À propos de l achèvement de la Géographie Universelle : vingt années de géographie française - article ; n°324 ; vol.61, pg 81-97
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À propos de l'achèvement de la Géographie Universelle : vingt années de géographie française - article ; n°324 ; vol.61, pg 81-97

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Description

Annales de Géographie - Année 1952 - Volume 61 - Numéro 324 - Pages 81-97
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Perret
À propos de l'achèvement de la "Géographie Universelle" : vingt
années de géographie française
In: Annales de Géographie. 1952, t. 61, n°324. pp. 81-97.
Citer ce document / Cite this document :
Perret Robert. À propos de l'achèvement de la "Géographie Universelle" : vingt années de géographie française. In: Annales de
Géographie. 1952, t. 61, n°324. pp. 81-97.
doi : 10.3406/geo.1952.13365
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1952_num_61_324_13365No 324. — LXie année. Mars-Avril 1952.
ANNALES'
DE
GÉOGRAPHIE
VINGT DE LA ANNÉES A PROPOS « DE DE GÉOGRAPHIE L'ACHÈVEMENT UNIVERSELLE1 FRANÇAISE » :
La période qui s'est écoulée entre les deux grandes guerres qui ont
dévasté notre pays a vu l'élaboration de deux œuvres collectives : Г Atlas
de France et la Géographie Universelle. L'une procède un peu de l'autre,
car l'Atlas traduit en cartes les faits que commentent les volumes de la
Géographie consacrés à la France. Il peut sembler opportun, en analysant
l'œuvre entière, de définir les courants d'idées qui ont inspiré leur rédaction,
et qui sont le propre de ce qu'on a appelé l'école française.
Ces courants d'idées se rattachent aux discussions de la période précé
dente, où la géographie explicative a pris la place de la géographie purement
descriptive. Lorsque Paul Vidal de La Blache conçut le projet d'une nouvelle
géographie universelle, destinée à remplacer celle d'Elisée Reclus, la géo
graphie explicative était déjà constituée, grâce aux efforts de diverses per
sonnalités, au premier rang desquelles il convient de citer Emm. de Margerie,
Albert de Lapparent, Paul Vidal de La Blache, Marcel Dubois, et un peu
plus tard Jean Brunhes.
Les Formes du Terrain, publiées dès 1888 par le colonel de La Noë et par
Emm. de Margerie, et les Leçons de Géographie Physique, qui virent le jour
en 1896 sous la signature d'Albert de Lapparent, firent intervenir, dans
l'étude des formes topographiques, l'examen du passé ; la notion du milieu,
d'après Lapparent, doit être complétée par celle du moment, et la géologie
se trouve ainsi à la base d'une géographie physique rationnelle.
Paul Vidal de La Blache ne se borna point, comme Lapparent, à chercher
l'explication du monde physique dans l'analyse du sol, mais il voulut,
dans une première manière, enraciner l'homme à la terre, un peu à la façon
d'une plante. Très frappé par les insuffisances de Karl Ritter, dont les des
criptions physiques demeuraient sans lien avec les faits humains qu'il s'agissait
d'interpréter, il divisa notre pays en régions naturelles dont les frontières ;; :;
1. Géographie Universelle, publiée sous la direction de P. Vidal de La Blache et L. Qallo/s,
Paris, Librairie Armand Colin, 1927-1948, ouvrage complet en 23 volumes. f
ANN. DE ÔÉOO. LXI* ANNÉE. i -' »&' .£: / %*\ ...
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étaient calquées sur le tracé d'une carte géologique ; ces limites isolaient des
groupes humains formés par dès individus associés selon les lois de la lutte
pour l'existence.
Par la suite, Vidal de La Blache élargit sa méthode, et l'on ne peut
qu'applaudir à la belle définition qu'il en a donnée en 1903 dans son Tableau
de la Géographie de la France : « Une individualité géographique ne résulte
pas de simples considérations de géologie et de climat. Ce n'est pas une chose
donnée d'avance par la nature. Il faut partir de cette idée qu'une contrée
est un réservoir où dorment des énergies dont la nature a déposé le germe,
mais dont l'emploi dépend de l'homme. C'est lui qui, en la pliant à son usage,
met en lumière son individualité.... C'est alors qu'une contrée se précise et
