Les deux crues mémorables de l Isère à Grenoble (1651 et 1859). Analyse des estimations de M. Pardé - article ; n°3 ; vol.92, pg 27-38
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Les deux crues mémorables de l'Isère à Grenoble (1651 et 1859). Analyse des estimations de M. Pardé - article ; n°3 ; vol.92, pg 27-38

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Revue de géographie alpine - Année 2004 - Volume 92 - Numéro 3 - Pages 27-38
ration de la taille de Grenoble de cerner le mieux possible ces deux événements exceptionnels estimés notamment à partir des travaux de M. Pardé. Par ailleurs, ce travail permet de compléter les informations sur les débits de crue des événements anciens de l'Isère, pour lesquelles parfois seule la hauteur de la ligne d'eau était connue.
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Publié le 01 janvier 2004
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Langue Français

Extrait

M. Dominique Dumas
Les deux crues mémorables de l'Isère à Grenoble (1651 et
1859). Analyse des estimations de M. Pardé
In: Revue de géographie alpine. 2004, Tome 92 N°3. pp. 27-38.
Résumé
ration de la taille de Grenoble de cerner le mieux possible ces deux événements exceptionnels estimés notamment à partir des
travaux de M. Pardé. Par ailleurs, ce travail permet de compléter les informations sur les débits de crue des événements anciens
de l'Isère, pour lesquelles parfois seule la hauteur de la ligne d'eau était connue.
Citer ce document / Cite this document :
Dumas Dominique. Les deux crues mémorables de l'Isère à Grenoble (1651 et 1859). Analyse des estimations de M. Pardé. In:
Revue de géographie alpine. 2004, Tome 92 N°3. pp. 27-38.
doi : 10.3406/rga.2004.2306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_2004_num_92_3_2306deux crues mémorables de l'Isère Les
à Grenoble (1651 et 1859)
Analyse des estimations de M. Pardé
Dominique Dumas
Institut de Géographie Alpine, Grenoble
Dominique.dumas@ujf-grenoble.fr
ration de la taille de Grenoble de cerner le Résumé : Tout au long des siècles passés,
mieux possible ces deux événements excepl'Isère a connu des crues majeures, dont
tionnels estimés notamment à partir des trcelles du 16 puis du 30 novembre 1651 et,
avaux de M. Pardé. Par ailleurs, ce travail deux cents ans plus tard, celle de 1859 qui se
permet de compléter les informations sur les traduit par la dernière grande inondation de
débits de crue des événements anciens de Grenoble. Cette étude montre les différentes
l'Isère, pour lesquelles parfois seule la hauétapes, les logiques, les méthodes ayant
teur de la ligne d'eau était connue. conduit aux estimations de ces deux grandes
crues des XVII1 et XIXe siècles. Il semble imMots-dés : Grenoble, Isère, crues an
portant, au vu notamment des enjeux induits ciennes, formule de Manning-Strickler, M.
par une inondation possible d'une agglomé- Pardé.
La bibliographie est présentée en page 48
Cette étude propose de retrouver les analyses et les démarches qui ont conduit à une
évaluation des débits de crue de l'Isère à Grenoble en 1651 et 1859. Il semble
important, au vu notamment des enjeux induits par une inondation possible
d'une agglomération de la taille de Grenoble, de retrouver les différentes étapes, les
logiques, les méthodes ayant conduit aux valeurs proposées et actuellement utilisées dans
les études des inondations prévisibles de l'Isère. Différents travaux ont repris, parfois sans
beaucoup de précautions d'usage, les valeurs annoncées par M. Pardé (1925a) de sorte
qu'au fil des années, par exemple, le débit de 1800 m3. s"1 pour la crue de 1859 est devenu
une vérité difficilement remise en question. Ceci est encore plus net pour les deux crues
de 1651 où l'absence d'information oblige à se référer exclusivement à son estimation.
Parmi les nombreuses crues de l'Isère au long de siècles passés, celles successives du 16
puis du 30 novembre 1651 semblent être les plus importantes, en liaison avec des
conditions climatiques exceptionnelles. Cependant, des crues encore plus anciennes, et
peut-être plus puissantes, sont évoquées en 580, 592, 1377, 1469, 1471, 1524, 1525 et
1579, ayant inondé le plus souvent les rues de la ville (Pilot, 1859). Pourrait être évoquée
aussi l'inondation catastrophique de 1219 (Champion, 1861), liée en tout premier lieu
à la rupture brutale d'un lac de barrage (le lac de Saint- Laurent dans l'ombilic de Bourg
d'Oisans), formé à la suite d'un écroulement obturant la vallée de la Romanche en 1191
