Au Niger : Kawara-Débé, village de mares  - article ; n°2 ; vol.53, pg 169-203
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Revue de géographie alpine - Année 1965 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 169-203
35 pages

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Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

René Rochette
Au Niger : Kawara-Débé, village de mares
In: Revue de géographie alpine. 1965, Tome 53 N°2. pp. 169-203.
Citer ce document / Cite this document :
Rochette René. Au Niger : Kawara-Débé, village de mares . In: Revue de géographie alpine. 1965, Tome 53 N°2. pp. 169-203.
doi : 10.3406/rga.1965.3205
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1965_num_53_2_3205Au Niger :
kawara-dêbê, village de mares
par R. Rochette
Après le village Maouri de Tibiri 1, nous étudions aujourd'hui
Kawara Débé2, situé 1Э0 km plus au Sud sur le Dallol Fogha,
affluent de droite du Dallol Maouri avec lequel il conflue à Bana,
30 km à l'aval (voir croquis n° 1). L'étude comparative de ce
village nous paraît instructive car, si le milieu morphologique et
bio-climatique reste le même pour l'essentiel, un élément nouveau
intervient : l'eau, dans le Dallol Fogha. Du point de vue humain,
la présence d'eau affleurante a une double conséquence; d'une part
des cultures nouvelles, canne à sucre, riz, patates douces sont intro
duites dans le système de cultures, et le travail agricole devient
possible toute l'année sur une partie du terroir; d'autre part, l'ex
traction du sel fut, et reste, une activité artisanale originale et
depuis fort longtemps connue, le sel de Fogha entrant en concur
rence avec celui des cuvettes de Taoudenni et Bilma. Pour bien
mettre en évidence l'extrême importance de l'apparition de l'eau,
nous étudierons successivement, comme pour Tibiri, le cadre phy
sique et l'activité humaine.
1 R. Rochette, Au Niger, Tibiri, village Maouri {R.G.A., t. LUI, 1965, 1,
p. 101-129, 12 fig.).
2 On trouve aussi les orthographes de Kawara N'Débé et Kaouara Débé.
Nous retiendrons celle de Kawara Débé qui figure sur les dernières cartes au
1/200000* : Carte ND 31 IV de Sabongari, réimpression de mars 1961, par le
Service Géographique de Dakar. 170 R. ROCHETTE
Fig. 1. — Situation et cadre géologique.
1 : Alluvions du Niger; — 2 : Continental terminal (l'extension n'est pas figurée au-delà de la frontière
de Nigeria ; — 3 : Eocene moyen et inférieur ; — 4 : Crétacé supérieur (grès supérieurs voltaiens. au Sud ; Maestrichtien et Danien marine au Nord-Est) ; — 5 : Quartzites de l'Atacota ; — 6 : Gneiss a biotite de
Karidi.
Extrait de Afrique Occidentale, carte géologique, feuille n° 5 (Mali, Haute-Volta, Niger) au 1/2 000 000e,
complétée, pour la région de Gaya, par carte géologique de reconnaissance au 1/500 000*, feuille de Gay a Ouest, no NC 31 - N-E. O. 35, 1956.
I. — LE CADRE PHYSIQUE
Le milieu physique reste identique à celui plus septentrional
de Tibiri, avec cependant des nuances introduites par la plus grande
proximité du niveau de base, le Niger, par un climat légèrement
plus humide et, surtout, par la présence de l'eau. AU NIGER : KAWARA DÉBÉ, VILLAGE DE MARES 171
lili 2 =3 <*>•.
Fig. 2. — Esquisse morphologique d'après la carte au 1/200 000* de Sabongari.
1 : Plateau; — 2 : Niveau intermédiaire; — 3 : Niveau formant terrasse, porté seulement
sur les points où nous pouvons affirmer son existence; — 4 : Escarpement; — 5 : Talus; —
6 : Butte de tounga ; — 7 : Mares du Fogha.
Lee limites entre zones n'ont qu'une valeur indicative; dans le Dallol Maourd il existe deux
niveaux, le supérieur étant très étendu rive gauche. R. ROCHETTE 172
A) Le Relief.
La région du moyen Fogha se trouve à la bordure Sud du vaste
bassin sédimentaire des Iullemeden 3. Le socle cristallin Nord-
Dahoméen, qui apparaît sur la rive droite du Niger, est ici à une
profondeur de 200-250 m. Il est surmonté par les couches horizont
ales du Continental intercalaire gréseux, du Crétacé supérieur et
Eocène marin, du Continental terminal enfin, d'une épaisseur de
100 à 150 m (croquis n° 3). Bien que les séries, se terminant en
co n t i In ем t-alt terni
