L industrie en Valdaine et ses répercussions démographiques, sociales et électorales - article ; n°1 ; vol.42, pg 81-105
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L'industrie en Valdaine et ses répercussions démographiques, sociales et électorales - article ; n°1 ; vol.42, pg 81-105

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Revue de géographie alpine - Année 1954 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 81-105
Résumé. — L'auteur, dans cet article, essaie de déceler les liens qui existent entre l'implantation et le développement de l'industrie de la soie dans une vallée rurale du Bas Dauphine, et l'évolution démographique et politique. Après avoir retrace les principales étapes de la soierie et décrit les formes de cette industrie d'obédience lyonnaise (travail à façon, travail en usine, travail à domicile), il examine le comportement démographique de trois communes types (industrielle, agricole, mixte) et essaie de déterminer dans quelle mesure les mouvements de la population et les pyramides d'âge reflètent les vicissitudes de l'industrie de la soie. Il analyse ensuite l'évolution politique et montre que le développement de la soierie a fait de la Valdaine un pays de vote à gauche, mais que les communes rurales restent conservatrices et religieuses, tandis que ce sont les communes industrielles qui votent à gauche.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Robert Thiervoz
L'industrie en Valdaine et ses répercussions démographiques,
sociales et électorales
In: Revue de géographie alpine. 1954, Tome 42 N°1. pp. 81-105.
Résumé
Résumé. — L'auteur, dans cet article, essaie de déceler les liens qui existent entre l'implantation et le développement de
l'industrie de la soie dans une vallée rurale du Bas Dauphine, et l'évolution démographique et politique. Après avoir retrace les
principales étapes de la soierie et décrit les formes de cette industrie d'obédience lyonnaise (travail à façon, travail en usine,
travail à domicile), il examine le comportement démographique de trois communes types (industrielle, agricole, mixte) et essaie
de déterminer dans quelle mesure les mouvements de la population et les pyramides d'âge reflètent les vicissitudes de l'industrie
de la soie. Il analyse ensuite l'évolution politique et montre que le développement de la soierie a fait de la Valdaine un pays de
vote à gauche, mais que les communes rurales restent conservatrices et religieuses, tandis que ce sont les communes
industrielles qui votent à gauche.
Citer ce document / Cite this document :
Thiervoz Robert. L'industrie en Valdaine et ses répercussions démographiques, sociales et électorales. In: Revue de
géographie alpine. 1954, Tome 42 N°1. pp. 81-105.
doi : 10.3406/rga.1954.990
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1954_num_42_1_990L'INDUSTRIE EN VALDAINE
ET SES REPERCUSSIONS DÉMOGRAPHIQUES
SOCIALES ET ÉLECTORALES
par Robert THIERVOZ
Résumé. — L'auteur, dans cet article, essaie de déceler les liens qui
existent entre l'implantation et le développement de l'industrie de la
soie dans une vallée rurale du Bas Dauphine, et l'évolution démogra
phique et politique. Après avoir retrace les principales étapes de la
soierie et décrit les formes de cette industrie d'obédience lyonnaise
(travail à façon, travail en usine, travail à domicile), il examine le com
portement démographique de trois communes types (industrielle, agri
cole, mixte) et essaie de déterminer dans quelle mesure les mouvements
de la population et les pyramides d'âge reflètent les vicissitudes de
l'industrie de la soie. Il analyse ensuite l'évolution politique et montre
que le développement de la soierie a fait de la Valdaine un pays de vote
à gauche, mais que les communes rurales restent conservatrices et reli
gieuses, tandis ce sont les communes industrielles qui votent à
gauche.
Si, la vallée de l'Ainan ou « Valdaine », fragment d'avarit-pays
alpin, zone de contact entre les deux appareils glaciaires de l'Isère
et du Rhône, constitue une unité physique du Bas Dauphine 1, par
contre elle n'a pas des limites administratives qui correspondent
à son cadre naturel.
Le canton de St-Geoire englobe plus de communes de plateaux
que de communes de vallées. Il délaisse les amont et
1 L'Ainan, vallée affluentc du Guiers au pied des contreforts de la Char
treuse occidentale, subit encore fortement l'empreinte de la montagne toute
proche, mais se comporte physiquement et économiquement comme un morceau
d'avaut-pays entre les bourgades de Voiron au Sud et Pont-de-Beauvoisin au
Nord. 82 ROBERT THIERVOZ.
aval : Chirens, St-Martin et St-Albin-de-Vaulserre qui font partie
respectivement du canton de Voiron ou de Pont-de-Beauvoisin.
Mais si les limites cantonales et d'arrondissement — Chirens est
annexé à l'arrondissement de Grenoble — sont arbitraires, les
limites communales correspondent mieux, exceptionnellement ici,
à la réalité géographique.
