Les méthodes de taille - article ; n°1 ; vol.2, pg 368-381

Alain Turq

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Paléo - Année 2000 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 368-381
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Sciences et techniques

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• Publié par: PALEORIENT
• Publié le: 01 janvier 2000
• Nombre de lectures: 38
• Langue: Français
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Alain Turq
Les méthodes de taille
In: Paléo, supplément, 2000. pp. 368-381.
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Turq Alain. Les méthodes de taille. In: Paléo, supplément, 2000. pp. 368-381.
doi : 10.3406/pal.2000.1279
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pal_1145-3370_2000_sup_2_1_1279LES METHODES DETAILLE
Sur la base des résultats présentés dans la troisi de surface préférentielle de débitage, ceci dès l'ac
ème partie, et en apportant quelques données com quisition de la matière première. Selon la morphol
plémentaires, nous tenterons d'établir une synthè ogie des blocs ou des galets les techniques de
se des méthodes de taille utilisées, dans notre sec débitage sont différentes. Pour les volumes globu
teur d'étude, au Paléolithique inférieur et moyen. leux et relativement épais, l'exploitation concerne
Cet essai a pour but de définir chacune de ces l'épaisseur du galet sans préparation de plan de
méthodes, de préciser leurs relations et de voir s'il frappe, ce qui donne aux nucleus une morphologie
existe des évolutions diachroniques. En second de choppers. Pour les volumes plus plats, la face
lieu, nous analyserons l'influence des matières pre présentant les convexités naturelles les plus favo
mières lithiques sur la technologie. Enfin, nous exa rables au débitage est choisie dès le départ comme
minerons si l'étude technologique apporte des él surface préférentielle de débitage. Cette exploita
éments permettant de préciser les notions tion des convexités montre une prise de conscien
d'Acheuléen et de Moustérien. ce de l'intérêt de la morphologie de la surface de
débitage, ceci avant même que l'homme ne soit
capable de la mettre en place et de la gérer. 1 ■ LES METHODES ET MODES DE - l'absence de mise en forme et de décorticage, ces
PRODUCTION DE SUPPORTS deux phases se confondant le plus souvent avec la
phase de production des supports ; La présentation concernera d'abord la méthode de - le nombre de supports produits par nucleus production de supports au Pleistocene Moyen, puis
demeure faible (de 3 à 5), quelles que soient les le débitage Acheuléen, le débitage trifacial, le débi-
modalités du débitage. Les éclats obtenus, peu tage discoïde (centripète), les méthodes Levallois,
standardisés, portent le plus souvent de plages le débitage Quina, la méthode Kombewa, sans que
corticales, importantes ou résiduelles. L'orientation cet ordre ait une signification chronologique ou
des enlèvements est le plus souvent unipolaire ou implique une quelconque idée de filiation.
centripète, rarement bipolaire. Le débitage est
Notons au préalable que tous les systèmes de pro effectué à partir d'une ou de plusieurs surfaces
duction étudiés ont été exclusivement réalisés au naturelles ou à partir de plans de frappe sommai
percuteur de pierre. rement mis en place par des enlèvements effectués
sur le chant du galet.
1-1 LES MODES DE DÉBITAGE - il n'y a généralement ni récurrence ni réel entre
ANTE-RISSIENS tien de la surface de débitage (peut-être en raison
des séquences de production très courtes). Tout au Bien que les séries anté-rissiennes soient encore
plus avons-nous pu noter, dans de très rares cas, le numériquement faibles, nous pouvons cependant
détachement de 2 ou 3 enlèvements prédétermientrevoir les caractéristiques des plus anciennes
nants pour gérer les convexités latérales et, dans productions de support actuellement connues dans
un cas seulement, les et dis- notre région.
taies. En revanche, dans le cas de séries plus
longues permettant l'obtention d'éclats peu ou pas 1-1-1 Les principales caractéristiques
corticaux, on observe parfois un facettage du plan Elle peuvent se regrouper autour de quelques de frappe. points majeurs qui sont :