au niveau du torrent de la Vaudaine.
27
La rcvut de geographic alpine 2004 №3 DOMINIQUE DUMAS
Un peu plus de deux cents ans après les crues de 1651, l'inondation de 1859 marque la
dernière grande crue d'inondation de l'Isère (Pardé, 1925a ; Vivian 1969 ; E.P.T.E.A.U,
1996, Cœur 2003). Depuis, la ville de Grenoble non seulement n'a plus jamais été
inondée, mais les crues les plus puissantes ont à peine dépassé la moitié du débit maximal
enregistré en 1651 (figure 1). Au XXe siècle, quatre grandes crues non inondantes sont
observées en 1914, 1928, 1944 et 1968 (Cœur, 2003). Des submersions localisées de la
ville apparaissent alors, mais également en 1910, 1926, 1929, 1937, 1948 et même plus
récemment, en 2000, au niveau des berges de la commune de la Tronche.
Une lecture des crues anciennes recensées par les Ponts et Chaussées montre que le
niveau de 1859 a été dépassé ou égalé trois fois au XVIIIe siècle (1733, 1740 et 1778) et
trois fois au XVIe siècle (le 16 et le 30 novembre 1651 ainsi qu'en juillet 1673). Aussi il
serait insensé de croire que l'Isère est définitivement réduite à l'état d'un cours d'eau
inoffensif et « il faut s'attendre un jour ou l'autre à l'inondation presque totale de
Grenoble et du Grésivaudan » écrivait M. Pardé en 1937 (1937b).
Certes, les caractéristiques du bassin et du lit de l'Isère ont été fortement modifiées
depuis la seconde moitié du XIXe siècle, notamment par des travaux d'endiguement. Par
ailleurs, la forte dynamique géomorphologique de ce cours d'eau est également à prendre
en compte, puisqu'elle a modifié les caractéristiques morphométriques du lit (Peiry,
1997 ; Vautier, 2000). Il reste donc toujours délicat de prévoir l'occurrence des crues à
partir de données anciennes. La suppression de champs d'inondation à l'amont de
Grenoble laisse néanmoins penser qu'il est difficile d'écarter totalement la venue d'un
flot sensiblement comparable à celui de la crue de 1859, voire supérieur (Vivian, 1969 ;
Vivian et al, 1987).
La démarche et l'estimation de M. Pardé
Dans le cadre d'un travail de maîtrise (Lombard, 2002), dont l'objectif principal portait
sur la reconstitution du contexte topographique de Grenoble, une première exploration
des archives a été conduite. Celle-ci a été largement revue et approfondie dans le cadre
de cette étude.
Si les notes manuscrites de M. Pardé sont inexistantes pour les deux événements de
1651, en revanche, nous avons retrouvé celles concernant la crue de 1859. Elles offrent
l'occasion de mieux saisir comment cette crue a été estimée et au-delà de mieux cerner
la marge d'erreur associée à cette évaluation. Par ailleurs, décrire comment les valeurs ont
été obtenues sur cette crue est d'autant plus intéressant que bien souvent les estimations
de M. Pardé de divers cours d'eau de la planète procèdent d'une démarche identique.
Sur la crue de 1859, des notes manuscrites indiquent des calculs utilisant la formule de
Chézy et celle de Gauckler. L'utilisation successive de ces deux formules est d'ailleurs
fréquemment citée dans ses publications ou ses notes (1925a, 1937a, 1946, 1955,
1964). Notons toutefois, que la formule de Gauckler, nommée aujourd'hui formule de
« Manning-Strickler » ou de « Manning » a été simplement préconisée par Stridden
Par la suite, Manning a remplacé К par 1/n (Pardé, 1964). Aussi afin de respecter le plus
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La revue de géographie alpine 2004 №3 LES DEUX CRUES MÉMORABLES DE L'ISÈRE À GRENOBLE (1651 ET 1859) ANALYSE DES ESTIMATIONS DE M.PARDÉ
possible, l'esprit de M. Pardé, nous conservons cet anthroponyme lorsque nous
évoquons ses calculs issus de cette formule hydraulique.
Dans un premier temps, la démarche de M. Pardé consiste à apprécier les coefficients de
vitesse "C" et "K" des formules de Chézy et Gauckler à partir d'un débit élevé
relativement bien défini. Pour la crue de 1859, M. Pardé utilise pour son estimation un
débit de 880 m3. s1. Nulle part dans le fonds Pardé, nous avons pu retrouver cette valeur
associée à un jaugeage, mais la précision utilisée incline à penser que ce débit doit être
considéré par M. Pardé comme relativement bien cerné. Pour ce débit, l'Isère présente
alors une hauteur de 3.35 m (surface mouillée = 290 m2, périmètre mouillé = 80 m ;
rayon hydraulique = 3.62 m) et une pente superficielle I, mesurée par les Ponts et
Chaussées, 

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