Les langages de la géographie et le rôle du discours dans son évolution  - article ; n°518 ; vol.93, pg 409-422
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Annales de Géographie - Année 1984 - Volume 93 - Numéro 518 - Pages 409-422
Les données dont traite la géographie peuvent s'exprimer dans le langage parlé ou écrit, être consignées graphiquement sur des cartes ou des croquis, être exprimées sous forme chiffrée. On aurait tort de croire que seules les dernières formes — la dernière en particulier — sont au fondement de démarches réellement scientifiques. Le discours, qui nomme les êtres géographiques et les ordonnent, est un instrument irremplaçable. La cartographie a longtemps été le seul outil réellement utilisable pour l'exploitation des données précises : les particularités des faits de répartition interdisaient d'utiliser facilement les techniques statistiques ordinaires, et les instruments mathématiques qui permettent de faire la théorie des démarches cartographiques traditionnelles n'ont été inventés qu'il y a peu de temps.
Geographical data may be expressed through words, through maps or through numbers. It is not true that the last forms — the last one more pecularly — are the only scientific ones. The ordinary language, since it names and orders geographical entities and beings, is a necessary tool. Mapping was the only alternative way to tackle with geographical facts until recently : facts of location are peculiar, because of strong auto-correlation effects ; it was not possible to use for them the current methods of statistical analysis. Mathematical methods were not convenient to deal with the majority of geographical data until the development of graph theory or of fuzzy-set theory : it was not possible until the beginning of the 1970s to develop a mathematical theory of what was going on in standard mapping procedures.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Claval
Les langages de la géographie et le rôle du discours dans son
évolution
In: Annales de Géographie. 1984, t. 93, n°518. pp. 409-422.
Résumé
Les données dont traite la géographie peuvent s'exprimer dans le langage parlé ou écrit, être consignées graphiquement sur des
cartes ou des croquis, être exprimées sous forme chiffrée. On aurait tort de croire que seules les dernières formes — la dernière
en particulier — sont au fondement de démarches réellement scientifiques. Le discours, qui nomme les êtres géographiques et
les ordonnent, est un instrument irremplaçable. La cartographie a longtemps été le seul outil réellement utilisable pour
l'exploitation des données précises : les particularités des faits de répartition interdisaient d'utiliser facilement les techniques
statistiques ordinaires, et les instruments mathématiques qui permettent de faire la théorie des démarches cartographiques
traditionnelles n'ont été inventés qu'il y a peu de temps.
Abstract
Geographical data may be expressed through words, through maps or through numbers. It is not true that the last forms — the
last one more pecularly — are the only scientific ones. The ordinary language, since it names and orders geographical entities
and beings, is a necessary tool. Mapping was the only alternative way to tackle with geographical facts until recently : facts of
location are peculiar, because of strong auto-correlation effects ; it was not possible to use for them the current methods of
statistical analysis. Mathematical methods were not convenient to deal with the majority of geographical data until the
development of graph theory or of fuzzy-set theory : it was not possible until the beginning of the 1970s to develop a
mathematical theory of what was going on in standard mapping procedures.
Citer ce document / Cite this document :
Claval Paul. Les langages de la géographie et le rôle du discours dans son évolution . In: Annales de Géographie. 1984, t. 93,
n°518. pp. 409-422.
