Emmanuel de Martonne - article ; n°347 ; vol.65, pg 1-14
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Description

Annales de Géographie - Année 1956 - Volume 65 - Numéro 347 - Pages 1-14
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Cholley
Emmanuel de Martonne
In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°347. pp. 1-14.
Citer ce document / Cite this document :
Cholley André. Emmanuel de Martonne. In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°347. pp. 1-14.
doi : 10.3406/geo.1956.14339
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1956_num_65_347_14339347. — LXVe année. Janvier-Février 1956. №
ANNALES .
DE
GÉOGRAPHIE
revue Géographie La n'oublie mort dont d'Emmanuel pas il a l'impulsion EMMANUEL été depuis de Martonne heureuse 1900 (Pl. DE un I.) qu'il plonge des MARTONNE Directeurs lui dans a donnée le les deuil avec plus les la actifs. Annales collaboraNotre de
tion de L. Gallois, A. Demangeon, et Emm. de Margerie et qui l'a maintenue,
après la première guerre mondiale, malgré de sérieuses difficultés, au premier
rang des grandes revues internationales.
Sa perte sera aussi douloureusement ressentie par la Géographie française.
Son action scientifique et organisatrice, qui s'est exercée pendant près de
cinquante ans; a marqué une étape décisive dans l'évolution de notre disci
pline. En donnant à la Géographie physique générale la promotion à laquelle
elle avait droit, à côté de la géographie descriptive ou régionale, on peut dire
qu'il a contribué à l'établissement définitif de la géographie moderne. Et
nous verrons plus loin les efforts qu'il a déployés pour « équiper » cette
géographie, c'est-à-dire pour lui donner les moyens de s'affirmer comme
une science autonome. Son élection à l'Académie des Sciences en 1930 n'a
été que la juste reconnaissance, par ce grand Corps Savant, des qualités de
l'homme de science et de son activité d'organisateur.
I. — L'Homme
II était né en 1873. Très brillant élève de son lycée provincial, il avait
été reçu à l'École Normale Supérieure depuis la classe de Philosophie — sans
passer par une Rhétorique supérieure — en 1892. Agrégé d'histoire et géogra
phie en 1895, il obtenait le Doctorat es lettres en 1902, puis le Doctorat es
sciences en 1907.
En 1898, il avait été chargé d'un cours de Météorologie auprès du Laborat
oire de Géographie physique de la Faculté des Sciences de Paris ; en 1899,
il prenait en mains l'enseignement de la géographie à la Faculté des Lettres
de Rennes, qu'il devait quitter en 1905 pour la Faculté des Lettres de Lyon,
et c'est en 1909 qu'il est nommé à la Faculté des Lettres de Paris dans la
АЯК. DK ОЙОв. LXVe ANNÉE. ANNALES DE GÉOGRAPHIE 2
chaire de Géographie laissée vacante par la mise à la retraite de P. Vidal
de La Blache. Il devait assurer cet enseignement jusqu'en 1944, c'est-à-dire
pendant trente-cinq ans, ajoutant à ces fonctions celles de Directeur de
l'Institut de Géographie1.
C'est donc au cours d'une longue carrière que s'est déroulée son activité
et que s'est affirmée une personnalité qui restera, avec celle de Vidal de
La Blache, une des grandes figures de la Géographie moderne.
A une intelligence tout à fait supérieure, vive, lucide et pénétrante, il
devait son aptitude à déceler dans les choses comme dans les hommes, avec
une rapidité surprenante, le trait essentiel qui lui permettait de les apprécier
à leur juste mesure, et de préjuger à coup sûr les conséquences de ses déci
sions. A tel point qu'on peut se demander s'il n'a pas eu, dès le début de sa
carrière, la claire vision du rôle qu'il pouvait remplir et de l'action qu'il
avait à mener pour hausser la Géographie française au niveau d'une disci
pline autonome et plus scientifique.
Il était profondément juste. Les considérations sentimentales, pas plus
que les intrigues, n'ont jamais eu le pouvoir de modifier son appréciation.