- le choix des matériaux dans l'environnement et la Notons enfin que ce débitage se développe aussi
hiérarchisation des surfaces, dont l'une est réser sur la surface inférieure de grands éclats (méthode
vée pour les plans de frappe, alors que l'autre sert Kombewa).
368 1-1-2 Conclusions. ceux qui présentent le taux de facettage le plus fort.
Lexploitation de cette surface peut être unidirecIci, bien qu'il ne semble pas y avoir d'images ment tionnelle et unipolaire, comme dans sa phase initiaales, donc de concept de débitage, on ne peut pas le, mais peut aussi passer à un débitage récurrent parler de débitage opportuniste, mais de débitage à enlèvements centripètes, à un discoïde réfléchi. et/ou un débitage Levai lois.
Ces caractéristiques annoncent le débitage de type Dans ce type de production les produits sont peu
acheuléen et dans certains cas le discoï standardisés. Ce qui découle surtout du fait que la
de, mais ne sont pas assez marquées pour qu'il localisation du point de contact du percuteur avec
puisse s'individualiser facilement. le plan de frappe n'est pas maîtrisée. L'épaisseur
des éclats n'est donc que peu contrôlée, ce qui
1-2 LE DÉBITAGE ACHEULÉEN OU DE TYPE engendre et explique les deux types d'accidents LAMICOQUE82 souvent observés : enlèvements rebroussés et
fractures de type Siret. 1-2-1 Les principales caractéristiques
Comme dans les premières productions d'éclats, On retrouve deux des principales caractéristiques
ce mode de débitage a été effectué sur la face infédes premiers débitages :
rieure de grands éclats. - dès la collecte des matériaux, il existe une hiérar
chisation des surfaces (l'une pour les plans de frap 1-2-2 Les risques de confusion
pe, l'autre comme surface de débitage) afin d'util
Dans la phase initiale de ce mode de débitage, les iser au mieux la morphologie du bloc, les convexités
nucleus et les supports sont pratiquement idennaturelles de la future surface de débitage et l'an-
tiques à ceux observés dans les débitages anté-ris- gulation qu'elle formera avec un bord qui souvent
siens. sert de plan de frappe naturel ;
- absence de mise en forme et de décorticage Lorsque le débitage a été poursuivi au-delà de
avant la phase de production des premiers sup cette phase initiale, les passages possibles à des
ports ; modes de débitage de type discoïde et Levallois
Puis on a une systématisation plus marquée des récurrent centripète rendent difficile toute diagnose.
nucleus et des gestes : Celle-ci ne pourra être faite qu'après une analyse
- généralement les nucleus sont plus larges que attentive de l'ensemble du matériel lithique et en
longs, tout premier lieu des nucleus. En effet, tous les
- leur exploitation commence par le détachement, types d'éclats obtenus dans ce mode de débitage
le plus souvent à partir d'une surface plane pré peuvent également avoir été produits sporadique
existante, plus rarement d'un plan de frappe lisse, ment dans les premières productions et aussi dans
de quelques (2 à 4) éclats contigus, unipolaires, le débitage trifacial. En outre, certains éclats issus
parallèles mais non récurrents, rebroussant assez des phases finales de production peuvent être mor
fréquemment et laissant de profonds négatifs. C'est phologiquement Levallois.
la phase d'initialisation de J.-M. Geneste (Geneste Le débitage de supports Quina est dans certains
in Delpech et al. 1995). Les supports produits ont cas assez proche. Il se différencie non pas par son
été utilisés au même titre que ceux qui le seront organisation mais par la volonté de produire des
dans les phases à venir et bon nombre de nucleus supports épais. Dans le débitage de type
sont abandonnés à ce stade. Acheuléen, les éclats épais et les supports
La poursuite du débitage, au-delà d'une série court rebroussés sont plutôt des accidents, tandis que
e, passe par l'entretien de la surface de débitage dans le débitage Quina, ils sont recherchés.
selon des procédés techniques variés et grâce à 1-2-3 Fréquence et modification divers types d'enlèvements prédéterminants. Les
convexités latérales sont gérées, généralement, Ce débitage se développe essentiellement durant
par des enlèvements perpendiculaires à l'axe prin l'Acheuléen. Nous l'avons identifié dans
cipal du débitage (le plus souvent petits