Hommage de Pierre Suquet à Paul Germain lu en séance de l'Académie ...

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Hommage de Pierre Suquet à Paul Germain lu en séance de l'Académie ...

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Hommage de Pierre Suquet à Paul Germain

lu en séance de l’Académie des sciences le 30 mars 2010

Paul Germain, Secrétaire perpétuel honoraire de l'Académie des sciences, nous a

quittés le 26 février 2009 dans sa quatre-vingt neuvième année. Mathématicien de formation,

il a consacré son oeuvre scientifique à la Mécanique, science du mouvement. Chercheur très

doué, pédagogue hors pair, personnalité exceptionnellement dynamique, Paul Germain a fait

bénéficier notre Académie de sa vision lumineuse de la science comme une composante

essentielle de la culture au service de l'homme et de la société. C'est cette vie exceptionnelle

que je vous propose de retracer rapidement aujourd'hui.

Paul Germain naît à Saint-Malo en août 1920, au lendemain de la Grande Guerre. Son

père, gazé au front, disparaît lorsque le jeune Paul n'a que neuf ans. À la suite de cette

disparition prématurée du père, Paul Germain, aîné de 3 enfants, développera dans une

atmosphère de grande solidarité familiale, le sens des responsabilités et de l'engagement qui le

caractérisera toute sa vie.

Dès son plus jeune âge, Paul Germain aime

jouer à la conférence

du haut de son

tabouret avec son frère et sa soeur. Elève doué, il décide de devenir professeur de

Mathématiques et entre à l'École Normale Supérieure (ENS) en 1939. En novembre 1940, la

Sorbonne ferme pour quelques semaines et les élèves de l'ENS sont invités à travailler sur des

petits problèmes de recherche. Il fréquente assidûment les bibliothèques et effectue sous la

direction de G. Bouligand quelques travaux en géométrie qui seront publiés, en particulier sa

première Note aux Comptes-Rendus présentée par Elie Cartan.

Mais la révélation vient de sa rencontre en 1944 avec Joseph Pérès que lui présente

son ami Raymond Siestrunck. Pérès est lui-même mathématicien, élève d'Henri Villat et de

Vito Volterra. Ce nouveau

Professeur de Mécanique à la Sorbonne, futur doyen de la

Sorbonne et futur fondateur du campus d'Orsay, se passionne pour l'aéronautique et vient de

créer avec Lucien Malavard un laboratoire exploitant l'analogie rhéoélectrique pour calculer

le champ de pression sur un profil dans un écoulement de fluide parfait incompressible. Il a

besoin d'un habile mathématicien. Paul Germain met rapidement au point un modèle

mathématique et numérique bien supérieur à celui de la NACA. Ce premier succès le décide

alors à orienter ses recherches vers la Mécanique des fluides. Après tout, bien des

mathématiciens illustres, Euler, Riemann, Cauchy, ont donné leur nom aux résultats les plus

marquants de cette discipline. L'aérodynamique est l'objet d'une intense activité. Les cours à

la Sorbonne d'Henri Villat et de Jean Leray, auteur des premiers résultats mathématiques

profonds de la Mécanique des fluides, sont une source d'inspiration profonde. Parallèlement

un grand organisme de recherche appliquée dans le domaine aéronautique, l'ONERA, vient

d'être créé. Après son entrée au CNRS, Paul Germain sera détaché à l'ONERA de 1946 à

1949 et y dirigera un groupe de recherche en aérodynamique théorique.

Cette première période de la vie scientifique de Paul Germain est celle de travaux

personnels de recherche profonds et techniquement difficiles.

L'aérodynamique linéaire

supersonique

est l'objet de sa thèse soutenue en 1948. Il y met au point la théorie des

écoulements coniques qui lui permet de résoudre les écoulements autour des ailes delta et, par

superposition, autour de profils plus généraux. Dès le début des années cinquante, son groupe

sait calculer et optimiser de nombreuses configurations d'ailes, de fuselages et d'empennages,