Fig. 3. — Profil géologique du bassin des Iullemeden d'après Tirât.
Contribution à l'étude hydrologique du Continental terminal.
B.R.C.M. 1963, planche annexe 1 (IV).
1 : Socle cristallin probable; — 2 : Eocene et Crétacé supérieur; — 3 : Continental intercalaire.
biseau au-dessus du socle soient ici moins épaisses qu'à Tibiri, la
région est entièrement sculptée dans les grès ferrugineux et argiles
gréseuses du Continental terminal supérieur, car l'amplitude
maximum du relief n'atteint pas 100 m. Ce relief s'étage en
3 niveaux symétriques par rapport à l'axe du Fogha et de Maouri :
— le Plateau supérieur à 250-260 m;
— le niveau intermédiaire à 200-230 m;
— la vallée à 180-190 m.
3 Ouvrages et cartes consultées :
— Carte 1/1000 000* du bassin des Iullemeden, 1963, par M. Greigert, dont le
rapport n'est pas disponible;
— Notice explicative sur les feuilles Gaya Ouest et Nikki Ouest, rédigée par
Robert Pougnet; carte géologique de reconnaissance à l'échelle du 1/500 000*.
Dakar, Direction fédérale, Mines et Géologie, 1957;
— M. Tirât, Contribution à l'étude hydrogéologique du Continental Terminal.
B.R.G.M., 74, rue de la Fédération, Paris-15*. Représentation du Niger,
NIA 64-A1, 80 pages, 19 planches. AU NIGER : KAWARA DÉBÉ, VILLAGE DE MARES 173
1° Le Plateau supérieur.
Il étale à 250-260 m la même surface plane de cailloux ferru
gineux de faibles dimensions emballés dans des argiles et sables
rouges; par endroits se dessinent de légères cuvettes sableuses où
les eaux peuvent stagner en hivernage. Le rebord, d'une dizaine de
mètres d'ampleur, présente le même profil qu'à Tibiri ou Tiada :
— Un sommet presque vertical de 2 à 5 m, taillé le plus
souvent dans un squelette ferrugineux, car la cuirasse ferrugineuse
proprement dite est en général absente du rebord du Plateau. Ce
sommet se raccorde à la surface du Plateau par un profil convexe
en escalier.
— Un talus de 5-10 m de pente forte, taillé dans les grès
argileux jaunes et bariolés et se raccordant au niveau intermédiaire
par un profil concave rapide.
Ce rebord est festonné de petits cirques dus à l'action des
koris dont les plus actifs s'encaissent même dans le niveau
intermédiaire.
Bien que cela nous entraîne hors de la région de Kawara Débé,
signalons que le Plateau supérieur introduit la même dissymétrie
Est-Ouest de la vallée du Dallol Maouri qu'à Tibiri. La rive Est
est immédiatement bordée par les falaises de 30 à 50 m d'ampleur
du Plateau supérieur; la rive Ouest montre au contraire une
montée plus lente, plus étagée. Il est probable que cette dissymétrie,
d'ailleurs moins nette qu'au Nord, est ici liée à la présence du
Dallol Fogha parallèlement au Dallol Maouri : le Plateau supérieur
est absent de l'interfluve.
Alors qu'à Tibiri ce Plateau occupait des surfaces majeures,
il se réduit ici à des lambeaux. Absent de la rive gauche du Fogha,
il ne forme que des buttes sur la rive droite, buttes très importantes
au Nord de la piste de Sabongari, étroites au Sud et près du Fogha.
Vers Kawara Débé, la carte topographique avec ses courbes équi-
distantes de 40 m traduit mal la réalité faite de buttes surbaissées,
de moins de 240 m d'altitude, dominant le niveau intermédiaire. Ce
sont des croupes arrondies, isolées, qui ne sont plus couronnées de
grès ferrugineux mais seulement taillées dans les grès bariolés
indurés en surface. Ces croupes sont nettes au Nord, vers Zalokoto,
mais on en rencontre d'identiques le long de la piste Kawara Débé -
Gaya. Leur présence permet de dégager quelques conclusions :
— Le profil rapide et concave du rebord du Plateau supérieur
est lié non seulement au système d'érosion, mais aussi à la présence
d'une carapace sommitale dure dont la disparition entraîne un
adoucissement du profil (croquis n° 4). 174 R. ROCHETTE
Fig. 4. — Profils comparés d'un versant de plateau avec cuirasse
et d'un versant de butte du plateau.
A : Cuirasse ferrugineuse ou banc de grès ferrugineux induré; — В : Grès argileux bariolé.
— Le niveau intermédiaire se présente comme un niveau d'éro
sion largement développé au détriment du Plateau supérieur. Ce
développement est à m

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