Crise, action et mutations : le Haut-Atlas marocain et les effets d une programmation du tourisme / Crisis, action and change : the Moroccan High Atlas Mountains and the effects of tourism programming - article ; n°4 ; vol.84, pg 25-36
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Crise, action et mutations : le Haut-Atlas marocain et les effets d'une programmation du tourisme / Crisis, action and change : the Moroccan High Atlas Mountains and the effects of tourism programming - article ; n°4 ; vol.84, pg 25-36

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Revue de géographie alpine - Année 1996 - Volume 84 - Numéro 4 - Pages 25-36
Abstract : The author examines the changes brought about by the implementation of a tourism development project, begun in a pilot area of the central High Atlas Mountains in 1984 as part of a Franco-Moroccan cooperative programme aimed at the developing the mountain areas of Morocco. The decision to base development on a « soft tourism » model is discussed and an assessment made of the effects of tourist activity. The assessment draws attention to the complexity of relationships between tourists and host populations and to the development of a new social group made up of tour guides and gîte owners. The emergence and the practices of this new group have revived or generated rivalry and jealousy within regional communities which were formerly considered to be united.
Crise, action et mutations : le Haut-Atlas marocain et les effets d'une programmation du tourisme Crisis, action and change : the Moroccan High Atlas Mountains and the effects of tourism programming Nadir Boumaza Résumé : L'auteur examine dans cet article les mutations engendrées par la mise en œuvre d'un programme de développement du tourisme engagé à partir de 1984 dans un secteur pilote du Haut-Atlas central, dans le cadre d'un programme de coopération franco-marocaine ayant pour but le développement des zones de montagne du Maroc. Outre la discussion du recours à un modèle de « tourisme doux », il est esquissé un bilan des effets de l'activité touristique. Ce bilan met l'accent, d'une part sur la complexité de la relation touriste-habitant, d'autre part sur la constitution sociale d'une élite d'accompagnateurs et de propriétaires de gîtes dont l'émergence et les pratiques ont ravivé ou généré des rivalités et jalousies au sein de pays considérés comme solidaires.
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Publié le 01 janvier 1996
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Langue Français

