Etat des connaissances sur la structure des Protozoaires avant la formulation de la Théorie cellulaire. - article ; n°1 ; vol.25, pg 27-44

Jean Théodoridès

Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1972 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 27-44
RÉSUMÉ. — L'auteur examine les données existantes sur la morphologie et la biologie des Protozoaires avant la formulation de la théorie cellulaire (1838-39), puis rappelle l'importante notion de « sarcode » (Dujardin, 1835, 1838), les interprétations d'Ehrenberg (1838) et les diverses conceptions sur l'organisation des unicellulaires après 1838-39. Il évoque enfin les recherches d'A. Donné (1836-37) sur Trichomonas vaginalis qui marquent les débuts de l'étude du rôle des Protozoaires parasites en Pathologie.
SUMMARY. — The author first examines the available data on the morphology and biology of Protozoa before the formulation of the cell theory (1838-39), then recalls the important notion of « sarcode» (Dujardin, 1835, 1838), the interpretations of Ehrenberg (1838) and the conceptions on the organization of the Protozoa after 1838-39. He finally describes the researches of A. Donné (1836-37) on Trichomonas vaginalis which constitute the beginnings of the role of parasitic Protozoa in Pathology.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-HISTOIRE_DES_SCIENCES
• Publié le: 01 janvier 1972
• Nombre de lectures: 170
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Extrait