Il est intéressant de savoir dans quelle mesure le travail de
la soie, qui caractérise l'économie de cette unité géographique, a
influé sur le comportement démographique et politique de la région.
I. - — Les principales étapes de la soierie.
La dispersion, la dépendance à l'égard d'un centre étranger
sont deux caractères communs à la draperie, la toilerie et la soierie
qui leur a succédé. Les fabricants de toiles ou de draps valdainois
dépendent de Voiron, plus tard les tisseurs de soie relèvent de Lyon.
C'est progressivement que le paysan délaisse le travail de la
toile au profit du travail de la soie, plus propre, moins sujet aux
crises, mieux paye. La condition du paysan-tisserand est dure, en
effet; dès l'âge de seize ans il apprend à manier le métier méca
nique. Sous les coups des crises de 1848, 1857, la toile perd sa pré
pondérance. En 1862 les ouvriers sont déjà plus nombreux à tra
vailler la soie que la toile.
Tableau des ouvriers occupés, en 1862.
Communes Au travail de la toile Au travail de la soie
St-Geoire 131 221
St-Albin 13 13
St-Martin 15 20
St-Bueil * 15 98
Voissant 4 0
Merlas 30 0
Total 258 352
Quelque dix ans plus tard, en 1873, le chiffre des tisserands a
diminué de 95 depuis 1862. Seul Merlas a marqué une progression
qui souligne l'absence totale de soieries dans cette commune.
Les contingences purement commerciales ne sont pas les seules
responsables du développement du travail de la soie. La Valdaine l'industrie en valdaine. 83
— comme le Bas Dauphine en général — a une main-d'œuvre que
la toilerie a rendu habile, et c'est elle que la soierie attire.
Quelles sont les grandes étapes, les principales transformations
qu'a subies celle-ci ?
La diffusion de la soierie en Valdaine trouve des conditions
favorables : l'orientation relativement précoce vers la vie pastorale,
une agriculture moins prenante laissent de nombreux loisirs aux
paysans. Dans la première moitié du xixe siècle, d'autre part, les
vers à soie sont élevés dans le N.E. Quand le chanvre cesse de four
nir la matière première aux métiers, la soie le remplace. Le tiss
erand est devenu tisseur et, comme tel, ne dépend plus des fabri
cants voironnais maïs lyonnais qui chargent généralement les
contremaîtres de distribuer les commandes et d'envoyer les tissus.
La main-d'œuvre moins exigeante que celle de la grande ville rho
danienne permet aux fabricants de mieux résister à la concurrence
étrangère en versant sur le marché des produits dont le prix de
revient est peu élevé.
En 1833 un soyeux lyonnais installe à Voiron 100 métiers, il
n'y a aucune manufacture de soie en Valdaine. En 1848, d'après
« l'enquête sur le travail agricole et industriel », un tisseur est
élu à St-Bueil pour répondre au questionnaire. Mais c'est à partir
de 1854 que l'on trouve trace d'une organisation industrielle plus
puissante. Un négociant de Pont-de-Beauvoisin demande l'autori
sation d'installer des métiers dans les communes de St-Martin et
de St-Albin et invoque à son appui que « l'industrie séricicole tend
tous les jours à prendre dans nos contrées une extension de plus
en plus considérable; elle introduit dans les familles un bien-être
réel qui s'accroît par le nombre même des membres qui les com
posent2». En 1856 il est fait mention à St-Geoire de la première
fabrique qui travaille la soie; ce n'est pas encore un tissage, mais
une manufacture de cordonnets de soie.
Vers le milieu du xix* siècle, entre 1850 et 1862, une nouvelle
tendance se fait jour : le tissage à bras ne s'effectue plus seulement
à domicile mais se concentre en grosses usines; les métiers fami
liaux deviennent plus rares tandis qu'augmentent les autres. Dans
les années qui suivent, jusqu'en 1891 environ, les établissements
se multiplient. Cette période de grand essor correspond à d'impor
tantes transformations : le métier mécanique mu à l'eau ou à la
vapeur remplace insensiblement, surtout à partir de 1870, le lourd
métier à bras que seuls les hommes manient facilement. Le tra
vail du tissage devient l'exclusivité des femmes, les patrons y trou-
2 Archives de l'Isère, 138 M 4. 84 ROBERT THIERVOŽ.
vent un surcroît de bénéfice : elles sont moins payées. La main-
d'œuvre ouvrière féminine locale ne suffit pas, l'usine fait appel
à l'étranger; de gros contingents d'italiennes arrivent, c'est l'époque
de « l'usine-pensionnat » ; le recensement de 1901 indique pour
la manufacture Michal-Ladichère au Champet, près de St-Geoire,
un dortoir pour les Italiennes et un pour les Françaises. En 1880,
à St-Bueil commen

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