Eaux des hauts et eaux des bas : La Sierra Madre Occidentale, château d'eau du Nord Mexique - article ; n°3 ; vol.92, pg 5-16

Luc Descroix, David Viramontes, José Joséluisgonzalezbarrios, Eva Anaya, Laurent Brouste, Arnaud Bollery

Description

Revue de géographie alpine - Année 2004 - Volume 92 - Numéro 3 - Pages 5-16
été transformées en périmètres irrigués. On s'intéresse particulièrement ici à la Laguna qui est située au débouché du Rio Nazas dans le désert de Chihuahua. Cette région souffre, en plus de la diminution des apports et d'une sécheresse depuis le début des années 1990, d'une surconsommation notoire d'eau. L'équilibre des milieux, tant en montagne qu'en piedmont, de même que la pérennisation du système agricole, doit inciter à accélérer l'actuelle modification du système de gestion de l'eau.
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• Publié le: 01 janvier 2004
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Extrait

Monsieur Luc Descroix
M. José Luis Gonzalez Barrios
Monsieur David Viramontes
Eva Anaya
M. Laurent Brouste
Monsieur Arnaud Bollery
Eaux des hauts et eaux des bas : La Sierra Madre Occidentale,
château d'eau du Nord Mexique
In: Revue de géographie alpine. 2004, Tome 92 N°3. pp. 5-16.
Résumé
été transformées en périmètres irrigués. On s'intéresse particulièrement ici à la Laguna qui est située au débouché du Rio Nazas
dans le désert de Chihuahua. Cette région souffre, en plus de la diminution des apports et d'une sécheresse depuis le début des
années 1990, d'une surconsommation notoire d'eau. L'équilibre des milieux, tant en montagne qu'en piedmont, de même que la
pérennisation du système agricole, doit inciter à accélérer l'actuelle modification du système de gestion de l'eau.
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Descroix Luc, Gonzalez Barrios José Luis, Viramontes David, Anaya Eva, Brouste Laurent, Bollery Arnaud. Eaux des hauts et
eaux des bas : La Sierra Madre Occidentale, château d'eau du Nord Mexique . In: Revue de géographie alpine. 2004, Tome 92
N°3. pp. 5-16.
doi : 10.3406/rga.2004.2304
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_2004_num_92_3_2304Eaux des hauts et eaux des bas :
La Sierra Madré Occidentale,
château d'eau du Nord Mexique
Luc Descroix1, José Luis Gonzalez Barrios2, David Viramontes3,
Eva Anaya4, Laurent Brouste1, Arnaud Boilery5
1 IRD, Laboratoire d'étude des Transferts en Hydrologie et Environnement (LTHE)
UR012, BP 53, 38 041 Grenoble cedex 2.
[e-mail]
2 Cenid Raspa-INIFAP, AP 225-3, parque industrial, 35 071 Gomez Palacio, DGO, Mexique,
[e-mail]
3 Instituto Mexicano de Tecnologia del Agua (IMTA), Paseo Cuahnáhuac 8532, CP 62550 Jiutepec, Morelos, Mexico.
[e-mail]
4 Unidad Regional del Semidesierto, SEMARNAT, Bd M. Aleman, 900, col. Constituyentes, Cd Lerdo, DGO, Mexique,
n eva [e-mail]
' Unité Eau, Conseil Régional de l'Isère, 38 000 Grenoble.
[e-mail]
été transformées en périmètres irrigués. On Résumé : La Sierra Madré occidentale
s'intéresse particulièrement ici à la Laguna qui constitue un château d'eau pour tout le Nord
est située au débouché du Rio Nazas dans le Mexique. Sa pluviométrie et ses coefficients
désert de Chihuahua. Cette région souffre, en d'écoulement lui permettent d'assurer aux ré
plus de la diminution des apports et d'une gions arides et semi arides avoisinantes un
sécheresse depuis le début des années 1990, approvisionnement régulier en eau.
d'une surconsommation notoire d'eau. Cependant, on observe depuis quelques
L'équilibre des milieux, tant en montagne décennies une forte dégradation de ces milieux
qu'en piedmont, de même que la du fait de la surexploitation de l'espace :
pérennisation du système agricole, doit inciter surpâturage et déboisement conduisent à une
à accélérer l'actuelle modification du système dégradation des sols, qui a déjà quelques
de gestion de l'eau. conséquences en terme hydrologique se
traduisant par une diminution de la rétention Mots-clés : surexploitation des res
en eau des bassins versants. sources, eaux souterraines, oasis, château
Par ailleurs, les oasis de piedmont ont souvent d'eau naturel.
La bibliographie est présentée en page 26
Cet article aurait dû paraître dans le numéro 1 de cette année de la RGA, réalisé en hommage
à Alain Morel et à sa grande carrière dédiée à la géographie physique des zones semi-arides ;
cela n'a finalement pas été possible mais nous tenons à remercier Alain Morel pour l'important