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Nadir Boumaza
Crise, action et mutations : le Haut-Atlas marocain et les effets
d'une programmation du tourisme / Crisis, action and change :
the Moroccan High Atlas Mountains and the effects of tourism
programming
In: Revue de géographie alpine. 1996, Tome 84 N°4. pp. 25-36.
Abstract : The author examines the changes brought about by the implementation of a tourism development project, begun in a
pilot area of the central High Atlas Mountains in 1984 as part of a Franco-Moroccan cooperative programme aimed at the
developing the mountain areas of Morocco. The decision to base development on a « soft tourism » model is discussed and an
assessment made of the effects of tourist activity. The assessment draws attention to the complexity of relationships between
tourists and host populations and to the development of a new social group made up of tour guides and gîte owners. The
emergence and the practices of this new group have revived or generated rivalry and jealousy within regional communities which
were formerly considered to be united.
Résumé
Crise, action et mutations : le Haut-Atlas marocain et les effets d'une programmation du tourisme Crisis, action and change : the
Moroccan High Atlas Mountains and the effects of tourism programming Nadir Boumaza Résumé : L'auteur examine dans cet
article les mutations engendrées par la mise en œuvre d'un programme de développement du tourisme engagé à partir de 1984
dans un secteur pilote du Haut-Atlas central, dans le cadre d'un de coopération franco-marocaine ayant pour but le
développement des zones de montagne du Maroc. Outre la discussion du recours à un modèle de « tourisme doux », il est
esquissé un bilan des effets de l'activité touristique. Ce bilan met l'accent, d'une part sur la complexité de la relation touriste-
habitant, d'autre part sur la constitution sociale d'une élite d'accompagnateurs et de propriétaires de gîtes dont l'émergence et les
pratiques ont ravivé ou généré des rivalités et jalousies au sein de pays considérés comme solidaires.
Citer ce document / Cite this document :
Boumaza Nadir. Crise, action et mutations : le Haut-Atlas marocain et les effets d'une programmation du tourisme / Crisis,
action and change : the Moroccan High Atlas Mountains and the effects of tourism programming. In: Revue de géographie
alpine. 1996, Tome 84 N°4. pp. 25-36.
doi : 10.3406/rga.1996.3883
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1996_num_84_4_3883action et mutations: le Haut-Atlas marocain Crise,
et les effets d'une programmation du tourisme
Nadir Boumaza
Laboratoire de la Montagne Alpine, Institut de Géographie Alpine, Université Joseph Fourier,
17 rue Maurice Gignoux F-38031 Grenoble Cedex
1. Crise, marginalité et spécificités
La montagne, qui occupe au Maghreb une place particulièrement importante, a
connu une évolution fort différente de celle des pays du nord de la Méditerranée. Ayant
longtemps exercé une fonction-refuge, qui explique l'importance des peuplements ber
bères et la conservation de structures sociales traditionnelles, les montagnes maghrébines
connaissent des formes diversifiées de transformation et de marginalisation. Un « accroi
ssement régulier et généralisé de la population (y) entraîne une occupation sans cesse plus
dense » (Gérard Maurer, 1992). Il en résulte « qu'un nombre croissant de montagnards
ne tire plus l'essentiel de ses revenus de l'agriculture et de l'élevage » allant souvent cher
cher des ressources dans l'émigration en plaine, dans la ville ou à l'étranger.
Des mesures gouvernementales partielles et ponctuelles fort insuffisantes leur ont été
destinées, mais elles bénéficient le plus souvent aux chefs-lieux et contribuent à aggraver
les déséquilibres sociaux, faute de constituer une véritable politique de la montagne et de
s'appuyer sur la mobilisation des populations. C'est pourquoi il importe d'examiner les
logiques et les effets des actions publiques, qui rencontrent les transformations générées
par les processus plus larges de déstructuration par l'argent, les transports et les rapports
sociaux contemporains.
La mise en œuvre, à partir de 1984, dans le cadre de la coopération franco-marocaine,
d'un Projet Haut-Atlas Central dans les domaines de l'agro-pastoralisme, de l'artisanat et
du tourisme, a ouvert la voie, au cours des années 80, à une expérimentation de formes
de développement touristique intégré1 qui n'est pas sans relancer les débats sur le déve-
1. Du point de vue du contenu, l'action publique de développement a porté sur divers domaines économiquement et sociale
ment stratégiques (confortement et développement de l'arboriculture fruitière et de l'artisanat, désenclavement, electrifica
tion et amélioration des infrastructures, action sanitaire etc.) en même temps qu'elle a visé l'impulsion d'un « tourisme doux »
de montagne (randonnée pédestre et à skis, sports de montagne) à destination des clientèles occidentales spécifiques ou
captives des circuits du tourisme organisé. Cofinancée par le gouvernement marocain, la coopération française et le PNUD,
l'action a été mise en œuvre sur la base de l'expérience montagnarde française à partir de trois modes d'intervention :
- mise en place d'une Grande Traversée des Atlas Marocains (GTAM) à l'aide des savoir faire acquis dans la définition du
produit Grande Traversée des Alpes (GTA);
- formation d'accompagnateurs de moyenne montagne par le Centre de Formation Aux Métiers de la Montagne (CFAMM)
installé à Tabant, avec un encadrement assuré par les formateurs du Centre Régional et Européen du Tourisme (CRET) de
Briançon;
- développement d'un réseau de gîtes d'étape labellisés.
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 1996 № 4 CRISE, ACTION ET MUTATIONS : LE HAUT-ATLAS MAROCAIN...
D
loppement, sur ses formes, sa durabilité, ses chances de succès et ses compatibilités avec
les réalités sociales locales, nationales et internationales.
Cette expérience apparaît comme originale et singulière, même si elle peut être inter
prétée comme un exemple d'importation d'un modèle exogène par des acteurs particul
iers. Elle peut être appréhendée de ce fait comme une expérimentation dont le bilan et
l'évaluation sont nécessaires à toute réflexion sur les systèmes de transformations et sur la
question du développement. La référence au modèle français présente elle-même l'inté
rêt d'être explicite, à la différence de ce qui se déroule fréquemment dans les pays du
« Sud » où sont importés les modèles, produits, procédures et valeurs des pays riches et
industriels.
Contrairement à ces situations, l'expérience effectuée ici s'appuie sur les idées de déve
loppement intégré et de mobilisation locale en faveur d'une valorisation mesurée des
ressources. Les différences qualitatives notables qui séparent le tourisme montagnard
français, dans un contexte de pays développé, et le « tourisme doux » projeté dans les
conditions économiques, sociales, culturelles et écologiques du Haut-Atlas nous amè
nent à engager la réflexion, en termes de méthodologie et de principes philosophiques,
sur l'action publique s'exerçant sur des territoires marginalisés à la fois par leur caractère
montagneux et par des facteurs historiques.
Le Haut-Atlas marocain s'inscrit de façon particulière dans une problématique génér
ale de la transformation d'espaces affectés de handicaps et dotés de ressources et de ca
ractères spécifiques. La massivité du relief, les configurations géographiques basses de
certaines vallées et une histoire sociale et politique particulière ont fait de ces pays de pas
teurs transhumants des espaces-refuges qui ont su négocier leur autonomie comme leur
collaboration avec les pouvoirs constitués. Ils ont connu au cours des périodes récentes
un processus de sédentarisation des populations, qui a généralement avivé les problèmes
de droit coutumier et foncier sur les pâturages et engagé, malgré les apparences, la mutat
ion rapide des structures sociales et des modes de vie. On assiste aussi à une désorganisa
tion du système de gestion collective. Cas limite, le parcours d'Izoughar, à l'amont de la
vallée des Ait

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