Populations vieillies. Types, variétés des processus et des incidences sur la population adulte - article ; n°4 ; vol.59, pg 433-456

Germaine Veyret-Verner

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Revue de géographie alpine - Année 1971 - Volume 59 - Numéro 4 - Pages 433-456
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• Publié le: 01 janvier 1971
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Germaine Veyret-Verner
Populations vieillies. Types, variétés des processus et des
incidences sur la population adulte
In: Revue de géographie alpine. 1971, Tome 59 N°4. pp. 433-456.
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Veyret-Verner Germaine. Populations vieillies. Types, variétés des processus et des incidences sur la population adulte. In:
Revue de géographie alpine. 1971, Tome 59 N°4. pp. 433-456.
doi : 10.3406/rga.1971.1446
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1971_num_59_4_1446Germaine VEYRET-VERNER
Populations vieillies
Types, variétés des processus et des incidences
sur la population adulte
Le phénomène du vieillissement d'une population a été fort
bien étudié par les démographes et dans son traité sur « l'Analyse
démographique » Roland Pressât a bien montré que la baisse de
la fécondité, plus que l'allongement de la vie, est responsable du
vieillissement d'une population. Si cette démonstration est satis
faisante sur le plan théorique, c'est-à-dire celui des mécanismes
purement démographiques, il n'en reste pas moins que l'allong
ement de la vie s'accompagne presque toujours d'une attitude
malthusienne qui a des répercussions sur la fécondité, donc sur le
vieillissement d'une population.
Le but de cet article n'est pas d'analyser ce genre de méca
nisme, qui dépasse les possibilités et les caractères de la recherche
purement géographique, mais d'essayer de définir des types de
populations vieillies, susceptibles de présenter un intérêt pour les
géographes qui étudient la population d'une région déterminée,
de saisir la variété des processus et des incidences sur la population
adulte, donc sur les structures démographiques et l'activité d'une
région. Nous rappellerons brièvement les moyens utilisés pour
définir une population vieillie, en insistant sur l'intérêt, mais aussi
sur les insuffisances de ces critères; cet examen conduira tout
naturellement à distinguer des types de population vieillie et leur
degré d'évolution vers le vieillissement. Cette classification dyna
mique offrira l'intérêt de mieux comprendre comment des types
et des processus variés nous conduisent à des structures d'adultes
plus ou moins favorables au développement économique, mais aussi
de dégager, parmi les facteurs d'évolution du vieillissement, ceux
qui agissent le plus rapidement. GERMAINE VEYRET-VERNER 434
I. LA DÉFINITION CLASSIQUE D'UNE POPULATION VIEILLIE :
SON INTÉRÊT ET SES INSUFFISANCES
On a coutume d'utiliser trois critères pour apprécier le
vieillissement d'une population : le pourcentage de vieillards, ou
plus exactement celui des personnes âgées de plus de 60 ans, l'âge
moyen de la population, et l'indice de vieillesse, c'est-à-dire le
%+60
rapport .
%— 20
Dans le premier cas, une proportion égale ou supérieure à 15 %
est un signe indéniable de vieillissement; dans le second, une
moyenne d'âge de 35 ans est également un indice; dans le troisième,
un rapport supérieur à 0,4 est déjà inquiétant et le devient
nettement au-delà de 0,5, ce quotient constituant un seuil.
Cette appréciation classique et empirique s'appuie sur de
profondes réalités. Elle met en jeu, par l'âge moyen, toutes les
différentes tranches d'âge de la population et évite le danger de
ne tenir compte que du seul pourcentage de vieillards. Quant à
l'indice de vieillesse, il tient compte de la proportion des jeunes
dans une population, car un fort de moins de 20 ans
et son augmentation tend à réduire l'indice de vieillesse, même si
la proportion des plus de 60 ans continue à progresser. Par exemple,
16
en France en 1946, l'indice de vieillesse atteignait 0,54 alors
29,5
17,4
qu'en 1965 il était tombé à = 0,51 malgré l'accroissement du
33,9
pourcentage des plus de 60 ans. Si l'on n'avait tenu compte que
des tranches d'âge supérieures à 60 ans pour évaluer ce vieilliss
ement, le diagnostic aurait été plus sévère en 1965 qu'en 1946.