Il n'était pas du tout systématique ; il avait au contraire une profonde
méfiance pour toute attitude dogmatique. Jamais il n'a cherché à imposer
ses idées. La prudence était la marque essentielle de son attitude scientifique.
Il a montré cette grande maîtrise de soi que tout savant digne de ce nom
doit posséder : savoir suspendre son jugement devant un enchaînement de
faits que l'on n'arrive pas à justifier. C'est ce qui explique sans doute la
confiance absolue que les jeunes avaient dans ses conseils.
Il avait horreur de la vulgarité, du débraillé de la pensée, et les expressions
spectaculaires qui attirent si facilement l'adhésion des non-initiés lui faisaient
hausser les épaules. Son style, à ce point de vue, est bien l'expression de son
tempérament : il a de la tenue, il est d'une remarquable précision, tout.
classique, c'est-à-dire qu'il exprime sans détour la démarche d'une pensée
qui va droit au but2.
Il serait inexact du reste de ne voir en lui qu'un savant spécialisé dans une
seule discipline et sans curiosité pour les autres. Non seulement il a fréquenté
toutes les sciences dont il connaissait la structure, la méthode, et dont il
pouvait apprécier correctement les résultats, mais il possédait une très
large culture générale. Ses loisirs, quand il s'en accordait, étaient occupés
à des lectures variées, le dessin surtout l'attirait et il a fait de très belles
aquarelles ; il avait aussi un réel talent de musicien.
L'énergie était un autre trait essentiel de son caractère. Il ne reculait
jamais devant l'obstacle et quand sa décision était prise rien ni personne
n'aurait pu l'empêcher d'atteindre le but. A côté du savant — et autant que
1. Il était Président de la Société de Géographie de Paris, membre d'Honneur de plusieurs
grandes sociétés géographiques étrangères, Docteur Honoris Causa des Universités de Cambridge
et de Cluj.
2. Il convient de rappeler qu'il a toujours marqué une sérieuse appréhension vis-à-vis de la
multiplication des termes techniques, des néologismes qui risquent d'encombrer notre discipline
d'un jargon hermétique, ce qui est, on l'avouera, tout le contraire de l'esprit géographique. EMMANUEL DE MARTONNE 3
le savant — , c'est l'homme d'action qu'il faut honorer. Il a gardé toute sa vie
le tempérament qui l'avait poussé, à sa sortie de l'École, à entreprendre
l'exploration du bassin du haut Nil pour démêler les problèmes du climat
et de l'hydrographie qui l'attiraient déjà, projet que les circonstances ne lui
ont pas permis de réaliser. C'est bien avec la mentalité d'un explorateur
qu'il a abordé toutes les questions qui ont attiré son attention.
II. — L'œuvre
On peut s'étonner qu'il n'ait jamais songé à donner, soit dans un article,
soit dans une conférence, une définition de la Géographie, précisant sa posi
tion parmi les sciences. Sans doute a-t-il jugé qu'il était préférable de ne pas
imposer à cette science jeune des directives trop dogmatiques qui risque
raient d'entraver son développement. Ce sont ses travaux mêmes qui reflètent
le mieux sa pensée à cet égard, et c'est de leur analyse que l'on peut dégager
sa conception de la Géographie.
Il a retracé pourtant, dans un opuscule de vingt-cinq pages1, qui a dû
passer à peu près inaperçu, étant donné les circonstances de sa publication,
les principales étapes de l'évolution de la géographie en France. Cet exposé
particulièrement suggestif éclaire d'une façon singulière les problèmes qui
se sont posés vers la fin du xixe siècle au sujet d'une discipline qui n'en était
qu'à ses débuts et permet de bien saisir la place qu'il a tenue dans son organi
sation.
Il rappelle d'abord que dès l'Antiquité on voit la Géographie se manifester
avec les deux tendances que nous lui connaissons aujourd'hui : la tendance
descriptive ou régionale et la tendance systématique ou générale, comme si
notre connaissance d'un milieu quelconque n'était complète, c'est-à-dire
satisfaisante pour l'esprit, que si celui-ci parvenait à le situer dans un
ensemble plus vaste : atmosphère, continents, mer, ou m&

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