doi : 10.3406/geo.1984.20277
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1984_num_93_518_20277DE ANNALES
OGRAPHIE
518 année Juillet-Août 1984
Les langages de la géographie
et le rôle du discours
dans son évolution
Paul Claval
Une rupture nous sépare de la géographie hier celle qui
cherchait rendre compte de la diversité du monde travers
interminables descriptions La mode encyclopédique qui caracté
risé notre discipline est morte au siècle dernier et les géographies
universelles modernes essaient plus de donner une vision complète
de la terre elles insistent comme celle que Vidai de La Blachê
structura sur les facteurs qui organisent les pays sur les types de
régions et sur les rapports qui se nouent entre elles beaucoup plus
que sur la simple enumeration Avec la nouvelle géographie la
rupture achevé de se préciser pour beaucoup de jeunes il ne
vaut pas la peine de étendre longuement sur la présentation des
matériaux tant on ne dispose pas de moyens de les ordonner de
les mettre en relation les uns avec les autres et de les rendre
intelligibles La géographie est de plus en plus une chorologie ou
une spatiologie Nous en sommes venus ne plus comprendre ce
que cherchaient nos prédécesseurs
Les outils ils utilisaient étaient différents des nôtres Nous
donnons au discours une place limitée il est là pour résumer les
enseignements dégagés par des démarches qui se veulent plus
rigoureuses ou plus adaptées aux problèmes spatiaux il résume les
ANN DE GEOG XCII ANNEE 410 ANNALES DE GEOGRAPHIE
informations consignées sur les cartes ou traduit en clair ce que les
analyses statistiques ont mis en évidence comme structures ou
comme corrélations est un outil mais dont on se mène les
articles ne manquent pas qui soulignent tout ce que la rhétorique
peut introduire de subjectif dans les points de vue exprimés1 Les
formes plus modernes exposition semblent en partie échapper ce
péché originel de la langue écrite
Il est peut-être temps de franchir en sens inverse le chemin qui
nous sépare des géographes hier pour essayer de mieux percer
leur logique pour mieux comprendre leurs buts et pour saisir ce
ils peuvent continuer nous apporter est ce que nous
voudrions faire ici en nous interrogeant sur la place primordiale
dévolue au discours descriptif dans les travaux passés
Les informations géographiques sont communiquées travers un
petit nombre de médias elles peuvent être lues directement dans
le paysage consignées sur des cartes ou sur plans traduites
dans le langage courant mises sous forme chiffrée et appréhen
dées travers des relations algébriques géométriques mathémati
ques de manière plus générale ou statistiques On tendance
parler pour chacun de ces modes expression de langage de la
géographie Il là un certain abus dans emploi des termes un
langage au sens strict du terme est constitué par un ensemble de
signes conventionnels soumis des règles internes de composition
information il transmet est donc par nature déjà mise sous
forme unités discrètes On peut parler de langage pour la carte
pour les mathématiques ou pour les descriptions On pas le
droit de le faire pour les informations que fournit le paysage
lui-même Cette distinction mérite que on attarde un peu car
elle permet de mieux cerner certains des problèmes fondamentaux
de toute géographie
Paysage et langage
Les études géographiques reposent volontiers sur une lecture et
sur une interprétation des paysages est de là est venue idée
je pense de parler du paysage comme un langage Mais opéra
tion de lecture que je fais sur un paysage est très différente de celle
que je peux faire sur un livre Les unités élémentaires que je prends
en considération ne sont pas prédéterminées elles ont pas été
faites comme supports de sens Je peux bien dire que les routes les
champs les maisons sont des données discrètes fabriquées comme
American Symanski Geographers R.) vol.66 Thé Manipulation 1976 605-614 of Ordinary Language Annals Association of the LES LANGAGES DE LA OGRAPHIE 411
telles par les hommes elles constituent comme les mots des
entités qui imposent moi mais je ai pas le droit de dire
elles ont été con ues comme des signes Elles ont été modelées
pour permettre la circulation la production agricole ou le loge
ment elles ont une signification mais qui est ordre fonctionnel
La première lecture faire un paysage souligne donc ce qui
traduit organisation de la vie naturelle ou de la vie sociale il
si optique est économique les zones de repos et de loisir celles de
production celles de circulation et les espaces de consommation Si
on se soucie davantage approche sociale la manière dont les
divers éléments sont délimités et appropriés retient attention on
oppose ce qui est public et ce qui est privé la hiérarchisation des
sites et des utilisations complète cette appréhension
La lecture fonctionnaliste est jamais purement instantanée les
utilisations de espace ne prennent sens que si je les situe dans
ensemble de la vie du groupe il me faut envisager organisation
de la production travers ses cycles naturels année agricole
pour les champs et les espaces livrés élevage le délai de mise
sur le marché et de distribution pour échange le rythme de la vie
quotidienne pour la consommation mais aussi le cycle de la vie
entière pour tout ce qui touche acculturation et la socialisa
tion est ce que les géographes font depuis toujours ils
analysent des genres de vie les schémas que Jean Brunhes
fournissait des déplacements dans le val Anniviers en font foi et
que Torsten Hägerstrand systématisé depuis quelques années
Lorsque observation est pas assez longue pour permettre de
saisir ensemble des rythmes et des mouvements qui caractérisent
un milieu entraînement apprend les reconstituer au moins
partiellement partir de organisation visible de espace les
chemins de desserte les champs le village forment un tout
intérieur duquel il est pas très difficile de reconstituer les
déplacements Le document spatial est donc parfois considéré
comme suffisant pour appréhender la réalité alors il ne prend en
fait tout son sens travers épaisseur de temps qui fait
découvrir les fonctionnements
Mais les éléments du paysage ne sont pas toujours étroitement
déterminés par leur emploi actuel dans le domaine des transports
par exemple le système de

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