Malgré ces correctifs, la définition classique d'une population
vieillie est pourtant insuffisante pour porter un diagnostic complet
et cela pour deux raisons. D'abord, elle reste trop synthétique;
en effet, nous avons déjà montré que l'indice de vieillesse peut
varier en fonction du numérateur et du dénominateur. Un indice
de vieillesse identique de 0,6 peut être obtenu aussi bien par
18 15
la formule — ou — et sa signification n'est pas la même. De
30 25 POPULATIONS VIEILLIES 435
même un âge moyen de 35 ans, qui indique un certain vieilliss
ement, peut être le résultat de combinaisons multiples et provenir
soit d'un contingent appréciable de vieillards accompagné d'un
pourcentage honorable de moins de 20 ans et d'un faible pour
centage d'adultes de 20 à 40 ans, soit d'un imposant groupe
d'adultes. Une deuxième raison plaide en faveur de l'insuffisance
de ces deux critères pour saisir le vieillissement d'une population,
c'est leur caractère trop statique. Si ces deux indices sont le résultat
effectif d'une évolution, ils ne tiennent pas assez compte de la dyna
mique des processus d'évolution.
C'est pourquoi il nous a paru intéressant d'essayer de dégager
quelques grands types de population vieillie correspondant à des
causes et des processus différents et d'en apprécier les incidences
variées sur la partie adulte de la population active.
II. TYPE DE POPULATION VIEILLIE PAR MALTHUSIANISME
Un premier type de population vieillie ou en voie de vieilliss
ement peut être bien individualisé. C'est celui où le malthusianisme
est le seul ou le principal facteur dans le processus d'évolution et
où un examen attentif du numérateur et du dénominateur permet
d'en suivre le mécanisme et de bien le caractériser.
Ce type de population vieillie est dû au déficit de la fécondité,
dont le taux brut descend progressivement au-dessous de 80 %c et
le taux rectifié au-dessous de 120 %0, le mécanisme est très simple.
Le malthusianisme est responsable dans un premier temps du
déficit des 0 — 20 ans. Comme il est souvent lié à l'augmentation
du niveau de vie et de l'espérance-vie, la proportion des plus de
%+60
60 ans a tendance à augmenter et le rapport s'élève pro-
%— 20
gressivement par suite de l'accroissement du numérateur et de la
diminution du dénominateur, le seuil de 0,4 étant très rapidement
atteint. Mais par le seul jeu du malthusianisme, il est rare que les
plus de 60 ans atteignent 20 %, tandis que le pourcentage des moins
de 20 ans peut osciller entre 30 et 25 %, mais difficilement descendre
au-dessous de cette proportion. Dans ces conditions, l'indice de
de 15 à 20 %
vieillesse I.V. = oscille de 0,5 à 0,8 au maximum.
de 30 à 25 %
L'indice 0,8 n'est jamais atteint à l'échelon national. Il l'est même
très rarement à l'échelon de la petite région par le seul jeu du 436 GERMAINE VEYRET-VERNER
malthusianisme. Presque toujours lorsque ce seuil est atteint ou
dépassé, c'est avec le concours des mouvements migratoires ou des
guerres. L'examen préalable de ce mécanisme nous aide à mieux
caractériser les populations vieillies par malthusianisme.
En effet, ces types de population vieillie sont marqués par un
certain nombre de critères et de faits :
1° La faiblesse du dénominateur et l'accroissement progressif
du numérateur.
2° En additionnant numérateur et dénominateur, le total ne
dépasse jamais 50 % tant que le malthusianisme est le seul facteur
agissant. Nous montrerons plus loin qu'un fort pourcentage
d'adultes est le corollaire d'une population vieillie par malthus
ianisme.
3° Le processus est extrêmement lent. Il faut presque un demi-
siècle de malthusianisme (au minimum 40 ans) pour qu'une popul
ation de structure normale passe dans la catégorie des populations
vieillies.
4° Le processus est extrêmement régulier et simple, car il
affecte successivement et en ordre les différentes tranches d'âge :
d'abord diminution de 0 — 20, suivie 20 ans après par une
sensible baisse des 20-40