appui scientifique qu'il a apporté à ce programme nord-mexicain, en acceptant d'encadrer la
thèse de David Viramontes.
La rcvut 4t giographit alpint 2004 №3 LUC DESCROIX, JOSÉ LUIS GONZALEZ BARRIOS, DAVID VIRAMONTEZ, EVA ANAYA, LAURENT BROUSTE.ARNAUD BOLLERY
Le programme « Usage et gestion de l'eau dans un bassin du Nord-Mexique » a
cherché durant huit années (1992-2000) à déterminer quels impacts la
surexploitation des milieux pouvait avoir sur les ressources en eau et sur leur gestion.
Pour ce faire, trois terrains de recherches ont été sélectionnés afin de représenter le mieux
possible l'éventail des climats caractéristiques de l'ensemble du bassin endoréique du
Nazas-Aguanaval (dont la superficie totale est de 92 000 km2) qui est l'objet de cette
recherche (Figure la). Le premier se situe dans la Sierra Madré Occidentale, dans le haut
bassin du Nazas, sous climat sub-humide (de 500 à 900 mm de précipitations
annuelles) ; c'est de celui-ci qu'il sera question ici ; le deuxième sur l'interfiuve
Nazas/Aguanaval, en zone semi-aride, au ranch Atotonilco (300-500 mm de pluie) ; le
troisième dans le désert de Mapimi (précipitations inférieures à 300 mm/an), avait fait
l'objet d'études antérieures approfondies.
Introduction
Le Nord Mexique est un pays neuf, par opposition totale au sud qui est une terre de
civilisations anciennes. Les ethnies indiennes qui ont occupé le nord du pays, comme le
Sud-Ouest des Etats-Unis, n'ont que très localement été sédentarisées (par exemple, les de Mesa Verde aux Etats Unis et Paquimé au Mexique). La plupart du
temps, il s'agissait de populations nomades qui se déplaçaient au gré des saisons :
apaches, comanches, et, dans les montagnes, des ethnies qui s'y sont partiellement
sédentarisées, pour se protéger des incursions des colons ; les jésuites espagnols les ont
localement protégées des exactions des armées coloniales (c'est typiquement le cas des
Tarahumaras, qui ont failli disparaître dès le début du XVIIe siècle).
De ce fait, le type d'exploitation, d'abord pour les minéraux, puis pour les pâturages et
dernièrement pour la forêt, a toujours été mené et le demeure, suivant une logique en
grande partie « minière ». Cela signifie que l'on exploite une ressource tant que
l'exploitation en est rentable, sans se soucier du lendemain. Les grandes civilisations du
Yucatan et plus encore, de la vallée de Tehuacan (états de Puebla et Oaxaca, au sud du
Mexique) sont agricoles depuis des millénaires ; il a suffi par contre, de quelques
décennies pour venir à bout des pâturages de la Sierra Madré Occidentale et ses forêts
connaissent depuis trente ans le même sort.
Le programme de recherche « Gestion et usages de l'eau dans un bassin du Nord
Mexique » mené en convention entre l'IRD et le Cenid Raspa de Gomez Palacio (état
de Durango, Mexique), a eu pour problématique scientifique la recherche des
modifications du régime hydrique liées aux changements d'usage des sols. Le
déboisement et le surpâturage en particulier, ont conduit à des modifications très
sensibles des états de surface et, partant, des conditions hydro-dynamiques des sols. Cela
s'est traduit par des modifications des régimes des cours d'eau.
Cette évolution menace à terme les ressources disponibles en aval, où toute l'eau du
bassin (et même plus, puisque des eaux en partie fossiles, sont extraites de la nappe, elle-
même surexploitée) est utilisée dans le grand périmètre irrigué de la Laguna (160 000
ha équipés). Si la ressource n'est pas pérennisée en amont du fait des modifications du
La revue die géographie alpine 2004 №3 DES HAUTS ET EAUX DES BAS : LA SIERRA MADRE OCCIDENTALE, CHÂTEAU D'EAU DU NORD MEXIQUE EAUX
milieu, c'est l'économie de la zone aval, très dynamique qui est menacée ; une solidarité
amont-aval et une gestion raisonnée de la ressource végétation-sol-eau doit se mettre en
place sous peine de voir une région entière menacée de déclin.
Un château d'eau menacé
La Sierra Madré Occidentale est sans conteste la principale source d'approvisionnement
en eaux de surface, comme de profondeur, de tout le nord du Mexique. Elle alimente
même, par le biais du Rio Conchos, la basse vallée du Rio Bravo del Norte (le Rio
Grande des Américains), où ses eaux soutiennent les étiages du fleuve frontalier
(figure la).
Le tableau 1 (p. 8) comporte la liste des principaux barrages situés sur le piedmont de
cette chaîne, tant sur le versant Pacifique (pour la plupart) que sur le versant intérieur de