se différencie et qu'elle devient à la longue comme une médaille frappée à
l'effigie d'un peuple. »
Excellent écrivain, Vidal de La Blache exerça son influence surtout
par ses livres. C'était un artiste, sentant vivement le charme des paysages,
qui communiquait à ses lecteurs son émotion et agissait sur leur imagination.
Il eut ainsi de nombreux disciples.
Marcel Dubois, qui enseigna la géographie coloniale, écrivit aussi de
brillants volumes, tels que Systèmes coloniaux et peuples colonisateurs, mais
l'essentiel de son enseignement fut oral. Il fut mon maître. Sa culture phi
losophique était étendue et il avait le don des formules. Il était opposé à la
confusion de la géographie avec la géologie et ne voulait pas que fussent
négligées les disciplines qui forment transition entre la géographie physique
et la géographie humaine. Il reconnaissait l'existence de régions naturelles,
mais il attachait une importance prépondérante à l'analyse systématique
qui montre l'enchaînement des phénomènes et il tenait à ce que fût mise
en évidence la circulation économique qui lie les moindres bourgades aux
ressources de l'univers.
Jean Brunhes avait adopté une attitude intermédiaire et il jugeait que
les descriptions régionales peuvent être « le couronnement et non le commenc
ement de la recherche géographique ».
Enfin, il ne faut pas oublier l'influence de quelques géographes étrangers
sur les Français de cette époque, entre autres W. M. Davis, qui voulut déga
ger la morphologie de la géologie et lui donner une méthode propre, et F. Rat-
zel, dont Y A nthropo géographie précéda la Géographie Humaine de Jean
Brunhes, et qui, mieux qu'on ne l'avait fait avant lui, s'occupa de la répar
tition spatiale des faits humains, et discerna les liens qui les rattachent
aux particularités du sol et du climat.
Telles sont les discussions qui ont passionné une génération dont les sur
vivants ont aujourd'hui l'âge de la retraite ; telle est l'atmosphère morale
où fut conçue la nouvelle Géographie Universelle ; tels sont les maîtres
auprès desquels s'étaient formés les rédacteurs de cette grande œuvre.
La nouvelle Géographie Universelle comprend vingt-trois volumes.
Ils ont paru entre les années 1927 et 1948, les deux volumes concernant ANNÉES DE GÉOGRAPHIE FRANÇAISE 83 VINGT
la géographie humaine de la France, rédigés par A. Demangeon, ayant été
édités après le décès prématuré de l'auteur, grâce aux soins d'A. Perpillou.
La présentation de ces beaux livres ne laisse presque rien à désirer ; les illus
trations sont magnifiques, et les cartes nombreuses et claires ; une bibliogra
phie des travaux essentiels à consulter prend place à la fin de chaque chapitre.
Bien que Paul Vidal de La Blache, que l'on perdit en 1918, n'ait rédigé
aucune page de l'œuvre, même pas l'introduction, l'ensemble porte bien sa
marque ; le plan a été conçu par lui et ses directives ont été respectées. Les
diverses contrées du globe ont été groupées d'après les grandes lignes de
communication terrestres ou maritimes qui les unissent : ainsi l'Asie, qui
possède une façade méditerranéenne séparée par des déserts de l'Inde et de
la Chine, elles-mêmes isolées de l'Asie Russe par des montagnes, est divisée
en trois groupes, Sibérie rattachée à l'empire russe, Asie des Moussons,
Asie Occidentale. Ainsi, en Europe, les péninsules méditerranéennes
forment un tout bien distinct des pays du Nord-Ouest, de l'Europe Centrale,
de la Scandinavie et de la France.
A l'intérieur de chacun de ces groupes, on a choisi un cadre politique,
celui des États. Au point de vue humain, un État a bien son individualité.
Le tableau de chaque État comporte un fronton, plus ou moins développé,
de géographie générale ; vient ensuite une description par régions naturelles,
généralement très étendue ; les problèmes de la géographie économique et
de la circulation, qui débordent le cadre des régions naturelles, sont le plus
souvent traités en appendice. C'est le plan que Vidal de La Blache a suivi
dans ses œuvres personnelles.
L

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