
à fait médiocre, peuvent cependant retenir l'attention des historiens
pour au moins deux raisons. D'abord parce qu'elles proposent une
classification des fruits qui, à ma connaissance, n'est pas connue de
ceux qui s'occupent de l'histoire de la botanique1. Ensuite, parce
qu'elles font une place importante aux usages alimentaires des fruits,
1. Rappelons, par ailleurs, que le nombre de travaux sur l'histoire de la botani
que avant le milieu du xvi« siècle est beaucoup trop limité. Nos connaissances pour
le Moyen Age et le début de la Renaissance sont encore très modestes et ceci en dépit
d'un réveil d'intérêt qui commence à ce manifester. Les colloques « L'Ambiente végét
ale nell'alto medioevo » (Spolète, 30 mars-5 avril 1989) et « II Mondo délie piante.
Cultura, rappresentazioni e usi sociali dal XIII al XVII secolo » (Florence, 3-5 mai 1989)
sont, à ma connaissance, les premiers colloques voués aux plantes et à leurs usages
au Moyen Age. 132
constituant ainsi une source de renseignements pour l'histoire de
l'alimentation.
Les poésies dont il est question ici sont connues aujourd'hui grâce
à quelques historiens de la littérature qui, travaillant vers la fin du
siècle dernier2, les ont repérées dans des manuscrits et en ont publié
quelques-uns avec des commentaires qui restent toujours valables.
Grâce à leur travail, on dispose d'un nombre d'éléments suffisant pour
dessiner le milieu socio-culturel dans lequel cette littérature mineure
était produite et consommée. Comme nous allons le voir, la recons
truction de cet arrière-plan se montre dans le cas particulier d'une
importance certaine, car c'est le contexte social et culturel des XIVe
et XVe siècles qui donne un sens aux poésies sur les fruits ; elles ri
squeraient autrement de rester de simples curiosités désuètes, des bizar
reries plus ou moins incompréhensibles.
Les textes et leur milieu de production
On connaît à l'heure actuelle au moins une quinzaine de poésies
sur les fruits, écrites entre la fin du XIVe siècle et le début du
xvi« siècle3. Toutes ces poésies ont en commun l'idée centrale qu'il
existe trois sortes de fruits : ceux dont on mange l'intérieur et non
pas l'extérieur, ceux dont on mange l'extérieur et non pas l'intérieur,
et finalement ceux dont on et l'intérieur et l'extérieur. Vu le
nombre de manuscrits qui ont survécu et les diverses inflexions dia
lectales qu'on y relève, on doit conclure que la diffusion dans le temps
était doublée d'une diffusion géographique importante4. Au delà des
caractéristiques communes qui relient l'ensemble de ces textes, il est
possible de les subdiviser en deux groupes différents. Dans un pre
mier groupe on peut mettre au moins sept poésies qui ne montrent
que de faibles variantes sauf sur l'orthographe et le choix des noms
frutti" 2. Cf. : nuove en particulier comunicazioni F. Novati, », Giornale « Di Storico Due poésie délia del Letteratura sec. XIV Italiana su "la natura 18, 1891, dei
pp. 336-354 ; du même, « Le Poésie sulla natura délia frutta e i canterini del comune
di Firenze nel Trecento », Giornale Storico délia Letteratura Italiana 19, 1892, pp. 55-79 ;
F. Pellegrini, « Di Due poésie del sec. XIV su "la natura délia frutta" : comunica-
zione da manoscritti », Giornale Storico délia Italiana 16, 1890, pp. 341-352 ;
L. Frati, « "La Natura délie frutta" secondo un nuovo testo », Giornale Storico délia
Letteratura Italiana 21, 1894, pp. 206-209 ; O. Medin, // Propugnatore, N.S. vol. 4,
p. II, p. 213.
3. Pour un recensement, sans doute partiel, des textes en question cf. les articles
de la note précédente. Ajoutons, cependant, à ces textes connus par les érudits du siè
cle dernier un autre trouvé par Bruno Laurioux dans un manuscrit italien du début
du xvi« siècle dans une collection privée.
4. Bien que les textes n'aient pas fait l'objet d'une étude approfondie de la part
d'un linguiste, il est certain que certaines versions de ces poésies contiennent des
inflexions toscanes et d'autres des inflexions vénitiennes. 133
de fruits5. Les poésies appartenant à ce premier groupe sont les plus
longues et les plus complètes et, pour cette raison, nous avons const
ruit sur elles la discussion qui suit (voir en appendice un exemple
de ces poésies). Le deuxième groupe de textes est beaucoup moins
homogène puisque, tout en respectant la même classification tripart
ite, il rassemble des textes de formes poétiques très différentes : son
net, tenson, etc.
La présence d'une classification reprise par tous ces textes avait
fait penser aux historiens de la littérature formés à l'école philologi
que qu'il s'agissait de copies plus ou moins fidèles d'un original perdu.
En fait, comme nous allons le voir, cette ressemblance est liée plutôt
à l'utilisation d'un système classificatoire courant à cette époque. D'ail
leurs, la diversité des formes poétiques montre bien qu'il s'agit de tex
tes composés indépendamment les uns des autres, mais le nombre de
poésies sur les fruits laisse à penser que cette sorte d'exercice était
un véritable sous-genre littéraire qui a dû jouir d'une certaine vogue
à partir des dernières années du XIVe siècle et tenter plusieurs poètes,
restés presque toujours anonymes.
Les mêmes historiens de la littérature qui avaient été pris au piège
philologique ont contribué à éclaircir d'une façon beaucoup plus con
vaincante les milieux dans lesquels ces poésies ont pu être produites
et consommées6. Selon F. Novati, le premier groupe de poésies ren
voie, à travers ses variantes, à des milieux sociaux différents7.
Novati, en poursuivant son analyse, attire l'attention sur le fait que
ce groupe emprunte une forme poétique très particulière qui pourrait
éclairer sur son usage. La transcription que les manuscrits nous livrent
5. Pour le recensement, la description et la publication de quelques poésies de ce
groupe cf. F. Novati, « Di due poésie del secolo XIV... » ; F. Pellegrini, « Di due
poésie del secolo XIV » ; O. Medin, // Propugnatore ; et L. Frati, « La natura délie
frutta ».
6. Pour ce qui suit je me suis appuyé sur le travail de F. Novati, « Le poésie
sulla natura délia frutta e i canterini del comune di Firenze nel Trecento » et sur
F. Flamini, La Lirica toscana del Rinascimento anteriore ai tempi del Magnifico, Pisa :
Nistri, 1891, Estr. dagli Annali délia R. Scuola Normale Superiore di Pisa, vol. VIII.
7. F. Novati, « Di due poésie del secolo XIV... », p. 349-350 croit comprendre
que les quatrains voués aux nèfles sont écrits de deux points de vue différents et même
opposés.
Je suis la nèfle qui apparaît l'hiver,
quand le riche a des nouveaux plaisirs et va en villégiature,
je suis un fruit qui remplit
et qui ne plaît pas du tout aux pauvres gens.
Nèfle je suis, ennemie des frippons,
je ne mûris pas pendant la saison chaude,
je m

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