M Jean Theodorides
Etat des connaissances sur la structure des Protozoaires avant
la formulation de la Théorie cellulaire.
In: Revue d'histoire des sciences. 1972, Tome 25 n°1. pp. 27-44.
Résumé
RÉSUMÉ. — L'auteur examine les données existantes sur la morphologie et la biologie des Protozoaires avant la formulation de
la théorie cellulaire (1838-39), puis rappelle l'importante notion de « sarcode » (Dujardin, 1835, 1838), les interprétations
d'Ehrenberg (1838) et les diverses conceptions sur l'organisation des unicellulaires après 1838-39. Il évoque enfin les recherches
d'A. Donné (1836-37) sur Trichomonas vaginalis qui marquent les débuts de l'étude du rôle des Protozoaires parasites en
Pathologie.
Abstract
SUMMARY. — The author first examines the available data on the morphology and biology of Protozoa before the formulation of
the cell theory (1838-39), then recalls the important notion of « sarcode» (Dujardin, 1835, 1838), the interpretations of Ehrenberg
(1838) and the conceptions on the organization of the Protozoa after 1838-39. He finally describes the researches of A. Donné
(1836-37) on Trichomonas vaginalis which constitute the beginnings of the role of parasitic Protozoa in Pathology.
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Theodorides Jean. Etat des connaissances sur la structure des Protozoaires avant la formulation de la Théorie cellulaire. In:
Revue d'histoire des sciences. 1972, Tome 25 n°1. pp. 27-44.
doi : 10.3406/rhs.1972.3263
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1972_num_25_1_3263A la mémoire du Professeur E. Fauré-Frémiet
Etat des connaissances
sur la structure des Protozoaires
avant la formulation de la Théorie cellulaire
puis la biologie RÉSUMÉ. rappelle des l'importante Protozoaires — L'auteur notion examine avant la de formulation les « sarcode données » existantes (Dujardin, de la théorie sur 1835, cellulaire la 1838), morphologie (1838-39), les inter et
prétations d'Ehrenberg (1838) et les diverses conceptions sur l'organisation des
unicellulaires après 1838-39. Il évoque enfin les recherches d'A. Donné (1836-37)
sur Trichomonas vaginalis qui marquent les débuts de l'étude du rôle des Pro
tozoaires parasites en Pathologie.
SUMMARY. — The author first examines the available data on the morphology
and biology of Protozoa before the formulation of the cell theory (1838-39), then
recalls the important notion of « sarcode» (Dujardin, 1835, 1838), the interpretations
of Ehrenberg (1838) and the conceptions on the organization of the Protozoa
after 1838-39. He finally describes the researches of A. Donné (1836-37) on Tr
ichomonas vaginalis which constitute the beginnings of the role of parasitic
in Pathology.
Bien avant la f cumulation de la théorie cellulaire, des orga
nismes unicellulaires : les Protozoaires, avaient été vus et étudiés
par divers naturalistes.
Nous voudrions retracer tout d'abord brièvement ici ce que l'on
savait de ces unités élémentaires de vie avant les années 1838-1839
qui virent la publication des travaux mémorables de Schleiden
et de Schwann. Après quoi nous examinerons l'influence qu'eut
la théorie cellulaire sur l'interprétation des organismes unicellu
laires et nous considérerons les débuts de l'étude de l'action patho
gène des Protozoaires parasites de l'homme. revue d'histoire des sciences 28
I. — Rappel historique (1)
Dès le xvie siècle, des Protozoaires avaient été mentionnés
dans la littérature zoologique par Clusius (vers 1550) : Nummulites
et par Conrad Gesner (1565) : Foraminifère du genre Vaginulina
décrit comme Mollusque sous le nom de Strombus (2).
Mais il ne s'agissait là que des parties calcaires de ces organismes
auxquels ces auteurs n'avaient pas assigné de place dans la classi
fication zoologique.
Dans sa Micrographia (1665), Robert Hooke a décrit et figuré
un autre Foraminifère qui d'après Cole serait peut-être Rotalia
beccarii.
Mais c'est au célèbre microscopiste A. van Leeuwenhoek que
l'on doit accorder le titre de fondateur de la Protozoologie.
Dès 1675, il avait vu dans l'eau de pluie une espèce de Vorticella
qu'il décrira en 1676 (publication en 1677) sans cependant en
donner de figures, ce qu'il fera en 1703 en décrivant une autre
Vorticelle du genre Carchesium. Il vit chez ces Ciliés les cils du
péristome et le pédoncule. Le genre Stylonychia était également
connu du micrographe néerlandais qui avait vu le rôle locomoteur
des cils.
D'autres Protistes libres (Volvox, Polystomella, etc.) furent
découverts et décrits par Leeuwenhoek.
On doit aussi à ce dernier la découverte des Protozoaires paras
ites : le Flagellé Giardia intestinalis (Lambl) trouvé dans ses propres
selles en 1681 et décrit l'année suivante (3).
Les Opalines, Ciliés (Nydotherus) et Flagellés du tube digestif
de la grenouille, et une Coccidie du lapin (Eimeria sliedae) furent
également reconnus par cet étonnant observateur qui aurait été
jusqu'à observer dès 1680 un Flagellé (Crithidia ?) chez un Diptère
Tabanide et qui avait décrit les premières bactéries connues.
A partir de la fin du xvne siècle jusqu'à 1800, plusieurs micro-
(1) Nous avons beaucoup bénéficié ici de l'excellent ouvrage de F. J. Cole, The
History of Protozoology, Londres, University of London Press, 1926, 64 p.
(2) Nous avons omis de mentionner cette indication dans notre courte étude,
Conrad Gesner et la Zoologie : les Invertébrés, Gesnerus, 23, 1966, p. 230-237.
(3) Ce Flagellé ne sera retrouvé qu'au xixe siècle par Lambl (1857) d'où le nom de
Lamblia sous lequel il a été également désigné. THÉODORIDÈS. STRUCTURE DES PROTOZOAIRES 29 J.
scopistes ont fait des observations sur divers Protistes que nous
résumerons dans le tableau suivant :
Protozoaires connus au xvine siècle
Euplotes, Paramecium, Vorticella (Anonyme), 1703
Actinophrys, Amphileptus, Aniba, Chilodon, Col-
poda, Enchelys, Euplotes, Glaucoma, Oxytricha,
Paramecium, Spirostomum, Stylonychia, Syne-
dra, Trachelius, Trichoda, Trichodina, Uro-
leptus, Vorticella Joblot, 1718
Division des Infusoires Tremble y, 1745
Noctiluca (description) Baker, 1753
Amoeba Roesel, 1755
Dinoflagellés 0. F. Mûller, 1773
Noctiluca (figure) Slabber, 1778
Aclinosphaerium Eichhorn, 1783
Monographie des Infusoires (378 espèces dont
150 valables) 0. F. Mùller, 1786
Parmi ces travaux, les plus importants sont ceux de Joblot
et de 0. F. Millier qui constituent de véritables monographies,
les premières en date consacrées aux Protistes.
Il est intéressant de noter qu'après Leeuwenhoek, certains de
ces observateurs ont décrit des structures chez les unicellulaires
étudiés, apportant ainsi une première contribution à leur morphol
ogie et à leur physiologie.
En voici quelques exemples : un auteur anonyme anglais (1703)
mentionné par Cole (op. cit., p. 14-15) a vu la contraction du péris-
tome et du pédoncule des Vorticelles, les cils des Paramecium
(dont, selon Gole, certains étaient peut-être des trichocystes)
et la division des Infusoires qui sera réétudiée par Trembley (1745).
Joblot a décrit, le premier, la vacuole contractile de ces derniers.
Baker (1753) a observé pour la première fois la phosphorescence
des Noctiluques, tandis que Roesel (1755) a vu le mouvement du
protoplasme et la formation des pseudopodes chez Amoeba et que
Ellis (1770) a décrit les trichocystes chez Paramecium et leur
expulsion par le Cilié sur lequel on fait agir un suc végétal.
0. F. Muller (1773) enfin a décrit et figuré la conjugaison chez
Paramecium.
Toutes ces observations sont remarquables si on considère 30 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES
l'état encore rudimentaire de la microscopie au xvine siècle (4)
(les premiers objectifs achromatiques ne feront leur apparition
qu'en 1824).
Il est étonnant de constater qu'elles eurent un très faible reten
tissement dans les milieux scientifiques de l'époque.
Cole tente d'expliquer cette indifférence des contemporains par
le fait que les animaux microscopiques étaient alors considérés
par les naturalistes comme négligeables (voir la boutade de Bufïon :
« Une mouche ne doit pas occuper plus de place dans la tête d'un
savant qu'elle n'en occupe dans la nature »).
Cette explication ne nous paraît pas entièrement acceptable